IL A GEMEMATÎOK:
R Ë LA T ï F'S
A ŒTTE K)NCTIOi^
De leur méchanifmè , de leurs caufes refpedfcîves ,
& des efFetç immédiats qui en réfûlrent.
Traduite de la Phyfiolbgie de M> DE Haller.
Augmentée de quelques Notes , & d’une DifTertatio^
fur l’origine des Eaux de l’Amnios.
Chez DesVentes de la Doué, Libraire , rue Saint
Jacques, vis-à-vis le Collège de Louis le Grand.
M. DCC. LXXIV.
'Avec Approbation , & Privilège du Roh
TA BLE
D E s C HA PITRES
CONTENUS
Dans ee fécond Volume.
H A P I T R E I. Lis dépendances
du Fétus. page I
'Dijfertatidn fur V origine des Eaux de
VAmnios, 33
C H A P. I r. La vie du Fétus. 1^8
C^téS.TtLDeLAccouchemmU 41 1
Fin de la Table;
LA GÉNÉRATION,
TIRÉE
DE LA pnrsioioG JE
DE M. 'DE HALLER.
CHAPITRE L
Tes Dépendanges du Fétus,
§. L Les commcncemcns delà vie,
N O U s avons dit que c’efl: îa femeace
du mâle qui anime & donne la vie au nou^
•veau fétus ; maintenant nous difons qu’ii
eft vivant 5 quand fon cegur a du mouyerr
ment.
Je ne feais pourquoi Jes anciens diibient
qu il n’avoit point de mouvement dans la
matrice ; il ell certain qu’ii en a dans tous
les genres, d’animaux.; desnxpériences très-*
connues prouvent qu’il % meut dans les
Tome IL A
2 Des Dépendances
cDufs des oifeaux , & c’efl; même à caufe de
ce mouvement qu’Ariftote Ta nommé le
point fautiilant , punduni faliens.
Dès que les premiers rudimens du fétus
font à portée d’être apperçus , on diftingue
le mouvement du fang ; iln’y a que Je ven¬
tricule gauche & le bulbe de l’aorte qui fe
mettent les premiers en jeu ; enfuite , au
bout de peu de tems , il y a du mouve¬
ment dans trois véiicules qui battent par
ordre , ce font la fin de la veine-cave ,
qui doit devenir l’oreillette* droite , le
ventricule gauche , & enfin l’aorte , qui
alors n’efl: qu’une efpece de bulbe. Ces trois
vélicules s’élèvent àc fe diftendent avec
beaucoup de vîtelTej & peu après ces pe¬
tites parties fe contraèfent & chaffent le
fang ; c’efl: la veine-cave qui commence ,
enfuite le ventricule gauche, & enfuite
Faorte.
Ces diffenfions & contrarions alterna¬
tives font un très-bel effet dans l’œuf; mais
elles deviennent obfcures , dès que l’oreil¬
lette & le ventricule droit fe font unis en-
femble, & font corps avec les premières
ébauches du cœur ; au relie, le mouve¬
ment continue toujours dans le cœur du
poulet; cemouv^ent efl: fi vif, qu’on le
fuit a peine des yeux ; il y a jufqu’à 140
du-Fctus, 3
pulfations dans une minute ; M. Wolf Ta
vu battre lentement au bout de vingt-
neuf heures , lorfque les vaiffeaux étoient
devenus bruns ; j’ai fouvent vu les bâtte-
mens moins fréquens & lents, quand l’a¬
nimal étoit très-foible.
Ces points fanguins commencent à fe
mouvoir d’abord avant 48 heures j & moins
de 36 heures après , il y a de vrai fan g
rouge dans les vaiffeaux ombilicaux , qui
appartiennent à la figure veintufeà\i jaune
de l’œuf; mais ces vaifleaux perdent de leur
couleur en approchant du corps du fétus ,
car ils reftent long-tems blancs; c’eft pour¬
quoi on peut dire que le fang eft formé
avant le cœur, & qu’on en voit dans les
vaiffeaux des membranes , dans le tems
que les parties du fétus font encore toutes
blanches.
. Mais nous avons fait voir ailleurs qu’on
pouvoit diftinguer à l’œil, mais que fur-
tout il étoit naturel de conjedurer que le
cœur avoir du mouvement, quoiqu’encore
fans couleur ; car fi on enleve le cœur ,
ou que l’on coupe feulement quelque gros
vaiffeau , qui par fa fedion arrête le mou¬
vement du cœur, fout mouvement ceffe
dans l’embryon.
Si donc la caufe du mouvement du far g
' A i j
4 Des Dépendances
dans tout l’embryon, réfide dans le cœur ,
& il les 'vailleaux fanguins qui prennent
leur origine au cœur, s’étendent peu-à-peu
dans la pulpe de la membrane du jaune, il
eft certain que le cœur a exifté avant ; que
c’eft fon rnouvement qui a fait circuler le
fang, & que c’efl: le cœur qui a été la caufe
de la couleur rouge du fang. Si on n’ap-
perçoit point le cœur avant zq heures ,
c’eft que fa petitejfTe & fa tranfparence ,
font que les bornes dont il eft .circonfcrit
échappent à la vue oc dans ce tems le niou-
vemènt de l’embryon n’eil: pas plus feniible
que le cœur li’ eft apparent.
Des Ôbfervateurs ont vu le cœur bon¬
dir dans l’œuf du monocle , dans celui du
moine , & dans celui de la vipere.
Murait a vu, le 14®. jour, le point fautil-
lant dans un fétus de quadrupède ( du
chien ) ; il a vu auffi le fang paffer dans l’ar-
. tere, éc revenir au cœur. Quoique Graaf
n’ait pas apperçu les puîfations du cœur le
14®. jour, dans le fétus du lapin , cepen¬
dant il eft prefque sûr qu’il y en a eu , puif-
qu’il étoit plein de fang ; Harvée l’a vu
dans celui du daim, mais plus tard ; car ce
fétus neparoît pas encore après 30 jours ;
d’autres ôbfervateurs Font vu dans dilFérens
animaux.
■' du Fêtas» ^
Les occâfions de faire ees oBfervations
fur le fétus liumain font fort rares , &-l’àge
de l’embryon eft incertain j fuivant Cangia-
milâ , le fétus eft formé & vivant le lé®:
Jour; ailleurs il dit îe 20®., ou le' 21 ^ & le
29=. ; mais ce n’eft que d’après les plancHes
de BiancM qu’il a avancé cette opinion , &
nous avons fait voir ailleurs qu’on doit peu
compter fur l’exaftitude de ces plancHes.
On a vu le cœur bondir dans un œuf
Humain pas plus gros qu’une noix , & dans
un fétus, gros comme une moücHe kmieî.
Un embryon qu’on avoit pris pour un'
caillot , avoir vie.
Un autre, pas plus gros qu^un fcarabée,
renfermé dans un œuf de la groffeur de ce¬
lui d’une poule, a donné des lignés de vie.
Un autre qui n’ avoir point de cordon ,
& qui n’étok pas deux fois plus gros qu’un
fcarabée , étok auffi vivant.
Le 32®. jour, le fétus remue fes mem¬
bres ; & Hippocrate , ou plutôt FAutèur
du livre qu’on lui attribue , dit que les gar¬
çons les remuent le 30®; jour ,. & les filles,
te 42=.
Ariftote veut que le mâle remue du côté
droit de la matrice, te 40®. jour; un autre
Auteur dît que le cœur battoir le 40®. jour ,.
& il ajoute qu’un autre fétus a fi bien don-
A iij.
^ Des Dépendances
né des fignes de vie , qu^on n^a point ba¬
lancé à lui donner le batême ; Mauriceau
dit que quelques femmes le Tentent dès le
fécond mois.
Il n’y a point de doute que l’enfant ne
donne des fignes de Vie , quand il eft k ua
terme plus avancé , comme k trois mois ,
quoiqu’il n’ait point encore d’os , k trois
mois & demi & k quatre ; car communé¬
ment il fait fi bien fentir fes mpuvemens
après quatre mois , k quatre mois & demi ,
qu’on les fent k travers les tégumens du
bas-ventre.
Cangiamilâ affure contre M. Méry , que
les enfans qu’on extrait par l’opéçation cé-
farienne font prefque toujours vivans , mê¬
me avant le ÿ- mois, & qu’ils vivent quel¬
que tems ajjrès avoir été tirés de la ma¬
trice , une heure k trois mois ; il y en a un
exemple de M. Morgagni.' Ce même Au¬
teur dît qu’ils vivent même deux heures ,
& jufqu’k ï , 23 ^ 24, 39 & 48 ; un autre
dit quelques heures.
Ceux dont parle M. Morgagny , & d’au¬
tres Auteurs célébrés , étoient aulïi vivans.
Sterren a lui - même extrait un fétus vi¬
vant.
Un enfant de <5 mois qu’on tira par l’o¬
pération céfarienne , étoit fi, bien vivant ,
âu Fétus* 7
qu’on lui adminiftra le batême ; & un au¬
tre de huit jours a vécu dix minutes.
On a vu le cœur battre dans un veau
tiré par une féétion faire au ventre de fa
mere ; il y a même un Auteur qui aifure
que des petits chiens, tirés de même du
ventre de leur mere , ont vécu quinze mi¬
nutes.
J’en ai auffi tiré de vivans de différentes
chiennes.
La loi Romaine étoit bien jufte : elle
punilToit de mort celui qui avoic procuré
l’avortement d’une femme, dont l’enfant
étoit formé & animé; ot, les loix recon-
noilToient le fétus comime animé , quand
il eft à 40. jours ; & d’autres ont encore
dit avec plus de raifon , cju’il n’y avoir au¬
cune différence entre procurer l’expulfiôn
d’uii fétus animé , & celle d’un fétus fans
vie ; ainfi , les modernes ont raifon de dire
.que l’enfant eft toujours vivant, même
avant fa maturité.
C’eft avec raifon que Jérôme le Floren¬
tin foutient que le fétus a une ame , dès
i’inftant qu’il eft conçu..
Je ne vois à la vérité aucun terme , au¬
quel on puiffe fixer la principale époque
de l’exiftence de l’ame ; je ne dirai pas qu’il
n’y a point d’ame dans l’embryon, parce
^ 3cs DipendaUcéè
que fôri cerveau efl trop mou , puifqu^oiï
peut feeoiinoître à Finlini , des degréâ
de cette moîleffe ^ & que j’ai vu dans le
poulet, un mouvement fpontané , peu dé
jours- après avoir apperçu fon cœur pour
la première fois.-
Il eft fort difficile de prouver que l’hom*
me eft déjà vivant avant la conception ^
GU qüé' les animaux fpermatiques font ani¬
més. Il eft néçefîaire d’admettre que le
mouvemen-t du cœur ^ dans un embryon
encore renfermé dans l’ovaire, eft ft foi^
ble, qu’il ne peut fe faire aucune exten-
lion • que le refte de fes membres, & des
parties de fon corps qui font deftinées à
obéir à fa volonté ,'ne font abfolumenC
d’aucun ufage , & qubl ne fait aucun exer¬
cice de fes fens; mais à l’imitation de Ga¬
lien , je me difpenfe de prononcer fur ces
rnyfteres- , & fur l’origine de l’ame hu¬
maine.
En général , il eft probable qiie le fétus
eft animé , quand fes membres jouiffient
d’un mouvement fpontané , & même un
peu de tems avant ; car il eft aifé de prou¬
ver que ce mouvement peut exifter, avant
d’être à la portée des yeux,- dans des par¬
ties tranfparentes d’une extrême petitelTe ^
ds que peu de perfonnes ont pu voir.
9
du idituSi
§. 1 1. Le Fétus prend racine dans là
Matrice,
Je fie nierai point que l’œuf humain ne
foit flottant dans la matrice , tin petit ef-
pace de téms ; cependant quoique je nef aie
jamais vu, je foupçonne qu’on a été in-'
düit à croire qu’il n’y avoit encore aucune
adhérence , parce que cette adhérence eflr
très - légère; je l’ai trouve telle dans les
premiers tems de la formation du fétus.
Dès ce tems, l’œuf efl: déjà garni de du-'
Vet a l’extérieur , & on croit que dans ce
duvet, il y a des radicules qui réforbent une
partie de l’humeur de la matrice , pour en
faire fa nourriture , comme on penfe que
quelques œufs d’infeâies prennent nourri¬
ture par leur furface extérieure.
Je ne croirai pourtant pas que cet éTat
êfl de longue durée , ni que peut - être il
dure jufqu’k ce que l’œuf ait rempli toute
la cavité de la matrice ; car comme le pla¬
centa s’implante le plus communément en¬
tre les trompes , on comprend aifément
par-là, qu’il eft probable que, c’eft à cet
endroit que fe fait la première adhérence,
& qu’il fe préfente vis-à-vis les petits floc-
coiis de la matrice.
Il fort auffi de toute l’enveloppe de l’œuf.
10 Des Dépendances
de petits floccons très-apparens; il y en a
moins dans les commencemens, & ces petits
floccons ne font point contenus dans Toeuf
ni dans fes membranes ; ils font longs , ils
forment des ramifications , ils fe divifent
& fe fubdivifent , & ils paroilTent fe déve¬
lopper les uns après les autres,
A mefure que le fétus prend de f accroif*
fement , il fort des filets apparens de la par¬
tie la plus étroite de Tœuf , de façon.que
c’efl: la partie inférieure , celle qui efl: vers
le col de la matrice , qui s’en dégarnit la
première , & qu’en total le placenta , qui
n’efl: autre chofe que l’amas de ces filets ,
efl: d’autant plus grand, que l’embryon eft
plus petit.
On a Vu k la fin du premier mois , le
tiers de l’œuf tomenteux , la moitié au troi-
fieme & au cinquième , & il y en avoit
même plus de la moitié prefque à terme ;
cependant j’avertis qu’il n’efl: pas sûr que
ceux qui ont fait ces obfervations , ne fe
foient pas trompés fur le terme.
Cet amas de filets fe raflembîe en dimi¬
nuant vers la partie fupérieure de l’œuf.
. On doit croire qu’il y a k la furface in^
terne de la matrice , des floccons pareils à
ceux-ci , qui cependant font plus courts ;
car Hartmann a vu de, petits vaifîeaux
II
du Fétus.
prêts à recevoir le placenta ; & "W^eiss les a
obfervés dans une nouvelle accouchée; ou
voit dans l’intérieur de la matrice des va¬
ches qui rie font pas pleines , des tubercu¬
les , propres à recevoir les cotylédons du
fétus ; on voit aufli dans la matrice des
femmes , des tubercules qui répondent aux
finuofîtés du placenta.
§. 111. La membrane extérieure de Fœuf.
Dans le commencement, ces petits vaif*
féaux font nuds , & fi on les met dans
l’eau, on les voit flotter en liberté ; cepen¬
dant on les trouve fouvent fi couverts de
fang , que tout l’œuf paroît couvert de fang
engrumelé.
Mais la furface d’un œuf un peu plus
grand, a-peu-près de trois pouces de long,
efl: toute différente.
Il eft alors tout couvert d’une mem¬
brane molle, poreufe, prefque réticulaire,
pulpeufe , couverte de filamens courts ,
fortaifée à déchirer , de compofée de feuil¬
lets appliqués les uns fur les autres; c’eft
par ce moyen que cette membrane eft at¬
tachée à la matrice, mais l’adhérence eft fi
foible , que tout fœuf peut s’en détacher
fans beaucoup de dilficulté ; elle eft unie
à i’intérieur , de percée de pores plus ap-
î % ’Dcs Dépendances
païens , & les filets plàcenta sj implan¬
tent.
C’eft entre cette membrane & l’enve¬
loppe moyenne de l’œuf , que font les fi¬
lets dont nous avons parlé au §. précé¬
dent
Ce n’efl: point une mafie de fang coa¬
gulé, quoiqu’il y ait fou vent deflbus , du
fang mêlé avec les filamens , dt il ne pa-
iroît pas qu’elle ne fe forme que par ha-
fard, mais il eft plutôt probable qiie c’efi:
le chorion^ c’eft-k-dire une membrane ex¬
térieure de l’œuf, qui alors eft développée y
êc femblâble à une enveloppe particulière,
parce que le placenta qui commence à fe
former , & qui n’a pas encore affez de con-
fiftance , ni des lacis affez épais de fila-
mens , fe diftingue mieux alors de l’enve¬
loppe qui le recouvre.
J’ai vu cette membrane pulpeufe;, le y.
mois I mais vers le 4^, elle devient fibreufe
& filamenteufe , & c’eft par ce moyen
qu’elle s’attache d’une part au placenta au¬
quel elle reffembîe , & de rautre part à la
matrice ; enfin elle devient une vraie mem¬
brane , interpofée entre le placenta & la
matrice ; je l’ai vue dans cet état, quitter k
une petite diftance du placenta , fa nature
membraneufe , n’être plus qu’un duvet y
du Fétus. : 13
je l’ai vue auffi dans un fétus a terme, être
une membrane unie & continue ; c’eft unç
vraie membrane, les vailTeaux qui lui vien¬
nent du placenta, & qui s’implantent dans
la matrice, le démontrent.
Les anciens l’ont entendu de même , &
dans les Ecoles, on a enfeigné que le pla¬
centa étoit recouvert du chorion, du côté
qui regarde la matrice , & que le chorion
recouvroit tout l’ceuf
C’eft auffi la même chofe dans les bru¬
tes.
On a cru que cette membrane étoit in-
terpofée entre le placenta & la matrice, &
qu’elle interceptoit la communication en--
tre l’un & l’autre ; mais on verra par la
fuite que c’eft au contraire cette membrane
qui l’entretient.
§. l'Sf . Le Chorion.
Nous avons dit plus haut que les filets
de l’enveloppe qui contient les eaux & le
férus , venoient peu-à-peu fe ralTembler à
la partie fupérieure de l’œuf, & que . la
partie inférieure ceftbit d’en être couverte ;
nous avons dit auffi que c’eft la même en¬
veloppe qui renferme la partie tomenteufe
de l’œuf , & celle qui ne paroît pas l’être.
Quelques Auteurs modernes ont donné
14 Des Dépendances
un nom difFérent à cette membrane , a l’en¬
droit où elle recouvre le placeijta , & dans
celui où elle n’eft point garnie de duvet ;
ils ont confervé le nom de chorion à une
autre enveloppe qui relTemble à une vraie
membrane , qui vient prendre la place de
cette première , fur la partie de Tœuf dé¬
pouillée de fon duvet.
Pour nous conformer aux anciens , nous
appelions chorion cette même membrane ,
que nous venons de dire qui occupe la
place du placenta ; Harvée obferve qu’on
l’a nommé allantoïde.
Elle recouvre donc tout l’œuf.
On la trouve dans tous les quadrupè¬
des , même ceux dans lefquels à peine'
peut - on reconnoître un vrai placenta ,
comme dans la truie ; ce qui prouve com-
plettement que les quadrupèdes peuvent fe
paffer de placenta , mais qu’ils ont abfo-
iument befoin de chorion.
On peut appeller cette membrane , le
feuillet extérieur du chorion ; mais à la
circonférence du placenta, il s’en fépare
un autre feuillet plus rnince , qui vient cou¬
vrir fa face interne ; cependant il ell diffi¬
cile de fuivre fa continuité au-delà de l’en¬
droit , où les plus gros rameaux des vaif-
feaüx ombilicaux viennent fe jetterdans fa
fubftance.
du Fétus, I ^
Le chorion , tel que nous venons de le
décrire, eft une membrane jaunâtre, mol¬
le,. lifTe, comme grailTeufe , aifée à déchi¬
rer , couverte de filamens , qui ont diffé¬
rentes dirédions, entrelacés & flottants à
l’extérieur; intérieurement unie, plus fer¬
me , réticulaire & poreufe ; cette mem¬
brane nereffemble à aucune autre mem¬
brane du corps de l’animal , c’efl: ce qui a
fait que Fallope l’a comparée à un gluten
charnu ; cependant avec de l’efprit-de-vin
on lui donne la confiftance d’une vraie
membrane.
Plufleurs Auteurs difent qu’elle efl feuil¬
letée, mais je ne l’ai pas vue telle.
La face extérieure s’unit aux floccons de ,
la matrice , de façon qu’on peut en arra¬
cher les filets qui forment cette union, &
qu’en lés rompant, il en reflie de pareils à
la matrice ; j’ai prefque toujours trouvé
dans les femmes mortes en couches , de
larges portions de. cette membrane, adhé¬
rentes à fa cavité ; ce n’eft pas que je veuille
parler ici de l’adhérence du placenta.
La face interne efl: adhérente à la mem¬
brane mitoyenne , par lé moyen d’un tiflu
cellulaire lâche ; quelquefois il y a aufli de
l’eau dans ce tifîli ; & elle efl: unie au pla¬
centa par le moyen de fibrilles & de pe¬
tits vaiffeaux.
' Des Dcpmdancts
La plus grande partie du chorion eft vaf-
culeufe, & on peut la remplir de liqueur
colorée , quoique fes vailTeàux foient fort
petits ; mais on les voit manifeftement dans
les animaux , comme dans la vache & la
truie ; un célébré Anatomifte y a vu des vei¬
nes , mais il n’a point vu d’arteres fe rendre
de la matrice au chorion.
Une partie de ces vailîeaux fe plonge
dans la fubftance de la matrice , ce qui éta¬
blit une correfpondance de vaiffeau à vaif-
feau; &ply a une double liaifon delà ma¬
trice avec le chorion ; l’une fe fait par le
moyen de ces vailTeaux^ & l’autre par un
tiffii cellulaire.
Dans le fétus humain , le chorion n’a
point de glandes ; il y a cependant de pe¬
tites portions de graiffe.
j’ai lu dans quelques Auteurs , que c^é-
toit une continuation de la peau ou de i’é-
piderme du fétus ; mais il me paroît que
le cordon va plutôt s’inférer dans une fente
de la peau
Quand il y a deux enfans dans la ma¬
trice , alors le chorion concourt avec l’am-
nios , à former la cloifon qui fes fépare ;
dans les animaux dont la portée eft de plu-
jieurs fétus , chacun d’eux a fon chorion
particulier • je fuis sûr de l’avoir vu ainft ÿ
IN'l
du Fétus, ly
M. Levret Ta cependant vu autrement, car
il dit que le chorion eft commun aux deux
enfans.
§. V. La Membrane mitoyenne.
Beaucoup d’anciens ont fait mention de
cette enveloppe ; je ne parle pas de Galien,
qui entend par le chorion, le placenta, ce
qui prouve qu’il n’a difTéqué que des bru¬
tes ; cependant il admet deux lames au cho¬
rion , entre lefquelles il y a des vailfeaux
qui ferpentent J & d’ autres ont embralTé fon
opinion.
Je penfe que ceux qui difent que la face
interne du chorion eft unie , ont voulu par¬
ler de la membrane dont il eft queftion.
Albinus n’a donné le nom de chorion
qu’à cette membrane.
Beaucoup d’ Auteurs , tels que Need-
ham, Diemerbroeck , Bidloo , Harder ,
Hoboken lui-même , qui cependant l’a très-
bien connue , Simfon , Littré , Fanton &
d’autres, l’ont appellée allantoïde.
D’autres l’ont appellée fauiîe allantoïde^
d’autres la fécondé membrane de l’œuf, ou
la membrane mitoyenne, ou la troifieme j
& cette dénomination me paroît afîez juf-
te , mais il faut fe reflbuvenir qu’elle n’eft
au milieu , qu’a l’endroit où n eft pas le pla¬
centa.
Tome IL
B
î$ Des Dépendances
D’autres l’ont ajoutée à l’amnios , &
ee ii’efl: pas hors de vraifemblance.
Elle occupe tout le contour dé l’œuf,
elle couvre la furface interne du placenta,
placée entre le réfeau du chorion & l’am-
nios , & elle fe continue par-tout parallèle¬
ment à l’aranios , à l’endroit de l’œuf qui
n’eft point hérilTé de filets, & qui répond
à la matrice.
C’efl: une membrane blanche & opa¬
que , qui n’efl: pas , comme i’amnios , d’u¬
ne tranfparenCe d’eau ; qui n’efl; pas très-
forte , mais qui l’eft cependant beaucoup
plus que ie chorion; elle n’eft ni très-fine ,
ni arachnoïde , comme on l’a dit.
Elle eft légèrement unie au chorion ,
par le moyen d’un tiflli. cellulaire , & il eft
facile de détruire cette union ; quelquefois
il fe trouve entre l’une & l’autre quelques
portions graiffeufes ; c’eft auffi parle moyen
d’ un tiftii cellulaire qu’elle eft unie à l’am*.
nios par fa partie concave ; mais funion
eft plus forte qu’avec le chorion, & n’eft
pas fi facile à détruire ; elle va fe rendre
au cordon , au defius de la divifion des
vaifTeaux, c’eft- à- dire très -près de l’en¬
fant.
On a tort de rejetter cette membrane,
elle eft plus certainement une membrane
âu.FcttL$y,
qüeîe cîiofîon lui-même; c’eÈd’elîe que
véritablement le placenta prend nailTance "
car elle n’eft qu^un duvet , dans un três-
foible embryon > & elle devient par la fuite
une vraie & folide membrane.
Elle n^eft d’abord qu’une pulpe -, mais ce«
pendant elle p’eft pas poreufe ; les modernes
conviennent que dans ce tems auffi, îe
chorion n’eft encore qu’une mucofité.
^ C’eft pourquoi il n’eft pas probable qu’il
ait pu prendre naiftance d’un tiftu celiu«
îaire placé autour du péritoine.
Perfonne n’a encore vu de vailTeaux ni
de nerfs dans cette membrane , quoique
fort étendue ; on dit qu’elle eft percée par
des vaifleaux qui la traverfent pour fe ren¬
dre au placenta ; je crois l’avoir reconnu ,
& que les gaines de ces vaifleaux partent
du tiflu cellulaire interpofé entre cette
membrane & le chorion.
Il faut prendre garde de la confondre,
avec l’allantoïde , qui eft le réfervoir de
l’urine , de que Haie & quelques autres ont
décrit dans l’homme.
§. VI. UAmnioSe/
Il eft difficile de fuivre en ceci un ordre
bien régulier ; on ne veut pas détacher le
Bij
2,0 Des Dépendances
chorion du placenta , & cependant on né
peut gueres en faire la defcription avant
d’avoir parlé du cordon ; & il n’eft pas aifé
non plus de parler du cordon , fans parler
en même tems de l’amnios & de l’allan¬
toïde ; nous décrirons donc premièrement
l’amnios.
Ce qu’Empedocle a appellé amnios, eft
cette enveloppe interne, qui dans tous les
animaux quadrupèdes àc volatiles , contient
le fluide dans lequel efl: renfermé le fétus ;
cette enveloppe exifle donc dans les qua¬
drupèdes , les oifeaux , les poiflTons & les
quadrupèdes froids ; cette même mem¬
brane fe trouve aufîi dans les infedes ,
mais c’efl; une enveloppe fort dure, ce qui
empêche que le fluide ne foit auflî appa¬
rent.
Elle efl: ovale dans les hommes , & dans
les volatiles elle a la figure d’un rein.
Dans l’homme, l’amnios efl: une mem¬
brane fine, cependant plus ferme que les
autres enveloppes du fétus, & quelquefois
fi dure , que dans le travail de l’enfante¬
ment, on efl: obligé de la rompre; elle efl:
tranfparente ; elle efl: la même dans toute
fon étendue , très-lilTe à l’intérieur, & cou¬
verte à l’extérieur d’une efpece de tilTu
cellulaire , par le moyen duquel elle eft
du Fétus. 21
plus exaârement adhérente à la membrane
mitoyenne du fétus , vers le placenta.
Elle renferme tout rceuf, excepté le pla¬
centa , & va fe rendre au cordon ombilical ,
& fe continue avec fon enveloppe; de ma¬
niéré qu’elle s’élève a quelque diftance du
placenta, k un pouce & plus, & s’appro¬
che du cordon ; ce qui fait qu’il y a un
vuide entre l’amnios & le placenta, une ef-
pece de bulle qu’on peut faire gonfler en
la foufflant. Quand l’embryon efl: tout nou¬
veau , elle renferme tout fon ombilic.
Je me fouviens de l’avoir féparée en
deux lames , une pâle , & l’autre couleur
d’eau.
On a trouvé dans l’amnios des vaches ,
de fur fa furfaçe interne, quelques. petits
corps blanchâtres ^ femblabîes a des glan¬
des ; on n’en trouve point de même dans
l’homme; Fabre a vu aufli dans la vaçhe,
des véficules aqueufes.
Dans les volatiles. , il y a dans cette mem¬
brane , des vaifîeaux fanguins très -appa-
rens; il y en a aufli dans, les quadrupèdes,
comme la vache & la truie ; ils font plus,
difficiles k appercevoir dans l’homme.
J’ai cependant vu une fois un rameau dq
de l’artere ombilicale qui alloit k l’amnios ,
dt qui delà allok fe. , rendre au placenta i
B üj
j%2, Des Dépendances
Needïiam a dit autrefois , qu’on pou¬
voir appercevoir des vaifTeaux dans l’am-
nios, quand le fujet étoit encore chaud , &
que le froid les faifoit difparoître ; Hobo-
ken en a vu quelques veftiges. Tout ceci
femble prouver qu’il y a des vailTeaux dans
Famnios, quoiqu’on nepuilTe pas les faire
voir ; il y a même un Auteur qui a vu
tranfuder par Famnios , de la liqueur in-
jedée dans l’artere ombilicale.
On a conjeiluré qu’il y avoit des vaif-
feaux laiteux ou lymphatiques , mais au¬
cune expérience ne Fa confirmé.
Dans l’homme, comme dans les brutes,
chaque fétus a fon amnios , ce qui prouve
que les fétus qui paroilTent adhérens Fun à
Fautre, ne le font pas, s’ils ont eu chacun
leur amnios ; car ceux-là font renfermés
dans lé même ; on a vu deux fétus qui te-
noieint enfemble par les feffes , qui avoienc
été renfermés dans le même amnios.
' Il y a cependant très-peu d’exemples de
jumeaux contenus dans le même amnios ,
& encore peut - on douter de la vérité de
qùélqües-uns des exemples qu’on en rap¬
porte ; & ce que Haie a pris pour une al¬
lantoïde, me paroïc être un fécond amnios.
Car quoiqu’il n’y ait qu’un placenta , il
y a deux amnios \ c’çft ce qui fait,
du Fétus, '%'$
quand il y a deux jumeaux, les eaux d’un
amnios peuvent s’écouler deux jours avant
raccouchement.
C’eft une membrane particulière , ôc non
pas une continuation de la peau ni du pé¬
ritoine , qui enveloppe le cordon.
Ce qu’on appelle la coëffe , eft une por¬
tion de l’amnios , que l’enfant apporte avec
lui en venant au monde ; l’enfant naît coëf-
fé , quand les palTages font fort larges , &
on dit que c’eft ligne de bonheur.
§. V 1 1. Les Eaux de V Amnios.
Jamais l’amnios n’eftfans un fluide; il
contient des eaux depuis la formation du
fétus , jufqu’à l’inftant de l’accouchement.
Moins le fétus eft avancé , & plus eft
grande la quantité des eaux , en proportion
de fon volume ; dans les commencemens ,
le poids des eaux excède de beaucoup celui
du fétus.
On a trouvé trois ou quatre onces d’eau ,
avec un fétus pas plus gros qu’une fourmi.
Un veau qui ne pefoit que onze gros ,
étoit renfermé dans une demi-livre d’eau.
Il y a plus , on en trouve beaucoup ,
tant dans un œuf qui n’eft pas fécondé ,
que dans un œuf de volatile ou de quadru¬
pède, qui, quoique fécondé, ne contient;
B iv
2^ Des Dépendances
pas un fétus qu’on puifle appercevoir*.
Les eaux vont toujours en augmentant
en quantité, mais elles n’augmentent pas
en même proportion que le fétus , dont
l’accroiffement eft bien plus conlidérable;
on croit qu’au troifieme mois , le poids du
fétus excede celui des eaux dans lefquelles
il eft renfermé.
Quand le fétus eft k terme , il n’y a
gueres plus de deux livres d’eau , tandis
qu’il pefe huit livres au moins.
Il y a des animaux , & même quelques
femmes, qui ont très - peu d’eau dans le
tems de l’accouchement; dans l’œuf, elle
fe diffipe depuis le dix - huitième jour , de
façon qu’il y en a très-peu quand il écloc ;
les lapines n’en ont plus quand elles met¬
tent bas.
Ce. fluide diminue auffi , en proportion
de l’augmentation du fétus , & de la quan¬
tité de l’urine , dans les animaux quadru¬
pèdes qui ont une allantoïde ; quand l’em¬
bryon eft tout nouveau , il y a beaucoup
plus d’eau que de liqueur dans l’allantoïde;
& il y en a vingt fois moins , quand il eft k
terme ; un veau prêt k naître , a quelques
livres de fluide dans fon allantoïde ; & dans
le troifieme mois, il n’y en a que très-peu.
Dans le commencement , le fluide , tant
des^ufs de quadrupèdes que de ceux des
du Fétus, 2.*)
volatiles , eft auffi limpide & auffi clair, que
l’eau de fource la plus pure ; mais fur la fin
de la geftation , il eft un peu trouble &
opaque ; il eft de couleur roufle ou verdâtre.
Il a quelque chofe de gluant & de gé¬
latineux ; cette croûte grafle & gluante qui
couvre la peau de l’enfant , en eft une
preuve ; on voit auffi quelque chofe de
îemblable à la furface interne de l’amnios ;
car qe penfe que ce font des concrétions de
ce fluide, qu’on a prifes pour des glandes.
§. V I I I. La nature de ces Eaux.
Comme c’eft terminer une grande dif-
pute parmi les Phyfiologiftes, que de dé¬
terminer les qualités de ces eaux , il faut
s’en occuper avec attention.
D’abord il faut prendre garde de con¬
fondre cette humeur quand elle eft fraî¬
che , avec la même humeur devenue pu¬
tride ; car les eaux ont beaucoup de facili¬
té à fe corrompre , principalement dans les
femmes , quand la groflefle eft avancée ;
la chaleur du lieu , &c le voifinage des in-
teftins , peuvent bien y contribuer ; cepen¬
dant il n’eft pas aifé de s’ÿ' tromper , à
moins qu’on ne le veuille bien; car ce n’eft
jamais par dépravation qu’elles font de na¬
ture â fe coaguler; au contraire, la cha-
2G Dépendances
leur & le féjour empêchent certainement
de fe coaguler les humeurs qui étoient coa¬
gulables ; 6c fi on a fait des expériences
qui aient prouvé que cette humeur fe coa¬
gule quelquefois , on peut affurer avec
confiance qu’elle eft de nature k fe coagu¬
ler, quoique dans d’autres expériences elle
ne fe fbit pas coagulée.
Les eaux de l’amiiios font un peu falées,
elles relTemblent afTez à du petit-lait , mê¬
me par l’odeur ; elles font douces dans
quelques animaux.
Elles fe mélangent avec l’eau, quoiqu’el¬
les aillent au fond.
Quand on les prend récentes de l’ani¬
mal , elles fe coagulent au feu , comme a
coutume de faire la lymphe , comme le
fait le blanc d’ œuf qu’on fait durcir , 6c
enfin comme l’humeur contenue dans les
œufs de vipere.
Les liqueurs fpiritueufes fortes les épaif.
fiffent, l’alun en fait de même , auffi bien
que l’infufion de noix de galle 6c l’efprit de
nitre.
Moi - même , je les ai réduites en gru¬
meaux , 6c comme un nuage épais, avec une
liqueur fpiritueufe dans un œuf humain
dont le germe avoir péri.
Il s’y forme, même fpontanément, des
du Fétus. 2,7
caillots comme caféeux & gras j elles dépo-
fent auffi , quoique corrompues , des petites
malTes pareilles , quand on fait palTer à
travers un filtre la partie la plus fluide ou
qu’elle s’en eft évaporée par raâ:ion diî feu ;
cependant elles font aîkalines & falées ,
elles fermentent avec les acides , & fe dif-
folvent par l’acide vitriolique.
La liqueur qu’on trouve & dans l’effo-
mae & dans l’amnios, m’a paru avoir beau¬
coup d’analogie avec celle du péricarde,
qui efl: de nature lymphatique.
Dans le cadavre , le féjour la rend fa-
îée; quelquefois même elle le devient fpon-
tanément dans le fétus à terme , & de mê¬
me dans l’œuf ; elle efl: très-gluante ; elle
n’efl: pas fans quelques marques, d’acrimo¬
nie, puifqu’elle rend rudes les doigts de l’Ac¬
coucheur; & alors ni le feu, ni les liqueurs
fpiritueufes , ni l’acide nitreux , ni la fau-
mure , ne la peuvent coaguler.
Dans cet état, fi on l’expofe au feu , on
voit une écume & des filamens , enfuite
elle fe deflTeche , & quand l’humeur s’én
efl: évaporée, elle laiflTe une terre & un fel
■fixe.
Ces phénomènes font voir que ce n’efi
pas une mucofité , car ils feroient tout au¬
tres • à peine une humeur muqueufe fe pu-
2 B Des Dépendances,
tréfie-t-eîle , à moins qu’elle ne foit dif-*
foute dans Feau , & elle ne fe mêle point
avec l’eau.
J’ai lu qu’il s’étoit trouvé des globules
dans les eaux de l’amnios , même après
qu’elles s’étoient putréfiées.
§. I X. La fource de ces Eaux.
Çeft un problème fi difficile à ré foudre ,
que je ne me flatte pas d’y réufîir.
Les anciens enfeignoient qu’elles étoient
la fueur, ou comme la fueur du fétus , &
quelques modernes ont étédecefentiment.
D’autres ont dit que c’étoit fon urine ,,
& d’autres un mélange de la fueur & dç
Furine.
On a dit auffi que c’étoit un fuc qui ve-
noit des mamelles du fétus , qui font fort
grolTes & pulpeufes.
Suivant d’autres , c’efl: fafalive ; & d’au¬
tres encore veulent que ce ce foit un mé¬
lange de falive , du mucus des narines &
d’urine.
Il y en a qui penfent que ce fluide efl:
une gelée , qui provient des petites papilles
répandues dans toute la longueur du cor¬
don , ou de fes conduits lymphatiques.
■ D’autres difent qu’il efl: fourni par les
glandes du chorion • d’ autres par les vaif^
du Fétus. 29
féaux capillaires ; dilFérens Auteurs le font
venir des vailTeaux lymphatiques de l’am-
nios , ou des tuyaux laiteux qui vont du
placenta au chorion , & qui fe vuident
goutte à goutte dans l’amnios , ou des glan¬
des dont les t^aux excrétoires viennent
s’ouvrir a l’intérieur de cette membrane,
par des orifices qu’on y apperçoit.
Enfin, d’autres prétendent que ces eaux
s’amafTent par tranfudation , comme la li¬
queur du péricarde , du péritoine & de la
plevre; & qu’elles s’échappent comme par
tranfpiration dans la cavité de l’amnios ,
des extrémités des arteres ombilicales, qui
fe difïribuent k cette membrane; & ils don¬
nent pour preuve , qu’il n’y a point de ca¬
naux qui du jaune de l’œuf, communiquent
avec la membrane qui contient le blanc.
Un fort argument contre toutes, ces, hy-
pothefes , c’eft que les eaux font en grande
quantité quand le fétus eft encore très-pe¬
tit; qu’il a vingt fois, peut-être cent fois
moins de volume qu’elles ; & enfin quand
il n’y a point de fétus, qu’il a péri préma¬
turément , on trouve de l’eau dans l’am¬
nios , & un placenta , tandis que le fétus a
difparu; ou au moins il eft très -petit, en
proportion de ce que feroit un fétus vi¬
vant , relativement k fes membranes : ce
Des Dépendances
qui prouve qu^il j a long-tems qu’il a péri*
& au contraire , à memre qu’il prend de
raccroilTemenc , la quantité des eaux di¬
minue au point , que , fuivant quelques-
uns , il n’en refte plus.
De plus 5 on voir bien que le fétus re¬
çoit desfucs de fa'mere, qu’il fait des ex^
crétions, & qu’il réforbe ces fucs de nou¬
veau.
Il y a aulîî des vices particuliers dans cha¬
cune de ces hypothèfes ; lafurface du corps
du fétus eft enduite d’une efpece de pomma¬
de graiîè & muqueufe ; il paroit que cet en¬
duit doit empêcher l’abondance de la fueur ;
les eaux ne font donc point le produit de
cette excrétion.
Elles né viennent pas non plus de l’uri¬
ne ; celle du fétus eft certainement très-
douce a la vérité ; mais les eaux de l’am-
nios font bien différentes de l’urine ne
fut-ce que par leur propriété de fe coagu¬
ler; d’ailleurs on a vu beaucoup d’eaux
dans l’amnios d’un fétus dont la verge n’é-
toit point percée 5 & dans la veffie duquel
il y avoit de l’urine eetenue & fétide.
Les glandes falivaires , & celles des ma¬
melles , ne pourroient pas filtrer une fi
grande quantité d’humeur; & le caraébere
des eaux de i’amnios eft bien différent de
âu Fétus, 3^
Æeîui du lait 6t de la lalive ; on peut dirç
la même chofe du cordon ombilical.
On n’a point encore découvert de glan¬
des ni de vaiffeaux lymphatiques dans Tam-
nios , ni dans le chorion.
Je ne comprends pas bien comment un
fluide poulie dans Fartete ombilicale peut
tranfuder dans Famnios ; il faut fuppofer
cette membrane percée , pour qu’elle puilTe
avoir une communication avec cette ar¬
rête.
J^fin , les fétus des animaux quadrupè¬
des ovipares , & ceux des poilfons , font
environnés de fluide ; ils n’ont cependant
point de cordon ombilical , ni par confé-
quent de voie par laquelle les humeurs de
î’enfant puiCent former la liqueur de Fam-
îiio^.
Il fuit donc J que , puifque cette liqueur
ne peut provenir du fétus , elle vient de la
matrice & de la mere ; je n’ofe mettre en
avant une expérience qui le prouve : on dit
qu’une femme grofle ayant pris du faffran ,
les eaux en furent teintes.
On ignore entièrement les voies parlef-
quelles ces eaux viennent s’amalïer dans
Famnios ; il eft néceflaire que pour y par¬
venir, elles traverfent le chorion & la mem¬
brane mitoyenne ; ou qu’elles palTent à
travers le placenta.
2 2 Des Dépendances
Favouc que j’ignore comment elles j
parviennent , mais je ne vois pas qu’on
puilTe l’expliquer autrement; il eft nécef-
faire qu’il s’en fépare continuellement de
nouvelles de la matrice , car l’extréme-
ment petite quantité que l’œuf en a apporté
de l’ovaire , ne peut pas fuffire.
J’avertis auffi qu’elles ne viennent nulle¬
ment dansl’amnios, en vapeur, comme
la liqueur qui tranfude de la plevre , du
péricarde & du péritoine; c’eft vraiment
une tranfpiration qui fe fait par les pores
de ces membranes ; car ce font des vapeurs
telles, que dans le corps le plus fain , il n’y
a point une aulli grande abondance de
fluide épanché ; au lieu que dans l’amnios,
elles doivent remplir une efpace qui fans
elles feroit vuide , &cet efpace entre le fé¬
tus & l’amnios , efl: confidérable.
DISSERTA-
WgëËm
DISSERTÂT ION
DÉS EAUX DEL’AMNIOS;
L.E fétus depuis fa fofmatiôti , jüfqtfaii
terris où il eft éxpiilfé dé la matrice , nage
dans ün fluide, plutôt lymphâtiquè qu’à-
'queux , qù^on riorririie /ei eau:è de f enfant ^
les eaux de Vdmnios, Lés ufages gériéraUx
de cè flüidè font afîez connus ; çépendaric
bn rie convient pas üriariitrieitienÉ quùl ait
iine propriété ndtritivè , c’efl-à-diré qu^il
îerve d’àliriiéïit au fétüs • & mêrrie parmi
ceux qui lè regardent comme véritable¬
ment nourricier , il ÿ à controverfe fur lai
voie par laquelle- il pâflTe à l’enfant ; les uris
veulent que cé rie foit que par les pores
cutanés qu’il pénétre daris fes vailTeaux ,
& les autres prétendent qü’il le reçoit pan
la voie de la déglutition: ils citent mêrrie
d’après Heifter , une expérience qui parôît
décifivé. Moii déireiû li’efl: pas d’entrer
Tome IL ' G
DiJfcrL fur origine
dans cettè dérnierc difcuffion ; je me fuis
propofé feulement de réfoudre une autre
queftion , qui jüfqu’à préfent efl: reftée pro¬
blématique , éc dont la folution pourra don¬
ner quelques éclaircilTemens fur la pro¬
priété de ces eaux. Ce fluide s’amalTe peu-
à-peu dans la cavité de l’amnios ; mais
quelle efl: fa fource , & quels font les vaff-
feaux qui le châtient dans cette cavité ?
C’efl: ce que je vais tâcher d’éclaircir.
On à cru pendant îongtems que les eaux
de famnios n’étoient que le produit des
excrétions de l’enfant ; mais outre plufieurs
railbns qui démontrent la faulTeté de cette
opinion , là confifliance & les propriétés
de ces eaux , prouvent qu’elles ne peuvent
être du genre des humeurs excrémentitiel-
les. Beaucoup de Phyfiologiftes ont penfé
qu’elles tran&dent des vailTeaux exhalans
du placenta , des membranes , ou du cor¬
don ombilical. D’autres font portés à croire
qu’il y a dans ces fubftances , des glandes
deHinées h filtrer cette humeur pendant le
cours de la geftation , quoique jufqu’a pré-
lent aucun Anatomifte n’y en ait décou¬
vert^ en un mot les idées ne font point fi¬
xées fur ce point de Phyfiologie , & aucun
Auteur n’a pris le foin d’aiîigner la vraie
fource de ces eaux j M. de Haller dit même,
dts Eàüx de VJlmnios. 3.^
comme on vient de le voir, que ceft un
prpbiême fi difficile a réfoudre , qu’ii ne fe
flatte pas d’y réuffir.
Je ne m’occuperai point a combattre les
diverfes opinions qu’on a eues fucceffive-
ment fur cet objet ; j’aurai pleinement réuffi
à en démontrer l’erreur, fi je puis prouver
que ce font les vaifieaux utérins ^ qui pen¬
dant le cours de la grofiefie, fournifient
peu k-peu le fluide renfermé dans la cavité
de l’amnios.
Pour répandre quelque jour fur cette
efpece de fécrétion , il eft néceflaire de
donner une idée jufte de i’étst de la ma¬
trice, pendintia groflefle • c’efl-k-dire de
réfuter deux opinions erronées , qui n’ont
que trop pris faveur , & qui même ont
donné lieu k une fi forte prévention, qu’on
n’a pas eu le moindre foupçon qu’il y eût
dans fa fubftance , des vaifleaux propres à
fournir cette humeur : on eft prefque uni-
verfeliement perfuadé que pendant la grof-
fefle , les parois de la matrice ne per¬
dent rien de leur épaifleur :■ on va même
jufqu’k dire qu elles en acquièrent davan¬
tage ; on croit auffi que dans ce tems ,
toute la fubftance de cet organe eft rem¬
plie de gros vailfeaux fanguins. Ces deux
opinions ont tellenîent prévalu , quo Tafi»
jBiJlfcrU fur Vongtnt
fertiôn du contraire paroît être un parà«
doxe ; tous les Auteurs même qui difent
avoir fait les recherches les plus exades,
iur letat de la matrice pendant la grolTelTe,
Semblent être d’accord fur ces deux points*
cependant j’ofe alTurer contre ceS autori¬
tés , que rien n’efl: moins conforme à la vé¬
rité ; &. j’efpere qu’il ne me fera pas diffi¬
cile de prouver J i°. qiie c’eft faute d’avoir
obferVé avec juftefle , qu’on a prétendu
que la matrice confervoit toute fon épàif-
feur pendant la grofîelTe ; 2®. que bien loin
que toute fa fubdance foit alors remplie de
gros vailfsaux fanguins, il n’y en a dans la
glus grande partie de fou étendue ^ que de
lymphatiques, & ce n’eft que dans un pe¬
tit efpace qu’on en trouve d’un certain vo¬
lume, & remplis de fang.
De V enter qui a foutenu avec le plus
de chaleur que la matrice conferve toute
fon épailTeur , même jufqu’a la fin de la
grolTelfe , fe croyoit fondé dans cette opi¬
nion , fur l’obfervation & fur le raifonne-
ment ; » T outes les fois , dit-il , que je me
w fuis trouvé à l’ouverture d’une femme
sy morte en couches , cc qui m’eji Jbuvcnt
n arrivé ; j^ai vu la matrice entièrement
y) épaiffie , de quelque grandeur quelle
yy fût j je l’ai vu, dis-je, de ne l’ai jamais
des Eaux de r^ninhsi 37
» vu autrement •; de maniéré que dans
» quelque érat qu^elîe foit 5^ fon épailFeut
» eft toujours la même n. Il ajoute en*
fuite , pour prouver qu’il éft néeelTaire
que cela foit ainfî : « les vaiffèaux dont
yy la matrice eft compofêe , qui avant la
groffefte: ne font que des, fibres très-me*
yy nues , dont la cavité & le liquide ne font
j^pas; fenfibles , fé nourrifîent infenfi*
yy bîement pendant là groiTeire , fe diîa-
yy tent,& fe rempliftent tellenient de l’hu-
yy meur qui y circule , que rutérus malgré
yy fon extenlion , ne perd que peu ou point
yy de fon épailfeur.
Avant d^’oppofèr mes ob^rvations à eeî-
les de De Yenter, qu’il me foit permis de
faire remarquer quelles portent entière¬
ment à faux -, il entreprend de prouver que
les parois de là matrice font épaiftes pen¬
dant la groCèCé , & il ne cite, que ce qu’il
a obfervé fur ce vifcere après [accouche¬
ment; on ne doit aifi] rément pas conclure
de l’état dans lequel on la trouve alors ,
qu’elle éroit de même avant l’accouche¬
ment ; car quoiqu’elle ne foitpas- réduite à
fon volume primitif, fon étendue eft beau¬
coup moindre qu’elle n’étoit pendant la
grolféfTe , & conféquemment fon épaifi»
feor doit êtrobien plus confidérable ; j’ex*^
c üj ■
38 origine
pliquerai cela plus au long dans un inftant.
Quant à la théorie dont il appuie fon opi¬
nion , elle ne prouve pas davantage , puill
que , conitne je le ferai voir, ce n^eft qu^un
fyftême qu’il a adopté fur la parole d’au¬
trui , parce qu’il étoit favorable à fon fen-
timent , mais qui eü: démenti par l’obfer-
vation.
On peut fe convaincre par l’autopiie ,
que les parois de la matrice font très-min¬
ces far la fin de la grofTefTe ; c’eft par ce
moyen que je m’en fais affuré , & voici la
marche de mes obfervations. En lyq") , je
fis a l'Hotel-Dieu de Paris , l’ouverture du
cadavre d’une femme , qui étoit parvenue
au terme de fa groiTelTe , mais qui n’étoic
point entrée en travail d’enfantement. A
l’incifion de la matrice , je la trouvai d’un
tifiu lâche & fpongieux , & elle n’avoit
pas beaucoup plus d’épaifleur quela vefiie.
Imbu alors de ropicion des Ecoles, je fus
étonné de ce phénomène, mais j’avoue que
trop jeune encore pour avoir l’efprit obfer-
wteur , je ne fis pas le moindre raifonne-
îhent fur un fait fi contradiâioire à ce
qu’on m’enfeignoit ; j’en fus cependant
frappé. Quelques années après , j’eus une
autre occafion de faire l’ouverture du ca¬
davre d’une femme grofle à terme j je
des Eaux de V Amnîos. ■
orouvaî de même la matrice très-amiade*
Je me rappel lai la première ouverture que
favois faite, & je cherchai a raifoimejcfe
ce que j’avois obferyé dans ces deux cas ;
mais mes recherches n’eurent aucun fucs-
cès, & je finis par attribuer cet amineifiet
ment à quelque caufe particulière que je
ne pouvois reconnoitre.
J’ai depuis ce tems , ouvert le cadavre de
plufieurs femmes mortes , immédiatement
après raccouchement , & d’autres fur la fin
de la grofieffè ; j’ai toujours trouvé les pa-*
rois de la matrice fort épaifies , dans celles
qui étoîent accouchées; & dans celles qui
avoient péri , avec leur enfant dans leur
fein, je les ai vues tantôt fort épaiffes , &
tantôt très-minces. Ces alternatives m’ont
tenu très-longtems en perpléxîté, & m’ont
fourni matière à beaucoup de réflexions.
J’ai enfin découvert le fecret , & je fuis
venu à bout de concilier ces apparences de
contradidion.
Je me fuis rappelle que toutes les fois
que j’avois trouvé la matrice fort mince ,,
je l’avois examinée dans des femmes , qui
étoient mortes avant d’être entrées en tra¬
vail , ou du moins fàns qu’il fe fût rien
échappé de la cavité de l’amnios; & qu’au
contraire , dans les cas où j’avois trouvé
C iv
4^ * fur l^orîgînè
qu’il y avoit une certaine épailTeur , je
li’avois fait foiiverture qu • après l'écoule-?
ment des eaux \ cette diftindion me parut
idfoudre toute la difficulté , & je conclus
alors qu’elle avoit échappé aux Obferva??
téq'rs , & que c’étoit cette inattention de
îeur part, qui avoir donné lieu à une fi
grande diverfîté d’opinions fur ce point 5
& que par confequent , ceux qui avoient
afiiiré avoir trouvé la matrice fort épaifle ,
ne l’avoient vue qu’ après l’accouchement ,
ou du moins après l’évacuation des eaux.
J’ai depuis ce tems eu ocçafion de me con--
firmer dans cette opinion,
Jepourrois citer pour preuve, quelques -
ouvertures que j’ai faites de femmes mor¬
tes au terme de leur grofiefîe ; mais pour
éviter les redites , je me contenterai de ren-,
dre compte d’une que je fis en iyé8 , en
préfeiice de deux Chirurgiens ( i ). Une
femme parvenue à la fin de fa grofiefle ,
mourut d’hémorrhagie utérine ; elle avoic
refienti quelques douleurs , que les Accou¬
cheurs appellent préparantes , mais les eaux
-ne s^étoient pas écoulées. Comme il y avoiç
près de cinq heures que cette femme étoit
^i) Meffieurs Gibert Çc Sigaut, Ghinifgiens à Paris,
des Eaux de VAmnîos. 41
morte, & que par conféquent j’avois une
certitude plus que morale, quefenfant avoie
aujfîi perdu la vie ; je me donnai le tems
de faire obferver !■ état des chofes aux deux
Chirurgiens affiftans ; après avoir incifé les
tégumèns du bas-ventre , je leur fis remar¬
quer que la matrice paroiflbit très - mince
à la vue- & eonvaiiicu par ce que j’avois
précédemment obfervé , je les prévins qu’ils
verroient au moment de l’incifion qu’elle
i’étoit eifeâiivement ; je ne fus point dé¬
menti à la feètion de ce vifeere; Üs virent
ainfi que moi , que le plus léger coup de
fcalpel en pénétra toute lafubftance , qu’eî->
lenWoit pas plüs d’une ligne d’épaifieur,
& qu’çlle étoit d’une texture extrêmemeùt
lâche.
Nous obfervâmes , après que j’eus fait
i’extradion de l’enfant , que la matrice fe
contrada fenfiblement, & que cette con^
tradion fit que les bords de i’incifîon que
j’avois faire , prirent en un infiant beau¬
coup d'épaifîeur. J’aggrandis enfuite cette
incifion , & la continuai tout le long de la
parois antérieure , pour mieux obferver la
^tuation du placenta ; je trouvai lé relie
de cette parois beaucoup plus épailTe alors ,
qu’elle ne l’étoic à la première fedion que
j’avqis faite. Le placenta étoit placé fur la
42 DiJfcrtfürV origine
parois poftérieure , & une partie de cette
mafTe, tout au plus le quart, n’àvoit plus
d’adhérence avec cette parois ; ce léger
décolement avoir fuffi pour donner lieu à
une hémorrhagie alTez confidérable , pour
faire périr la femme en fort peu de tems*
On m’a objedé que, de ce que fur une
femme morte, j’avois trouvé la matrice
fort mince , je ne devois pas conclure
qu’elle l’eft de même dans l’état naturel ,
de fur une femme vivante. Je doute que
cette objedion ait été faite de bonne foi \
mais quoi qu’il en foit, elle me paroîttrop
futile , pour que je/ croie avoir befoin d’y
répondre. Mais on pourroit avec plus d’ap¬
parence de raifon , m’objeéèer que je ne
puis alléguer que ce feul exemple bien
avéré & bien coiiftaté , & qu’un feul fait
ne peut faire loi. Il eft vrai que je n’ai
pas eu de témoins obfervateurs dans la pre¬
mière ouverture que je fis en 174^ ; que
dans une autre que j’ai faite en 1749 , il
n’y avoit que des femmes ; mais mon té¬
moignage fur ce point eft d’autant plus au¬
thentique , qu’alors j’étois prévenu que la
matrice devoir être très-épaifte , & que je
fus étrangement furpris de la trouver au
contraire fort mince dans ces deux cas \
àc que dans quelques autres ouvertures que
des ‘Éaux de VAtnnîos. 43
j’ai faites depuis , je l’ai trouvé de même >
d’ailleurs aucun intérêt, fi ce n’eft celui de
la vérité , ne peut me déterminer à foute-
nir cette opinion ; ce n’efl point par opi¬
niâtreté que j’y fuis attaché * pour en con¬
vaincre , j’en appelle aux expériences à
faire ; quoique l’occafjon de les faire ne fe
préfente pas bien fréquetnment, il n’efî:
cependant pas fort difficile de la rencon¬
trer ; & je fuis certain que toutes les fois
qu’on fera l’ouverture d’une femme morte
fur la fin de fa groffieffe , fi on obferve avec
attention , on verra ce que j’ai vu ; c’eft-à-
dire, qu’avant l’évacuation des eaux, les
parois de la matrice feront fort m.inces , &
qu’elles auront une certaine épaifTeur après
leur écoulement.
Pour le peu qu’on réfléchiffe fur le mé-
chanifnie de la groiTeffe, il ne fera pas dif¬
ficile dé reconnoitre que les parois de îa
matrice doivent s’émincer de jour en jour
pendant le tems de fa durée , & que fur fa
fin, elles doivent être très-mincqs; & fi on
examine les changemens qui arrivent à cet
organe, pendant le travail , & après l’ac¬
couchement , on verra auffi qu’il efi: nécef-
faire que fes parois prennent fubitement
une certaine épaifTeur après l’écoulement
des eaux, de que cette épaifTeur augmente
44 Dtffcrt. fur origine
de plus en plus , après la fortie de toutes lej.
fubftances qui y étoient renfermées pen¬
dant la grolTeirè.
La matrice eft mufculeufe; elle eft for^
mée d’un alTemblage de fibres circulaires ^
longitudinales , tranfverles , obliques , fpi-
raies, en un mot rangées dans tous les fens.
Toutes ces fibres font unies enfemble par
le moyen d’un tifiu fpongieux , qui hors
du tems de la grolTefie , les tient entafiees
& très-ferrées les unes contre les autres ;
de maniéré qu’alors elle eft d’un très-petit
volume, & que fa cavité eft fi étroite,;
que ce vifcere eft' à peu de chofê près , un
corps purement mafiîf Comme la matrice
hors du tems de la groflefte , n’eft que d’un
ufage précaire , il auroit été au moins inu*
cile qu’elle eut occupé plus d’efpace dans
rhypogaftre, & que fa cavité eût été plus
ample ; mais auil ce vifcere étantdeftiné à
donner afyle a des fubftances , qui de jour
en jour doivent acquérir plus de volume, il
étoit néceflàire qu’il fut compofé d’une
multitude de fibres , qui par leur développe¬
ment fucceflif , puftent fe prêter à l’accroifi
fement infenfible de ces fubftances.
L’expanfion de la matrice pendant la
groftefîe , fe fait donc aux dépens des fi¬
bres qui entrent dans fa comppfition; mais
de.^ "Eaux de VAmnios, 4^
n’eft pas , comme Font prétendu qüel»
ques Phyficiens -, par Fextenfion de ces fi¬
bres J qu’elle parvient au point de di¬
latation où elle efi: à la fin de la grofiefie ;
il y a long-tems qu’on a fenti qu’il ne fe^
roit pas pofiible que des fibres mufculaires
püflentj même parla gradation la plus in-
lenfible -, s’étendre aufii prodigieufement
fans fe rompre \ fi elles ne fe rompoient
pas, feroit-il pofiible qu’elles ne perdiflent
pas de leur ton ‘ & pourroient - elles par
cdnféquent avoir autant de forces qu’il efl
nécelTaire qu’elles en aient, & qu’elles en
ont efieciivement pour expulfer fenfant ?
car c’eft principalement dans le tems de
l’accouchement , qu’on remarque combien
elles ont d’énergie ; il n’eil donc pas rai-
fonnable d’attribuer a l’extenfion de ces fi¬
bres^ cette prodigieufe dilatation*
La matrice ne fe dilate que pafiivementj
car on feait que fa propriété naturelle efi
de fe contracter. Ce ne font point les fabf^
tances folides qu’elle renferme , qui par
leur accroifièment fuccefiif produifent fa
dilatation , elle n’eft due qu’à l’adion du
fluide qu’elle renferme - ce fluide, en s’ac¬
cumulant peu-à'peu dans fa cavité, exerce
une preffion égale & continue fiir tous fes
points, de par cette prefiion, il force fes
Dijfcrt, fur Vorîglnc
parois k reculer ; il agit conftamment &
fans interruption , puifque c’efl: fans inter¬
ruption qu’il y aborde , & que de jour eti
jour, il augmente en quantité ; par fon ac¬
tion fur les fibres de la matrice, il les dé¬
veloppe, les déplie pour ainfi dire, comme
l’a obfervé un homme célébré de nos jours ,
& les oblige par conféquent à s’écarter les
unes des autres. Le tifiu fpongieux qui les
unit , & qui de fa nature efl; prodigieufe-
ment extenfible , cede facilement k la puif-
fance qui agit fur lui , & il ne cefle de fe
prêter k l’écaitement de ces fibres , que
lorfque la fomme de fon extenfibilité efl
épuifée , ou du moins lorfque les fibres
font écartées k leur dernier degré pofiible.
Si la matrice en vacuité, n’a toute l’é-
paifTeur qu’on y remarque , que parce que
les fibres qui en forment le tifiu font très-
rapprochées les unes des autres , & très-
ferrées, il eft tout fimple que dès qu’elles
viennent ù s’écarter , cette épaifieur doit
diminuer, & que fes parois doivent s’amin¬
cir , k mefure que fe fait leur développe¬
ment. Ainfi , quand elle fera parvenue k fa
plus grands dilatation , fa fubffance ne fera
uniquement qu’un tifiu fpongieux , auquel
des fibres mufculaires , placées ça & là,
ferviront pour ainfi dire de foutien j il n’efi:
des Eaux de V Amtiios. 47
âone pas étonnant qu^eïle fbit alors d’un
tilTu lâche , comme l’ont remarqué tous les
Obfervateurs , & De Venter lui-même ; il
eft certain aufli qu’elle doit être fort amin¬
cie, puifque l’expérience démontre que le
tilTu cellulaire perd de fbn épailTeur , en
raifon égale de fon extenfion ; c’eft ce
qu’on obferve fpécialement dans les hy-
dropifies afeites.
L’expérience &; la, raifon démontrent
donc que l’épailfeur de la matrice diminue ,
à mefure que fe fait fa diîatàtion ; mais
puifque c’eft le fluide qu’elle renferme qui
eft l’agent de cette dilatation , il eft aHe de
comprendre qu’après l’écoulement de cô
fluide , fes parois doivent reprendre de leur
épailTeur. Dès que les eaux de l’amnios fè
font écoulées , la puilTance qui agilToit fi^
la matrice 5 & qui forçoit fa dilatation,
n’a plus lieu ; alors, par la vertu tonique de
contraftile dont elle jouit éminemment,
elle fe rétrade fubitement, à moins que
quelque caufe incidente ne la tienne en
atonie, ce qui eft fort rare; car on obferve
même quelle fè rétrade après la mort;
comme je l’ai vu arriver cinq heures après,
dans la femme qui fait le fujet de l’oblèr-
vation que j’ai ^-apportée. La matrice ne
peut revenir ainfi fur elle-même, fans que
48 Diff’ùrt. für V origine
fes fibres qui étaient écartées les unes des
autres j ne fe refierrent & ne fe rappto-
chent, &ces fibres en fe rapprochant, là
rendent plus denfe & plus compaâ:e j
elle le deviendra d’autant plus ^ qu’il y aura
eu une plus grande quantité d’eaux j &
qu’il fe fera palTé plus de tems depuis leur
évacuationi . ' ,
D’après ce qui vient d’être dit ^ on voit
aifément qiië cet aminciffement ne fe fait
que par gradation j qu’au 7®. mois
de la grolTefle , la matrice a encore con-
fervé un peu de fqn épailTeur ; qu’elle n’eft
très - mince que für la fin j & que le col
n’éprouvant de dilatation que plus tard
que le corps & le fond j commence auffi
plus tard à s’émincer. D’ailleurs le degré
d’amincififement n’eft pas le même à beau¬
coup près , dans toute l’étendue de ce vift
, eere • le fond conferve toujours un peu de
fon épaifteur : il eft formé d’un plus grand
nombre de fibres mufculaires , & il eft pour
ainfi dire le point de ralliement de toutes cel¬
les qui entrent dans fa compofition ; c’ eftce
qüi a fait croire à Ruyfch qu’il y avoir au
fond un mufcle particulier. Il peut aufli fe
trouver des différences produites par des
caufes accidentelles : un fchirre , une con-
geftion quelconque dans quelque endroit
dcÈ Eaux de VAmniôS», 49
idê ïà matrice, en empêchant une partie de
ce vifeere de fe dilater également , l’empê-»
chera de s’amincir comme le refte.
Mais la-difFérence la plus fenfible, eft
celle qui fe trouve à l’eiidroit où eft im¬
planté le placenta ; cet endroit conferve
toujours fon épailTeur , & en acquiert mê¬
me plus qu’il n’en avoit avant la groflefîe*
Si c’eft au fond de la matrice que s’eft
faite fon implantation , le fond fera beau¬
coup plus épais que le refte de fon éten¬
due ; il en fera de même des parois ; fi
même le placenta a pris racine fur le col ,
comme cela arrive quelquefois , ce col ,
qui fouvent eft fort mince aux approches
de l’accouchement , eft au contraire fort
épais dans ce cas ; enfin , fl ce n’eft qua
fur un fegment du cercle de l’orifice , il
n’y aura que cette portion du col qui fera
fort épaifîe , tandis que l’autre fera très-
amincie ; mais comme cette épaifteur par¬
ticulière de l’endroit où s’eft attaché le
placenta , n’eft qu’une fuite du change¬
ment qui arrive dans les vaifteaux de cette
portion de la matrice, & de la différence
qu’il y a entre ces vaifteaux , & ceux du
refte de fa fubftance ; j’en donnerai la rai-
fon , en faifant voir que les vaifteaux ref-
peétifs de ces deux parties de ce vifeere ,
Tome IL D
Dijfcrt,fur V origine
îie font ni de même volume , ni de même
nature * c’eft ce que je me propofe de
prouver,
Graaf avoit dit que les vailTeaux utérins
étoient très-gros pendant la groireire,àcaufe
de la grande quantité de fuc nourricier qui
vient sy rendre : propter affluentis alimenti
copiant } Bartholin prétendoit qu’ils étoient
gorgés de fang : turgere fanguine ; beau¬
coup d’Obfervateurs depuis eux , ont dit
avoir trouvé la matrice remplie de très-
gros vailTeaux fanguins ; & c’eft diaprés
toutes ces autorités , que Devenrer s’eft
cru en droit de dire qu’ils fe remplifTent
de l’humeur qui y circule. On ne peut dou¬
ter que ce ne foit d’après l’obfervation ,
que ces Auteurs ont parié ainli ; mais il y
a défaut de juftelTe dans leur obfervation y
les uns ont vu de gros vaiffeaux fanguins
à l’endroit de l’attache du placenta ■ & ils
ont conclu du particulier au général : car
ils fe font imaginés qu’il en étoit de même
dans la grande portion qui eft tapiffée par
le chorion ; les autres n’ont examiné la
matrice qu’après l’accouchement , & ils
ont cru qu’elle étoit pendant la groffelTé ,
comme ils la voyoient alors. Ces erreurs
fefont accréditées, parce que ceux qui ont
écrit depuis Graaf, Bartholin & les autres,
ées Èaü± de VÂrhniôèi ■ ^ ï
dîit adopté leur fentiment fans examen |
pour moijj’ai fait ces recherches avec atten-^
tion j & j’ai obfervé que les vailTeaux com^
pris dans l’efpace occupé par le placenta ^
îbnt tout autres que ceux de la portion de
îa matrice qui répond au chodon ; & qu’a-
près r accouchement, toiit le fyftêmevaf^
culeux de cet organe eft bien différent de
ce qu’il étoit pendant la groflelTe : je ni’ex=^
plique;
Le placenta occupe une partie de l’inté-i
rieur de la matrice^ & c^eft tout au plus le
tiers • le refte de cette cavité eft tapiffée
parle chorion^ qui communément lui eft
adhérent dans tous fes points ; ces deux
portions de la matdce ont un ordre de
fonctions bien différentes à remplir • l’ef^
pace qui eft occupé par le placenta j ré¬
pond par communication de vaifleauX à
Une malle, dont tout l’extérieur eft hé-“
dlTé de filets vafculaires • ces filets font
comme autant de fuçoirs ^ deftinés à pom-^
per Continuellement des fucs , pour les
tranfmettre à l’enfant ; les vailTeaux qui
communiquent avec eux, doivent contenir
une grande quantité de liquide, puifqu’uiî
grand nombre de ces fiiçoirs eft enraciné
dans l’orifice de chacun de ces vailTeaux 5
que c’eft d’eux que le . fétus reçoit là itia-
^2 lyijfërt. fâr 'Vorîgint
jeure partie des fucs qui lui font néceUai-*
res , & que d’ailleurs faire qu’ils occupent
eft très-étroite, en proportion de toute l’é¬
tendue de la matrice ; ils doivent aufîî être
d’un volume proportionné a la quantité de
fluide qu’ils contiennent ; il eft donc né-
cefîaire qu’ils foient très - gros ; auffi s’en
trouve-t-il parmi ces vaifteaux , dans l’o¬
rifice defquels on pourroit aifément mettre
l’extrémité du doigt , comme l’ont obfervé
MM. Morgagny , Monro àc autres.
Outre cela , le fluide que contiennent
ces vaifîeaux, eft du fiang; il y a une con-
teftation entre les Phyfiologiftes , fur l’ef-
pece de fluide qui palFe de la matrice au
placenta ; les uns prétendent que c’eft du
îangtout préparé, & cette opinion a été
adoptée pendant long-tems; les autres
foutiennent que ce n’eft qu’un fuc lympha¬
tique , qui par les élaborations qu’il reçoit
enfuite dans le placenta , fe convertit en
fang ; cette derniere opinion eft plus pro¬
bable , & il me paroir qu’elle a prévalu.
Quoi qu’il en foit , fi c’étoit du fang pur
qui paftat de la matrice au placenta , il n’y
auroiî aucun doute que les vaiffi^aux qui le
fourniroient ne fiiflent fanguins ; mais
en fuppofant .même que ce ne foit , com¬
me il y a lieu de le croire , qu’un fuc
des Eaux d^V Animos. ^3
lymphatique ^ iî n-eti' efl: pas moins- vrai
que ies vaiffeaux defquels, émane ce fuc ^
font fanguins : fa propriété nutritive le
prouve , car nous ne connoilTons- dans
ies corps animés ,, d’autre humeur que
le fang artériel qui contienne des, prin¬
cipes nutritifs,;, c’eft; un vrai fang qui n’a
perdu que momentanément ùi couleUi:
& fa coniiftance , parce qüm a foulFert
une légère décompofition : les extrémités
mufculaires du placenta étant d’un trop pe¬
tit diamètre pour admettre dans leur, ca¬
vité , dos globules fanguins qui ont un cer¬
tain volume ; ces globules , pour s’inlinuer
dansces vailîeaux, font forcés de fe divi-
fer mais dès qu’ils font parvenus dans un
efpace moins étroit, la plus légère élabo¬
ration fuffitpour les réunir, & leur rendre^
leur conftitution primitive ;^ auffi , dès que
les fucs qui viennent de la matrice ont fait
un peu de chemin dans le placenta , ils iè
convertilTenc en fang ; delà toute la fubf-
tance vafculaire. du placenta eit fanguine ,
tandis que fa fubftance pulpeulè eft lym¬
phatique.
L’expérience d’ailleurs , prouve que les
vâilTèaux de la matrice qui communiquent
avec le placenta, font fanguins : après l’ex-
tradion de cette malTe , on voit fubitemenc
D iij
^ 4 Dijfcrt.fur VoAgint
s’çcoüler une grande quantité de fang, L’a^
naîogie le prouve aum ; car dans les ani-
niaux qui, èn place de placenta, n’ont que
des cotylédons , Iprfque ces cotylédons fe
détachent , ce qui fe fait fpontanément
immédiatement après la fôrtip du fétus,
on voit ruilleler le fang des pores de la
matrice auxquels ils étoient attachées ,
quoiqu’il ne forte de leurs vailTeaux &
de leurs cellules , qu’une matière blan-<
çhe & mucilagineufe.
Mais c’eft trop m’étendre für un point
de Phyfiologie qui n’eft contefté de per-^.
fgnne ; on ne doute pas , à ce que je penfé ,
que pendant la grofrefTe , il n’y ak dans la
ïîiatriçe, de très-gros vaiffeaux remplis de
fang, qui communiquent avec le placenta;
mais il me refte à prouver que ces gros
vailTeaux ne fè trouvent que dans Tefpace
pu il eft implanté ; les fonèbions qu’ils ont
à remplir l’exigent, comme on vient de le
voir; examinons quelles font celles des au^.
très vailTeaux de la matrice, pour en infé--
rer de quelle nature ils font.
Hors l’attache du placenta , ce vif-
çere eft revêtu intérieurement par le cho-^.
rion ; cette membrane eft de même hériA.
^ëe k l’extérieur, de ftlets tomenteux, qui
l'inferent dans les pqrqfttés de la matrice ;
des Eaux de VAmnîos. ^ <)
c’eft par eette infertion que le -chorion
€omîBunique avec elle; mais elle lia & ne
fîeut avoir d’autre communication qu^avec
lui ; car diacun des points de fa îurface
intérieure reçoit un filet du tomentum de
cette membrane , & il n’eft pas poffible de
i découvrir dans toute la portion de la ma¬
trice à laquelle elle efl: attachée , la moin¬
dre relation avec le placenta , & il efl: cer¬
tain qu’il n’y en a aucune: cortiment donc
pourra-t-on concevoir que dans en¬
droit il y a de gros vaifleauxTfangums,
puifque la matrice ne communique qu’a¬
vec une membrane , dans laquelle on ne
remarque pas même de capillaires fanguins ,
fi ce n’eft quelques filets qui proviennent
du placenta , & qui font contigus a fes
vaifleaux. Si on veut jetter les yeux fur les
çaufes finales , on verra que de tels vaif-
feaux y feroient au moins inutiles ; auffî
eftfil conftant qu’ils n’exiftent pas: l’ob-
fervation le démontre.
Premièrement , tous les Gbfervateurs
qui ont fait l’ examen de la matrice , en
gravidité , ont remarqué que dans ce tems
fes vaifleaux font petits & lymphatiques.
Je ne parle pas d’ Abraham V^ater, qui a
donné pour la matrice d’une femme grofle ,
celle d’une femme morte après un avorte-
D iv
^ ^ D fur Vofifint
ment de «5 à 6 mois; ni de ceux qui n’ont
jugé de tous les vailTeaux utérins , que par
la grolTeur de ceux qui reçoivent les raci¬
nes du placenta. Mais Arantius appelle les
orifices des vailTeaux de la matrice , ofcu-
la J alTurément il n’eft pas vraifemblable
qu’il eût nommé ainfi des orifices de gros
vailTeaux ; & il ajoute que ces orifices four-
nilTent en maniéré de rofée ; Malpighy ,
dans fa lettre a Sponius, décrit les vaif-
feaux de la matrice pendant la geftation ; il
ne dit exprelTément nulle part , qu’il y ait
découvert de gros vailTeaux fanguins , &
il dit que dans certains endroits , ils font li
fins , qu’on ne peut les appercevoir. Le
Dodeuf Noortwick , dans une efpece de
commentaire , qu’il a joint à la defcrip-
tion de la matrice d’une femme grolîe,
qu’il a dilTéquée avec grand foin , dit que
dans les différentes fedions qu’il en a fai¬
tes , il y a vu beaucoup de vailTeaux , mais
fort petits : numerofjjima quidem fcd cxi-~
gua fueruntÿ & qu’il n’a apperçu aucun
vailTeau qui méritât lé nom de finus , à
moins , dit -il , qu’on ne veuille appeller
ainli un petit nombre de vailTeaux qui ne
fe rencontroient que fur la furface exté¬
rieure de la matrice. Il eft k remarquer
qu’il n’a fait ces différentes fedions que
âes Eaux dt VAmnîôs, ^ 7
loin du placenta ; car il ajoute que pour
conferver la piece , il n’a fait d’inci lions
que fur la parois antérieure de la matrice,
& le placenta étoit fitué fur la poftéricure.
M. Littré a vu furplufieurs femmes mor¬
tes dans le tems de leurs régies , que la
furface interne de la matrice eft toute fe-
mée de trous fort fenfibîes & pleins de
fang ; il a reconnu ces mêmes trous dans
les femmes mortes pendant la groflefîe ;
mais il obferve bien exprefîement qu’ils
étoient beaucoup plus petits , & qu’il n’en
fortoit, au lieu de fang, qu’une liqueur
blanchâtre & laiteufe.
Je pourrois ajouter d’autres autorités en
faveur de cette opinion ; mais je crois que
ces témoignages font alfez authentiques
pour ne lailTer aucun doute à cet égard ;
néanmoins, pour porter la preuve jufqu’k
convidion , il fuffira de confuîter l’expé¬
rience. Soit qu’on faffe Topération céfa-
rieone fur une femme vivante , foit qu’on
né la pratique qu’à finftant de la mort,
quand on eft parvenu à la matrice, on en
fait la feftion, fans qu’il s’écoule une feule
goutte de fang ; cette aftertion parole pa¬
radoxale,; cependant c’eftune obfervation
certainev Dans le procès-verbal de l’opéra¬
tion cëfarienne, pratiquée en 1740 fur la
1^8 Dijfcrt fur V origine
Demoifelle Defmoulins , il eft dit expref-
fénient , qu’on obferva que l’incilion de la
matrice ne donna pas une feule goutte de
fang. Dans celle qui fut faite en 1768 dans
la rue Fromentau, il n’en fortit point; &
dans plufieurs ouvertures que j’ai faites de
femmes mortes fur la fin de leur groflefîe ,
quelques minutes après la mort, je n’ai ja¬
mais vu s’écouler de fang. Certainement
fi toute la .fubftance de la matrice étoit
remplie de vaifîeaux fanguins , il ne feroit
pas poflible qu’une incifion , au moins de
fix travers de doigt, qu’on eft obligé de
faire fur ce vifeere , fe fît fans effufion de
fang; fi donc il ne s’en répand point, c’eft
qu’il n’y a point de vaifleaux qui en con¬
tiennent ; cette conféquençe me paroît
toute naturelle, '
Il eft cependant arrivé quelquefois , que
l’incifion de la matrice a fourni beaucoup
de fang; on l’a même obfervé depuis peu ,
puifque dans une opération céfarienne qui
a été faite au mois d’Oftobre 1770 , on a
vu fortir du fang k la feftion de la matrice,
mais cette obfervation n’infirme nullemerit
mon afiertion ; je conviens avec tous les
Auteurs , qu’il y a de gros vaifleaux fan¬
guins a l’endroit de l’implantation du pla¬
centa ; ainfi, fi on fait la fedion de la ma-
des Eaux de VAmntos, 9
tfice en cet endroit, comme on a fait dans
îe cas dont je viens de parler , on verra
fortir une grande quantité de fang ; il en
fera de même , fi on incife fur les parois
latérales de la matrice ; on fçait que c’eft
en cet endroit que les arteres fpermatiques
& hypogaftriques , font par leurs ramifica-^
tions & leurs anafiomofes, un plexus très-,
confidérable de vaifîeaüx , qui rampent fur
la furface extérieure de la matrice ; ces
vailTeaux , pendant la grofTeffe , font rrès^
gonflés & tout remplis de fang ; par con-
féquent, fi on les incifè , il sVn fera une
grande effufion • mais fi on évite le trajet
de ces vaifTeaux , & f endroit de f attache
du placenta, il ne s^en écoulera pas. Cette
remarque éfl importante pour l’opération
eéfarienne, on en fent la confëquence.
Je ne pènfè pas qu’il refte le moindre
doute fur la vérité de ée que j’ai avancé,
c’eft-à^ dire qu’il n’y a de gros vaifTeaux
fanguins dans la matrice , qu’à Tendroit
de l’attache du placenta , & que tous les
autres vaifTeaux de fà fuhftance font exTan-.
, gués ; on peut aufîi sén convaincre par
l’autopfie; mais il mç paroit fort difficile
de rendre raifon de cette particularité»
Comment fe peut -r il faire que les arteres,
fpçrmatiques & hypogafl;riqu,es qui apport
Dijfcrt. fur V origine
tent lé fang à la matrice , & qui pendant
la grolTelTe en contiennent beaucoup plus
que dans tout autre tems ; comment, dis-
je, fe peut-il faire que ces arteres verfent
tout le fang qu’elles contiennent , dans un
feul efpace borné , & qu’elles n’en four¬
nirent pas en même quantité à toute la
matrice , & cela , feulement pendant le
cours de la geftation ; car après l’accouche¬
ment, tous les vaiffeaux utérins contien-
nerx4 du fang , & ik contribuent tous à
l’évacuation des lochies. J’avoue que l’ex¬
plication de ce phénomène furpalTe mes
forces ; il feroit facile d’en rendre raifon
par l’attradion , & ce moyen même fem- ,
ble fe préfenter naturellement, mais je ne
penfe pas qu’il fût fatisfaifant ; il eft plus
vraifemblable que c’eft une méchanique
particulière qui y donne lieu ; mais quelle
eft cette méchanique ? la ftruéture propre
de la matrice n’eft pas affez connue, pour
que je puifte me flatter de réuffir a la ren¬
dre palpable ; mais du moins qu’il me foit
permis de hafarder quelques conjeftures
qui me paroilTent raifonnables.
L’Anatomie nous apprend que les vaif-
feaux utérins communiquent tous enfem-
ble ; qu’en injeftant ou en foufllant l’un
de ces vaifleaux, la matière injeftée , oü
des Eaux de Vamîiîos, Ci
Fàir , palTe dans tous , comme dans un ca¬
nal continu; on fçàit auffi que ces vaif-
feaiix , quoique très - gros fur la furface
extérieure de ce vifeere, ne foumilfent dans
fa fubftance que des filets fi ‘menus , qu’il
efi très- difficile d’y faire paffer l’injedion
même la plus fine. Ces filets ferpentent ,
s’entrelacent, font beaucoup d’inflexions,
& communiquent auffi les uns avec les
autres. Il n’y pafle d’abord qu’une humeur
féreufe , mais quand cette humeur les a
dilatés , le fang trouve quelque facilité à y
pénétrer ; il entre peu-à-peu dans leur ca¬
vité , y circule lentement , s’y amafîe , y
fait pléthore , & enfin au bout d’un cer¬
tain tems , il s’évacue par les orifices de
ces vaifleaux qui s’ouvrent dans la cavité
de la matrice ; c’eft cette évacuation qu’on
nomme réglés, parce qu’elle fe fait com*-
munément à certains périodes affez régu¬
liers. Pendant la groflelTe ce n’eft plus le
même méchanifme ; à mefure que fe fait
la dilatation de la matrice , les ondes que
font les différentes inflexions de ces vaif-
feaux ; s’applaniffent peu-â-peu , ils fe re-
dreffent & s’allongent , & ils approchent
de plus en plus de la ligne droite ; c’efl: ce
qu’ont obfervé les plus exaffs Anatomiftes,
Ce changement de diredion ne peut que
Dijfert fur Vorîgîné
rétrécir eücore leur cavité ; de ce rétrécit
fement il réfulte i°; que fi là conception
ne s^eft pas faite immédiatement après f é-
coulement des relies , le fang qui étoit
contenu dans cés vaiiTeaux au moment
qu’elle s’eft faite ^ de qui commençoit à y
faire pléthore ^ ell refoulé j & va fe rendre
dans des finus j où il trouve un libre accès j
2°. ce rétrécilfenient rend ces filets vafeu-
laires abfolument impénétrables au, fang,
puifqu’ils ont au contraire befoin d’être di¬
latés pour qu’il puilTe y entrer; ainfi , ce¬
lui qui fe préfente pour pafler dans leur
cavité, ne pouvant forcer leur diamètre,
va fe rendre auffi dans des vaifîeaux qu!
lui offrent moins de réfiftance.
Or , il trouve beaucoup de facilité à pé¬
nétrer dans ceux qui font compris dans
î’efpace où eft implanté le placenta ; le flui¬
de, qui par fa collecfiion infenfible , dilate
la matrice , exerce moins d’aâion fur cette
portion de fon étendue : le placenta qui eft
intermédiaire , en fupporte tout l’effort j
& fon épaiffeur & fa folidité font que cette
portion n’y eft prefque poirit foumife ; les
vaiffeaux compris dans cet efpace , confer-
vent donc leur direétion tortueufe , les fi-
nus & les anfraétuofités qu’on y remarque
en font la preuve. Le fang pénétré d’a-
des Eaux de VAmnioSc ^3
bord dans ces finus en petite quantité ; iî
il n’en faut pas beaucoup dans les premiers
rems de la grolTelTe pour fulEre à un em¬
bryon d’une petitelTe extrême ; mais peü-k-
peu cette quantité augmente , & de jour
en jour les vailTeaux en font élargis , de
maniéré que fur la fin de la geftation , ils
font d’une grofieur prodigieufe.
Cet ordre méchanique change, dès que
l’enfant efl: forri de la matrice , & que le
placenta a perdu fon adhérence avec elle;
elle fe contracte fubitement, & cette con-
tradion produit fur fes deux différentes
portions , un effet tout contraire dans
celle où étoit le placenta , le rapproche¬
ment des fibres rétrécit le diamètre des
vaiffeaux , & en refferre les orifices ; ce
même rapprochement dans celle qui ne
communiquoit point avec le placenta,
rend a fes vaiffeaux leurs replis & leurs in¬
flexions; par-là ils fe raccourciffent, & re¬
prennent en diamètre ce qu’ils perdent en
longueur* alors le fang qui afflue vers la
matrice , ainfi que celui qui efl: contenu
dans les finus, fe répartit également dans
tous les vaiffeaux , par la communication
qu’ils ont enfemble , & ils deviennent tous
fanguins ; auffi obferve-t-on dans la ma¬
trice des femmes qui meurent peu de-tems
Dtjfert.für Vonglnt
après ràccouchement , que tous les vaif-
feaux utérins font remplis de fang , & que
tous les trous qui font femés fur la furface
interne de la matrice, font bouchés par des
gouttes de fang coagulé, lorfqu’il n’y a
point eu de fuppreffion de lochies*
Je fuis bien éloigné de croire la théorie
que je viens d’établir, pleinement fatisfai-
fante ; aufli ne l’ai-je préfentée que com¬
me conjedurale ; cependant je confelTe
que c’eft ma maniéré de concevoir ce
phénomène ; au furplus , quelle que foit la
caufe quile produit, toujours eft-il démon¬
tré par i’obfervation, qu’il n’y a de vaif-
feaux fanguins dans la matrice , que dans
l’efpace qui eft occupé par le placenta ;
que tous les autres font exfanguins , &
qu’ils font d’un très-petit volume ; que con-
féquemment les parois de la matrice font
très-minces dans toute cette étendue , car
la preuve d’une de ces propolitions eft né-
ceflairement celle de l’autre , puifque c’eft
le plus fort argument de ceux qui foutien-
nent le contraire. Ces principes une fois
pofés & recoîinus , il ne fera pas difficile
de voir d’ou viennent les eaux de l’am-
nios , & quels font les vailTeaux qui les
fourniffent.
Quoique les vailTeaux qui rampent fur
la
â&s Ëaux de Vjimniôs.
îa furface extérieure de la matrice foient
très gros pendant la groHelTe , les filets
vafculaires qu’ils fourniffent à fa fubftance
n’en ont pas plus de volume ; il eft pro¬
bable au contraire , que par leur redreiTe-
ment , ils font devenus plus étroits qu’ils
n étoient avant ; ils font donc impénétra¬
bles au fang ; mais, ils ne font pas pour-
cela imperviab les k toute efpece de fluide,
il y paflè néceffairement une humeur. li
n’eft pas vraifemblablé que ce foit une ma-,
tiere excrémentitielle ; c’efe un fluide lym-^
phatique , puifqu’il émane immédiatement
d’arteres fanguines : M. Littré a remarqué
que c’étoit une humeur blanche & laiteufe.
Cette matière n’efl; pas dans ces vailïeaux
fans avoir une deflination particulière , elle
a certainement un ufage. Les vaifleaux qui
îa contiennent viennent aboutir a la fur-
face interne de la matrice , par des pores
fi petits , qu’on ne peut qu’à peine les ap-
percevoir à l’œil nud j mais ces pores font
en fi grand nombre, que fi on exprime la
matrice de dehors en dedans, on voit for-
tir cette humeur en maniéré de rofée , par
une infinité de petits pertuis. C’eft dans ces
petits orifices que font implantés les filets
tomenteux du chorion, & c’eft par îô
Torm IL E
Dijfcrt. fur F origine
moyen de cette implantation que ces filets
communiquent avec la matrice.
Cette communication ne peut fervir
qu’à faire pafler au chorion les fucs qu’elle
lui fournit ; ces filets font , de meme que
ceux du placenta , comme autant de fu-
çoirs defiinés à cet ufage. Le chorion re¬
çoit donc de là matrice, des fucs lympha¬
tiques ; mais les vaifieaux qui apportent
ces fucs , font en trop grand nombre , &
par conféquent fournilîbnt une trop grande
quantité de fluide , pour que cette mem¬
brane l’emploie toute à fa nourriture ; par
l’adhérence qu’elle a avec l’amnios , elle
lui en tranfmet la plus grande partie , &
cette autre membrane qui efl: percée à l’in¬
térieur, d’une infinité de pores, lailTe tran-
fuder cette humeur dans fa cavité.
Les vaifieaux du chorion & ceux de
î’amnios font donc comme autant de fil¬
tres , à travers lefquels palTe goutte à goutte
unfluide lymphatique pendant tout le cours
de la geftation ; ce fuintement fe fait fans
la moindre interruption pendant tout ce
tems ; aufîi la quantité du fluide augmente-
t-elle de jour en jour, & eft-elle quelque¬
fois très-confîdërable à la fin.
Cette théorie me paroît fi fimple & fi
naturelle , que je ne puis prévoir aucune
des Eaux de V Amnios^ (37
objection j les vaifleaux delà matrice , dans
toute l’étendue qui n’eft point occupée par
le placenta , ne contiennent qu’une humeur
lymphatique; ils font comme dans tout au¬
tre tems d’une petitefîe extrême , peut-être
même font-ils plus petits que. dans le tems
de fa vacuité ; ils commudiiquent avec le
chorion ; les vaifîeaux de cette membrane
font continus à ceux de l’amnios ; l’une &
l’autre de ces membranes ne contiennent
aucun vailTeau fanguin ; enfin i’amnios eft
percé à l’intérieur d’une infinité de pores.
Quel peut être l’ufage de cette ftruârure
particulière , fi ce n’eft de tranfmettre dans,
la cavité de l’amnios un fuc qui lui vient
des vailTeaux utérins ; il me femble qu’on
ne peut en douter fans fe refufer à l’évi¬
dence.
La pratique journalière me paroit en¬
core fournir un furcroit de preuves de
cette opinion : il arrive affez fréquemment
qu’une petite étendue du chorion fe dé¬
tache de la matrice , ou que l’union du
chorion & de l’amnios fe rompt dans un
petit efpace; ce décolement fait entre ces
deux parties ainfi défunies , une efpece de
poche membraneufe , dans laquelle il fe
fait un épanchement ; c’eft ce que les Ac¬
coucheurs appellent de fauffes eaux , parce
Eif
^8 Dijfcrt. fur V origine
qu’ils nomment vraies, celles qui font con¬
tenues dans la cavité de l’amnios. Ce fluide
ainfi. épancîié, eft de même nature & de
même conflftance que celui qui eft: conte¬
nu dans cette cavité • il n’en eft diflerent,
que parce que celui dans lequel nage le
fétus , reçoit , probablement des excrétions
cutanées qu’il laiflTe échapper , une teinte
qui ne lui eft pas naturelle.
Il feroit abfurde de dire que ces faufles
eaux ont été réforbées par les pores de
l’amnios ; car outre qu’il eft impoflible de
prouver cette réforbtion , on ne peut pas
même en concevoir ni le méclianifme ni
la caufe; il me femble qu’on ne peut pas
révoquer en doute, que ces faulTes eaux
ne viennent' des vaifleaux de la matrice ;
car pour fe placer entre fa parois & le
clioribn , ou entre cette membrane & l’ani-
nios^ d’où pourroient-eîles fortir? La ma¬
niéré dont fe fait cet épanchement eft fort
aifée a expliquer : le moindre effort peut
déraciner une petite portion du chorion
des pores de la matrice ; la plus légère
caufe peur auffi détruire l’adhérence des
deux membranes entr’elles , dans un petit
efpace ; par cette déftinion , les vailTeaux
de ces portions qui s’abouchoient les uns
avec les autres, ceffcront de communiquer
des Eaux de rAmnîos.
êüfemble \ alors^ le fluide qm vient des
vailfeaux utérins, ne trouvant plus de ca¬
naux qui lui livrent paflage , s’arrêtera en¬
tre ces deux parties décolées ; mais comme
il continuera de tranfuder , il s’y amaflTera
peu-à-peu, augmentera le décolement de
jour en jour, & au bout de quelque tems ,
fera un épanchement confidérable.
Enaffignant la vraie fource des eaux de
l’amnios , je crois donner la folution d’une
autre qusftion y qui a de tout tems agité
les Phyflologiftes , & dont j’ai parlé plus
haut. S’il efl: bien certain, comme je crois
l’avoir prouvé y que ces- eaux foient vérita¬
blement un fluide lymphatique qui émane
d’arteres fanguines , pourra-t-on leur refu-
fer la propriété nutritive? Si plufieursPhy-
flologiftes n’en conviennent pas, g’ efl: faute
d’avoir découvert leur fource ; mais cette
fource étant bien conftatée, je penfe qu’il
ne peur plus y avoir de conteftation à cet
égard. D’ailleurs on trouvera dans le g-.XI ,
de fortes preuves que ces eaux paflent a
l’enfant par la voie de la déglutition : pour
quel ufage entreroient-elles dans l’eftomac ,
fl elles n’y apportoient des fücs nourri¬
ciers?
Fin de la Dijfertation.
E iîj;
yo ■ Dépendances
g. X. Ces eaux font -elles nourricières?
Raifons de ceux qui le nient.
Je' dois à cet examen d’autant plus
d’exaditude^que depuis peu, des Phyfio-
îogiftes ont foutenu avec quelque vrai-
femblance contre mon fentiment, que les
eaux de l’amnios n’ont aucune propriété
nourricière.
Je ne parle point des anciens, qui croy oient
que dans l’homme , comme dans les ani¬
maux , il y avoit a l’intérieur de la ma¬
trice certains tubercules ; ils difoientquele
fétus les fuçoit; & même ils appuy oient ce
fentiment , fur ce que dès que l’enfant eft
né , & même avant de naître , il fuce le
.doigt qu’on lui met dans la bouche.
Il efc aifé de réfuter cette opinion. Mais
, en général ce n’eft que depuis fort peu de
tems qu’on a commencé à nier que le fé¬
tus prend de la nourriture par la bouche.
La première raifon qu’on en donne ,
c’eft que la liqueur de l’amnios , dit - on,
n’eft pas une humeur lymphatique , &
n’eft qu’une mucofité ; & on dit que la
mucofité n’eft pas capable de nourrir. D’au¬
tres objeftent que cette liqueur eft acrimo-
nieufe , & du caraftere de l’urine.
Enfuite on dit qu’elle provient du fétus.
âu Titus, 7^
êt qu’elle traiifude de fes arteres ombilica¬
les, & qu’il n’efl: pas probable, comme
nous l’avons obfervé nous - mêmes , qu’é¬
tant expulfée du corps du fétus , elle y foie
reçue une, /econde fois.
Que plufieurs caufes empêchent la dé¬
glutition ; que la bouche eft tenue fermée
par les mufcles temporaux , qui font très-
forts , & qu’elle eft exaéfement clofe dans
le fétus ; que fa langue eft appliquée au
palais ; que le pharynx eft fermé , l’œfo-
phage comprimé ; & que la tête eft pen¬
chée , & prefque tout en bas.
Que la déglutition ne peut fe faire fans
refpiration , & qu’aucun fuc quelconque ne
peut pafîer de i’amnios dans l’eftomac,
tant que l’air n’a point d’accès ; que c’eft
pour cette raifon , qu’après avoir verfé du
lait dans la cavité de i’amnios , on n’en a
pas trouvé une goutte dans reftomac du
fétus ; que ç’eft auffi pour cette raifon qu’il
fe trouve aftez fréquemment des fétus vi-
vans & même en embonpoint, quoique
fans bouche & même fans tête.
Que ce qui fe trouve dans l’eftomac des
animaux , ne reftemble point au fuc de
i’amnios; que c’eft une mucofité, même
dans les oifeaux ; que la liqueur qu’on a
trouvée dans l’cftomac d’un veau , étoic
E iv
72 DeÈ , DcpendancêS
pâle, tandis que les eaux defamnios étoiene
brunes ; que cette liqueur de i’eftomac n’eft
ni rouge ni acide, ou qu’il n’y en a point
du tout.
On cite àufîi l’exemple d’'un fétus , dans
l’eftoinac duquel on a trouvé de l’humeur,
quoiqu’il fût fans bouche ; on allégué en¬
core une humeur gélatineufe & le méco¬
nium , qu’on trouve dans les inteftins ; & on
prétend que tout cela vient de la bile.
On oppofe que des enfans ont vécu
long-tems après la rupture des membra¬
nes , même la main fortie.
Que c’eft à caufe de cela que les eaux
de i’amnios font en abondance dans les
premiers tenis ; qu’enfuite elles font en
moindre quantité , en proportion du vo¬
lume du fétus ; qu’il y a beaucoup d’eaux
quand l’enfant eft languilTant & malade ;
& qu’elles fe diffipent quand il eft robufte ,
& que par conféquent il y a peu d’eaux
quand l’enfant eft fort.
Qu’ainfi , les eaux de l’amnios ne font
nullement propres à nourrir le fétus, &
que s’il fe fait quelque preffion fur i’œfo-
phage ou l’eftomac, c’eft contre nature , &
que cette preffion n’eft pas fans danger ;
qu’il paroît que la liqueur qui fe trouve
dans l’eftomac , eft fournie par les glandes
du Fétus, ' 73
de la bouche , de i’elîomac & des intéil-ins ;
& quoiqu’elle relTemble k un fuc nourri-
cier , cependant l’humeur du bas- -ventre ,
qui affurément n’eft pas deftinée k fervir
de nourriture , eih de la même nature,
§. X I. Réponfcs à ces ohjcâio'ns,
. Je fuis toujours flatté quand je trouve
occaflon de défendre le fentiment de mon
maître , dont la candeur efl; univerfelle-
ment reconnue ; & cette occaflon fe préfen-
te fouvent ; comme il ne cherchoit que la
vérité , c’efl; auffi tout le but de mes travaux.
On a tort de nier que le fétus avale la
liqueur de l’amnios ; car nous ferons voir
en premier lieu , qu’il a la bouche ouverte
& béante ; enfuite qu’on trouve de cètte
liqueur dans la bouche , dans le gofler ,
dans l’éfophage , & dans l’eftomac de l’a¬
nimal; enfin, qu’on a trouvé auffi dans
l’eftomac & dans les inteftins du fétus , des
poils & du méconium , qu’il rend affez fou-
vent dans l’amnios ; & il n’efl: pas poffible
de croire que ces chofes aient pu y parve¬
nir par d’autres voies, que par la déglutition.
Rien n’efl: fl commun que de voir des
poulets fe remuer doucement au milieu de
leurs eaux , & akernativement ouvrir &
fermer le bec.
Des Dépendances
J’ai vu les mêmes mouvemens dans les
petits des quadrupèdes, je les ai vus enfer¬
més dans leurs membranes , qui étoient
dans leur entier , & environnés de leurs
eaux de toutes parts , tirer la langue , ou¬
vrir & fermer la bouche ; d’autres ont vu
de même les fétus des quadrupèdes ayant
la bouche ouverte ; on a vu la même chofe
dans le fétus humain.
Il nous eft donc aifé de prouver pre¬
mièrement , que c’eft fans raifon qu’on dit
que le fétus a là bouche fermée ; que cela
n’eft vrai ni dans le volatile, ni dans le
quadrupède, ni même dans l’homme.
On n’eft pas plus fondé à nier que la dé¬
glutition puiffe fe faire fans refpiration, puif -
qu’elle ne peut fe faire dans le tems de la
refpiration ; car dans l’infpiration ^ l’épi¬
glotte eft élevée & le larynx ouvert , &
dans le tems de la déglutition , là langue
eft abaiflee , & le larynx fermé.
C’eft ainfi que ceux qui fe noyent ava¬
lent de l’eau , fi ce n’eft pas toujours , du
moins la plupart du tems ; leur eftomac
s’en trouve plein, & ils la rejettent par la
bouche , quand ils font tirés de l’eau ; il
n’eft pas abfolument poflible que le fétus
n’avale point ce qui lui vient dans le go-
fier, au delà de la racine de la langue.
du Fétus,
Schacher a vu des petits chiens remuer
la langue, & faire la déglutition.
Stæhelin a fait voir autrefois , que fi on
ouvre la gueule d’un petit chien , la preffion
de l’atmofphere fur l’efpace vuide d’air ,
fait entrer du fluide dans l’eflromac de l’a¬
nimal, quoique mort , & que cette pref-
fion ne fy pouflTe point , fi la gueule efl:
fermée ; or nous avons fait voir que la b ou-
che du fétus efl: ouverte.
Cette opinion efl: confirmée par l’expé¬
rience qu’on a faite de faire glacer une fe¬
melle pleine ; on a trouvé dans les narines,
la bouche , le gofien, l’cefophage & F efl*
tomac du fétus , de la liqueur de l’amnios,
qui faifoit un glaçon continu depuis les
levres jufqu’à Feflomac.
Ce qui appuyé encore cette opinion,
c’efl qu’on a trouvé une liqueur, qu’à fa
nature on a reconnu pour celle de l’amnios ,
dans l’eftomac de différens quadrupèdes ,
comme veaux , agneaux , petits chiens ,
faons , lapins , cochons ; & même Har-
vée a vu fortir de Feflomac d’uo fétus hu¬
main, quelque chofe de fenfbîabîe à des
grumeaux d’humeur muqueufe.
Il efl certain que le jabot & Feflomac des
volatiles , efl rempli c/un lait coagulé , qui
reflemble à du blan.c d’œuf qui auroir été
Des Dépendances
coagulé par l’efprit de vin ; ce qui eft dans
îe jabot, eft un coaguîum plus mou ; ce
qui eft dans Teftomac , eft plus caféeux*
Ceft cette même humeur femblable à
du lait, que l’enfant rend par la bouche,
avant d’avoir encore tété.
A préfent, il n’eft pas difficile de prou¬
ver contre ceux qui ne veulent pas que
ce qu’on trouve dans l’eftomac du fétus
foit de la liqueur de l’amnios, que c’en
eft véritablement.
Ge n’eft pas sûrement un mucus de la
bouche ni du gofter * il y a dans l’efto-
mac trop de cette liqueur , pour qu’elle
puifle être fournie par de fi foibles fources ÿ
on en a trouvé dans un veau , jufqu’à trente
ou quarante onces.
Mais ce qui prouve parfaitement que ce
qu’il y a dans l’eftomac eft très - véritable¬
ment de l’eau de l’amnios , c’eft qu’on
trouve affez fréquemment dans l’eftomacy
des concrétions graffes & caféeufes , telles
qu’il s’en trouve dans l’eau de l’amnios.
Il n’eft point rare que le fétus rende fes
excrémens dans l’amnios • le porc , le veau ,
l’agneau , îe daim & les volatiles l’y ren¬
dent ; l’enfant même les y rend auffi , car
on y a trouvé des matières brunes , qui
avoient toutes les qualités du méconium.
' du Fétus. 77
On trouve affez communément de cette
forte de matière dans l’eftomac ; aiTuré-
ment ces excrémens ronds ne prennent pas
naifîance dans f eftomac , même d’un animai
adulte ; il eft donc néceffaire qu’ils foient re-»
jettéspar la voie du bas - ventre , & qu’ils
ne parviennent dans l’amnios qu’après la dé¬
glutition.
Et afin de ne laifler aucun doute dans
les efprits , même les plus difficiles , je
donne pour derniere preuve les poils que
les veaux en fe léchant , ont mêlés avec
l’humeur de l’amnios ; qu’on a trouvés dans
l’eftomac, qui fe font enfuite mêlés avec
le méconium & les excrémens , & qui ont
été rejettés avec eux par l’anus.
Préfentement , fi l’humeur de l’amnios
paffe dans f eftomac & dans les inteftins ;
fi cette humeur efl: douce, vifqueufe, pro¬
pre à fervir de nourriture , je ne vois pas
pourquoi elle ne ferviroit pas à la nourri¬
ture du fétus.
Il y a encore d’autres raifdns qui le
font croire.
Nous avons dit que certains animaux
du genre des quadrupèdes froids , que les
poinons & les infeêtes ne pouvoient rece¬
voir de nourriture , que de la liqueur de
famnios.
'y8 Des Dépendances
Il eft prefque nécelTaire que les volati¬
les s’en nourriffent dans le commencement
de l’incubation , car alors les inteftins font
fl petits & certainement li vuides,. que le
jaune ne peut les nourrir ; les vailTeaux
ombilicaux ne fournilTent rien à un petit
oifeau au moment de fa formation , fi ce
n’ eft ce qu’il fournit lui-même.
Tant que le fétus humain , ou celui du
quadrupède eft ifolé dans la matrice, il ne
peut fe nourrir que de fon propre fuc ;
o’eft pourquoi il eft alors en plus grande
abondance ; cc comme il ne peut prendre
de nourriture que par la réforbtion que
font les veines du placenta, des fucs de la
matrice , & par les eaux de l’amnios , il eft
néceftaire que dans ces animaux , ce fluide
ait eu la propriété de nourrir & de fuften-
ter le fétus, qui alors n’ avoir point d’om¬
bilic , ou dont les vaiffeaux ombilicaux n’é-
toient point encore ouverts , comme beau¬
coup d’expériences le prouvent fuffifam-
ment.
Aufli, plufieurs Auteurs célébrés, tant
anciens que modernes , ont foutenu que
les eaux famnios écoient nourricières ;
mais ils ol^fervent qu’elles ne nourriffent
le fétus que dans les premiers tems de la
geftation , àc que fur la fin elles deviennent
du Fétus, 79
âcres , & font en trop petite quantité , en
proportion de la grofleur du fétus; je ne
difconviens pas elFèdivement qu’alors le
cordon ombilical contribue beaucoup plus
à fa nourriture.
C’efl: entièrement comme dans les der¬
niers jours de l’incubation , le jaune de
l’œuf fournit un nouvel aliment au poulet.
J’admets encore volontiers , que même
dans les premiers tems , le fétus reçoit éga-,
lement fa nourriture, des eaux , & des vaif-
féaux ombilicaux.
Il ne me paroît pas probable qu’il fe
faffe une réforbtion de ces eaux par les
pores de la peau ; c’eft une vieille opinion
d’Alcmæon , qui a été renouveilée depuis
peu ; ni que ce foit par cette feule voie , ou
en partie par cette voie, que le fétus pren¬
ne fa nourriture ; puifque l’épiderme d’un
fétus contenu dans l’amnios, eft tout cou¬
vert d’une matière vifqueufe & caféeufe ;
& que fi l’eau de l’amnios pénétroit la peau,
elle viendroit s’épancher dans le tiflu cel^
lulaire qui eft defibus ; & qu’ enfin cette
humeur eft vifqueufe , & ne paroxt pas de
nature, à pouvoir paifer à travers la peau.
Je n’en attribue pas moins de propriétés
a cette humeur ; elle maintient l’oeuf difi
tendu , & pat-là le fétus peut y exercer
8o Dépendances
tous fes mouvemens , & eft à Tabri des
compreffions extérieures ; & l’œuf à fon
tour eft moins expofé à être endom¬
magé par les mouvemens violens du fé¬
tus ; elle dilate plus facilement la matrice ,
que ne pourroit faire le fétus ; elle facilite
auffi.la fortie de l’enfant, dans le tems de:
l’accouchement.
On voit alTez cependant que tous ces
avantages ne font qu’acceffoires , puifqu’ils
n’ont point lieu dans les volatiles , dans les
poifîbns , ni dans les quadrupèdes froids.
§. X 1 1. La membrane allantoïde des
brutes.
J’avois écrit qu’on trouvoit dans les vo¬
latiles un fac membraneux , dans lequel
venoit fe rendre l’urine quifortoit du cloa¬
que : c’eft une erreur manifefté , que je
n’ai enfeignée que fur la foi d’autrui ;
car je n’y ai vu que très-difficilement , ou
même jamais , l’infertion de l’ouraqüe; &
je n’ai jamais bien connu la ftrudure de
cette membrane. Je corrige ici cette er-
= reur , & je l’ai déjà corrigée dans up petit
Ouvrage que j’ai envoyé en 17^3, à la
Société de Gottingue. ,
Il y a une cavité pour recevoir l’urine
dans
âiL PitüSé
dans îes quadrupèdes ; je crois qüe c’efi:
dans tous 5 du moins i’ai-je trouvée dans
tous ceux que j’ai ouverts ; ce réceptacle
eft grand, la plupart du tems fort long^
à-peu-près cylindrique j mais d’une largeur
inégale ■ il s’étend des deux côtés ^ au delà
de l’amnios j enmaniere de cornes ; il eft
plein d’une liqueur jaune , falée , même
fétide J qui ne fe coagule point quand
l’œuf a atteint fa maturité , qui reflemble
entièrement à de l’urine j & qui eft d’au¬
tant plus abondante , que le fétus a refté
plus long-tems dans la matrice ; on voit
flotter dans cette humeur , des concrétions
épaifles , vifqueufes , & il s’y fait un dépôt
que dans le cheval on appelle hyppoma-
nés.
C’eft la membrane allantoïde ; elle eft
niince comme l’amniôs , lifîe , parfemée
de vaifleaux : on peut aifément la divifer
en deux lames concentriques , blanches &
tranfparentes , & quifoufflées féparément ,
forment comme deux facs.
Il part du milieu de l’allantoïde , & de
la cavité de fon réfervoir , un canal très-
grand , qui conduit le long du cordon om¬
bilical , dans la yeffie , de façon qu’il y a
un paftage très-libre à l’air & à l’humeur ,
de la venie à la cavité de l’allantoïde.
Tome IL E
Si Des Dépendances^
II eft difficile de croire qu^on y ait Vu
des vaifTeaux lymphatiques.
Cette membrane eft fenftbie de bonne-
heure ^ car dans une brebis, le 14®. & le
jour après la conception, j^ai vu une
allantoïde femblable à un épiploon , lon¬
gue & cylindrique, tandis que j’avois beau¬
coup de pèiiieà voir le fétus.
Parmi les quadrupèdes , ceux qui ont
tine allantoïde font la jument , la vache ,
la brebis, lé daim, la biche, la truie, lé
Mèvre, le lapin, le chien, le chat, même
lë dauphin , avec un ouraque qui vient s’y
terminer j enfin la grenouille a auffi une
àllantoïdé , à moins qu’on n’ait pris une au¬
tre membrane pour une allantoïde.
Ainfi , ce ne font pas les feules bêtes à
cornes qui en ont.
§. X 1 1 1. Ce qu^on a vu dans Vhomme^
relativement à cela.
Premièrement, quelquefois on y trouve
Fouraque , qui va de la veffie jufqu’aû
cordon ombilical , & qui s’étend meme
Jufqu’â une certaine diftance fur ce cor¬
don ; il eft entièrement de même que dans
les brutes , fi ce n’eft qu’il eft plus étroit >
für-tout à l’endroit où il fe joint au cor¬
don y cependant il eft creux.
âiL Pétus -o 8 J
îi ÿ a quelques Auteurs j fort peu à là
mérité J qui difeiit avoir vu fouraque dans
le cordon , dt fe coritinuer avec lui ^ à là
:diftance dé quelques pouces.
On trouve auffi quelques relies d’une
véiicule^ pleine d’eau ou de gelée, qui étoiÉ
à l’extrémité du cordon du côté du pla-^
centà.
Aibiiius a trouvé dans un embtydn de
fept femaines , un petit filet qui alloit le
•long du Cordon, & fe terniinoit dans une
Véflcule qu iétoit comme un entonnoir de
4’amnios j cette véficuie étoit placée oblp
quement du côté gauche , entre le chorion
éc l’amnios • il â vu aiilli un canal j. qui dë
t extrémité du cordon j alloit fe rendre dans
la vefiîei
Boehnier à vu depuis peu une véliculô
^vale attachée au cordon , de il penfe avec
line forte de raifon , qu’on peut regardei^
•c^-te véfi-cule comme une allantoïdei
Haie a fait une ample defcription d’unê
velEe formée d’une membrane plus fine
•que l’anmios , placée entre l’amnios de le
chorion , kl’endroit où ces membranes font
fur le placenta , qui étoit plus étroite que
•cette maffe^ de qui d’une -de fès extrémités
y touchok , dt de l’autre au fétus; il a vu
Cette -v-elSê m fommet 4e l’œuf, unie dans
Des Dépendances
les deux tiers de fon étendue, à Tamnios ; &
il y avoitdeux ouraques qui venoientferefr
dre à fon. col ; il a fait repréfenter ces deux
ouraques , droits & fort grands. Keil & Ty-
fon aiïurent auffi avoir vu deux veflies , plei¬
nes d’une liqueur de différentes couleurs.
Haie ajoute encore qu’il a vu une allan¬
toïde ovale dans un petit œuf avorté.
Munnik croit aulîi avoir vu un petit fac
de même dans un fétus de quatre mois.
Eglinger a dit depuis peu, que l’allan¬
toïde eft agglutinée avec l’amnios ; de
même qu’Aibinus a dit avoir vu une mem¬
brane pleine d’une liqueur gélatineufe.
On peut ajouter à cela ces maladies dont
nous avons parié ailleurs , dans lefquelles
on a vu fortir l’urine par le nombril.
On cite encore pour confirmer l’exif-
tence de cette membrane, les eaux qui
s’écoulent de la matrice pendant la grof-
feffe , & avant le tems de l’accouchement;
on ne peut pas croire que ces eaux foient
celles de l’amnios , car il eft fort difficile
que le fétus furvive à l’écoulement des
eaux qu’il contient ; d’un côté elles lui ferr
vent d’aliment ; & de l’autre , la matrice
ne contenant plus d’eau , éprouveroit des
compreffions de la part des parties environ¬
nantes , qui feroient courir de grands rif-
ques k l’enfant.
du Fkim. ^ i
: On trouve dans les Auteurs, nombre
d’exemples de cet écoulement prématuré
des eaux , à dilFérens termes de la grolTeffe ,
long - tems avant l’accouchement , même
à dilFérentes reprifes.
On trouve ailleurs qu’il y a eu des ac-
couchemens où les eaux fe font écoulées .
en deux tems ; on a regardé comme ve¬
nant de l’allantoïde , une de ces deux ef-
fulions, puifqu’il n’y a que cette membrane
qui puiffe être le réfervoir particulier de
quelque fluide.
. Or , puifque les reins du fétus font fort
grands , qu’il fe trouve de l’urine dans la
veffie , & qu’on a trouvé de l’eau glacée
dans i’uretre, ils difent qu’ils ne compren¬
nent pas comment l’urine peut être retenue
dans f homme pendant tant de mois, fi elle
n’eflpas reçue dans une membrane parti¬
culière ; & qu’il n’eft pas poffible d’expli¬
quer pourquoi il ne fe fépare point d’u¬
rine dans l’homme , tandis que dans les
brutes il s’en fépare plufieurs livres , &
qu’on ne peut pas dire que c’eft la chaleur
qui difïîpe l’urine , ni affurer raifonnable-
nient qu’il ne s’en forme que peu , puif¬
qu’il y a au moins autant de chaleur dans
un chien que dans un homme.
Que quoique la veffie ait beaucoup de
F iij
0^ Des Dépendances
longueur dans le fétus, cependant elle n^eft
rien en proportion de Fallantoïde des ani-?
înaux ; ^ qu’il ne fe trouve qu’une petite
quantité d’urine dans la veffie de l’enfant,
C’efi: d’après ces raifons, & peut r être
d’autres encore , que de grands hommes,
parmi les anciens & les modernes, font
perluadés qu’il y a une membrane allan-?
■'toïde dans l’arriere-faix humain , de qu ell§
férc à contenir l’ urine,
§. X IV, B^aifons d\n douter.
Cette queilion eft fbr-t difficile a réfou^
dre ; mais les raifons de douter paroilTenç
plus naturelles de plus fniples,
• Dans l’homme , l’ouraque qui vient de
la veffie eft li petit , qu’on ne peut pas
croire qu’il puiiTè y paiTér autant d’urine ,
qu’il paroit qu’il en palTe dans les brutes,
L’ouraque fe continue a la vérité avec le
cordon ombilical , mais il ne va pas loin j
car après un trajet de quelques pouces au
plus , il fe divife en petits, filets , & il dif-.
paroît.
Aucun Anatomifte n’a trouvé l’ouraque
^u cordon, du côté qu’il s’attache au pla¬
centa ; on l’y a cependant cherché bien des
fois ; Haie a fait graver une planche qui
fepréfente l’ouraque , autour duquel ' fe
du Fétus S 7
contGuraêht les arteres , beaucoup plus pe¬
tit qu’il ne l’eft ; mais cette planche eft li
éloignée de la nature , que toute fon ob-
fèrvation en devient fufpede.
Albinus a vu le cordon dont il a parlé ,
dont nous avons fait mention ; mais
voyant que fes Eleves avoient pris fa re¬
marque pour une démonfiration de l’exif-
tence de l’allantoïde , & la donnoient pour
telle, il s’ eft expliqué depuis peu, & il a
déclaré qu’il ne l’entendoit pas de même ,
de qu’il n’âfturoit pas qu’il y eut une allan¬
toïde.
On ne voit pas pourquoi cette mem-r
brane fe feroit trouvée feulement dans un
petit fétus, & ne fe trouveroit pas dans un
qui feroit plus avancé.
Si l’analogie peut être de quelque utilité,
4e ee que fur la fin de la geftation , il y a
beaucoup de fluide contenu dans l’ailanr
toïde des animaux, on peut en tirer une
conféquence contre l’exiftepee de cette
membrane dans l’homme ; fl fon ufage eft
d’être le réfervoir de l’urine, il faut certai¬
nement une grande capacité pour contenir
tout ce que les reins , qui font alors fort
grands , auront féparé pendant plufîeurs
mois; c’eft ce que les moins inftruits pour¬
rons voir, puifqu’on découvre très-faciie-
Eiv
38 Dépendances
ment la membrane allantoïde dans les bru¬
tes, & que les anciens Font connue. Au
contraire , perfonne ne Fa vue dans Fhom-
me ; de tous ceux qui ont fait graver la
matrice dans le tems de la groflelTe , d’a¬
près les dilTeètions les plus exades qu’ils
avoient faites , tels qu’Àlbinus lui-même,
Hunter , Roederer , Jenty , Boelimer, &
Noortwick, il n’en eft aucun qui ait rien
vu de femblable à une allantoïde.
Qu’il me foit permis d’ajouter k ceci les
obfervations que jai faites fur huit femmes
mortes pendant la grofTelTe., dont j’ai fait
Fouverture : il n’ell: point étonnant qu’on
trouve de deux fortes d’eaux, ni qu’ après
avoir ouvert Famnios, & après l’avoir éva¬
cué , on trouve une fécondé vefîie, qui,
après que Famnios eft vuidé , refte toute
entière & pleine ; la membrane mitoyenne,
les feuillets de l’amnios , fes vaifîeaux ,
tout cela ne m’a point échappé ; mais com¬
me je n’ai jamais vu d’ouraque fortir du
cordon , je n’ai pas vu non plus de yeflie
dans laquelle il fût aboutir.
Il faut réfléchir que l’analogie peut in¬
duire k croire , mais qu’elle ne prouve point
démonftrativement; & il eft conftant qu’il
y a dans l’homme bien des particularités ,
qui ne fe trouvent point dans les animaux j
du Fétus» ^9
tels font îes réglés des femmes , la ftruâure
de la matrice & le placenta.
Il paroît que l’ouraque livre paffage k
une petite quantité d’urine , mais il peut
bien fe faire que cette petite quantité s’é¬
panche dans le tilfu cellulaire du cordon ,
où l’ouraque paroît fe terminer, ce cordon
étant bien plus long , d’une plus grande ca¬
pacité , & plus dilatable dans l’homme que
dans tout autre animal.
II paroît aufli que la grande facilité
avec laquelle le fang palfe dans les arteres
ombilicales, qui font très larges, empêche
qu’une grande partie de ce fang ne falfe
ejffort fur les vifceres du bas - ventre ; &
cous fçavons que dans le fétus il fe fépare
peu de bile , & qu’elle relfemble même à
une mucofté ; on peut croire aulîi aveç
raifon qu’il fe fépare fort peu d’urine.
Les eaux qui s’écoulent fpontanément
pendant le tems de la grolTelTe^ peuvent
venir de la matrice , ou d’une hydropifie
de ce vifcere, ou d’une hydatide, & non
de l’endroit où eft renfermé le fétus , &
elles peuvent fortir d’un tilTu cellulaire; ou
elles ont pu s’amalfer contre nature entre
l’amnios & fa membrane mitoyenne , en¬
tre les deux lames du chorion , ou entre
celles de l’amnios^ ou entre le chorion de la
^0 Des Dïpendances
membrane mitoyenne, ou enfin par quet
que fente des membranes ; quoique dans
f état naturel il n’y a point de fluide entre
ces membranes , & que tous ces vuides font
remplis par un tiflli cellulaire ; il peut ce¬
pendant s’y épancher un fluide, comme
dans le tiflTu cellulaire de toute autre partie
du corps, comme il y en entre par la ma¬
cération,
La tête du fétus peut aufli dans le tems
de l’accouchement , être placée de façon,
que toute l’eau contenue dans l’amnios ,
•puilTe s’écouler à la fois.
Nous avons parlé ailleurs des eaux qui
fbrtent par le nombril (i).
Toutes ces'raifons me paroifîent probables,
6c je ne les donne que pour telles ; car j e me
défifterai aifément de mon opinion , s’il fe
trouve quelqu’un qui foit afîez heureux pour
trouver un ouraque qui s’étende tout le long
du cordon , qui foit creux , & enfin une
véfîcule dans laquelle il vienne fe rendre.
La plupart des Anatomifles , depuis le
renouvellement ' de l’Anatomie, ont nié
i’exiftence de l’allantoïde dans l’homme.
Vérheyen ayant défié Bidloo défaire
voir cette membrane , ce dernier n’a o£e
entrer en lice.
(i) Elem, Phyfiol. Hall. lib.
du Fétus ^ 9^
g, XV, cordon ombilical.
Albinus l’a nommé fimplement l’ombi-*
îic, mais nous fuivrons l’ufage, & l’appel**
lerons cordon ombilical.
L’arriere - fak eft fgrmé par les mem^
branes dont nous avons parlé , qui renfer**
rnent le fétus , par le placenta , & enfin pat
le cordon , qui eft la principale voie de
communication entre le fétus & l’ arriéré-^
faix 3 iSc même la mere ; on le trouve dans
les quadrupèdes ovipares, dans les poiftbns
èc dans les quadrupèdes vivipares ; les ok
féaux ont une efpeçe de cordon ; c’eft une
gaine formée par les tégumens du bas-*
ventre, dans laquelle font renfermés les
vaifteaux du jaune de l’oeuf , ceux de la
membrane vafculeufe , & le conduit du
jaune ; les plantes mêmes ont auffi quek
que chofe qui reflemble au cordon.
Cette partie s’apperçoit des premières,
dans l’embryon ; car on la voit dans les
volatiles avant le cœur , & avant la coup¬
leur rouge • elle contient du fang dès la
40^ heure.
Le cordon n’eft pas tardif dans les qua*
drupedes ; je n’ai trouvé aucun exemple
de fétus qu’on ait pu appercevoir , fans
voir aufti te cordon ; je ne donne pas com”
5 2 Des Dépendances
me autorités les obfervations que j’ai fai¬
tes moi-même fur le fétus ; je ne les donne
que comme acceifoires ; mais toujours eft-
il vrai que le cordon eft un des premiers
points qu’on puilfe appercevoir.
Un fétus de fept jours ’a un cordon ; on
l’a vu dans un embryon , pas plus gros que
la tête d’une épingle ; dans un de huit
jours , pas plus gros qu’une graine de cu¬
min ; & dans un autre , gros comme un
grain d’orge ; dans un fétus de douze jours ,
gros comme un grain de millet , on a vu le
cordon, & une ligne rouge dans ce cor¬
don ; on l’a vu de même dans un fétus pas
plus gros qu’une fourmi.
Il étoit apparent dans un lapin de dix
jours , dans un fétus de cerf gros comme la
moitié d’un lapin ; je l’ai apperçu dans la
brebis , le 1 9®. & le 20®. jour.
Il efi: dans l’ordre que le cordon pa-
roilTe dès les premiers momens de la for¬
mation de l’animal, puifqu’il contient les
principaux vaiffeaux du fétus , & que c’eft
par fon moyen que la nourriture lui par¬
vient; c’efl: le premier tronc & l’origine
des vaiffeaux qui établiffent funion du fé¬
tus avec la matrice ; Galien a donc eu rai-
fon de dire que de tous les vaiffeaux,, les
ombilicaux fe formoient les premiers.
du Fétus, 93
Comme le cordon eft le premier formé ^
auffi eft-il la partie la plus forte ; il eft
court , mais gros ; fouvent il a un bulbe ,
comme je l’ai vu, & un point rouge, que j’y
ai apperçu m’a fait reconnoitre une artere ;
alfez fouvent auffi, le bas-ventre fait tumeur
à l’endroit du cordon.
Il y a long-tems qu’on a remarqué que
le cordon refte court & grosjufqu’au
jour.
Quand l’embryon eft très -petit, il eft
égal en volume à tout l’animal , au fétus
gros comme une graine de pivoine , de à
celui de la groffeur d’une graine de ci¬
trouille.
De même dans les fétus longs à-peu-
près d’un pouce ; dans un œuf gros com¬
me un œuf d’oie, comme dans celui qui
n’eft pas plus gros qu’une mouche à miel,
& de même dans d’autres.
Il paroît que ces cordons fi grêles dont
parle Ruy fch , étoient dans un état maladif ;
car avec un pareil cordon , l’œuf étant gros
comme un œuf de paon., le fétus étoit trop
petit en proportion ; à peine étoit-il de la
groffeur d’une mouche à miel.
Enfin, dans l’embryon peu avancé, il
n’eft point contourné en fpirale, il eft to¬
talement fimple & droit.
Des Dlpenâanceà
XVI. Uhijloire du cordorli
Il s’allonge peu-à-peu , & il efl: toujours
plus long dans l’homme que dans tout au¬
tre animal ; il eft auffi contourné en fpi-
rale, & £ je ne me trompe , ce n’eft que
dans l’homme ; il eft ftllonné d’un bout à
l’autre ; on n’eft pas encore sûr du tem^
auquel fe fait ce changement ; il y a des
Auteurs qui prétendent qu’il eft en fpirale
le 75 ^ jour*
Dans le fétus que Boehmer a fait gra¬
ver 5 qui à peine a un pouce de long , lé
cordon eft un peu contourné ; il eft de fi¬
gure cylindrique ; cependant il n’eft pas
toujours de grofteur égale dans toute fort
étendue.
Dans le fétus à terme , la longueur dit
cordon eft de l ’é à 24 pouces.
On le trouve cependant plus Court ; on
en a vu de £x pouces ^ de fix 'travers dé
doigt.j de deux ou trois travers de la pau¬
me de la main , de alors il eft fujet à fe
cafter ; il y en a de dix pouces & d’un
pied.
Quelquefois au contraire j il eft trop
long ; on en a vu de 40 & 4S pouces.
Quand il eft trop long, il peutfe nouer,»
Sc ce n’eft pas fans danger j car il peut fe
âu Fétus é
tourner autour du eol de renfant, quoique
cependant il n’en ait quelquefois réfulté au¬
cun accident.
On le trouve auffi quelquefois trop gros,
de la grolTeur de deux doigts.
Le fétus n’a qu’un cordon , même celui
qui avec deux têtes n’a qu’un corps.
Cependant on l’a vu bifurqué , & fo fen¬
dre au placenta en deux branches. J’ai lu
quelque part quhl y en avoit eu deux, dans
lefquels là veine étoit féparée des arteres.
Le cordon ordinairement vient s’inférer
au placenta, a quelque diftance du bord,
de façon que d’un coté fon infertion eft
très-proche de fa circonférence , & très-
éloignée de l’autre.
C’efi: là l’infertion la plus naturelle ;
quand elle fe fait en fon centre , ce n’eft
pas fans danger; car alors dans le tems de
fon extraêlion , après l’accouchement, toute
la furface du placenta oppofo une égale ré-
fiftance; l’angle que fait le cordon avec le
placenta , eft la plupart du tems , aigu
d’un côté & obtus de l’autre.
Ily a une enveloppe très-ferme, élafti-
que, & comme cartilagineufe; cette enve¬
loppe ne lui eft point fournie par le péri¬
toine , puifqu’il eft au deftbus du cordon ,
qu’il eft continu, & n’eft point percé ; ce
n’ eft pas non plus la peau du bas^ventre qui
I^es Dépendances
la fournit, puifqu’il y a à la peau & a féi
pidernie un anneau très-diftind, à travers
lequel paiTe le cordon.
Cependant il fe forme quelquefois une
Kernie en cet endroit ; le péritoine , qui
d’ailleurs eli très-foible, cède, & lesin-
teftins du fétus palTent dans le cordon.
L’autre extrémité du cordon eft conti¬
nue avec l’amnios & la membrane mitoyen¬
ne ; ces deux membranes unies, le rendent
plus fort.
Le cordon efl: creux ^ mais l’interfli-
ce des vaiffeaux efl: tout rempli d’une
fubftance cellulaire , feuilletée , fibreufe,
& comme fpongieufe , qui prend fon ori¬
gine du tilTu cellulaire extérieur du péri¬
toine ; quand la grande quantité d’humeurs
qui eft contenue dans' cette fubftance cel¬
lulaire , s’ eft diftipée , on peut y introduire
de l’air, & on voit qu’elle fe continue juf-
qu’à l’infertion du cordon à l’amnios , &
quelle forme des cellules & des finuofttés;
fi même on met le cordon dans de l’eau,
cette fubftance réforbe l’eau, & le cordon
devient mou & plus gros.
11 y a dans ces cellules une mucofîté
claire ,^éiatineufe, fans faveur , affez fem-
blable aux eaux de l’amnios , & qui fe coa¬
gule J on peut l’en faire fortir en expri¬
mant
âu Fzmh
Màht îè cô^don -, & elle en fot't mêmé rpon-
tanément, quand Ü y a peu de tems que là
îeâion du côrdôii a été faite ; on trouvé
Cette humeut dans lé cordon ombilical des
animaux qui ruminent, comme dans celui
de l’ilommew Elle peut pécher éh quantité^
îc’eft-aKÜfe qu’il peut y en avoir trop > ou
trop peu;
Quelques petites pôrtions dé cé tiffu utt
péUplus fermes, forment des cloifons dans
le cordon : ces cloifons font plus fortes vers
le placenta j & elles ne font pas toujours , nî
dans toute l’étendue du cordon j dans la mê^
ine htuation ^ nï difpofées dans le tnêmé
ordre.
Par le hiôyèn dé ce§ cloifons ^ il y à
dans le cordon trois efpeces de petites lo“
g^es, dans chacune defquelles eft renfernié
un vaifTeàu»,
Noiis avons dit qu’on avoit Vu des en»
fans fans cordon , il y a cependant des
Auteurs qui doutent que cette variété fé
foit rencontrée;
j§. XVI I. Les arterés omMîtcaîesi
Nous avons dit qu’il y avoit deux ar¬
terés ombilicales j cependant allez fouvènt
on n’en trouve qu’üne ; elles font ordinaire¬
ment d’un égal diamètre j quoique quel-
Tome JL Q
^8 T>es Dcpttidatices
quefois il y en ait une plus grofîe q[üe
Tautre. J’ai trouvé qu’elles avoientr^de
pouce de diamètre ; d’autres les ont trou¬
vées plus groffes.
Elles entrent dans la fubftance fpon-
gieufe du cordon , & la traverfent dans
tout leur trajet, en iy enfonçant plus pro¬
fondément; quand on les a féparées par
la dilTedion , elles ont alTez de force pour ’
conferver leur diamètre.
En général elles font contournées eu
fpirale, mais tantôt les fpirales font allon¬
gées , & alTez uniformément parallèles à
l’axe du cordon, & tantôt elles font en li¬
gne droite pendant un alTez long trajet ,
& tout-â-coup elles fe contournent & fe
replient, reviennent même dans un fens
contraire kleur diredion, & font un cer¬
cle; il y a rarement plus de trois de ces replis.
Il eft aifé de voir que ces arteres ne font
ainlî repliées , qu’afin que , quoique fort
longues , le cordon n’en foit pas plus long ;
& que ce qui donne lieu k ces replis, c’eft
que la quantité de fang qui arrive dans le
cordon, n’eft pas en proportion de fonpeu
de longueur ; ces replis fe forment par le
même méchanifme , qu’il s’en forme dans
des vailTeaux qu’on furcharge d’injedion;
ces replis deviennent circulaires , quand le
fang arrive avec grande impétuofité dans
du Fitus. . 0
une artere qui étoic en ligne droite ; &
il ne s’en fait plus , quanjdle fang a perdu
de fa VÎtelTe , par le retard qu’il éprouvé
dans plufîeurs replis ; enfin , au moyen de
ces replis , le cordon eft moins expofé àfe
rompre dans les dilFérens mouvemens du
fétus, à caufe de la longueur des artères.
. La veine pafie à-peu-près au milieu des
deux artereS) mais elle eft plus près de la
furfece extérieure ; les arteres ont plus de
longueur qu’elle , à caufe de leurs replis ,
comme elles en ontauflî plus que le cordon
en total.
On trouve fouvenc dans ces arteres,
foit que ce foit un vice , foit que ce foit un
méchanifme particulier, ce que les anciens,
& plus particuliérement Hoboken dc Rou-
hault, ont appellé des nœuds.
C’eft ainfi qu’on appelle un endroit de
l’artere ombilicale, dans lequel elle eft di-
latée^^ plus mince, 6c forme une tumeur
ronde ou piriforme, dont la portion la plus
étroite eft vers le placenta.
C’eft un petit pli de la membrane in¬
terne qui termine le nœud.
Ces nœuds difparoifîent quand on étend
le cordon, ou qu’on foufiîe les arteres.
On a cru que c’étoient des efpeces de
valvules qui retardoient le cours du fang ,
Gij
f Des Dépenâaiices
& l‘empêchoient dé retourner au fétué*
Les modernes nient que ces nœuds aient
cet ufage, eîFeâivetnent if eft certain qu’en
fnjeâiant les arteres ombilicales, la matiefé
paffé aifémeïit par l’un & l’autre côté^ je l’ai
foüvent éprouvé , & j’ai vu qu’elle paiToit
avec une égale vîtefTe au fétus & au pla-
idefita, & que Partere fe diftendoit en for*
me de Cylindre dans toute fon étendue,
niais qu’elle éîoit un peu plus ample à
f endroit de ces nœuds.
Ü’aULtes difent que ce font des varices^
on lès attribue k la violence qu’on a exer¬
cée en faifant l’extraétion du placenta. Il
me paroît que ces nœuds font, comme les
replis , produits , parce que le fang porté
dans les arteres avec impétuofité , trouve
quelque obftacle à la liberté de fon cours.
Enfin, proche de l’infertion du cordon
à i’amniôs , ces deux arteres font Unies par
un canal de communication, de dans l’hom¬
me, & dans les animaux qui ruminent.
Il eft extrêmement rare de trouver ces
arteres bouchées.
Il y a dans les quadrupèdes une troifie-
me artereoniphalo-méfentérique, qui vient
de l’artere méfentéîique , dont nous avons
dit quelque chofe ailleurs.
Je l’ai quelquefois vue dans l’homme ,
mais fi petite , qu’elle fe perdoit vers le
du Fétus. lOt
nombril , après y avoir jetté quelques rar
meaux , QU à f endroit oii Touraque prend
naiiTançc à la veffie.
Il y a trois arteres dans les oifeaux ^
qu’on pourroit comparer avec; les arteres
ombilicales^ de qui fortent du corps du fé¬
tus , enveloppées d’une gaine à - peu - près
pareille, pour fe rendre à fes dépendances,.
L’artere du jaune tire fon originede l’arterç
méfentérique,. de fes ranaifications font ce
refeau vafouleuxj qui dans les commence^
mens de l’incubation fo remarque fur la
membrane du jaune ; cette àrtere a de l’a¬
nalogie avec i’artere omphalo-méfentéri-
que. L’arterè ombilicale gauche cft une
continuation de l’iliaque gauche , & c’eft
pour cette raifon qu’elle eft beaucoup plus
grolïe que la droite - elle fe rendh la mem¬
brane, qui formée après l’envdfiÊ^pe du
jaune , fe déploie comme une petite bourfe>
& qui couvre enfin tout l’ceuf au deifous
des deux membranes extérieures de fe co¬
quille,. & qui eft très-vafeuleufe dç très-
pulpeufe, La droite eâ fembfeble , mais
beaucoup plus petite , k peine eft - elle plus.
I^roife que la gaine ombilicale^
§, XY 1 1 î, La v<in€ omHlicaîex
Les brutes ont deux veines onibilicales.
Q iij
102 Dépendances
qui font très-diftindes dans toute fétendue
du cordon , & qui ne fe réunilTent qu’au
nombril.
Les oifeaux en ont deux, l’une du jaune
va s’inférer dans la veine hépatique, l’au¬
tre vient de la membrane vafculeufe ; elle .
va fe rendre à la veine- cave, au delTous du
cœur.
Dans l’homme, il n’y en a qu’une; il
eft très-rare qu’on en ait trouvé deux, ou
•qu’on ait trouvé cette veine biflirquée ou
trifurquée ; dans les anciennes Ecoles , on
enfeignoit qu’il y en avoit deux.
Depuis le placenta où elle prend naif-
fance , jufqu’k fon autre extrémité , elle ne
jette pas une feule branche , & cette autre
extrémité va fe rendre au foie, & dans un
lînus tranfverfal du foie , qu’on appelle le
canal veineux; de-Ik elle jette un grand
nombre de ramifications dans tout le foie,
par le moyen defquelles le fang fe diftri-
bue dans toutes les parties de ce vifcere,
par un mouvement d’artere.
La veine ombilicale eft d’une texture
délicate , & elle s’affailTe ; elle eft trés-
grofle , elle a jufqu’k de pouces de dia¬
mètre, de façon qu’elle a plus que le dou¬
ble de grofleur des arteres , & qu’elle eft
«ux arteres comme 9 k 4.
Les uns veulent que fon diamètre aug-
du Fétus.
mente du côté du placenta , & d^aütres
prétendent que c’èft du côté de la veine-
porte ; je crois qu’il n’y a riën de eonftànt
en cela , ni d’quia côté ni de l’autre.
En général elle eft moins tortueufè qtie
les arteres, dans fon trajet à travers la
fubftance cellulaire du cordon ; c’eft ce qui
fait quelle eft plus courte, qu’elîes j cepen¬
dant quelquefois elle fe contourne aüffi eft;
fpirale, mais elle ne fait point de cerefe
Elle a des nœuds comme les artereS ,
elle en a même plus fouvent, ils font dif^
tinfts par une tache- qu’ils ont k l’extérieur j
les anciens Ecrivains, en ont fait mention|
ces nœuds font plus gros, que ceux des ar¬
tères, & ils font comme des olives , mais
ce ne font pas de fi vrais, nœuds ce font
des dilatations de veine dans un e^ace
plus étendu, qui font terminées par un pe-
tit repli de la membrane interne de la véir
ne ; mais on ne doit pas les regarder com¬
me des valvules capables de diriger le
cours du {ang ; le repli que quelques Au¬
teurs placent a l’endroit où la veine fé
divife pour entrer dans le placenta , n^
fait pas non plus la fonction de valvule ;
car le fang des veines du fétus remonte
facilement dans celles du placenta contre
fon propre, cours, j’en ai fait l’expérience
G iv
|04 Dépendances
îiombre de fois. Un homme célébré a cru .
qne çes plis fe formoient par la violence
dq fang ; & il pie femble que c’en eft une
fuite , car les veines ont naturellement
beaucoup de facilité à devenir variqueufés,
’C’eft pourquoi en fouillant la veine, ou
çax l’étendant, on fait difparoître les nœuds,
Çes brutes ont auffi une veine omphalo-s
ipaéf^érique qui vient de la veine-porte ’
on ja trouve du moins dans le chien , le
chat , le lion ôç le lapin j on l’a même
Irouvée; dans l’homme,
. §. X I X. Y a-t’-il d'autres vaijfeaux
; : le cordon ?
. Nôûs æ^^S examiné ce qui concerne
fouraque (i).
Le conduit du jaune que Needham &
Stenon fe flattent d’avoir découvert, porte
d^slesfèuls oifeaux, un fuc jaune de la
cavité du jaune de l’ceuf dans les inteftins^
If àrvée avoir enfeigné avant eux , que c’é^
iqis par rinteftin qu’çtpit portée la nouç-i
fitùre ail poulet.
Ôn trouve des Auteurs qui difènt qu’il
ÿ a des nerfs \ dans le f^ftêrne de Sthal , il
èif néçeflâire qu’il y en ait ’ car il paroît
diftcile que les frayeurs dont la mere eft
du Fétus: 10$
gjfFedée , puiffent agir fur le fétus par un©
autre voie.
Oii dit efredrivement qu’il y a quelques
petits rameaux de nerfs qui viennent du
foie à l’anneau de l’ombilic , & quç dans
les vaches ils vonç au delà ^ le long du corr;
don.
Mais aucun Anatomifte exa<^ n’a vu de
nerfs dans le cordon, & moins encore dans
fa portion qui tient au placenta ; 6c il eft
certain que ces parties ne font point fenfi-s
blés,
Perfonne n’a confirmé qu’il y eût des
vaifieau:^ lymphatiques,
Gn n’a point retrouvé non plus les vaif-
féaux nourriciers de Bidloo > fi ce n’efi;
Munniks.
Ces petites papilles de 'S^arthon , qui
font répandues autour du cordon dans toute
fa longueur , ne font pas différentes du
tiffü fpongieux du cordon , quoiqu’il les
aitprifès pour des vailTeaux lymphatiques;
Hoboken a réfuté cette opinion.
On dit qu’on a trouvé des vaiffeaux
lymphatiques dans les membranes du fé¬
tus ; c’efl: im Auteur de poids , 6ç digne d©
foi qui l’a dit mais il eft le feul,
§, placenta çn général.
Il fé trouve dans les quadrupèdes même
10^ Des Dépendances
froids, & dans les poilTons vivipares ; la
nature a fubftitué dans les oifeaux une au¬
tre partie au placenta , c’eft le jaune de
Tœuf ; les ovipares n’ont donc point de
placenta.
Ceux qui difent que la jument & la
truie n’ont point de placenta , ne parlent
que des premiers tems de la geftation de
ees animaux , car alors il n’y a que le cho-'
rion qui tapifle tout l’intérieur de la ma-*
trice ; le placenta fe forme aufli peu-k-peu
dans ces animaux ; & même dans la ju¬
ment, le chofion n’eft dans toute fon éten¬
due qu’un amas d’un grand nombre de
vaiffeaux , qui en font un placenta conti¬
nu , & qui eft très-adhérent à la matrice.
Dans la truie, le chorion eft plus épais,
il pouffe des tubercules, par le moyen def-
quels il eft adhérent a la matrice.
J’ai vu des bulles gélatineufes , fembla-
bles à des œufs humains.
Dans les animaux qui ruminent, comme
la vache , la brebis, la chèvre , la biche,
on voit naître du chorion un grand nom^
bre de petits placentas, qui s’uniffent a au¬
tant de petits monticules qui s’élèvent fur
la furface intérieure de la matrice , c’eft
ce qu’on appelle les cotylédons ; les rami-
fteations des vaiffeaux ombilicaux viennent
s*y diftribuer.
du Fétus.
ïj’autre,€kfre d’animaux herbivores n’a
qu’un placenta, comme rhomme; les ani¬
maux de cette claflefont le cheval, le la¬
pin, le lievre , la taupe, le rat, le cochon-
d’inde.
Le placenta du lapin reffemble alTez k
celui de l’homme.
Les animaux carnivores, comme le chien
& le chat, n’en ont qu’un, qui eft annu¬
laire, & qui environne tout l’amnios.
L’homme n’a qu’un placenta, fouvent
même il n’y en a qu’un , quoiqu’il y ait
deux jumeaux ; mais ce n’eft pas toujours ;
& il arrive quelquefois qu’on prendroit
pour deux placentas ce qui n’en eft vérita¬
blement qu’un , ou qu’on croiroit qu’il n’y
en a qu’un, quand véritablement il y en a
deux.
Il n’y a même quelquefois qu’un pla¬
centa pour trois jumeaux, quelquefois il y
en a deux , & quelquefois trois.
Il y a très-peu d’exemples de placentas
réparés comme en deux parties ; on en a
vu deux , car outre le premier, il y en avoit
un autre petit qui tenoit à un vaifteau qui
lui étoit propre ; même trois, dont deux
plus petits n’en étoient que les accefîbires ,
& même fept, avec deux veines ombili¬
cales.
ifo8 Des Dépendances
Nous pouvons faire ici une réflexion en
paflanc : fl paroît difficile d’expliquer dans;
le fyftême. d’une ame formatrice » comn
ment deux ou trok fétus contenus dans une
enveloppe commune , peuvent avoir les
mêmes droits fur les, vaiffèaux fanguins.
§. XXI. Le placenta tire fon origine du
chorion,^
Nous avons fait voir que quand l’ceuf
efl: encore tout nouveau,, il eft tout garni
à l’extérieur , de filets, tomenteux ; que
quand il efl: plus avancé , c’eft feulement
de la partie fupérieure de l’œuf, que for-
tent de longs flocons ; que fa partie infé¬
rieure qui retient le nom de chorion, n’eft
garnie que d’un duvet fort court.
Cette différence paroit dépendre de fâ
différente union avec la matrice ; car dans;
les animaux où l’adhérence efl: plus foible ^
toute l’enveloppe de l’œuf rétient davan-.
tage la nature du chorion, & reffémble:
moins au placenta humain , commje on lo
voit dans le cheval & le cochon..
La portion do l’œuf, qui: dans rhonime
devient le placenta ,, efl:, celle qui prend
plus exadement racine dans la matrice ^
vers le col,, il y a moins de vaiffeaux,. &:
üs font plus petits, , la matrice efl: plus.
éu Pctus>. 109
îlpailïe ; la “portion de l’œuf qui lui réjpond >
retient la nature du chorion.
L£s vaifleâux les plus cônfîdérabks
de la matrice font entre les deux trompes *
ils font formés de fanaftomofe des fper-
matiques avec les hypogaftriques , il y a de
plus gros finus ^ Sc le tilTu de la matrice y
eft plus lâche.
On comprend facilement que les vaif-
féaux qui répondront à fendroit de la ma-^
trice qui peut fournir plus de fucs nourri¬
ciers ^ deviendront plus gros > & formeront
le placenta , & que les autres qui font à
l’endroit où la matrice a moins de fucs ^
referont petits. Or tout le placenta n’eft
quuii compofé de tifîu cellulaire de vaif-
feaux & de petites gaines celluleüfes de ces
vaifîeaux 5 qui leur viennent du chorion.
C’efî: pourquoi le placenta eû une por-^
lion du chorion, qui n’en différé que par
l’épaiffeur ; & on doit excufer les anciens ,
d’avoir dit que le placenta n’étoit qu’une
portion du chorion épaiffie, Ôc d’avoir at-^
tribué au chorion ce qui n’eft vrai que du
placenta , c’eft4-dire que cette membrane
eft formée d’arteres, de veines, de chairs
ôc de nerfs.
Les placentas imparfaits reftent reffem-
bîans au chorion , car ils ne font pas plus
épais que des membranes.
iio Des Dcpmdances
C’eft donc aux environs du fond que îe
placenta s’implante le plus naturellement
dans la matrice ; c’eft là auffi ou on le
trouve le plus fouvent ; il commence par
faire un petit cercle entre les deux trom¬
pes , il occupe tout le fond , enfuite il
s’étend fur une partie de la parois anté¬
rieure voifine , fur la poftérieure , & fur ,
la parois latérale , de maniéré qu’une trom¬
pe répond à fon centre.
Il n’eft pourtant pas vrai que cefoit tou^
jours là l’endroit de fon implantation ; car
on l’a vu s’attacher en devant , fur l’un des
deux côtés à droit ou à gauche, & même
enfin il s’attache afîez fréquemment à la
parois poftérieure.
Enfin il s’implante quelquefois au def-
fus de l’orifice de la matrice, tout près du
col , & fur l’orifice même.
Car puifque le placenta peut mênae
prendre racine fur de pures membranes,
comme un inteftin , le méfentere , le colon ,
le diaphragme , la trompe , & autres dé¬
pendances de la matrice , il eft moins éton¬
nant qu’èn s’attachant à la matrice , ilpuilfe
îe faire dans toutes les parties de fa cavité.
Enfin, il n’eft pas fort rare que le pla¬
centa refte caché dans une poche particu¬
lière de la matrice, autour de laquelle tout
le refte de ce vifcere s’ eft contrafté.
du FltuÈ*
§. XXII. Du Fkcônta,
Ôn le nomme ainfî, à caufe de fa figu¬
re; eh général elle eft orbiculaire ; il eft
comme un vifcere fanguin , de couleur li¬
vide; il eft àpplati , car fi on compare fon
épailTeur avec fon diamètre, on trouvera
qu’il eft mince; fon diamètre eft depuis,
iix , jufqu’à huit & même douze pouces ,
Sc fon épaifîeur n’eft que d’un ou deux
pouces tout au plus ; il eft plus épais de
quelques lignes à fon centre, & plus mince
fur fes bords ; même fon épaifîeur n’eft pas
la même dans toute fa.circonférence.
Sa grandeur ne répond pas toujours au
volume du fétus, on a vu de très - petits
enfans avoir un gros placenta.
Sa figure n’eft pas toujours exadement
orbiculaire, quelquefois il eft oblong, ou
il a une extrémité pointue , ou il a une ap¬
pendice.
Il a deux faces , une concave qui eft
tournée vers l’enfant , qui fait la partie fu-
périeure de l’œuf, & qui en eft fouvent la
moitié, même au delà ; les troncs des vaif-
feaux ombilicaux ferpentent fur cette face
interne, néanmoins elle eft plus unie &
moins inégale que l’extérieure , quoiqu’il
y ait de petits enfoncemens entre les vaif-
i I i ï)cs DépeâiaticcÈ
féaux ; elle eft recouverte du chorîon^
La fkcë qui eft du coté de la matrice eft
convexe ; elle ëft très-inégale ; on j voit
des filions qui la partagent en tubercules
afîez groSj qui font des lobes k - peu ^ près
ronds- ces lobes font formés cbacuti par
une grofte branche d’arteres ; quelquefois
les filions pénétrent jufqu’à la furface in¬
terné j il y en a plus ou nioihs ; il y a dé
même de ces anfraftuofités dans les pla¬
centas qui font reftés dans la matrice, &
qui n’ ont fouffert aucune violence (î).
Cette face extérieure eft aufii reCouverté
(i) Un Moderne prétend pendant totièe la grof-
feiTe -, la furface extérieure du placenta eft lifle & faus
finuofités , Sc que celles qu’on y remarque après fon ex-
tradibn , né fe forment que pendant le travail de l’en¬
fantement ; c’eft-à-dite que leut nombre eft en raifon dé
celui des douleurs que la fènamé â repenties avant d’ac¬
coucher 5 qu’il n’y en à point quand le travail a été fott
court , & beaucoup au contraire quand il a été long &
pénible. Outre que cette opinioiî eft démentie journel¬
lement par l’expériencè , cbiâme je l’âi fait obferver plu-J
fieurs fois , On trouve autant d’infraduofîtés à la face
externe du placenta d’une femme qui eft morte grolTe i
iàns être en;rée èn trâvailj que fur celui d^uhè autre
dont l’accouchement aura été tres-laborieui. Au réfte
cette opinion eft trop âbfurde & trop puérile , pour méa
îiter d’être férieufement réfutée;
par
du Fétus. 113
par le chorion , qui quelquefois eft mem¬
braneux & réticulaire , 4’ autres Ibis il eft
purement fibreux-
Vers le borfi du placenta , îe chorion ejfl:
plüs épais qu’ailleurs, & fon adhérence y
' eft aulfi plus forte-
Le chorion couvre les filions du pla¬
centa, il en pénétre même la profondeur ,
& en unit les lobes ; cette face du placenta
eft tomenteufe , pulpeufe & vafculeufe-
LepJacenta efi très-mou dans fon centre.,
■§. XXII I. La Jirudüve du placenta.
Quand on n’a fait aucune préparation,,
le placenta parok être fibreux, & d’une
nature parenchymateufe.; ilefttout rouge,
plein de fang , & relTemble afiez à un®>
éponge.
Ilfe trouve en quelques endroits de
face interne , une petite quantité de fubf-:
tance jaune , qu’on prendroit pour de la
graifie.
Si on fait tremper & macérer le placenta
dans de l’eau, il fe difîbut en fibres rameu-
fes , qui étoient liées enfemble par le moyen
d’un tifîu cellulaire, & qui alors fontfépa-
rées les unes des autres ; c’^fl: ce qu’on ap¬
pelle un placenta décharné , placenta ex^
carnata.
Tome IL
H
j Des 'Dépendances
■ .Quelques Auteurs ont dit que ce tiflu
cellulaire étoit un plexus nerveux , d’autres
ont dit que c’ étoit une humeur gélatineufe,
& d’autres que c’étoit une fubftance par¬
ticulière , carneo-fpongieufe.
Ce tiiîli accompagne les troncs des vaif-
feauX, leur fert de gaine, & les fuit juf-
qùes dans leurs dernieres ramifications;
c’eft par lui qu’un vaiffeau eft uni au vaif-
feau voifin.
Il y a une autre fubftance ceîluleufe ,
plus fine, qui eft une continuité du cho-
rion , & qui fournit une enveloppe à cha¬
que petit vaifTèau.
Pour ce qui eft des glandes , les uns ont
jugé par analogie, qu’il devoir y en avoir
dans le placenta , & d’autres fe font ima¬
ginés y en appercevoir, & même ils onr
cru voir des vaifteaux répandus dans leur
fubftance, & diftinguer leurs tuyaux ex¬
crétoires.
Pour confirmer qu’il y a des glandes
dans le place ita, on a coutume d’en don-'
ner pour preuve , les hydatides qu’on y
trouve très-fouvent; Gemma mettoit au¬
trefois au nombre des avortemens , ces hy¬
datides , qui font un mélangé de véfîcules j
& d’humeur femblable à un jaune d’œuf;
Marcellus-Donatus parle d’une femme qui
âü Pétu^i i îf
ïejettà une malTe ronde j faite de -bulles j
& Panairole , de petits œufs j quiToilt for-
tis avec un fétus; on rapporte auffi à ceià
ces vefîies qui fortent avec les vuidangfes;
les hydatides qui font fortiés par la vulve ;
èc cês véiicules greffes comme des châ-^
taignes , qui font adhérentes au placentà.
Soixante vëficules qui font ; forties -en
place de fétus, mêlées avec des'’ morceaux:
de chair • un nombre prodigieux de yéficu-
les vüides j ou pleines d’une férofité de cdü*
leur de fafran. - _
Il y a beaucoup d’exemples d’une mêlé
véficuiairè j cela éfî: fort commun; ' •
Une môii àqueufe , d’oüril fdrtbit cHa-^
que jour cinq a fix livrés d’une liqueur
femblâblé à dû petit-lait. ;
Une maffe de vèfSes , affez girofle pour
remplir trois bocaux, ■
Un placenta hÿdatide , rejetté même
avec un œuf ; une grappe de véAcufes ; des
hydatides forties avec un fétus , Ou trou¬
vées dans le bas- ventre. :
Des <Eufs unis "enfemble par’des- fila-
mens , comme une grappe de raifin , dont
la pea;u étoit dure, & qui étoient remplis
de matière albuminéufe. '■ *
Une grande quantité d’hydatides , for-
ties de la matrice. • - -
Hij
xiè Dépendances
Un monceau de Gooo véficules pleines
d’une humeur coagulable, qui ont été re-
jettées le mois.
On apporte auffi pour preuve , une mole
charnue , de laquelle pendoient des véficu¬
les, qui fortit de la matrice fans fuites fâ-
cheufes.
Des grappes hydatîdesÿ Unies enfemble
par le moyen d’une fubftance môle.
Une môle véficulaire d’une grofieur
prodigieufe , rejettée avec un fétus ; une
grolïe môle pleine de véficules , tirée après
l’enfant.
Des veffies fortieis de la matrice j qui
çqntenoient fept à huit pintes de liqueur.
Il y a dans les Auteurs quantité de ces
hiftoires , de grappes de véficules du poids
de deux , trois J quatre & même neuf li¬
vres;
Ruyfch , qui pouvoir en parler d’après
fon expérience , dit que cela efi: fort ordi¬
naire, de en rapporte beaucoup d’exem¬
ples.
J’ai eu aufli occafion d’en voir.
Ruyfch a m.ême fait l’extirpation d’une
tumeur pleine de cellules remplies de fé-
rofité , qui étoit k l’orifice de la matrice ;
on a trouvé dans un cadavre une pareille
tumeur, adhérente k la matrice dans toute
du Fétus, 117
Ton étendue , qui même fujt caufe de la
mort du fujet.
Le fiuide contenu dans ces véficules eft
coagulable , du moins if peut s’épaiffir.
Il peut fe faire que quelquefois il y 2k.
une caufe particulière d’hydatides ; dans le
cadavre d’une femme qui en avoit rejetté,
on trouva le placenta tout entier; mais je
crois que cela eft rare, bu que ces hydati^
des appartenoient au placenta d’un autre
fétus, & quelles ontrefté après lui dans la
matrice , ou que ce font des veines de la
matrice qui ont dégénéré : il eft sûr que la
plupart du tems ces vellies appartiennent
au placenta, & Ruyfch qui avoit tant d’ex¬
périence là-defliis , enfeigne que les pla¬
centas , dans les premiers tems de la grof-
fefîe, fe changent en malfes charnues , &
que le mois ils dégénèrent en hydati-
4es ; cépendant je conferve un placenta de
deux mois , qui eft véliculaire.
§. X X I Y. Les artères du placenta,.
Pour que les recherches qu’on fait fur fe
placenta , pLiiftent en faire connoître la
ftruélure., il faut fini eéter, le bien rem¬
plir par- les gros vaiftèaûx du fétus , &
enfuite le mettre dans l’eau.
Lçs arteres ombilicales , ainfi que les
Hiii
I î 8 Des Dépendances
veines , fe divifent k quelque diftance du
placenta , a l’endroit où Tamnios s’infere
au cordon.
Si le cordon eft implanté au centre,
les arteres ombilicales jettent de grofîes
branches , en maniéré de rayons qui s’é¬
tendent vers la circonférence ; ces branches
font de grandeur inégale , li le cordon eft
près du bord; & elles font plus petites du
côté où le bord du placenta eft plus près
du cordon.
Les vaiiTeaux font apparens k travers
l’amnios ; les arteres m’ont paru plus grof-
fes fur le placenta que dans le cordon.
Après un court efpace , quand la mem¬
brane mitoyenne a pris adhérence avec les
troncs des arteres , elles s’avancent dans le
tiftu cellulaire qui unit le chofion k cette
membrane , & fe rendent au chorion , en¬
veloppées de ce tiftii cellulaire , que des
Auteurs ont appellé leur gaine.
C’eft ce tiftu cellulaire qui eft la chair
blanche , que Fabrice dit environner les
vaifteaux ; c’eft aufti k-peu-près de ce tiftii
que veut parler 'W^arthon, quoiqu’il fem-
ble cependant que c’eft plutôt du tiftli cel¬
lulaire du cordon. Noortv/ick le regarde
aufti comme une gaine ; il paroit cependant
qu’il ne fe continue pas loin avec ces vaif-
du Fétus^ J 19
féaux , puifqu’on ne peut pas le fuivre au-
delà de radhérenee de la membrane îtii-
toyenne.
Ces arteres s’approchent en s’enfonçant
& en ferpentant , du bord du placenta ;
enfuite elles s’unilTent enfemble par de
greffes anaftomofes, de même que les vei¬
nes qui les accompagnent, & forment un
réfeau dont les plus greffes branches fe
rendent au fétus >. & les plus petites font
du côté de la matrice ; de ce côté le pla¬
centa eft bien plus mou.
Les rameaux de ce réfeau vafculeux ,
produifent dans toute leur longueur de pe¬
tits rameaux , dont ils font couverts com¬
me d’un duvet.
Et ces petits rameaux divifés & fubdi-
vifés , produifent de petits rejettons qui
percent le chorion , fe font une’ elpece de
gaine de cette membrane , & parvien¬
nent au placenta k travers les trous du cho-
rioii ; c’eft ainfi qu’ils Funiffent avec lui ;
je ne dis pas que des filets celluleux ne
concourent à cette union : enfuite ils
fe plongent dans le placenta en ligne per¬
pendiculaire , & fe divifent en rameaux
qui fe divifent auffi ; & d’un gros tronc
artériel il en réfulte un peloton vafculeux.
Hiv
1 20 Des Dlptndancts
tel qu^on en diftingue plufieurs fut la
■furface convexe du placenta.
Ces rameaux font délicats , prefque lym¬
phatiques , & fe terminent en une efpece
de duvet; leurs extrémités unies enfemble
par un tiflli cellulaire, forment des grains
qui , quand on les fait macérer, repréfeii-
tent de petits arbrifîeaux.
Il n’y a dans le placenta aucune partie
où il n’y ait de ces vaiiTeaux, & ils font
proprement les libres qui le compofent,
dont j’ai parlé; le placenta n’eft donc for¬
mé que de vaifleaux & d’un tilTu cellulaire ;
ce tilTu en les unilTant enfemble, en fait
de petits faifceaux , que Ruyfch a appelle
grains, ou acini-^ fi on les fait macérer,
ces petits faifceaux fe déploient, & on voit
par-là qu’il n y a point de vraies glandes
dans le placenta.
Ces vailfeaux du placenta deviennent
facilement hydatides ; Albinus en a vu dans
une conception qui n’étoit pas plus grolfe
qu’un œuf de poule ; ces lilamens devenant
variqueux & fe dilatant , préparent la for¬
mation des hydatides.
J’ai vu dans le placenta d’une groffelTe
plus avancjée, des hydatides de deux gen¬
res ; le. placenta étoit femblable à du fang
coagulé, & il en fortoitdes pédicules longs
du Fétus. I2I
d’un pouce, larges d’une demi-ligne, d’où
pendoient des vélicules blanches très-dif-
tinâ:es; du même pédicule fortoient d’au¬
tres véhicules ; ce pédicule était creux , &
fa cavité étoit continue avec celle des véfi-
cules , de façon que l’air palToit des uns
dans les autres ; ainli , une véficule pro¬
duit une brancne qui fe divife & fe fubdi-
vife , de laquelle branche & de les divi-
fions , pendent des vélîcules pareilles.
Ceci nous apprend que les vélicules du
placenta font plutôt des vailTeaux dilatés,
que des cellules défigurées.
Je croirois afiez que ce font des veines,
à caufe de leur délicatefîe , & parce que ce
genre de vaifîeaux eft fujet a fe dilater.
D’autres véficules naifient fur le pla¬
centa même , fans pédicule , & /ont unies
enfemble ; il y en a eu dont l’enveloppe
paroiflbit comme du fang coagulé , & mis
couche fur couche , prefque de couleur de
minium ; elles étoient remplies d’une gelée
qui n’étoit pas difibluble dans l’eau : on
peut croire que celles-lk viennent du tifili
cellulaire.
1^2 Dépendances
§. X XV, U adhérence du chorion a la
matrice.
Il faut en premier lieu décrire cette
union , & démontrer qu’en général le pla¬
centa eft fortement attaché à la matrice,
& faire voir en fui te comment il y eft atta¬
ché; mais nous devons commencer par le
chorion.
Par-tout où le chorion eft fans placenta,
fon duvet s’attache étroitement à celui de
la matrice; l’un & l’autre fe reftemblent li
fort , qu’à peine pourroit - on diftinguer
dans les lambeaux de l’un & de l’autre ,
quel eft celui qui appertient au chorion ,
& quel eft celui de la matrice ; on trouve
fouvent de grands lambeaux du chorion
qui ont refté dans la matrice.
On peut croire que le moyen de cette
union eft en partie cellulaire , & en partie
fait de vaifleaux qui reftemblent à du du¬
vet, & qui du chorion vont à la matrice,
& s’y implantent , de façon que les vaif-
feaux du chorion font continus avec ceux
de la matrice.
C’eft ainfi dans la femme ; car il y a
plufieurs animaux où cette adhérence eft
légère, comme dans la truie ; & j’ai vu
aufîi dans la femme que le chorion fe déta-
du Fétus, ï 2,5
choit facilement ; comme les vaiffeaux
font petits , ils ne verfent point de fang
quand on a arraché le chorion (i).
En général , Fadhérence du placenta eft
plus forte que celle du chorion , & elle
Peft plus dans certaines femmes que dans
d’autres , car il y en a qu’on ne peut déli¬
vrer qu’avec beaucoup de peine & de dan¬
ger ; dans d’autres elle eft très-légere , cq
qui les expofe à l’avortement & aux hé¬
morrhagies ; elle eft plus forte quand le
cordon eft inféré au centre du placenta ;
elle l’eft encore davantage quand fes finuo-
fités font très-profondes , & enfin l’adhé¬
rence eft plus forte à la circonférence du
placenta , & à l’endroit où le chorion s’y
attache ; il y a encore des Auteurs qui
prétendent que l’adhérence eft d’autant
plus forte, que le fétus eft plus vigoureux.
Cette adhérence fe fait aufîi par le
moyen du tiftii cellulaire , que d’autres ont
dit être des ligamens , & par le moyen des
vaifteaux .qui font plus gros en cet en¬
droit.
Mais on comprend aifément que le pla¬
centa étant recouvert par le chorion dans
(i) Ce n’en eft pas là la raifotl, comme on l’a vu
<îans ma DilTertation,, c'eft «ju’ils n’en contiennent pas.
ï 24 Dépendances
toute foti étendue , ce font en partie les
petites fibres de cette membrane qui font
îbn union avec la matrice, & que les vaifi,
féaux qui la traverfent y concourent auffi.
§. XXVI.. La fin des vaijfeaux du pla^
centa.
Quand les extrémités des arteres du
placenta font parvenues jufqu’au commen¬
cement du chorion, il s’en détache quel¬
ques rameaux qui vont fe rendre à cette
membrane, qui s’étendent même allez loin
dans fafubftance , & qui lutraverfent en-
fuite pour fé rendre à la matrice ; peut-être
y a-t-il auffi quelques petits rameaux qui
vont fe rendre à l’amnios & à la membrane.^
mitoyenne, mais cela n’eft pas encore af^
fez certain.
. Le chorion, la membrane mitoyenne &;
l’amnios , font plus: étroitement unis au
placenta en cet endroit , c’eft-k-dire à fon
bord.
Enfin pî-ufieurs arteres du placera s’a-,
bouchent avec des veines qui dépendent de.
îa veine ombilicale, & verlènt dans ces pe¬
tites veines le fang qu’elles contiennent-;
c’efi; par ces anaftomofes que la matière in¬
jectée dans les arteres du placenta revient
par les veines ; cependant cette expérieii-.
ce ne rêü.llit pas toujours.
àu Fétus-, 1^5'
Enfin , les rameaux artériels les plus im-
portans , font ceux qui fortent de la face
externe du placenta , & qui percent obli¬
quement le chorion, pour s’infinuer dans
la fubftance de la matrice.
Je dois même faire ici mention'de ce qüe
de grands hommes penfent fur ces arterès *
ils difent qu’elles entrent dans de petits
pores & de petits tuyaux de la matrice , qui
leur correfpondent.
§. XXVI I. Les veines du placenta.
Il faut prendre leur origine des troncs
ombilicaux ; elles font fur la face interne
du-placénta un réfeau plus épais , que ne
î’eft celui des arteres, parce qu’elles font
plus grpfîes , en plus grand nombre , & que
leurs tuniques font plus fines ,; elles accom¬
pagnent par-tout les arteres .; chaque ar-^
tériole renferme une veine dans fa petite
gaine , & elles palfent comme les arteres ,
à travers les pores du chorion.
La plupart de ces veines fe terminent en
'feifant un canal continu avec leurs arté¬
rioles , par le moyen defquels on les rem¬
plit facilement.
On peut croire qu’il y en a d’autres qui
vont de même au chorion, & quipaflènt
à travers de fes pores pour fe rendre a la
matrice.
12^ Dcpéndanccsi
Mais il y en a beaucoup qui deviennent
des finus veineux , mous , qui fe répandent
fur la furface extérieure du placenta , &
contiennent du fang; ccs finus fe rétré-
cilTent en s’approchant de la matrice.
Il y a des Auteurs qui en cet endroit , y
ont vu des orifices ouverts.
Il eft vraifemblable que les arteres tor-
tueufes de la matrice, qui dans les derniers
tems de la grofiefie fortent de fa face in¬
terne, à l’endroit de l’implantation du pla-,
centa , s’infinuent dans ces finus ; leur fail¬
lie n’eft pas fort apparente , car quelques-
unes d’ entr’elles n’ont pas plus d’un tiers
de ligne de largeur ; cependant jufqu’àpré-
fent, perfonne n’a vu ces arteres dans ces
finus , ni perfonne ne les a fait fortir des
finus du placenta, quoique Albinus afiure,
qu’elles font adhérentes au placenta , &
qu’elles s’y infèrent.
D’autres ont dit que les arteres utérines
s’implantoient dans les petits pores du pla¬
centa. M. Aftruc fait entrer fes appendices
veineufes dans les petits trous du placenta ,
pour y verfer du fang ; Roederer les fait
aller jufqu’à la membrane réticulaire, qui
eft le chorion.
du Fitus, xij
§, XXVIII. Doutes fur Vunïofi du
placenta avec la matrice,
iPerfonne ne nie , à ce que je crois ,
qu’il pafle quelque fuc nourricier de la
matrice au fétus par le placenta ; car on ne
voit pas autrement quelle feroit la voie par
laquelle lui palTeroit la matière qui fournit
fon accroifTement ; c’efl: pourquoi la plus
ancienne opinion efl: que le fétus fe nour¬
rit par l’ombilic.
On demande quelle efl l’efpece de fucs
qui pafTent de la matrice au placenta : les
uns difent que c’efl du fang , les autres le
nient; & cette queflion n efl. pas encore
décidée , car deux hommes célébrés ont
depuis peu rapporté plufieurs expériences ,
qui prouvent qu’il ne pafTe point de fang
dans le placenta. Ces expériences ont été
faites de bien de différentes maniérés,
Roederer enfeigne ouvertement que la
membrane vafculeufe de la matrice , qui
naît pendant la grofTelTe , s’unit avec la
membrane réticulaire du chorion, de fa¬
çon que les arteres & veines de l’une &
l’autre membrane fe confondent , de font
corps enfemble.
Il ne conclut pas delà quhl paffe du fang
de la mere k l’enfant; car il dit que cette
128 Des Dépendances
membrane filameiiteufe ne verfe point fotï
fang dans les vailTeaux ombilicaux : il avoit
cependant dit autrefois le contraire ; il fem-
ble même que c’étoit d’après fes expérien¬
ces.
Il remarque qu’il ne fort point de fang
de la face convexe du placenta qui eft du
côté de la matrice, quand le placenta eft .
nouvellement extrait , qu’on ne peut même
en faire fortir par expreffion ; & qu’ayant
rempli d’injedion les vailTeaux du placen¬
ta, on n’a rien vu s’écouler de ce côté, fi
ce n’efl: de l’eau qui paffoit difficilement ,
ou quelque chofe de très-clair qui n’étoit
point du fang.
Il ne convient point que les grands ori¬
fices veineux de la matrice , rencontrent
dans le placenta quelque chofe qui leur ré¬
ponde ; du moins ceux qui ont écrit qu’il
y avoit des vaifîeaux dans le placenta qui
leur répondoient , ont dit que ce n’étoient
que des grains , des prolongemens du
placenta , de la largeur de fix lignes , qui
s’implantoient dans les finus de la matrice ;
mais il ne paroit pas naturel que de très-
petites artérioles fourniflent du fang à de
trës-;groires veines, car fuivant les loix de
l’hydroftatique , le fang y feroit continuel¬
lement en ftagnation comme dans un lac.
Enfin
âuPitus, Ï29
Ênfin , il paroît qu’il regarde ces orifi¬
ces comme des fiuus veineux qui ont été
déchirés , & c’efi; à cette dilacération qu il
rapporte l’hémorrhagie qui arrivé dans le
tems de laccouchement.
Il ajoute que fes expériences lui oiit dé¬
montré que le mouvement du fang dans le
placenta ne vient point delà mere, & que
rien ne lui donne ce mouvement que \è
cœur du fétus , puîfque les arteres du pla¬
centa ne battent plus , dès. qu’on a fait la
ligature des arteres du cordon ; que ce font
les arteres du placenta qui font du côté de
la matrice qui celfeiit de battre les pre¬
mières, & celles du cordon les dernieres ;
& qu’après la mort de la mere , les arteres
du fétus ne ceffent point de battre , & qu’il
lui furvit même ; que c’eft pour cette
raifon que fi on laifle le placenta dans la
matrice après avoir coupé le cordon, il ne
s’écoule que deux ou trois onces de fang;
& que quoique la mere ait perdu tout font
fang, le fétus ne perd point le lien.
Que jamais on n’a pu faire pénétrer par
l’injeèèion quelque matière que ce fût, pas
même du mercure , de la mere au placenta ,
au cordon , ni au fétus ; ni qu’une liqueur
ftyptique, injeârée dans les vaiffeaux de la
mere, n’a pu coaguler le fang du fétus,
Tom& JJ. I .
Dépendances
quoique la matière injectée parla matrice,
s’épanche dans tout le tüTu cellulaire du
placenta.
J’ai vu de même, que de la cire injec- I
tée dans les veines & les arteres de la ma- [
trice , alloit fe répandre dans le chorion , &
dans la portion du placenta voifîne de l’en¬
droit in jeélé, & qu’elle y étoit maniféfte-
ment ramalTée en grumeaux , fans forme
particulière.
Qu’il ne palTe rien non plus dans la
' matrice , de l’injeêtion que Fort fait au fé- !
tus , pas même dans la vache ; que par [
conféquent il n’y a point d’anaftomofe
entre les vailTeaux fanguins de la matrice
ôcceuxderœuf.
C’eft ce qui a fait dire que le fang qui
vient de la matrice fe dépofe dans le tiffii
cellulaire , pour être enfuite réforbé par j
les petites veines du placenta. |
C’efl; à-peu-près ce que Hippocrate a
enfeigné , que le fang menlrruel s’épan-
choit autour du placenta , & qu’il étoit ré¬
forbé pour palier au fétus ; on a même
obfervé que M. Noortwick , aulieu de
voir comme il l’a cru , le placenta adhérent
. à la matrice , n’a vu que le tillu cellu¬
laire.
On ajoute qu’on trouve fouvent entre
âu Fétus i îjî
le placenta & la matrice, des pierres, des
matières calcaires ou argilleufes , ou des
concrétions falines. Rüyfch parle auffi d’u¬
ne membrane qui couvre le placenta, &
il penfe qu’elle intercepte la communica¬
tion du fang ; il dit même l’avoir trouvée
pierreufe.
Que les vailTeaux du cborîon font trop
jpetits pour pouvoir réforber du fang , &
qu’on trouve entre la matrice & le chorion
une humeur claire & gélatineufe.
Enfin, que le placenta appartient au fé¬
tus & non à la mere, & que le fétus efl:
un individu particulier , & ne fait point
partie de la mere» - :
Que le fuc nourricier efl: pompé par le
chorion, après qu’il s’efl comme exhalé de
la matrice.
§. XXIX. Les cotylédons,
. On donne encore pour preuve , Cê qui
fe pafle dans les animaux qui ruminent ; Ë
efl évident par ce qu’on remarque dans les
cotylédons , que ce n’efl point du fang qui
pafle de la mere au fétus , mais une matière
îaiteufe.
Car dans la brebis ou dans la vache , les
cotylédons qui naiflent fur la furface in¬
terne de la matrice dans le tems de la gefl
Des Dépendances
cation , de très - petits deviennent grands , f
& reftent dans la matrice après la fortiedii
fétus ; il fort auffi du ehorion de pareilles
caroncules , qui font propres à s’adapter ;
avec celles de la matrice ; elles ont des fof- j
fettes & des éminences , formées de petits
grains ; les folTettes répondent aux tuber¬
cules de la matrice, de même que les émî- I
iiences k fes cavités : cette engrainure fe
fait il exaâement , qu’on a même dit que !
les cotylédons étoient maintenus unis a la '
matrice par le moyen de quelque ligament ;
dans les brebis , les caroncules font mani-
feftement creufes, & c’efl delà qu’elles ont
pris leur nom ; il ÿ a même des cas où elles
font trop adhérentes, & alors fi on leslaif-
fe, elles tombent en fupuration.
Or , quand on détache avec foin ces co- -
tylédons, on voit fortir des petites cavités
de la matrice & de celles des cotylédons,
des filets ; mais il ne s’écoule point de fang ;
cependant il y a quelques Auteurs qui di-
fent avoir vu des points rouges & du fang.
‘ Le fluide dont l’une & l’autre efpece de
cotylédons eft remplie, eft muqueux, al¬
bumineux , d’un goût fade , afiez fembla-
ble a du lait , & il s’en écoule de chaque co¬
tylédon , jufqu’k une cuillerée.
Si on met dans l’eau les radicules des
du Fctusi ■ 131
coC)^îédot3S^, on les voit former des filets de
des ramifications comme le placenta hu¬
main , & fe fiirèdivifer enfin en des fiîa-
mens capillaires.
■ Roederer injecta les vaîfîeauic utérins:
d’une vache, & rinjeébion pafikà la face-
interne de la matrice:; car je penfe que c’eft:
cette partie qu’il nomme- corticale: cette
face qui touche proprement les parties
du fétus , refiembloit à la tunique vil-
îeufe des inteftins qui auroit été bien rem¬
plie d’injeétion ; il y avoit un peu de ma¬
tière épanchée dans les filions de la par¬
tie propre au fétus , mais rien ne pénétra
dans cette partie ni dans le chorion , de
mêmeque cela arrive dans la femme. Mon-
ro avouoit cependant que le placenta des
brutes étoit coloré quand on injecèoin
C’efi: pourquoi on peur dire qu’il y a de
la différence entre la ftruârare des cotylé¬
dons de la matrice & celle de ceux du
chorion , ceux-ci font rouges , & ceux de
la matrice font blancs dans le lapin , mê¬
me dans la vache, la biche & d’autres
animaux.
J’ai répété cette expérience dans la va¬
che.
Les cotylédons delà matrice reffembloient
à des champignons , ils étoient ovales &:
liij
134 Dépendancts
circulaires ; ils étoient pleins de petits
vaiiTeaux artériels & veineux , même à la
furface qui étoit du côté de Fœuf.
Ceux qui appartenoient à l’œuf étoient |
formés comme de filets cylindriques, mais J
qui étoient grands , & fe ramifioient ; cha¬
cun dé ces cotylédons étoit compofé d’un
grand nombre de flocons cylindriques ,
qui fe réunilToient en un tronc commun , |
& ils fe détachoient quand on les tiroit !
doucement des follettes fongueufes & en
forme de champignons , qui étoient aux
cotylédons de la matrice.
Il palTe beaucoup de vaifieaux fanguins
par le chorion pour fe rendre à ces cotylé¬
dons ; delà ils fournilTent un petit tronc ar¬
tériel & veineux à chaque filet , dont les
branches fe propagent jufqu’à fes extrémi¬
tés , & fourniffent un petit mmeau à cha¬
que flocon ‘y l’injedion pénétré tout le fi¬
let , & le colore entièrement ; il y a plus
de petites veines que d’arteres , & le flo¬
con efl: plus coloré quand l’injedion s’eft
faite par les veines.
En injeéfant les. vailfeaux de la mere,
il ne palToit rien au fétus , & de même il
ne paflbit rien à la mere , quand on injec-
toit ceux du fétus ; mais la liqueur injefliée
fortoit facilement par les dernieres ramifi-
du Fétus, ï3^
cations des filets ; cependant il y avoic ap¬
parence que ces vailTeaux fe déchiroient ,
de qu’ils ne s’ouvroient pas fpontanément ;
ces extrémités fe déchirent très-aifément ,
car elles font très-délicates , & font comme
fi elles fortoient de petits tuyaux creux 6c
profonds.
Quand on n’y a fait aucun changement,
on voit fuinter une humeur laiteufe, des
petites radicules appartenantes au fétus.
En détachant fans violence les petits
placentas dans la brebis , on en a vu couler
du fang.
Dans le lapin , le placenta , qui refîem-
ble au placenta humain , eft très-plein de
fang , même quand le fétus en a peu , & il
eft adhérent par des tubercules , à de pa¬
reils tubercules qui font à la matrice ; j’en
ai vu couler du fang , en détachant ces tu¬
bercules les uns des autres.
Pendant que je détachois dans une ,
chienne, le chorion , qui eft filamenteux ,
plein de trous , & réticulaire , il s’ eft écoulé
une humeur féreufe, 6c d’autres fois il en
eft forti du fang après.
Mais quoique dans quelques animaux,^
il fe foit écoulé du fang , je ne tire aucune
conféquence de cette expérience ; je fuis
convaincu par celles que j’ai faites fur la
I iv
Des Dépendances
vache , avec la plus grande exaditude, quhl
a pu fe faire que pendant qu’on a détaché
les cotylédons du fétus de ceux de la ma¬
trice, ilfe foit écoulé quelques gouttes de
fang du petit rameau artériel dont chaque
filet eft pourvu.
§. X X X. a - f - il des vaijfeaux lau
teux qui de la matrice y vont fe rendre
au placenta ?
Ce qui fe paffe a l’égard des cotylédons,
induit à en croire quelque chofe ; il s’é¬
coule du lait quand on les fépare de la ma¬
trice , & le lait a par lui - même des pro¬
priétés , qui femblent prouver qu’il efi né-
cefTaire qu’il en pafîe au fétus.
C’efl: ce qui a fait dire à plufîeurs Au¬
teurs, que le fétus ne fe nourrit point de
fang ; que ce fluide efl: trop épais , pour
pouvoir palier de la mere à l’enfant ; mais
qu’il fe nourrit entièrement de lait qui efl:
filtré par la matrice , àc qui va fe rendre
au chorion & au placenta par des vailTeaux
laiteux , ou iymphatico - laiteux.
Ils en ont donné pour preuve , la ma¬
tière laiteufe qu’on voit fur la furface du
placenta au moment de fon extradion , &
les vaifleaux laiteux qu’on a trouvés dans
les mamelons du placentac
du Fitus, 137
Ils ont dit auffi qu’en exprimant te pla¬
centa , il s’en écouloit du chyle.
Qu’il y avoit des vaiffeaux laiteux y
flottans dans la cavité de la matrice des
femmes en couches , qui étoient adhérens
au placenta avant qu’on en eût fait l’extrac¬
tion, & qu’on trouvoit de petites appendi¬
ces lymphatico - artérielles , pleines de lait
dans les femmes grolTes.
Que ces vaiffeaux laiteux de la matrice
s’abouchent avec les orifices des vaiffeaux
du placenta.
Qu’il fort des arteres de la matrice des
tuyaux lymphatico-laiteux , qui deviennent
veineux , & qui renferment uiifuc laiteux,
qu’on peut faire fortir par expreffion ; que
ces tuyaux fe dilatent dans les femmes gref¬
fes , & qu’il y a à la furface intérieure de
la matrice , pendant la groffeffe , des orifi¬
ces d’où on peut auffi faire fortir par ex¬
preffion une humeur laiteufe.
Qu’il y a dans le placenta , des conduits
blancs qui partent des arteres, & fe termi¬
nent dans des veines ; que ces conduits re¬
çoivent leur fluide des vaiffeaux de la ma¬
trice du même nom ; qu’ils pompent cette
humeur, des pores de ces. vaiffeaux par
leurs propres pores; & qu’il peut y avoir
des vaiffeaux lymphatiques dans le pla-
1^8 Dlpmdanccs
centa , quoique les expériences de Ruyfch
femblent prouver qu’il n’y en a pas ; que
même on a vu depuis peu dans un placenta
blanchâtre , des petits vailTeaux pleins d’une
humeur claire , quelquefois noueux , &
qui renfermoient une matière femblable k
de la chaux.
Avant cela , Warthon avoit enfeigné
qu’il fe féparoit du lait dans le placenta ;
Harvée , dont l’autorité eft de grand poids ,
a dit que le placenta fait l’office de la ma¬
melle. Mais tous ces Auteurs ont attribué
a l’homme une ftrudure qui eft particu¬
lière aux animaux qui ruminent ; V an-Swie-
ten ne nie pas abfolument qu’il palTe de la
matrice à l’œuf, quelque chofe de fembla¬
ble à du lait.
§. XXX I. JVe pajfe^ t-tl ahfolument
rien de nourricier de la matrice , dans
les vaijfeaux ombilicaux ?
II y a beaucoup d’ Auteurs qui croient
qu’il n’y palTe rien ; de la Corvée eft le
chef de cette opinion * enfuite Everard ,
d’après fes obférvations fur la formation
du fétus dans la lapine ; Entius , Bayle ,
Yanderwiel pere & ftls, Berger, ont
été du même fentimeiit.
iuFctüs', 139
Blondel nie même que l’oeuf tienne jamais
à la mere, & qu’il y ait la moindre ânaf-
tomofe entre fes vailTeaux & ceux de la
matrice.
Les raifons qu’ils en donnent , fe tirent
prefque entièrement des cas contre nature ,
dans lefquels on a trouvé un vrai nœud au
cordon , ou une grolTe tumeur, ou les vaif-
feaux ombilicaux bouchés , ou le cordon
rompu, ou des enfans fans cordon, & mê¬
me des fétus fans la moindre apparence de
nombril.
Ils ajoutent que l’analogie le prouve ,
puifque dans la jument & dans la truie,
difent-ils , il n’y a aucune communication
entre le fétus & la matrice , du moins dans
les premiers mois de la geflation.
Ainfi , fi des animaux femblables à
l’homme peuvent vivre fans cordon ombi¬
lical; fi même des fétus humains vivent &
parviennent à terme , quoiqu’il y ait au
‘ cordon un obftacle à ce que le fang puilTe
leur parvenir , ou même quoiqu’il n’y ait
point de cordon ,^ls penfent qu’il eft évi¬
dent que la nourriture lui vient par une
autre voie.
Ils prétendent donc que c’efl: des feules
eaux de l’amnios qu’il tire fa nourriture,
dt qu’il reçoit la madere de toutes fes hu¬
meurs.
140 Des Tyîpendaiices
S’il étoit bien vrai qu’il fe fût trouve des
fétus fans cordon ni nombril -, il feroit très-
difficile d’expliquer par quel moyen ils au-
roient été nourris (i).
§. X X X I I. Cependant il ejl certain
qu^il pajfe quelque chofe de la merc au
fétus par le nombril.
Je n’emploie point les raifons qu’on a
coutume de donner pour le prouver , car
comme perfonne ne peut nier qu’il paffe
un fuc nourricier de la mere a l’enfant , il
n’eft queftion ici que de rechercher par
quelle voie ce fuc lui parvient ; il y a des
Phyfiologiftes qui penfent que c’eft par
des voies qui nous font inconnues , ou par
une forte de réforb don ; nous leur objec¬
terons les raifons que donnent d’autres Au¬
teurs 5 & ils doivent admettre avec nous
les phénomènes dont nous allons faire
mention : car ce fuc, ou , s’ils l’aiment
mieux, cette effufion de matière très-fine,
peut auffi pafTer de la mere au fétus par
( i) si cela étoit vrai , on pourroit fimplemetit en con¬
clure que la nature a des reflburces infinies, & que quand
une voie lui manque , elle pourvoit par d’autres , à la
confervation de fiou ouvrage j mais ces faits font, trèsr
douteux.
du Fétus, J4t
des pores inorganiques , comme pafTe le
virus variolique , dont l’enfant eft infecté
auffi-tôt que fa mere en eff attaquée , puif-
qu’on le voit venir au monde avec des ta¬
ches de petite vérole 5 ou qu’il en eft atta¬
qué dès qu’il eft né * la mere communique
auffi à fon fruit d’autres maladies, comme
la vérole, la jaunilTe ; on dit qu’on a vu les
eaux de l’amnios , de couleur de fafran ,
parce que la mere en avoit beaucoup pris
pendant fa groftefle , & que ces eaux font
imprégnées de mercure , quand la mere en
a fait ufage.
Mais la perte qui fuit le décolement du
placenta ne fait pas preuve , quoique quel¬
quefois la femme perde tout fon fang
la vie , & fur - tout fi fon adhérence
étoit autour de l’orifice de la matrice * car
ce fang peut ne pas fortir des vaifTeaux,
qui s’ouvroient naturellemiCnt fur la face
convexe du placenta, mais il peut couler
par des vaifteaux qui ont été déchirés , «Sc
principalement fi ce font les finus veineux
de la matrice ; & il y a des exemples que
le placenta eft fort! long-tems avant l’en¬
fant, fans qu’il foit furvenu d’accident.
Je ne donne point pour preuve, non plus
le fang qui coule après la fortie du pla¬
centa dans les animaux j car ü y a des Au-
141 Dipenâaiius
teurs qui Tout vu fortir, fans qu’ii fe foit
écoulé de fang.
; Outre cela , comme tout ce que j’ai
rapporté efl: alTez incertain & variable ,
qu’une femme attaquée de la petite vérole
fouvent accouché d’un enfant bien por¬
tant , & qu’un enfant a apporté en venant
au monde, des taches de la petite-vérole,
quoiqu’il fût conftant que fa mere ne l’a-
voit point eue dans le tems de fa groffeirej
& qu’une mere attaquée de la pelle ou de
la vérole , a mis au monde un enfant fain ;
que Detlef a trouvé , qu’il étoit faux que
l’enfant fe fût relTenti de ce que fa mere
avoit bu de la décoélion de garance : on
peut tirer de tout cela des raifons de dou¬
ter /il y a communication de la 'mere à
l’enfant; je croirois plus facilement, qu’une
poule qui auroit vécu de garance, aura
rendu des œufs dont la coquille étoit colo¬
rée , parce que l’œuf a fait partie de la
poule, & que la garance s’unit très-facile¬
ment avec les matières calcaires.
Et je ne prétends pas, comme quelques
modernes , que la refpiration foit nécèf-
faire pour la perfeélion du fang, ou qu’elle
donne de la chaleur, ou que le fang eft
noir dans les femmes groiTes , parce que
celui qui revient du fétus en altéré la qua¬
lité.
àu Fétus. Î43
Car les petits des oifeaux fe préparent
eux-mêmes, & fans le fecours de leurme-
re , un fang d’un beau rouge, de leurs fucs
nourriciers.
§. XXXIII. Preuves de ce que le fétus
reçoit fa nourriture par le nombril.
Les fétus, qui font nés acéphales , ou qui
avoien|: la bouche fermée , n’ont pu rece¬
voir leur nourriture que par les vailTeaux
ombilicaux fi donc ceux-là ont pu le faire ,
pourquoi les autres ne le feroient-ils pas ?
Cette grande quantité de fang qui fe
trouve dans les vailTeaux de la matrice
d’une femme grolTe, fembleroit déroger à
la fagelTe de la nature , s’il ne palToit pas
au fétus une partie de ce fang.
On ne comprend pas pour quelle raifon'
les réglés fe fuppriment auffi certainement
dans prefque toutes les femmes , même dès
le premier mois de la grolTeire, tems au¬
quel rembr5ron ne prend que très - peu de
nourriture, fi on n’admet que la matrice
tranfmet de ce fang dans le placenta , & que
fur -tout les ouvertures des vailTeaux qui
fournilTent la matière des réglés, font fi bien
bouchées par l’adhérence du placenta, qu’il
ne peut rien s’en échapper ; car fi le pla¬
centa n’éroit qu’appliqué à la matrice , il
Des Dlpendancés
n’empéclieroit pas qu’il n’en fortît du
. .
C’étoit la raifon des anciens Grecs ; ils
difoient que les cotylédons dans la femme,
n’étoient que les extrémités des vailTeaux
qui avoient fourni les réglés , & ils enfei-
gnoient que les veines du placenta s’atta-
choient aux veines de la matrice , de mê¬
me que les arteres du placenta aux arteres
utérines.
Un phénomène qui peut encore fervîr
à prouver la communication du fétus avec
fa mere, c’eft que quand l’enfant eft fort,
il y a fort peu d’eau dans famnios , & que
le placenta au contraire eft fort adhérent;
encore une autre preuve , c’eft que quand
il n’y a point de fucs dans les vaifteatix
ombilicaux, il n’y en a point dans le fétus
§. XXXIV. Preuves plus fortes.
Ces preuves ne font que la négative de
quelques-unes de celles de l’opinion con¬
traire a la nôtre ; quelques Auteurs ont nié
que le fétus perdît fon fang par une hémor¬
rhagie de la mere , pour nous , nous l’aftli-
rons ; car dans toute expérience , celle qui
prouve a plus de force , que celle qui nie
le réfui tat, parce que différens obftacles
peuvent retarder l’ effet qui doit naturelle¬
ment
/
du Fétus. Î4')
ment réfulter > & on peut mettre en âdion
des caufes étrangères , incapables de pro¬
duire un événement qui ne peut être que
l’effet de la ftrudure des parties.
Une chienne 6c une femelle de lievre
pleines , ayant perdu leur fang j les petits
qu’elles portoient perdirent auffi le leur.
Quand la comprelîîon du cordon fait
périr un enfant dans la matrice , il a tout
fon fang ; mais quand il meurt par d’autres
caufes, il n’y en a point, parce que tout a
repaffé dans les taiHeaux de fa mere.
Une femme avant d'açcôucher , avok
perdu tout fon fang d’une chute, fon en- .
fant avoit auffi perdu tout le fien ; une,
femme greffe étoit morte d’hémorrhagie,
il n’y avoir point de fang dans le placenta ;
on avoit laiffé à une autre femme le pla¬
centa dans la matrice , 6c on avoit néglige
de faire la ligature du cordon , il furvinri
par le cordon une hémorrhagie qu’on ne.
put arrêter, & qui fut funefte (i); dans
CO cas, le fang de la femme fort par la
(i) Il eft hors-^e toute vraifemblance que cette ftt-
îîefte hémorrhagie fe foit faite par le corion ; je cïs plus ,
cela eft faux ; tous les jours les Accoucheurs fe difpen-
fent de faire une ligature du côté de la mere , üc jaïuajs
il ne s’écoule qu’une très légère qva-^tité de fang.
TomcII^ K
Des Dépendances
veine ombilicale , & celui de fenfant par
les arteres du même nom ; le mouvement
du fang n’eft pas lent dans cette veine, car
un homme de mérite dit avoir vu. fe lancer
avec beaucoup de force , le fang qui reve-
noit du placenta ; & nous ferons voir que
de même très-fouvent l’enfant périt , faute
d’avoir fait la ligature du cordon.
Enfin , après que le placenta eft détaché,
là matrice verfe du fang avec beaucoup de
force, & le placenta eft couvert de celui
<|ui fort du fétus, quoiqu’on n’ait employé
aucune violence , de que les membranes
foiént dans leur entier • le fétus périt & eft
vuide de fang.
On a vu, même en injectant les arteres
ombilicales , la matière de rinjediontran-
fuder fur la furface du placenta.'
Tout cela prouve que le fang du fétus
fort par les vaifteaux du placenta, queifa
furface n’eft pas fans ouvertures; que le mou-
verrient du fang dans le placenta eft rapide ;
& enfin que le fang du fétus repafte â la me-
re, & s’écoule par les plaies qu’elle reçoit.
§. XXXV. Lés injedions pajfent de la
mere au fétus.
Cowper a vu le premier du mercure in-î
jefté dans les arteres hypogaftriques de la
du Fétus, 147
mere j pafTer dans les veines du placenta ,
& dans les cotylédons du fétus (i ).
ViculTens injeéta aufli du mercure dans
les arreres carotides d’une chienne quiétoic
pleine ; il vit qu’il âvoit pénétré jiifques
dans la membrane allantoïde^ àt qu’il en
étoit entré dans là veine ombilicale du pe¬
tit chien ; on a vu la mêrrie chofe après une
injedion de liqueur colorée ; elle palTa des
vailTeàux hypogaftriques dans les vailTeaux
du placenta.
On a auffi quelquefois fait pafTer de l’air
des veines hypogaftriques dans les ombili¬
cales. •
Il h’ étoit pas nécelTaire d’avoir de pareils
fuccès à oppdfer aux incrédules, puifque
l’adreffe d’un bon Anatômifte peut fuffire
pour faire voir la même chofè.
M. Noortwick a vu qu’après avoir rem¬
pli les vaifTeaux de la matrice , ceux du
chorion i’étoiént aufE , de que le placenta
étoit très-rouge.
Les liqueurs injeélées prennent une route
toute èontraire à celles quelles femblent
devoir prendre • car fi on injed:e dU vif-ar¬
gent ou quelque liqueur teinte dans les ar-
(1) Oa a nié cette expérience de Cowper.
Kij
1^.8 Des Dcpendances
teres du fétus , rinjedion pafTe dans les
veines hypogaftriqués de la mere.
Et même , fi dans les animaux on fait
pafler de l’air dans la partie d’un cotylé¬
don qui eft du côté de la matrice , il palTe
dans la partie rouge qui eft propre au fé¬
tus ; & fi on en fait palft r dans les arteres
de la matrice , il va dans les cotylédons
du chorion.
Ces expériences ont d’autant plus de
poids , que mille caufes peuvent diminuer
ou faire perdre la force de la matière in-
jeftée dans des vaifîeaux qui font très-fins,
en arrêter la progreffion, lôc l’empêcher de
parvenir jufqu’au fétus , à travers des ca¬
naux fi étroits; c’eft ce qui a pu arrivera
Monro & à Roederer ; car on ne peut pas
foupçonner d’infidélité, l’expérience dans
laquelle l’injeftionl faite dans les vailTeaux
de la mere a pafîe dans les vaifteaux ombi¬
licaux; nous fçavons qu’il faut très-peu de
tems à une matière telle que de là cire,
pour fe figer & fe mettre en mafte fans
forme , dès qu’elle a trouvé à s’échapper
du vaifîeau , ôc qu’elle n’eft plus retenue
par des parois.
C’eft pourquoi , s’il n’y avoir pas de la
mere au fétus un pafîage libre & continu ,
on ne devroit jamais attendre d’autre fuç-
du Fétus 149
cès de l’injeétion , & on ne pourfoit pas
éviter que la matière injectée ne s’épan¬
chât hors des vailTeaux , fi les ouvertures
de la matrice font grandes & béantes ; ou
que cette injeâiion ne revint dans les vei¬
nes de la matrice , s’il n’y a point d’ouver¬
tures k fa furface interne.
Roederer & moi avons fait pafferde la
cire dans le tilTu cellulaire du chorion.
Pour concilier des réfultats d’expérien¬
ces auiîi contradiétoires , il me paroît qu’on
peut dire que les/ vaiffeaux qui font entre
la matrice & lefétûs, font li délicats dans
le chorion & dans le placenta , qu’ils ne
peuvent tenir contre la force de l’injec¬
tion, & ne peuvent porter la matière in¬
jectée jufqu’aux vailTeaux ombilicaux ;
mais que la plupart du tems ils fe déchi¬
rent, & que la matière ne va pas au delà
du tilTu cellulaire ; c’eft ce qui nous eft ar¬
rivé a Roederer é: à moi.
Enfin , Albinus a trouvé les arteres de
la matrice pleines de fang , & il faifoic
palier ce fang jufque dans le. placenta, de
façon que cet homme fi attentif & lifage ,
ne doutoit même pas que ces vailTeaux ne
portalTent du fang dans le placenta.
L’opinion de plulieurs Auteurs tant an¬
ciens que modernes , eft qu’il palTe du fang
'Kiij
115 O Dépendances
jrouge 8c tout préparé, des vaiffeaux de la
matrice dans ceux du chorion ; c’ell-à-dire
qu’une portion du fang de la matrice peut /
être réforbée par les vaifîeaux du fétus. 1
Rouhaut eftime qu’il en pafTe un vingtié- i
me , car il eft certain que la majeure par- ■
rie de ce fang revient par les veines.
Je n’ofe rien alTurer fur la couleur ; il j
femble cependant , à en juger parla grof- 1
feur des vaifleaux artériels , que Roederer
a repréfentés dans le chorion , & encore
plus par les planches d’Albinus , & par les
pertes fubites qui furvieniient dans l’accou- j
chement le plus naturel , après l’extrac¬
tion du placenta la plus heureufe, que ces
vailTeaux font plus capables de contenir
du fang, qu’une hnmeur plus tenue.
Ainf , je crois fermement qu’il paffe ,
ou un fuc nourricier , ou du fing par le
nombril , cependant ce n’eft pas exclufive-
ment par cette voie , comme plufieurs le
croient, mais il y en a une autre , car la li¬
queur de l’amnios , quelle qu’en foit l’ori¬
gine , pafTe par la bouche du fétus , & lui
ferc d’aliment.
De même que pendant l’incubation , le
poulet eft nourri par le blanc de l’œuf qu’il
luce , & par le jaune qui pafTe dans fon pé¬
rit intefin, dans le tems qu’il n’eft pas en-
du Fétus.
core capable de prendre une nourriture
plus folide ; il me paroît aiTez raifonnable
de croire que dans les premiers tems , le
fétus reçoit plus de nourriture paria bou¬
che, & dans les derniers , qu’il en reçoit .
davantage par Tombilic. ,
La groiTeur de la tête femble le prou¬
ver, car elle eft déjà fort grolTe quand le —
cordon commence à paroître.
§. XXXyi. Cependant il y a aujjî de
laniere au placenta , une certaine conti-
nuité de circulation de fang.
Je fuis obligé de répondre aux raifons
qu’on donne contre l’union de la matrice
avec le placenta.
J’accorde volontiers que le mouvement
du fang dans le cordon ombilical & dans
le placenta,, dépend du cœur du fétus, &
non de la feule force des arteres utérines ;
cependant il me femble qu’on peut foute-
nir que la circulation de la mere peut y
entrer pour quelque chofe.
Car premièrement , fi les vaifTeaux de
, la matrice font abouchés avec ceux du fé¬
tus, il n’y a point de doute que le fang
pouffé par les arteres de la mere dans les
. veines du placenta , n’apporte avec lui, &
K iv
Dépendances
tie canferve le mouvement qu’il a reçu de
la mere , & que ce mouvement ne fe j oigne
à celui qui refte dans le fang veineux du
placenta, après que ce fang, fuivant les
loix ordinaires des corps animés, a perdu
beaucoup de fon mouvement dans le trajet
qu’il a fait dans le placenta; & c’eftpeuN
être alors que la rapidité du fang eft due
aux arteres du cordon.
Or , il eft néceflaire que ce fang foit
pouffé par la mere , puifqu’après la mort
prématurée du fétus , elle entretient la vie
du placenta qui refte, & qu’elle fournit des
eaux, comme on a vu plufieurs fois des
œufs abortifs de quelques jours, refter des
femaines , des mois , des années , attachés
à la matrice, y végéter fans s’y putréfier,
de devenir comme des dépendances de la
mere & de la matrice.
Ces fortes de placentas deviennent ,
quand l’embryon eft détruit , des môles
fouvent volumineux ; elles reftent plu¬
fieurs années dans la matrice , y pren¬
nent beaucoup d’accroiffement , devien¬
nent fibreufes , & ont des vaiffeaux fan-
guins ; le chorion s’épaiffit aulfi , & reffem-
ble à un placenta ; le fait merveilleux de
Soligen fe rapporte à cela : il étoit refte
d’im accouchement précédent, une portion
du Fétus, '
de placenta avec le cordon dans la matrice ;
dans une conception fuivante , le nouvel
ceuf dans lequel étoit un fétus avec fes
vaiffeaux s’attacha à l’extrémité de ce cor¬
don, & ces vailTeaux alloient fe rendre par
l’ancien cordon au nouveau placenta , qui
étoit rond & vafculeux ; par ce moyen, le
nouveau fétus étoit nourri par l’ancien
placenta.
Enfin , il n’eft pas abfolument rare de
voir des fétus fans cœur; dans ces cas il
ne peut y avoir d’autre puilTance motrice
qui produife raccroilTement du fétus, que
le mouvement du fang qui vient de la ma¬
trice. :
Préfentement , s’il y a eu quelques cas
où la mere a perdu tout fon fang , fans que
le fétus ait perdu le fien ; fi nous ne nions
point l’expérience de M. Faîconet , que
d’autres ont faites comme lui ; nous pou¬
vons bien attribuer cela à la foibîefie dii
fétus, qui n’a pas permis qu’il fit paiTer fon
fang dans les gros vaifleaux de la matrice -,
avec afîez de force pour qu’il' puifiè s’é¬
couler par la plaie de fa mere ; ce fang
s’efl: arrêté dans les veines de la matrice ,
qui font très -amples , comme dans un lac.
Il y a eu fort peu de placentas couverts
de concrétions pierreufes, & les récits que
Des Dépendances
nous en avons ne font pas afîez bien dé¬
taillés, pour qu’on puilTe aflurer avec con¬
fiance , que toute communication a été
rompue de la matrice avec le placenta.
Même dans les cotylédons , il paroît tout |
fimple que ce font des vaifleaux continus,
qui portent une matière laiteufe de la mere
au fétus , puifqu’il n’y a point de cavité
dans laquelle cette humeur puifle s’épan¬
cher, ni d’où elle foit réforbée.
Quand on fait l’extraétion du placenta,
il peut s’épancher du lait fur fa furface ex¬
térieure , par la rupture des vaifTeaux , com¬
me il s’y épanché prefque toujours du
fang.
Il n’efl: pas ridicule de dire que la pré¬
paration de fhumeur laiteufe fe fait dans
îa matrice , quoique je n’aye rien vu qui y
refîemble , & que d’autres , au lieu de lait,
y font venir une mucofîté.
Enfin , il a pu fe faire que le chyle qui
coule un certain tems dans le fang, fans
fe mêler avec lui , foit arrivé pur dans les
vaifleaux de la matrice, & fe foit écoulé
comme quelques Anatomiftes François ont
dit en avoir trouvé. Van-S wieten ne difeon-
vient pas qu’il pafle quelque chofe de lai¬
teux de la mere au fétus.
Toutes les fois qu’il y a eu interruption
du Feus. 1^5
du cours du fluide dans le placenta , il pa-
roît que les eaux de l’amnios ont fpurni
nourriture au fétus.
§. X X X V I I. placenta a-t îl quel¬
que autre ufa^el
Les anciens, & quelques modernes , ont
cru Tair flnécelTairej.qu’ils penfoient mê¬
me que le fétus ne pouvoir s’en paflTer; on
enfeignoit autrefois , que la femence rece¬
voir de l’air de la part de la mere , que le
fétus' en recevoir d’elle par le cordon om¬
bilical , & que ç’étoit pour cette raifon
que la compreffion de ce cordon faifoit
mourir l’enfant.
Si on veut dire un air qui efl: fans élafli-
cité , qui certainement coule avec le fàng
de la mere , je n’en difconviens pas ; mais
fi on dit qu’il pafie au fétus , de l’air dé¬
veloppé & éiaftique, j’attens qu’on afligne
les caufes qui débarrafîent le fang de cet
air dans la matrice.
Il y a aulfi quelques Auteurs qui ont
dit que l’arriere-faix faifoit l’office du pou¬
mon ^ puifque le fang de la veine ombili¬
cale efl: rouge & vermeil, en comparaifon
de celui qui coule dans les arteres; mais
mes expériences ne font point d’accord
avec celle-ci; dans le poulet , l’artere efl:
. Des Dépendance^
prefque d’un rouge écarlate , & la veiné
eft violette ; je n’ai jamais vu de fang ver¬
meil dans le fétus humain , & je ne puis
comprendre comment le placenta dans le¬
quel il n’y a point très-certainement de vé-
ficules aeriennes , qui puilTent renouvelkr
l’air /peut faire l’office de poumon.
Il y a d’autres Auteurs qui prétendent
que le chyle fe mêle au fang dans le pla¬
centa, ou que c’eftdans le placenta qu’il
s’en fépare;effeâ:ivement, le chyle femêle
avec le fang dans les vaiffeaux de l’animal,
pendant un long trajet ; on Aie peut pas
dire par conféquent qu’il ne s’y mêle pas
dans le placenta, qu’on peut regarder com¬
me le plus gros vifeere du fétus. , .
Le fang qui nourrit le fétus n’a pas
grand befoin de dépuration , puifqu’il eft
raifonnable de croire que ce fang eft filtré
dans les plus petits vaifteaux de. la matrice ,
avant d’arriver au fétus , & qu’il n’apporte
avec lui aucune partie impure , autant ce¬
pendant que le fang peut en être dépouillé; .
néanmoins le fétus a fes excrétions & fon
méconium , & les brutes ont une grande
quantité d’urine.
D’autres veulent que l’ufage du placenta
foit de détourner le fang , pendant que le
poumon , faute d’air , ne peut pas s’éten-
’duFctus* 1^7
dre; mais le poulet renfermé dans l’œuf,
n’a pas plus de poumons qui foient en mou¬
vement.
Le principal ufage du placenta eft d’être
Tinftrument de la nitration du fluide , qui
va de la mere à l’enfant ; & il n’efl: point
abfurde de dire que le fang du fétus re-
pafle à la mere, pour êtrè perfedionné
dans fes vifeeres & dans fes vaifleaüx ; car
c’eftee qui paroît être caufe de ce que les
arteres ombilicales font fi groifes.
CHAPI TRE IL
L A V I E DU F E T tJ S.
§. I. V Embryon,
J E traiterai dans ce chapitre , des princi¬
pales époques de Toftéogénie ; enfuite j’é¬
tablirai les premiers principes d’une très-
belle théorie , mais prefque nouvelle ; car
perfonne avant moi n’a entrepris de dé¬
crire exadement la maniéré dont les os du
fétus prennent leuraééroilTement, ni com¬
ment les autres parties de ce petit corps
acquièrent peu-k-peu leur nourriture ; nous
n’avons même fur là formation des vifce-
res J que quelques raifoiinemens épars ça
& là; k peine a-t-on parlé de celle des
mufcles , & des élémens des parties foli-
des.
Pour mettre quelque ordre dans ce que
nous avons k dire , il faut répéter en peu
de mots ce que c’efl: que ce férus, dont
nous entreprenons de décrire l’accroilTe-
ment.
C’eft une gelée, qui au premier afpeél:
paroît informe , dans laquelle la peau n’eft
point encore diftinde des parties qui font
La Vie du Fétus, Ï0
au deflbus d’elle ; on n’y voit point de vil^
ceres, ni rien qui relTemble à un os ni k
un mufcle , ni k un nerf, ni enfin un cœur
bien évident ; car nous entendons par lé
corps dont nous faifons la defeription , un
embryon tel qu’on voit le poulet dans les
premières heures de l’incubation.
Cependant dans cette gouttelette infor¬
me , comme d’un mucus blanc , la raifon
humaine diftingue une tête, une poitrine,
& démontre qu’il y a un cœur & des vaif-
feaüx ombilicaux ; car quoique l’œil ne le
découvre pas ., cependant lorfqu’on voit un
poulet mieux formé , l’efprit , en rétrogra^
dant , trouve facilement que ces parties pâ¬
les & fans couleur, qui paroiiTent être in-
vifibles ,. étoient alors fi molles , qu’elles
ne pouvoient avoir une forme déterminée ,
ou paroiflbient n’en point avoir ; au bout
de trente - une heures , on voit une appa¬
rence de veine, formée des branches des
vailTeaux ombilicaux ; au bout de quarante-
cinq heures , on voit les vaifîeaux ombili¬
caux, qui font les troncs dé ces branches ;
il eft impoflible que ces vaifleaux n’aient
pas exifté depuis la trente-unieme heure
jufqu’k la quarante - cinquième ; mais on
ne pouvoit les diftinguer , k caufe de îa
tranfparence du fluide qu’ils contenoient;
1^0
leur union avec ïa membrane du jaune de
l’œuf, & avec la cavité même de ce jaune,
démontre qu’ils exiftoient avant la trente-
unième hetqre ; car ces parties font affez
^parentes dans la matrice de la poule , &
font unies avec le cordon ombilical, dès
rinftant de leur formation.
. Le conduit du jaune eft une hernie de
rinteftin du poulet ,, & cette hernie eft
continue avec l’inteftin & la peau du petit
animal.
Enfuite l’accroilTement de famnios fe
fait avant qu’on puifTe appercevoir le cor¬
don , & cependant l’accroilTement de tou¬
tes les parties du fétus dépend de l’adion
du cœur, & il ne s’en feroit point, fi cette
puifiance motrice manquoit ; mais enfin
ce fétus a vécu , avant qu’on eut mis l’œuf
à l’incubation; car c’efi la feule force du
cœur qui a fait que l’œuf ne s’eft point
putréfié les premières heures après , & qu’il
a paru d’une très - belle ftrudure ,; cette
firudure commence àfe perfedionner len¬
tement & par degrés , dès les premières
heures de l’incubation.
Ainfi , il y a donc dans l’embryon en¬
core informe, un cœur, des vaifleaux qui
donnent naifiance aux troncs ombilicaux ,
une veine cave , une veine méfentérique ,
. une
âu Fétus.
tiïie aftere iliaque gauche , une aorte fupé-
rieure , & fes autres rameaux , qu’on ap¬
pelle conduits artériels.
Si un Gbfervateur moderne n’a pas vu
de cœur avant vingt - quatre heures , c’eft
que le cœur n’eft alors qu’une pulpe d’uné
extrême mollelTe 3 dont la figure eft mal
exprimée.
Il ne faut pas croire non plus quhl n’y
avoir point de vaiffeaux à la tête \ car puif-
que la tête même eft vifibîe alors j qu’elle
prend tout-de-fuite de i’accroifîementj que
fa figure change , & qu au bout de quarante
heures, ellereftemble à trois bulles jointes
enfemble ; puifque certainement il n’y a
que le cœur qui puifte par le moyen des
feules arteres , faire mouvoir régulièrement
les humeurs dans l’œuf, & produire l’ac-?
■croiftement naturel ; puifqu’enfin , un peu
après le deuxieme jour , Vers la cinquante-
neuvième heure , on voit naître les arteres
carotides , de l’aorte qui fort du cœur ; il
n’eft pas douteux que ces arteres n’aienc
exifté auparavant ; l’œil découvroit dans
cette tête un cerveau , fluide a la vérité.
La moelle épiniere exiftoit aufiî ; elle
étoit continue au cerveau , & fe prolon-
geoit jufqu’au croupion qui la terminoit,
puifqu’elle devient apparente dans le même-
Tome. IL L
1^2
tems que la tête, c’eft-k-dire au bout de
. douze heures ; & li elle n’étoit pas fenlî-
ble avant ce tems, c’efl: qu’elle étoit trop
tranfparente pour être diftinde, mais l’é¬
pine du dos avoir dès-lors toute fa figure.
Les vifceres font alors entièrement ca¬
chés ; le poumon eft très-petit; le foie n’eft
vifibl'e que beaucoup plus tard : c’efi: aufîi
fa tranfparence qui le rend invifible ; on ne
peut encore difiinguer l’eftomac ni les in-
teftins ; il n’y a point de membres, ni de
mufcles , ni de nerfs , ni d’arteres , excepté
l’aorte.
En place de cœur , il n’y a que le ven¬
tricule gauche avec le commencement de
l’aorte , & une oreillette, qui n’efl: pas en¬
core diftinâie de la veine-cave.
Mais on ne doit pas en conclure que ces
vifceres n’exifient point ; car nous avons
fait voir que long -tems auparavant l’incu¬
bation , quelquefois même avant l’appro¬
che du mâle ^ on avoir vu un petit animal ,
& qui étoit vivant.
Quand on fe rappelle les tems auxquels
chaque petite partie fe forme, on voit , en
réfléchiffant fur l’accroilfement du fétus ,
qu’elle avoit exifté avant ; mais fimple-
ment qu’elle étoit plus petite & fans cou¬
leur, puifqu’on la rend vifibie, en y jet-
duFitus, 1^3
tant de refprit de vin ou du vinaigre j &
que par ce moyen on rend diftindes foti
étendue & fes bornes • & alors fans cela ,
elle ne paroît être qu^une goutte de vraie
mucolité. J’ai fait cette expérience depuis
peu fur le poumon , fur le foie , & fur
toutes les parties du poulet.
Mais la raifon nous fait juger qu’il y a
quelque cbofe de plus , que ce que l’ceil
peut appercevoir.
Cette gelée qui paroit informe , Vivoit
cependant dans l’cèuf , & même plufieurs
jours avant que le coq, l’eût fécondé , &
avant qu’on l’eût mis à l’incubation , quoi^
qu’on ait été long-tems à l’y mettre ; &
dans l’ceuf fécondéd’une chenille, elle at¬
tend plufieurs mois avant que la chaleur du
printems la fafie éclore.
Si donc elle a vécu, les parties qui dans le
tems convenable doivent fe développer , y
étoient renfermées & cachées ; car ce n’en:
point une vifcofité inorganique qui efi: for¬
mée • félon nous c’efi: une caufe fécondé ,
&; félon prefque tous les Auteurs, c’ efi: un
autre agent que la femence du mâle qui
l’organife, & qui forme le fétus avant que
l’œuf ait été Couvé. On a découvert auffi
avec de l’efprit de vin , les organes du pa¬
pillon, enveloppés & cachés dans la che¬
nille. L ij
L<^ Vit
Ainfi j avant Fincubation j cette ttiucoi
fité contient les vifceres , les mufcles , les
fibres du tifiu cellulaire , ce qui doit être
irritable , les nerfs , les os & les cartilages.
L’embryon qui n’eft encore que mu¬
queux , différé en ce que dans fdn premier
rems , fes fibres ne font formées que de
très-peu de fubftance folide ^ entourée d’une
très-grande quantité d’eau j ou de vifcofité
molle ; ét c’eft auffi à cet état que l’on ré¬
duit les membranes , les arteres & les vif¬
ceres j en les faifant fimplemeiit macérer
pendant longtems dans l’eau. Une gran¬
de quantité d’eau fufiit pour détruire peu-
à-peu la continuité des fibres, & pour ré¬
duire tout en mucofité; delà le tifiu cellu¬
laire devient une pure mucofité , les os
n’ont pas plus de confiflance qu’une gelée
molle ; les vifceres prennent la forme d’une
glu blanche de tranfparente, & fe confon¬
dent avec les tégumens qui les entourent;
de la peau même, bien macérée dans l’eau ,
ne fe diftingue plus de l’humeur gélati-
neûfe qui eff au deffous d’elle, de c’efUà
la première forme des mufcles & des os
qui couvrent les grandes cavités de l’ani¬
mal.
Ces parties jufque là n’ont aucune foli-
dîté ni couleur, dans aucun embryon ; elles
du Fétus, î^')
n’ont ni faveur ni odeur; les mufcles en¬
core trop tendres , n’ont aucune irritabi¬
lité, c’eft le cœur qui en jouit le premier;
l’eftomac, les inteftins & les mufcles ne
deviennent irritables que long-tems après.
Si on met dans l’eau , feulement pen¬
dant une nuit , l’embryon tel que nous ve¬
nons de le décrire, il fe dilTout en flocons ;
& il fe fond à l’air , de maniéré qu’il ne
reftç de cette mucofité qu’une petite croûte.
§. II. Le fuc nourricier.
Il y a beaucoup d’animaux qui vivent
toujours dans cet état , & plus imparfaits en¬
core, ils font feulement doués d’irritabi¬
lité ; tels font toutes les efpeçes de polypes,
d’e^u douce & d’eau falée, ces corps qu’on
nomme zoophites , -ceux dont on ne peut
fçavoir s’ils font plante ou animal , nommés
holothuria, les petits animaux microfeopi-
ques , qui n’ont cœur ni vailTeaux , & qui
ne font qu’une gelée.
Mais les infeétes , les poiflbns , les oi-
feaux , les quadrupèdes , & même quel¬
ques vers , font d’une autre nature ; ils
commencent à la vérité par être une mu¬
cofité figurée comme un ver , mais ils ne
tardent pas à avoir des parties ■ diftinéies ,
& a prendre de la confiftance. Il efl: quef-
L iij
La Vîe
tion de rechercher préfentement commet
. cela fe fait , & d’examiner cet embryon , qui
n’eft qu’une gelée compofée de tant de
parties renfermées & cachées ; il faut fuir,
vre les, progrès infenfibles qu’il fait pour
parvenir à l’état de perfedion, & chercher
autant que les foibles lumières de l’hom^
me peuvent le permettre^ la caufe de cés
changemens.
Il eft tout limple de commencer par dér-
terminer quelle eft la matière de ce déve¬
loppement d’une forme animale.
Qu’il me foit encore permis d’avoir re-,
cours a l’exemple des volatiles , parce que
nous pouvons appercevoir les humeurs qui
les nourrirent ; il eft plus difficile de déter¬
miner la nature de ce qui paffe de la matrice
au fétus , quoiqu’on puifte conclure que ce
font les mêmes principes que dans le volati¬
le, püiiqu’ils ont l’un & l’autre des chairs &
des os tpnt-à-fâit femblables. Il y a appa¬
rence que dans l’homme il y a plus de ma¬
tière gélatineufe. Il ne fe fait jamais de calus
dans les femmes grolTes , mais leurs frac¬
tures fe fondent après l’accouchement (i).
XiC fuc alimentaire de fous les animaux eft
albumineux; il eft de fa nature, doux, &
n’abonde point en fel , même celui dont
(i) Cette affertioa n’eft nullement fondé fur rexpé-
liençe.
du Fitus,„ ICI
les abeilles font la pFemiere nourriture de
leurs petits vers ; il ne faut pas croire qu*il
fermente, ni qu’il tende à la putréfaâion ,
car tout füc animal putréfié perd de fa vif-
cofité , & le blanc de l’œuf ne fe putréfiée
point dans l’œuf fécondé.
La première nourriture des yolatiles, eft
le blanc de l’œuf; il a plus d’étendue quo
le j aune , & il domine dans la plupart des
différentes claffés d’animaux, même dans
les quadrupèdes froids & les poiffons ;
ce blanc eft entièrement femblable à la
lymphe , fi ce n’eft qu’il eft. un peu plus
pefant.
Il fe mêle au j aune fans fe confondre ; jj’aî
vu- diftinftement une huile jaune nager
dans une férofité trouble ,, fans fê mêler
avec elle ; & il n’eft pas douteux que c’eft
fa partie la plus fubtile qui fe diftbut &
devient fluide ; car puifque l’amnios ; croît
tout~d.’uH-coup , dès que l’incubation eft
commencée , & qu’il rerifèrme dès le l o®.
jour une grande quantité d’eau , en compa^
raifon de ce qu’il contenoit le premier jour,
& encore puifqu’il ne peut venir dans l’am-
nios que ce que fournit le blanc de f œuf^
car le jaune eft proprement d’une toute am
tre nature , il eft clair que e’eft le. blanc,
qui fournit les eaux de l’amnios.
L iv
x.^8 La Vie
Il y a dans le blanc, une eau & une ge¬
lée coagulable , qui par la chaleur ou par
l’adion de quelque acide, prend très-faci¬
lement la confiftance de gelée, & fe chan^
ge en une gomme friable ; quand la lym^
phe épaiffie fe dilTout, ce n eft plus qu’une
eau fans couleur , & une partie qui n’eft
point foluble dans l’eau , qui eft fixe, folide ,
& comme de la corne.
La partie filamenteufe dufang, qui ne
pourroit pas circuler dans les vaifleaux
d’un animal vivant , eft cependant produite
par la vifeofité de la lymphe ; on peut en
juger en la filtrant Amplement ; & de ces
filamens peuvent fe former des membranes
qui ne font point vafculeufes , mais qui
d’ailleurs reftemblent afîez à de vraies
membranes.
Il y a enfin dans la lymphe un mucus lé¬
ger, quia peu de conftftance, qui cepen-r
dant eft vifqueux , & ne fe coagule point.
Il y a beaucoup d’huile dans le jaune
d’œuf, on l’a obfervé il y a très-Iongtems ;
il fe diftbut prefque tout entier en une
huile inflammable ; & fi on fait évaporer
cette huile , le jaune n’eft plus qu’un corps
jaune, afîez femblable à de la colophane,
pu au füccin, & qui eftdur & friable.
On trouve aufîi de pareils principes dans ,
du Fétus, 1^5
îe fang des quadrupèdes ; un corps gras
qui eft rouge , de la lymphe, de la muco-
lité & de la férpfité ; il y en a auffi dans le
lait J ainli, foit que ce foit de la lymphe ,
ou du fang, ou du lait, ou un mélange de
toutes ces liqueurs qui palTent au fétus , il
y aura dans le petit èmbry on une matière
huileufe & un principe gélatineux , mu¬
queux & féreux.
Puifque la lymphe eft encore plus fuf-
çeptible de coagulation que le fang, & que
le feu ou f efprit de vin la réduit en gru¬
meaux bien plus folides ; puifque le fétus
eft blanc , dès qu’il prend fa nourriture en
fuffifante quantité & promptement - puif-
qu’enfin beaucoup d’animaux croiftent très-
promptemement fans le fecours du fang,
& qu’ils ne peuvent prendre le moindre
accroilTement fans une humeur gélati-
neufe, il eft probable, comme on le croit
& comme on l’enfeigne dans prefque tou¬
tes les Ecoles , que le fuc nourricier n’eft
que la partie féreufe du fang, qui eft fuf-
ceptible de coagulation ; c’eft l’opinion de
Barbaut & de plufieurs autres. J’ai lu qu’un
chien à qui on ne donnoit à manger que
des caillots de fang, ne prenoit point de
nourriture.
Il y aura auffi de la matière capable de
170 La Vie
s’endurcir, ou terreufè, car, comme nous
i’avons fait voir ailleurs ( i ) \ il fe trouve
de cette matière dans la lymphe , dans le
fang & dans Thuile.
Il fe trouve donc dans le fuc nourricier
du fétus , tous les principes néceffaires pour
réparer en lui les parties folides & fluides^
§. III. Les fluides du fétus fe forment
de la nourriture qVil prend.
Une grande partie de ces fluides eft une
gelée , ou un gluten ; il efl: croyable qu’ils
n’ont befoin pour lui parvenir, que d’être
reçus.
Il n’y a point de fang rouge dans l’em-,
bryon , cependant il y en a certainement
de bohne-heure dans l’œuf ; il efl: évident
que c’efl: le jaune qui en fournit la matière,
puifque le fluide , qui dans les premiers
tems efl: contenu dans les vaifleaux du fé¬
tus , eft très-clair ,'enfjite il devient jaune,
enfuite rouillé, mêlé de jaune & de rouge,
de les ramifications du réfeau vafculeux
font jaunes , & les troncs font rouges ; en¬
fin tout le fang devient rouge dans tous
les vaifleaux , & même d’une belle couleur
de pourpre ; il efl: aufli compofé de globu^.
(i)/Elenî. Phyfiol. Hall. lib. j.
du Fétus,
les 5 que j’ai vus très -.facilement palTer &
circuler dans les vailTeaux ombilicaux dans
les nouvelles expériences que j’ai faites ,
& que je n’ai point encore publiées : il
n’ei'l; pas plus difficile d’appercvoir ces gîo-
bules & la circulation, quand l’animal eft
encore chaud , qu’il ne l’eft de voir la cir¬
culation dans la grenouille', & je confeille
de faire cette expérience.
Ces changemens fe font en très-peu de
tems ; car depuis 31 heures jufqu’à 3^, &
quelquefois 42 , tout, dans le fétus &
hors, du fétus , eft blanc ; mais au bout de
48 heures , le fang eft rouge autour des
vaifleaux du cœur.'
Ce changement commence par la veine
ombilicale , car ce font les vaifleaux om¬
bilicaux , qui rougiflent les premiers , tan¬
dis que le fétus eft encore blanc, & même
fon cœur.
On a vu le IO^ jour, la veine rouge &
ramifiée dans la truie ; & dans, le fétus d’une
chienne, pas plus gros que la moitié d^une
graine de lupin , il y avoit un point rouge
& des veines ; dans une lapine ce fut le 1
jour & le 12®. , & une autre fois , encore
Jeu®.; dans la chienne , le 1 4®. ; on a vu
dans l’homme, le 12®. jour, une ligne
rouge au. cordon, & dans une brebis , le
dix-neuvieme.
172 La, Vk
La couleur rouge vient plus tard dans
le poulet , quand la faifon eft froide , &
que rincubation if eft pas régulière.
Avant les couleurs , il n’y a. que la tranf
parence de la férofité & du mucus ; enfuice
vient la blancheur , qui dans toute plante
& dans tout animal eft la marque du pre¬
mier état , avant que la chaleur du foleil ,
la lumière , ou les autres agens qui perfec¬
tionnent les humeurs, aient exercé leurac^
tion ; c’eft pourquoi les plumes & les poils
de tous les animaux, tant des, Alpes que du
fond du Septentrion , font blancs à cette
époque.
Après le fang , on voit pemà-peu les au¬
tres humeurs , qui font diftinétes par leurs
qualités refpeftives ; c’eft l’urine qui , dans
les animaux , fe fépare la première , & s’a-
maife dans l’allantoïde , car ce réfervoir eli
déjà très-grand, quand les vifceres ne font
encore nullement diftinèbs.
L’urine paroît auffi dans le fétus hu¬
main, plus tard à la vérité , & elle eft bien
différente de celle d’un adulte ; elle eft fé-
reufe , trouble , fans couleur & fans goût ;
dans les grands quadrupèdes , elle eft éga¬
lement douce , cependant elle eft plus vé¬
ritablement de l’urine , elle eft falée.
Les excrémens du bas-ventre font très-
du Fétus» 1 73
tlïfférens de ceux de i’aduîte , ils font ver¬
dâtres, ont la confiftance d’éleâuaire, ont
peu d’odeur , ils font un peu âcres , tantôt
iis ont de la tendance a facidité , tantôt à
îa putridité ; mais je ne les ai jamais vus
dans le fétus , de couleur jaunâtre*
Dans fœuf couvé , le poulet a de la
grailfe avant de fortir de fa coquille ; j’ai
négligé de remarquer le jour où elle com¬
mence à paroître ; dans le fétus humain ,
elle quitte fon état gélatineux , elle eft plus
grenue que dans l’adulte , & elle eft moins
ondueufe ; dans les os du fétus la moëile
eft rouge & lymphatique , & elle n’eft pas
inflammable , même dans le fétus humain*
La bile eft d’abord fans couleur, & dans
îe poulet , a commencer du dixième jour
de l’incubation , elle paflê par différentes
nuances de verd, & enfin elle eft jaune &
âcre au tems qu’il fort de fon œuf ; dans
le fétus humain, a peine a- 1- elle, après
neuf mois de geftation , la moindre mar¬
que d’acrimonie ; c’eft comme la partie
huîleufe du jaune d’œuf , qui eft plus gralfe
que le fuc de la matrice, & qui prend plus
promptement de l’amertume.
Les humeurs de l’œil font dans le petit
poulet, les mêmes que dansde poulet adul¬
te; dans l’homme, elles ont une teinte
174
rouge , & cette teinte eft auffi dans îâ bile j
dans la liqueur du péricarde , celle de la
plevre , celle du péritoine , ôc dans la moëU
le ; on pourroit foupçonner de là , que le
fuc nourricier du fétus humain eft plus
fanguin ; on apperçoit du noir dans l’œil ^
fur la fin du quatrième jour.
Peu de tems après que les humeurs font
colorées, elles deviennent âcres, car tou¬
tes ces qualités que nous reconnoiftons pat
nos fens , dépendent de ce que les parties
intégrantes des liqueurs ont plus de vo¬
lume, & que les tuyaux dans lefquels elles
pénétrent fe font dilatés ; il eft raifonnable
de croire que les parties qui font la faveur
font plus groffieres, & celles qui colorent j
plus minces.
§. I V. Les parties folides font original
rement fluides^
Il paroît difficile de croire que des par¬
ties folides & des parties très-dures , les oS
même , fe forment d’humeurs fluides.
Cependant on le comprendra aifémentj
lorfque nous aurons fait voir qu’il y a beau--
coup de 'parties fluides , & capables de fo
diffiper par évaporation , dans celles qui
paroiflent folides, & qu’il y en a bien plus
encore dans le fétus.
En effet, les parties molles du corps ani-
du Fltus^
iïiaî fe diffipent prefqu’entiérement par l’é¬
vaporation ; il s’en exhale les trois quarts
de la moëlle épiniere ; la fubftance corti¬
cale du cerveau, en fe deiféchant lente¬
ment, de loooo parties, en a perdu 782^ ,
805^ , 8^08 ; la moëlle allongée en a perdu
de la même quantité 7270, 8100; & ce¬
pendant ce n’eft pas là tout ce qu’il y a de
fluide, car l’huile ne s’évapore jamais.
Il y a des vifceres qui ont perdu plus
que les autres ; le foie fur 10000 parties ,
en a perdu 7192 , 7^(34
Les glandes maxillaires 7332 , 7340 &
7<54o.
La peau ^88^. Les inteflins, Ies;|.
La chair des mufcies a été réduite à 77-
Le cœur à | , ou de 1 0000 parties à
783^, 7971 & 8108; dans un vieil animal
il a relié W? ouïe quart ; l’aorte deflTéchée
s’’ efl: réduite à un tiers.
Dans les os, dont le poids efl: à-peu-près
de 20, livrés , il y a fr de partie terreufe ; la
portion de colle extraite dans la machine
de Papin , égale en poids les lames ofleufes
qui reftent.
Enfin , quand un homme efl confumé
par le feu , s’il pefoit ï >5 o livres , il efl à-
peu-près réduit à 1 3 livres , ce qui fait en¬
viron la douzième partie de fon poids , de
îa chair efl réduite à dufien.
La î^iè
De même dans le bois fec, il ÿ a liné
afTez grande quantité de fluide ; car dans
19 livres de ce bois, il 11 y a pas plus de
^8 grains de parties folides ^ c’eft-à-dire
environ tttô*
On trouve le même réfultat, fi entre les
parties folides & fluides du corps humain ,
on établit la même proportion qu’entre les
arteres & les veines ; carie calibre des artè¬
res efl: à leurs parois , comme 10 à 1 1 , &
& celui des veines , comme 31 à i.
Il y a beaucoup moins de parties folides
dans le fétus ; car la fubftance corticale du
cerveau d’un fétus a perdu 8(394 P^-rties
fur 10000 , & dans l’adulte , elle n’en perd
pas plus de 809^; & celle du cervelet, de
81 parties , a été réduite à 1 2. Les glandes
maxillaires du fétus , de 10000 parties , en
perdent 84^9 , le foie 8047, pancréas
78^3 , les arteres 8278 ; àc meme les car¬
tilages perdent quatre cinquièmes de leur
poids.
La partie terreufe des os du fétus eft un
peu moins que la moitié.
Les fétus qu’on fufpend dans l’efprit de
vin diminuent confidérablenaent dans tou-,
tes leurs dimenfions.
Mais quand les fétus font auffi nouveaux
& auffi tendres que ceux dont nous par¬
lons ^
^ . du Fétus. 177
Ions , leur petite mâiregélatineufe: difparpic
prefqu’ entièrement, de façon.qu^il ne refte
qu’une croûte légère, cômme j’en ai que -
je conferve ; & des os de lix ou fe|^
jours, fur îefquels je fais a^uellement def
expériences , s’évaporent tout^a-faic me
laiffent qu’un petit bourbillon gélatineux
& de couleur cendrée. -, v.-
ir paroit qU’on peut, regarder le . fétus ,
.relativement à fon accroiflèment , cpmnie
un amas de fibres , la plupart glutinéures ,
& dans:; iefquelles il y a peu de terre prin¬
cipe..'^.:, ; . ' ■ ' .. ^r.:.
La tête &; tous les os du poulet , même
l’os pierreux ,: font dans le commeneernent
un pur glatenq on a réduit en mucilage un
.5 eune; agneau , :en le faifant cuire à petit
feu. . •
§. Il n^yu pn.s gi andcjlïfférmce entre
les folides & les fluides "
. On ne doit pas crone que les partit
fluides & folides font de leur nature entiè¬
rement différentes les unes des autres , tous
les élémens des corps font folides, maisiîs
Lont très - petits , & ne font prefque que
,des atqrnes, fl on peut concei^joir des ati^
mes pîiyfiques; ff ces atômeaÿuniffent /à
.4’autres.pareils:j ou s’ils "s’en Teparent j-eélâ
. Tome II. . " . . . . M
la Vie ■
dépend de cauîes étrangères , fouvent très-,
légères : on croit que quand ils font aban¬
donnés k eux - mêmes, il y a entr’eux une
telle attraction , que pour qu’ils s’unilTent
exactement & fermement , il n’eft befoin
que d’un contaCt de principes , & alors au¬
cune autre matière' ne peut plus lés fépa-
rer.
Ainfi , la principale caufe de la fluidité ,
efl: qu’il y ait une matière très -fluide &
très -mobile, placée entre des parties foli-
des , qui ne permette jamais k ces parties
folides d’être en repos, ni de s’attirer mu¬
tuellement.
Le feu efl: la caufè de la fluidité, cepen¬
dant quand il efl: féparé des eorpufcules,iI
permet l’attraâ:ion entre les parties, qui
auparavant étoient très-fluides.
Gar en Ruffie , pendant les grands froids ^
bn efl: venu k bout de fixer , même le mer¬
cure , & on lui a. donné une confiflance
métallique; fouvent quelques légères dilFé-
rences dans le degré de chaleur , ont donné
de la confiflance k des corps fluides.
L’eau feule unit puiflamment certaines
terres ; le plâtre coule comme s’il étoit
fluide, & bouillonne; mais il devient en-
fpite une pierre folide.
Dans les animaux, la force du gluten
âu Fàus* t79
qui unit enfemble les parties ariiinaîes -, &
qui eft compofé d’eau & d’huiîe , eft très-
grande en comparaifon de la terre animale ;
ces particules terreufes qui nageôient dans
un fluide, prendront dëoè. de la cehfif-
tance, fi au lieu d’üne eaü moins capable
de les unit, il s’introduit entt’ elles une hii-
meur Ÿifqueüfe, que les principes tèffeux
attirent de toutes parts , & qui à fon toik
attire à elle ces principes terreux, par fa
tendance naturelle a fe reflerrer ; amfi , la
folidité dépend principalenient d’une pùif-
fance à-peu-près égale au poids de là par¬
tie , & rien ne peut futmôriter cette attrac¬
tion de parties-intégrantes' d’ un corps queî-
conque. ' :
Nous' avons fait voir l’additioh
du glutemdans les os^ dbnnoit à leur par^»
tie terrèufe la dureté qui leur eft naturèlle'^
& que leur fubftance deiPenoit friaN^
^qùand- ce gluten étôit énîëVe; " - -
Les membranes, & toutes -les partît
molles du cotps humain , le- bois mêmè",
font dé la même nàturè ; car ferons
"voir qû’on peut en extMre le yüten-,-"lèS
düToudre , & leur donner dé la^ fluidité , efi
ne laiflànt qu’une trèë-pètite quantité dé
" fi). Ëlemi- • _ •-
ï%6 La T^ie
terre, que toutes ces parties ne doivent
leur confîitance qu’au gluten.
- La colle forte fe fait par la co£tion de la
peau , des tendons & des ligamehs d’ani¬
mal ; & ce qui étoit dans l’animal vivant
une très-grande partie de membranes, de¬
vient un gluten très-fort.
Les Efpagnols font une emplâtre contra
rupturas, de peaux d’animaux cuites.
. On fait la colle de poilTon , en faifant
cuire le poiffofi dans beaucoup. d’eau pen¬
dant vingt - quatre heures ; on n’en fépare
.que la graiffe, & la colle, refte.
^ Quand on a dré ce gluten des pierres
.de l’écrèvilTey du calcul de la veffie, ên
un mot de quelque fabftance animale , ce
qui refte; n’efl: plus qu’une terre friable ; &
ce gluten unit ,fi fortement les. parties; ter-
reufes, que douze grains de ce gluten, re¬
tiennent 104-grains de terre. •
Ce gluten eft inlipide & a.lbumineüx dans
tous les. animaux , même dans le fuc des
abeilles , malgré fa douceur dç il ne dioit
,.pas-avoir de parties. capables de fermeiiter,
c’eft-à-dire difpofées à putréfaètion j il doit
fe gonfler dans, l’eau, dç . ne* s’y délaye pas
^cilement , puifqu’il efl: de- iaaturê hui-
ieufe. " _
Pour que cette .gelée j animale, reprenne
duFku^. iSi
fa dureté quand elle l’a perdue, il n’eft be-
foin que d’une légère évaporation de l’eau,
ou d’une diminution de la chaleur qui la te-
noit en liquéfadiori.
C’é.ft cette feule çaufe qui durcit la colle,
& qui réduit, le gluten des poiffons en
membranes comme du parchemin En fai-
faut cuire l’ortie marine elle diminue de
volume, &' devient plus dure. ’
La foie s’endurcit par l’évaporation;
une efpece de gomme Ênide qui s’engen-
(h:e dans les propres vailTeaux du ver-à-
foie, & qui fort du corps de cet animal,
devient un fil très-fort par une légère éva¬
poration de l’humidité : la toile des arai¬
gnées n’efl: de même compofée que d’un .
mucus.
C’eft la même chofe dans tant d’autres
parties d’infedes qui étoient fluides, ou dti
moins molles, & qui prennent confiftancè'
par la diflipation de l’air qui y étoit ren¬
fermé.
C’eftauffi par l’évaporation feule, que:
la vifcoflté de l’urine fe change en pierre
dure , ou en chaux.
Ce font principalement toutes ces ex¬
périences qui nous donnent des lumières fur
la quefliion préfeate ; elles nous font voir
que les principes terreux fufpendus dans
M- iij'
îe gluten , s’attirent mutuellement par la
diminution de la quantité d’eau, La partie
féreufe du fan g devient une concrétion
friable , dans laquelle il ne refte que des
molécules terreufes , & quelque chofe
d’ondueux ; & le blanc d’œuf qui eft très«
fluide, devient une gomme friable étant
deirécîié.
De la même maniéré , la liqueur qui
s’exliale de la peau du limaçon devient une
coquille fragile & très -dure; de chaque
nouvelle exhalaifon qui fe fait , y ajoute
de nouvelles couches.
Enfin une gelée capable de putréfadion
dt de fermentation, & qui efl; folubîe dans
l’eau , prend fous f écorce de l’arbre la na^
ture de l’herbe , & cette herbe acquiert peu
de tems après |a confiftanCç de bois , éç
elle forme l’écorce,
V I, Lg gluten, devient fibreux.
Les corps fluides , dans leur attrafftion
mutuelle, ont une forme fphérique , mais
en prenant une confiftance folide , ils de¬
viennent plutôt des corps oblongs , dont
un diamètre eft beaucoup plus grand que
l’autre,
La neige prend la forme de filamens ,
de nreme que la glace qui fe forme fur upe
du Fitusl i
vitre; fes criftaux des fels affeÆent une fi¬
gure oblongue, & font volontiers de la na¬
ture du fpath & du quartz (i )*
' En tirant lesfubftances gélatineufes , oa
en fait des filamens, & étendues fur un ver*
re, elles s’allongent d’elles-mêmes.
Si on met évaporer une gelée dans un
vafe cylindrique , comme le font l’araignée
& lever-a-foiej on conçoit que cette ge¬
lée s’y moulera ; il eft v^raifemblable que
la gelée nourricière , en fortant lentement
de fes propres vaifieaux qui font cylindri¬
ques , prend aufS une forme cylindrique ;
je ne parle ici que de la fibre fîmple & élé¬
mentaire , & non de la fibre mufculaire.
<- On pourroit auffi fe repréfénter un glu¬
ten moulé en cylindre , entre deux arté¬
rioles.
Il eft certain qu’on prouve facilement
que dans l’homme , les fibres, font formées;
d’une humeur vifqueufe , ou par rexemple;
du cœur qui eft velouté, ou par celui de ce
îiftu cellulaire fibreux qui néft pasnaturel ^
- ( i,) Efpeces <îe pierres. criftaUifêes dans- les enmiltés.
dè k terre. Voy. Miner, dfe WaHerius, éditi Franc, t. î»;,
p. ixi & rjj. Diâ:. de Ghymie de M: Mâcher , aius;
mots fpath ^ quarti^ fc 6ç d*Hift.. îk««; de; Jidk
jt fti,.
M m
rLdVk
què j’ai vu très-foiivent unir la pointe du
cœur avec le péricarde, ou les deux extré¬
mités d’un tendon coupé, ou devenir fort
épais pour couvrir quelque corps étranger,
comme une épine enfoncée dans un ten¬
don. Ce font des filamens formés du fang,
qui rempliffent les arteres oblitérées, foit
qu’on veuille entendre ceci pour les arte-
jcs ombilicales , ou ce qui arrive contre
nature aux autres arteres , ce qui eft plus
rare ; le fang menfirue) battu fe coagule
en libres , & fait des môles.
Il y a cependant dans le fang & dans la
féroiité, une certaine matière propre, qui
devient filamenteufe , même fans moule;
il y en a beaucoup plus dans le fang , mais
la féroiité en contient auffi,
§. V 1 1. // déviaient tijjii cellulaire.
Il eft cependant bien plus' ordinaire,
qu’un fuc en devenant concret , ne forme
pas -feulement des fibres , mais auffi des
feuillets, qui étant plats, larges , de beau¬
coup de diverfes, figures , de inclinés les uns
vers les autres en diffiérens fens , s’unifient
mutuellement , en laifiant entr’eux des
mailles qui contiennent un fluide ; e’eft à
peu-près de cette efpece que font tous ces
îigamens qui fe forment contre nature, de
du Titus. iSij
qui font l’adhérence de la pîevre avec le
poumon, du péritoine avec le foie, avec
les inteftins , avec l’épiploon , ou des in-
teftins entr’eux , ou avec le foie & avec
l’eftoniac; c’eft quelquefois la férolité qui
forme ce tiflu cellulaire ; quelquefois c’eft
fa partie la plus épailfe , & quelquefois,
c’eft le pus même ; mais tout cela eft ft
commun, que dès qu’il y a eu inflâmma-
tioii à quelque vifcere , il prend adhérence
avec fon enveloppe.
.C’eft ainft que dans un nerf qui avoit
été lié , les fibres pendant trente ans s’é-
paiffirent , & furent défunies par l’humeur
qui s’épancha entr’ elles , & tout le tiflii
cellulaire devint femblable aux corps ca¬
verneux de la verge.
On conçoit aifément que les fucs géla¬
tineux de l’embryon , en devenant concrets
fans qu’il y ait maladie, forment un tiftu
cellulaire, fi , en fuivant dans les premiers
jours de l’incubation d’un muf de poule les
changemens qui arrivent au poulet , on
compare l’humeur gélatineufe qui eft entre
la peau & l’épine du dos , avec l’état dans
lequel eft cette hum^eur , quand le poulet
éclot à fon tems ; car il y a des mufcles &
de gros vailTeaux en place de l’humeur gé-
ktineufe ; de un peu de graiiTe contenue
iH La Vîe
dans le tifîli cellulaire ; on trouve dans les
mufcles & entre leurs plans , des filets
celluleux très -minces, & une enveloppe
de même nature aux gros vaifîeaux ; &
par-tout une fubftance de même genre qui
unit les parties , qui alors font bien con¬
formées.
Je vois que M. Duhamel a dit que c’é-
toit une gelée fluide , qui étoit entre fé-
corce & le bois , & qui devenoit écorce ;
cependant il remarque que leurs plaies ne
fe réunifient point par le moyen de quel¬
que fuc , mais d’un tifili cellulaire, puifque
ce gluten ne fe difibut pas dans l’eau ; fui-
vant fon fyflême , il falloit que cela fut
ainfi , & nous ne fommes pas fort éloi¬
gnés de fon fentiment.
Mais tout le monde fçait qu’il fort de la
dure-mere & des autres membranes , de la
tunique albüginée du tefticule , même des
iiiteflins & de la peau , de petites goutte¬
lettes rondes , rouges & fangüines, quide-
viennent des bourgeons , & qui enfin cou¬
vrent d’une nouvelle chair la dure-mere ,
ou les inteftîns , ou les tefticules.
On voit même tranfuder de l’extrémité
coupée d’un tendon , un fiic qui peu-à-peu
forme des lames bleues, & devient enfuite
un tifîu cellulaire dur, qui après gfi: tendi*
du Fétus. 1S7
ceux, cartilagineux , enfin ofîeux, qui réu¬
nit comme un petit nœud faillant, les ex¬
trémités du tendon ; c’efi: pourquoi pour
guérir les plaies des tendons , il fiiffit de
feire tenir une fituation qui empêche les
extrémités de s’écarter , & il ii’eftpas befoin
de future.
Préfentement, fi c’eft d’un fuc que fe
forme un tifîli cellulaire dans une mala¬
die 5 rien n’empêche de croire qu’il fe forme
de même naturellement.
Ce n’eft qu’un vrai fuc qu’on voit dans
la tige des jeunes plantes ; & quand la
plante efl: plus âgée, on voit en la place de
ce fuc, une fubftançe celluleufe & fpon-
gieufe : ou du moins y a-tdl des lames com¬
me membraneufes, appliquées aux parois
de la tige.
Il eft vraifemblable que le tilTu cellulaire
fe forme méchaniquement ; car on voit ,
même dans le pain qui n’eftfaitquede pâte
de d’air, des cellules qui font un tout aifez
femblable au tifîu cellulaire ; on voit
quand on fait le mélange d’un fluide clair
avec un autre qui efl; plus vifqueux , que fl
on fait évaporer une partie du fluide clair,
par la chaleur ,, l’autre devient encore plus
vifqueux, il fe ramafîe, & forme des la-
iqçs de des fibres , dont les aires font rem-
.i8B La Vh
plis par le fluide le plus léger ; & que fl la
partie glucineufe furabonde, les lames font
plus larges.
Cependant je n’admets pas cela généra¬
lement ; car le tiflu cellulaire eft différent
dans le corps humain , fuivant les divers
ufages auxquels il eft deftiné ; il eft feuil¬
leté dans des parties dans lefquelles , ni dans
le fétus , ni par la fuite , il ne doit y avoir
d’huile ni de fang ; & il eft fibreux dans
d’autres , comme aux plis des arteres, en¬
tre les membranes de l’œil , où il ne doit
point fe dépofer de fubftance grailTeufe ,
ni aucun autre fluide.
Il peut y avoir dans le gluten de l’em¬
bryon , une ébauche de tiflu cellulaire , &
ca ,& là des points vifqueux , qui font com¬
me le fondement deS autres parties , & le
centre de leur attraction ; & ces centres
peuvent fe ranger en lignes ou en réfeati
folide. ,
Le diamètre des pores par lefquels le
gluten fort des arteres, peut aufli contri¬
buer à faire de ce gluten ou des fibres ou
des lames; fi ces pores font étroits ce fe¬
ront des fibres, & des lames s’ils font lar-f
ges.
La pulfation des vailîeaux voifins, la
preflicn des mufcles d’alentour , la réfiA
du Fétus.
tance d’un os ou d’un cartilage , & le plus
ou .moins de vifcoiité du gluten qui forme
ce tilTu , enfin d’autres caufes qui . nous
font inconnues, peuvent faire qu’il foit
plus épais ou plus lâche.
I §. VI 1 1. Il devient membranes.
Comme il y a du tifiu cellulaire dans
toutes les membranes fans exception, &
qu’éiT les faifant macérer feulement dans
de l’eau , elles redeviennent auffi toutes
fans exception^tilTu cellulaire ; comme auffi
dans, les maladies elles deviennent molles
ou plus dures, tels ^que -les ligamens contre
nature, dont nous avons parlé ; & que d’au¬
tres s’épaiffilFént; dans les écrouelles , &;
qu’enfin les enveloppes les plus épailfes &
cartilâgi.neufes font formées du tifiu cellu¬
laire ; on peut croire u qu’ elles . fe forment
de- même dans le, fétus ; ainfi_, Je ventre:
& la poitrine j pardevanf , & plus manifef:
tenient encore par derrière , font bornés
par le .tifiu célluîaire. féul ; de ce tifiu fe»
forment de tresramples; membranes , telîesj
què la plevre-j le péritoine ; & dans la tête,
défi: une mucofité qui fournit fia matière!
du péri crâne & de la dure-mere. . ; ?
.'iiPjéfentement il eft vraifemMâble que
les yifeeres ; après s avoir acquiscquelque
LaVh
conliftance, & que le cœur, le pou mon, &
le foie , en prenant de la folidicé , par la pref-
lion qu’ils exercent fur les vertèbres qui
font plus dures , broient de expriment cette
mucofité , de façon que fa partie la plus
fluide étant exprimée, de les parties gluti-
neufes s’approchant de s’attirant mutuelle¬
ment, cette mucofité produit des membra¬
nes. "
Que dans la tête , le cerveau étant plus
ferme alors, & tendant toujours à s’élever
par les pulfations de fes arteres , préparé
lui-même fes membranes , à-peu-près com^
me on fait du papier , en faifant une pâte
avec du vieux linge battu qu’on laiiTe éva--
porer , de qu’on met en prefle ; il fe forme
de même des membranes , du gluten qui
eft mêlé dans le fang , de la férofité , du
mucus, enfin par le mouvement qui en'
^t évaporer la partie fluide , de même
que dans l’aorte , les carotides & les autres
arteres , il fe forme de fang de de férofité
des tuniques intérieures , qui font comme
des lames formées nouvellement , comme
de la colle de poilTon defîechée ; il s’en
forme aufli qui font comme du parcîxe^
min. ' i
Je n’admets cependant pas cette théorie.
Car nos membranes font parfemées àH
duFims* 19 r
vaîlTeaux, qui tiennent à leur' fubftance
par le moyen du tilTu cellulaire ; il y a
même des membranes qui en ont d’alTez
gros.
Ce feroit trop avancer, que de dire que
ces vailîeaux fe forment par une pürè mé-
chanique ; car , ni les obfervations faites fur
l’incubation, ni la proportion qui fe trouve
conftamment entre chaque vaiffeau & fes
enveloppes , ne portent à le croire ; ils forit
grands dans certaines parties , de petits
dans d’autres; leur diredîon eftiixe, & ils
ont toujours la même dans le même ani^
mal.
Les membranes qui ne font point vaf-
culéufes, comme l’épiderme & la cornée
fè réparent au moyen d’un fuc.
C’eft d’un tifîii cellulaire relâché de plus
rempli d’humeurs , que feformentdes iori^-
goûtés, qui fouvenc deviennent très-dures.
§. IX. 1/ devient vaijfeau'x.
Defeartes a enfeigné autrefois que le
fang fe&ifoitfes membranes ; Hippocrate
î’ avoir dit âuïfi long-tems avant , de depuis,
:pêu on a renouvellé ce fyûême. Les fibres
■des vaifleaux qui en font les élémens , naif-
fct d’une fiibftance celluleufe, de fontra;-
îf,2, La Vie
menées k cet état de fubftance celluleufe,
par la dilToiution.
M. Wolf, de l’autorité duquel je fais
grand, cas, a* dit que les vailTeaux étoient
formés par des globules, qui s’ouvrent uti
chemin à travers la fubftance celluleufe,
& il penfe que fes expériences le démon¬
trent évidemment ; de façon qu’il croit que
les vaifteaux n’ont d’autres membranes
qu’un tiftu cellulaire un peu épaiffi , & que
dans le principe, les globules des fluides,
pouflTés par la force de la végétation,: fe
font un pafîage dans les intervalles qji’il
y a dans une matière inorganique, & qu’on
ne peut pas l’expliquer autrement. ,J’ai
avancé auffi , qu’il fe formoit de nouveaux
vaiflTeaux dans les calus ; on ne fçauroit le
nier & que le calus ne prend une nature
. ofteufe, que quand fes vaifteaux font rem¬
plis d’un fluide rouge.
Cette queftion eft importante , & mé¬
rite d’être difeutée avec attention. J’obferve
donc d’abord , que dans les vaiflTeaux , du
moins lés" gros , il y' a manifeftement des
fibres mufculaires ; or, il fuftit qu’il y éh
ait dans les gros vailTeaux ; il y a auffi , du
moins dans quelques: arteres , des nerf»;
■on les voit ‘en grand nombre s’entrelacé
autour! des, troncs artériels , dn: copur, , dês
vifeeres
du -Fétus.
Vilceres du bas-ventre & de rextérieur de
îatête.
Je ne crois pas qu^aucun Ahatoniifte ail
trouvé dans un animal , de fibre mufculaire
ni nerveufe, Formée nouvellement ; il fe fait
felFedivement dans les plaies des mufcles ,
des cicatrices enfoncées • quelquefois mê-^
'me la peau efi: adhérente à fos, li là plaie
à été fort profonde ; dans le partie Coupée
du mufcle, il fe forme ün tiîTu celiulairé
blanc qui te la réunion > mais ce tiiTu
ti’efl: ni rouge ni irritable.
Ou pGurroit croire qu’il fe forme de
nouveaux nerfs y puifque des parties qui
avoientété longtemsinfenfibles deviennent
quelquefois fenfibîes ; mais on expliqué
cela , comme on explique le pâflage du
fang dans de nouvelles arteres : les tuyaux
nerveux j shl en exifte véritablement , fe
dilatant a l’endroit de leurs anaftomofes 5
ces endroits deviennent alîez amples pour
admettre autant de fiic nerveux y qu’il en
faut pour donner le fentiment à la partie ;
perfonne n’a vu renaître de nerf fain ôc
pulpeux , audefîbus d’une ligature, ni après
unanevryfme.
Ôn voit à quoi tout cela tend ; puifque
les arteres ont des mufcles & des nerfs , éé
qu’il ne peut fe former de nouvelles fibres
Tome IL N
ï54
jnufculaires , ni de nouveaux nerfs , il ne
paroît pas qu’une artere ait pu être for¬
mée, limplement parce que le faiig fe fera
fait un palTage k travers le tilTu cellulaire.
En faifant un peu de réflexion , on ne
pourra pas comprendre comment une ar¬
tere qui auroit été formée de cette façon ,
auroit pu avoir des nerfs autour d’elle ;
car s’il y a quelque partie du fétus qui fok
formée avant les autres, ce font les nerfs,
puifqu’ils exiftent les premiers , comme le
prouve le volurne de la tête , & celui de k
moëile de l’épine ; mais dans le tems que
l’embryon , fon cerveau & fa moëile épi¬
nière font déjà exiftans , il n’y a point
encore d’arteres , comme le prétend M.
W^olf, il n’y a ni aorte ni carotides.
Voila ce qui concerne la théorie; mais
quand je me rappelle avec attention ce
qui fe paffe dans le poulet dans le tems de
l’incubation , je vois affez clairement que
les arteres ni les veines ne font point for¬
mées par le pafîage du fluide a travers le
tiîîu cellulaire. M. Wolf a vu pénétrer un
fang rouge, il l’a vu pourfuivre fon che¬
min peu-à-peu , depuis le cœur, jufqu’a
l’extrémité la plus éloignée d’une artere;
de. s’il a cru que le vailTeau n’étoit pas en¬
core formé, c’eil: qu’il y avoir une trop pe-
àlL Vêtus. 19^
rite quantité de globules rouges ; car nous
fçavons qu’on ne peut voir les vaiiTeaux qui
ne contiennent qii’une fuite de globules
quoique rouges ; leur membrane eft fi fine^
qü’on ne l’apperçoit point ; on l’obfervQ
même dans les grenouilles adultes, on n’y
apperçoiç queles globules • & quoiqu’il difs
que les vaiiTeaux dans les grenouilles n’ont
point de parois , sûremenç il n’a pas fait
attention à Tuniformité du cours des glo¬
bules fanguins , qui mettent beaucoup de
tems à faire le même trajet, & qui vont
en ligne droite & en ferpentant.
Ainfi, les vaiiTeaux du jaune de l’œuf,
qui forment la figure, vcincufe ,
depuis long-tems , de avant que le fang îea
pénétrât avec fes globules ; ce n’étoit que
la pâleur du fluide qu’ils contenoient^ qui
les rendoit invifibîes ; ç’eft pourquoi on
pouvoir les appercevoir avec le microfeo-?
pe, quoiqu’on ne pût les voir à Tœü nudi
Or , puifque les vaiiTeaux du jaune de
l’œuf font des veines , car il n’y a aucune
artere qui fafle la cirGulationdans le jaune j
ces veines tiennent donc comme toutes les
veines , leur mouvement de leurs petites
racines, & non de leur tronc.
Suivant la tliéorie de M. ^ oîf , ce de^
Nij
' La
vroierit être les plus petites veines qui fe
formeroient les premières & les troncs les
derniers, & par conféquent les petites^vei-
nes, qui font les racines des ombilicales,
devroient paroître les premières.
Cependant cela ne fe palTe pas ainlî •
j’ai fouvent vu , & Malpighi fa vu de mê-^
me, la partie fupérieure du réfeau veineux
fi imparfaite , que les rameaux inférieurs
qui étoient inférés dans le tronc circu¬
laire , étoient très - apparens , & les ra¬
meaux fupérieurs ou les radicules ne l’é-
toient nullement ; cela ne peut pas être au¬
trement, puifque ces petites veines con¬
tiennent fi peu de globules , qu’on ne peut
les apperçevoir: ce feroit le contraire, fi
le vaiffeau ne fe formoit qu’à mefure que le
fang pénétreroit.
On le voit encore plus diftind:emenc
dans d’autres vailTeaux de l’embryon ; car
premièrement on apperçoit la veine jugu¬
laire avant l’artere carotide; ce n’eft pas
qu’elle ait pu exifter fans cette artere ;
puifque c’eff une veine qui ne peut rece^
voir de fang d’ailleurs ; mais c’efl: qu’elle
eft plus grolTe , & que le fang qui s’y
amalTe la colore. , avant que l’artere ne
foit colorée, ce qui fait quelle frappe la
àu Fétus. |C'97
vue , daus le tems que l’artere qui’ contiènir
très«peu de globules , n^eii point apparente
a caufe de fa pâleur ; f obfervation que
nous feifons ici, eft très - manifefte à la
cuilïe & k la jambe. Les ârteres, ainfi qiie
La bien obfervé M. Wolf lui - même , ne
paroiffent dans le commencement , que
comme des points & des lignes ; ce n’eif
pas que les globules du fang foieiit feparés
les uns des autres, car ces points & ces li¬
gnes fuivent exaétement la direction du
vailTeau qui n’eft pas encore entièrement
rempli de fang, mais les întervales qüi
font entre les lignes rouges font inviii-
bles , parce qu’elles contiennent moins de
fang.
Il en ePc'de même des vailTeaux du j aune
de l’œuf & de la figure veiiicufe'^ cm ces
vailTeaux font divifés en points & en li¬
gnes par la même caufe.
' Enfin , fi on confidere que les veines ont
une certaine proportion avec les artères
qu’elles accompagnent , on ne croira ja¬
mais que c’eft le feul mécfianifme du cours
du fang qui a formé des arteres; car les
veines font apparentes avant les arteres, &
leurs troncs font plus gros , même dans la
figure veineuje, d’où part la veine ombili¬
cale. hépatique j de fi on prétend que les
Niii
La P^ie
vèîhes liront été formées , que parce que
lès arteres fe font , par une force mécha-
nique, réfléchies vers le cœur, il n^auroit
jamais pu y avoir avant cela une circula¬
tion établie; mais de petits rameaux en re^
pouifant le fang , auroient certainement
fait de petites veines, qui conduites au ha-
fard, n’ auroient pas plus été fe rendre au
cœur, que dans tout le refle de la mem¬
brane du jaune qui efl: vuide , & qui n’a pas
encore de vaifleaus apparens.
Mais fl , comme il femble que le pré¬
tend M. ’^olf , les premières veines ont
été formées du fuc provenant du jaune ,
on ne peut pas rendre raifon de la circula¬
tion ; on ne peur pas expliquer pourquoi
le nombre infini des petites veines qui font
la circulation,, feroient venues aboutir au
jaune, plutôt que de fe rendre, comme il
étbit néceflaire , dans quelque tronc vei¬
neux , auquel elles feroient parvenues fans
tant de détours ; on ne peut pas expliquer
non plus , pourquoi , par la circulation , la
veine a été fe rendre plutôt dans le fétus
que dans la membrane du jaune, qui efl:
vers la pointe de l’œuf ; pourquoi cettê
veine a formé un cœur , & ce cœur des
rameaux ; elles auroient dû former un lac
qui fe feroit aggrandi de jour en jour.
du Fitüs^
comme ferorent dès ruiiTeaus. qui vien-^
droient fe reudre dans une vallée. Enfin , on
ne donne point la raifon de ce qu’un autre
ruilTeau, en forçant de ce lac, fe divife en
gouttelettes ,& de ce que ces gouttelettes
qui font des brandies d arteres , font en-
fuite des veines. Ce Seavanc ne promet
point de rendre raifon , de ce que des vei¬
nes qüi ne viennent point d’arteres ^ pro-
duifent manifeftemenc des veines, peu de
tems après leur origine, quand elles font
diftendues par une plus grande quantité dé
fang.
Enfin , ce font les veines qui paroilTent
les premières , même dans la tête de Fen>-
bfpon , les arteres ne paroiffent que les
dernieres. Pour nous en tenir au même
exemple , aucunes des veines fournies par
le jaune n’ont pu fe rendre dans des vei-
hes ; il eft néceffaire que tout ait palfé des
arteres dans les veines ; & l’analogie nous
porte à croire que l’origine des veines eft
la même dans toutes les parties , que dans
î’aire du jaune elle n’efi: pas différente : dans
la tête du fétus, elles viennent d’arteres.
Plus je fais réflexion fur l’état de l’em¬
bryon naiffant , pîuls je me perfiiade que
toutes les parties fe font formées dans le
même tems j les arteres en même tems que
Niv
ioo Zæ T^îc
les veines , les vifceres , les nerfs qui îesaca
çompagnent ^ ôç les os.
Jamais le hafàrd n auroît pu unir en-i
femble une artere dont l’origine eft au
cœur, une veine continue à une artere, &
un nerf qui a toute autre origine , qui vient
du cerveau , & en faire comme des, faif-.
ceaux qui s’accompagnent dans tout l’ank
mal fans fe féparer, ü dès le premier inf-
tant de la formation , la nature n’avoiti
donné aux afteres de aux veines , des nerfs
pour les accompagner.
Jamais le cœur n’auroit reçu le fang
qu’il avoit envoyé aux parties , fi l’ artere
avoit exifté avant la veine ; l’embryon au
contraire périt, dès l’inftant qu’il eft privé,
du Jlimulus que le cœur reçoit du fâng vei¬
neux \ & fi la veine eût exifté avant l’ar-
tere , il eût été inévitable que le cœur,
dont l’irritabilité eft extrême , n’eût fait
palïer par rouverture 4^ l’aorte , qui eft
d’une grofleur prodigieufe en proportion ,
la grande quantité à,Q fang que la veine ap^
porte à un fi petit embryon, de ne l’eût fait
fe répandre dans fqn tifiu, qui n’eft alors
qu’un, mucus léger & très-mou. Ce que j’ai
dit du développement , confirme ce que
l’avance ici,
Q’eft pourquoi je fuis très-porté a croirez
du Fétus.. 2.01
que la nature a préparé pour des caa pré¬
vus,. quelques fecours néceffaires pour ré¬
parer les parties, qui pouvoienc être répa¬
rées \ qu’elle a multiplié ces fecours ^
en raifon des différens dangers auxquels
font expofés les animaux, mous, géla¬
tineux , longs , & grêles comme fé-
crëvifle , le polype, le lézard & le ver;
mais qu^elle les a diminués dans l’homme ,
qui eft doué de raifon ; de; façon cependane
que le tilTu cellulaire pût fe réparer,, que
les parties diyifées pufîent fe réunie, &
les arteres . fe former par le moyen d’un
^lutéri , ou qu’il pût fe percer des canaux,,
dans un gluten qui auroit peu de longueur.
Mais il me paroît aufïi difficile de con¬
cevoir qu’il puilTe fe former un animal
d’une matière informe , par la feule forco
de i’impulfi-on , que d’efpérer qu’il naîtra
un fleuve du lac de Genève , dont les bras
relTembleront à un aigle,
§, X, Idée- de Fembry an avant fan
iraijfement.
Nous parlerons de l’embryon , tel que
nous l’avons' vu dans lés quadrupèdes,
peu-près un mois après l’imprégnation , &
tel que nous l’avons vu dans l’œuf, le fe-
CQnd ou rrQifîemô jour' de l’incubation ^
2,02 La Vie
de îa grandeur de deux lignes ; car il eft
diiEcile d’avoir alTez d’embryons humains^
il n’eft pas aifé de fçavoir précifément les
époques • enfin il n’eft pas poffible de faire
une comparaifôn entre les jours dé la coû-
ceprion du fétus , & ceux de rinciibatidill
un poulet de trois jours efl de de poli¬
ce, c*eft-a-dire qu’il a de longueur le qua-
tante-cinquieme de ce qu’il doit avoir, fi
on fuppofe qu’une poule a huit pouces dé
long; mais un fétus humain qül âuroit lé
quarante-cinquieme de la/grahdeur d’ua
adulte, aurqit de pouce, & parcon-
iëquent plus d’un demi - pouce ; il feroit
trop avancé pour notre objet. C’eft encore
une nouvelle preuve qu’un poulet , au
:troiiienie jour de l’incubation, équivaut
peu -près à un fétus de quarante jours
'pour le degré de diveloppemeot ; & que
viiigt-un jours dans le poulet , équivalent
a trois cent cinq dans Thomme.
Ainfi, pour nous en tenir a l’exemple
jdu poulet, à la fin du cinquième jour tous
fes os font cachés fous la forme d’une ge¬
lée; les uns font plus parfaits que les au¬
tres, &■ ce font communément les vertè¬
bres qui font le plus apparentés.'
i Le tiiêmë embryon a aufïi" tous fes vaif-
feaux, quoiqu’on ne puifTe.en'voir qu’un
du Têtus, 103
très-petit nombre à Toeü nud ; mais la rai-
fon nous dit que dès ce tems il a pris nour^
riture ; que d’une goutte de femence qu’il
étoic , il a pris un peu plus de yolume , &
que la matière de fon accroilTemeiir lui a
été apportée par le moyen des altérés &
par la force du cœur.
Par conféquent les veines étoient par-,
faitemènt formées.
: Ceux des vailTeaux qui fcnt les plus par¬
faits, font ceux qui font fur les vertèbres,
ou qui font renfermés dans la poitrine &
le bas-ventre & ceux qui font dans les ex¬
trémités , font plus imparfaits, c’eit-à-dire
plus grêles & plus courts. .
Quoiqu’on ne voie point de nerfs , la
groffeür dela tête, le volume de là moelle
de i’épine , & l’état dans lequel eft lé fétus
plus avancé, nous font juger qu’il y en a
par-tout où il y en a dans les adultes ; oa
voit les yeux prefque tout formés , mais ils
font fans couleur.
Les tégumens exiftent , dt il n’y a point
d’obfervation sûre , que le cœur ait été
fans fon péricarde ; ils font aulli fins que la
toile d’araignée ; cependant le long du dos,
on fépàre la peau du tiifu cellulaire qui eft
defîbus ; il n’y a point encore de plumes
dans le poulet ni de duvet.
204
Dans le bas-ventre , la même gaine con*^
tient le cordon, ombilical & une grande
partie des vifceres.
On n’en apperçoit aucun ‘ ce n’eft pas
qu’ils n’exiftent pas encore, car dès la fin
du quatrième jour , le foie eft déjà très-
gros, & on auroic pu, le voir , quoique bien
plus petit , s’il avoit été coloré.
On diftingue aufli les; véficules du cer¬
veau , mais la fubftance. de ce vifcere eft
fluide.
Le cœur efl le feul des mufcles qui foie
parfait & irritable ; les mufcles exiftoient
cependant fous une forme muqueufe; on
en eft convaincu , li le premier jour qu’on
apperçoit les mufcles dans le poulet , on
fait attention a ce qu’ont dû être les mem¬
bres auparavant ; oc quand on n’apperçok
encore que de la mucofité , on peut lui
faire prendre quelque confiftance avec du
vinaigre ou de l’efprit de vin ; car par
ce moyen , des chairs qui étoient tranf-
pârentes cefîeront de l’être. Il n’y a point
alors de tendons , car pendant tout le tems
(de la geftation , ils font mous, épais, pleins
de fucs, ils different peu de la chair des
mufcles, & ils n’ont ni le brillant ni la du¬
reté que l’on remarque aux tendons, des
adultes.
%
dû Fctiis.
Les membres commencent k être vifi^
blés , mais ils font peu de faillie & font
tout muqueux.
Le tilfu cellulaire eft comme une mu^
coûté , & prefque comme de l’eau j c’eft
pourquoi , quand l’animal eft plus avancé ,
les vailTeaux du foie, qui alors font plus
fermes, font fi apparens le neuvième jour,
qu’on croiroit qu’ils feroient ifolés , & qu’ils
ne feroient attachés enfemble que par le
moyen d’une matière prefque fluide ; on
leur donne aufli plus de confiftance, par
le procédé dont nous venons de parler;
les membranes font k-peu-près de même
efpéce ; elles font cependant un peu plus
folides.
C’eft d’après ce que j’ai vu que je dis
eelay & par conjecture , j’âjoure qu’alors
les fibres & les feuillets du tiflu celîulairey
dont eft compofé le corps de l’animal, ont
très-peu de principes terreux, & qu’il y a
entre ces principes beaucoup de gluten ,
qui unit les fibres & les feuillets.
Nous en avons un exemple dans les os ,
dont le milieu , qui eft la partie qui fe dur¬
cit la première, eft dans le commencement
très-étroite, & fe dilate tout de fuite; au
lieu que dans l’épiphyfe , qui eft fort éloi¬
gnée de ce centre, il commence k fe for-
lôë La Vit
mer un autre centre offeux ; on voit dans
les os du crâne quatre à cinq points d’offifi-
cation , paroître dans le gluten , qui s’éten¬
dent beaucoup , & ne forment qu’un feul
os, par l’augmentation du principe terreux,
& la diminution de la partie gîutineufe.
Qn voit de même dans la fibre mufcu-
laire , dans le vailTeau & dans la membrane
des parties terreufes , qui font comme des
îles éloignées les unes des autres, comme
|)ardes efpaces glacés.
Il eft queftion à préfent de faire voir
comment l’embiy on fort de l’état que nous
Venons de décrire , & comment en beau¬
coup de tems , & par l’adion répétée des
caufes formatrices , il parvient enfin â l’é¬
tat de fétus parfait.
M, Bonnet regarde la fibre , en tant
qu’elle appartient à la nutrition , comme
un rézeauplus lâche dans l’embryon , dans
les mailles duquel peut fe dépofer le fuc
nourricier.
§. XI. Caufes du mouvement du fang dans
Vembryon.
L’air paroît être la principale caufe du
mouvement du blanc & du jaune de l’ceuf,
puifque l’œuf efi: féparé de la poule; dans
l’homme , c’efi: la fondion du cœur de la
du Fétus, 2,07
niere ; c’eft lui qui fait pafTer le fuc nour¬
ricier des arteres de la matrice , dans le
placenta.
La force d’ofcillation des vailTeaux dont
parle ’Whytt, a moins lieu dans Fembryon
que dans l’adulte, puifque l’irritabilité dont
il la fait dépendre , n’eft encore fenfible
que dans le cœur.
Et il eft aflez évident qu’on ne doit pas
beaucoup efpérer de cette force d’ofcilla-
tion , même dans l’adulte, puifqu’on ne
peut la découvrir avec le microfcope , dans
la crévalTe d’un petit vailTeau coupé.
L’exemple de la nutrition des végétaux
pourroit porter k croire qu’il y a une certaine
force de chaleur, capable de donner de l’ex-
panlion, comme iî arrive quelquefois , que
pendant les chaleurs de l’été, le poulet a plu¬
tôt atteint l’état de perfection , & que les
fluides du corps de l’animal ont moins de vi¬
vacité dans le froid;mais nous avons fait voir "
que iesinfe<9:es croilTentpromptement fans
chaleur propre ; que les poiflons vivent &
croilfenr fans la chaleur de l’air dans la
mer boréale, entre des Ifies glaciales ; que
par conféqueiir on ne peut pas beaucoup
compter far la chaleur : à la vérité, il y a
de la différence par rapport aux / œufs cou¬
vés , il eff certain que l’air en eit la puif-
2oâ Vh
lance motrice ; or-, rélafticicé.de rairs^àug*
mente parla chaleur, dans un endroit closi
il falloir une caufe motrice particulière
dans l’animal , après qu’il eft féparé de fa
mere^ qui pût mettre en mouvement le
blanc de l’œuf qui eftvifqueux, & le jaune
qui eft grumeleux ; fi les infeftes paroiflent
avoir befoimd’une chaleur extérieure pour
prendre leur accroiflement , on peut en
attribuer la caufe tant à la vifcofité de leurs
humeurs, que la chaleur de l’air rend plus
fluides , qu’à ce qu’ils n’ont point de cœur.
Ou qu’il a peu de force • leur ftrufture eft
' toute autre, elle n’eft point vafculeufe.
Une fécondé puilTance végétative eft
une efpece de fuccion des vaifteatix capil¬
laires; car il jfemble que c^eft par ce feul
moyen que leurs racines & les pores abfor-»
bans peuvent prendre la nourriture ; c’eft
pareillement par ce feul moyen, que l’hom¬
me paroit attirer par les vailfeaux laâés,
le chyle qui lui fert de nourriture ; on fçait
que c’eft par le moyen dont nous venons
de parler , que généralement dans la na¬
ture , les fluides s’incorporent avec les fo-
lides ; que le? fucs qui colorent les plan¬
tes , & qui teignent le blanc des pétales ,
font attirés dans les tuyaux capillaires des
plantes , fans l’adion d’un cœur ; c’eft auffi
par
du Füü's. 2,09
par atrraâion' que les humeurs animales
parviennent aux membranes folides • je l’ai
obfervé» . ,
Je ne nie pas l’exiftence de cette puif-
fance, & je conviens qu’elle fait parvenir
le’ fuc nourricier dans les interftices & les
vuides qui fe trouvent entre les élémens ;
mais quand je penfe -a la rapidité avec la¬
quelle des globules fanguins ifolés , font
mus dans les petits vaiffeaux, & combien
ils s’écartent peu de leur route dans des
Yaiffeaux un peu plus gros , pour être atd-r-
' rés vers les parois de ces vailTeaUx * je n’ofe
attribuer a cette puiirance le , mouvement
du: fluide d’un, tuyau capillaire., éloigné
du point d’attradion. Je comprends qu’un
élément folide attire la molécule de. fluide
qui efl: près de . lui ; que cette molécule en
attire une autre, & cèlle-ci' encore Une aun
tre , de que ia vîteire^diminue , en raiCon
de la diftanee des particules, qui font atti¬
rées , du centre de l’attradion , ç’eft-à-dire
de l’élément folide. Quand les rameaux ca¬
pillaires font pleins , ils n Ont point d’air-
tracfcion.
Ainfi , la vraie caufe du mouvement
qui fait parvenir le fuc nourricier dans les
parties , eft leOcœur même y fi fa force dir
minue , l’accroiflement du poulet languir^
Tome IL ^ O
210 La
les vaifleaux • ombilicaux fe développent
plus lentement , au lieu d’être rouges ils
font pâles , & un fétus de quatre jours n’eft
pas plus avancé que le feroit un de deux
jours , dont le cœur auroit toute fon ac¬
tion; fi cette force eft enlevée, Taccroif-
fement cefîe tout-à-coup , le fétus refté
dans l’état où il étoit au moment qu’elle à
Cefle , & le fuc nourricier qui auroit pro¬
duit des vailTeaux dans les membranes,
qui auroit donné au fétus des mufcles &
des vifceres , fi le cœur avoir été aülîi ac¬
tif qu’il auroit dû l’être ; ce fuc fe diflbut ,
& n’eft plus qu’une humeur corrompue &
très-fétide , & cependant la force de la cha¬
leur , de l’air & de l’attraétion eft reftée.
Il y a dans le cœur du fétus, toute la
force polîible pour procurer l’accroifte-
iîient.
C’eft pourquoi il eft plus gros & plus ir¬
ritable , & fe meut avec plus de vîtefîe.
J’ai trouvé le cœur du poulet dans l’œuf>
à la fin du cinquième jour de l’incubation,
de la groffeur de 1 2 centièmes de pouce,
plus gros que le foie , qui en avoir 9, & que
le poumon , qui eft de beaucoup plus gros
que le coeur dans l’adulte ; dans les pre¬
miers jours , il eft de la groffeur de la
tête du poulet. Ceux qui ont nié depuis
du Vhm* ait
ptü que ïe cœur du fétus fut fort gros ^ &
qui ont dit que c’étoienr feuiement les
oreillettes qui étoient plus grofles , de fâ-^
qon que l’oreillette ^droite ï’étoit plus que
tout le cœur , n’ont mis en parallèle que
t’oreillette avec le ventricule gauche, dans
un embiyon tout récent , & encore ont-
ils un peu exagéré ; mais ils en ont cmai-
îiement trop dit à l’égard du poulet déjà
éclos. ^
Robinfon , qui a mis en parallèle le cœur
d’uni animal adulte avec celui du fétus, a>
trouvé; que dans un veau abortif , le cœur
étoit à la totalité du corps , comme a é 2.%
à ; 427488 j de daiis la vache , comme
24528 2^4^137^» La différence efl: donc
comme 1 5 9 à 2^9; Âinfi , le cœur dù fétus
eft en proportion plus grand que celui de
i’animàl adùlte; ainfL, celui du fétus eft àt
celui de l’animal adulte j comme 2é à 15 ,
c’eft~k*-dire comme 5 à 3 , ou dans l’hom*
me , comme 3 k 2 , fuivant le même Au '
teur; M. Sauvage a eftimé la proportion du
cœur du fétus k celui de l’adulte , comme
C k 80. Préfentement, comme le cœur d’un
adulte pefe 12 onces, & que celui du fétus
eft k 1 2 onces comme é k 80 , dans cette
fuppofition , le Cœur du fétus fera de H ,
c’eft-à-dire qu’il pefèra unpeu moins d’une
Oij
212 ^ Vît
once. Le cœur de radulte fera la 2oo«.
partie du poids ■ de tout le; corps , & ce¬
lui du fétülla .quatre>;vmgtiemev c^eït-à-'
dire qu^ilfera en araifcm du cœur de l’adulte
comme à 2j:'j ;
: ‘Le, gjdeur du poulet au bout deiao heu¬
res^ efl à fon corps comme -h à toutes
cliofesvégales d'àilieurs , ce qui n’eft pas *
mais çetçe égalitéji eft pas bien néceffaire ;■
le cœur d’un homme adulte eft à fon corps
comme j'aih’Soo.; tous ces rapports font
flr, cLeft-a - dire, comme
% 43 à , (if ; ainlî , la proportion ; entre le
cœur du poulet & fon corps , eft en raifon;
quadruple, de celle qu’il y a entré le cœur
d@;Lhéîîime adulte & fon corps.;
; . Dhns mon expérience y le cœur > du fétus
fera ieâcore plus grand- en raifon du corps p
mais il eft extrêmeméncirritablè :^ c’eftfà^-i
dire qu’il à une* force, vertu cohtràftilè y
6c qU' il fe met très-facilement en, qéü ,;
daiis.le.rems quel’eftbmac, les inteftins,:
6c;.mêmé: tous les miifcles , fontinfenfibles
a tout ÆO, qui devroit les.;agacer. h ; ■ =
: Il fe meut aveorune très - grande. rapU.
dité.,; il;a prefque- 1 4.0. pulfationsidan&rurie';
minute.r- : ;■> ... ■ - . ; : -i.:..,.
, Si qn.eftime à^ 100 les pulfations dans ';
un pifeau • adulte , 'efFeftivemént il n’y en a
.pas beaucoup moins , & le cœur d’un oi-
du Faits 2:1 -J
£eaü adulte a 1 de celui du fétus ü' paf^‘
fera dans lé même tems donné 760 partiés
de fang dans le cœur du fétus , & 200"
dans celui de Fadulte j e’eft-à-dirë plus de
deux tiers de moinSi
Mais il en paffe encore davantage y car
dans le cœur du fétus , tout le fang eft
poulfépar les trois racines de l’aorte; il en
paffe 11 peu dans le poumon 7 qu’on peut
le regarder comme rien , & il n y a pas la
moindre trace de ventricule droin
Ainfi , dans un jeune embryon de poule,
il fortira de. l’aorte prefque fepü fois plus
de fang, qui ira circuler dans tout lecOrps
& fes dépendances, qui font les membrà-'’,
nés; & je le répété, c’eft beaucoup davam
tage que dans l’adulte ; car c’eil le eœür
d’un fétus à terme que M.' Boiffier a mis en-
parallèle ; & il en paffe bien davantage en
proportion , dans un fétus bien moins âgé.
Dans l’homme, l’aorte a deux racines;
je crois que tout s’y palTe de même. •
Ajoutez à cela la mollefTe de toutes les
parties dans le fétus, & la facilité avec la- "
quelle le gluten dont tout fou corps eft
Gompofé , cede à l’impulfion , & on aura
allez de raifon pour croire que le cœur
furmonte dans le fétus la réliftance des' ar¬
tères, comme l’accroilTement même le dé-^
O iij
214 La Vie
montré; il la furmonte même dans la-
dulte , puifque c^eft par lui que le fang eft
poulTé, & qu^il l’eft fuivânt Faxe de Far-
tere , & que Fartere s’étend fuivant la per¬
pendiculaire ; mais lorfque la concradion
eft égale .à Fextenfion , elle n’^égale que la
partie de forces du cœur qui augmente Far¬
tere dans fa longueur; dans le fétus, le cœur
la furpafle beaucoup plus , car il eft très-
fort, & les arteres font très-foibles.
§. X 1 1. Caufcs auxiliaires.
J’attribue au cœur feul le mouvement
de la circulation ; mais je ne lui attribue,
pas celui qui fait la nutrition du fétus ; car
je la regarde plutôt comme FelFet de la len¬
teur du gluten nourricier , & de fa force
d’attradion.
Il eft évident que la nutrition demande
du retard , & qu’il faut que les petites par¬
ties alimentaires s’uniftent aux parties qui
font déjà formées dans le fétus.
, Ainfi, la vifeofité à\i gluten fait que les
vaifîeaux qui ne font encore que mu-
cîlagineux , éprouvent de Fexpanfion
& ne fe rompent pas ; je me repréfente
les bulles de fàvon de Fim mortel New¬
ton ; les intervales du tifîu cellulaire ,
font comme ces véftcules ; & les vaif-
, du Fétus. 21')
féaux , quoiqu’ils ne foient pas fphériques ,
peuvent cependant fe dilater dans . tout
fens, comme il arrive dans la verge , pour¬
vu que le fluide par fa vifcofité, ait plus de
facilité à céder près du cœur ,, & plus de
difficulté dans les parties qui en font plus
éloignées , ou qu’une partie de la preffion.
de tout le fluide fe dirige vers les cotés.
Cette même preffion fait que de nou¬
veaux principes s’uniflent plus facilement
aux efpeces de noyaux terreux des fibres
de l’embryon , & pareillement, a fa p^ie:
glutineufe, & s’incorporent avec ce qu’il
y a de fait de l’embryon ; il faut donc à
caufe de cela fuppofer de la vifcofîté , cp*
fans cela il n’eft pas poffible qu’il y ait de
nutrition ; les animaux ne peuvent vivre
feulement d’humeur aqueufe ; & fi les plan¬
tes paroiffent fe nourrir d’eau, nous fça-
vons que l’eau efl: capable de prendre de la
vifcofité ; on la voit filamenteufe, peu de
rems après avoir été puifée; en Allemagne
les eaux le deviennent plus promptement
que celles de notre pays .
Il efl donc néceflaire qu’il y ait aâioa
& réaiflion , pour produire la nourriture &
l’accroiffement; c’efl le cœur qui produit
faction, & la réfiftance qu’oppofe le fluide
O iv
2ï6’ La Vie
à caufe de fa vifcofité, fait la réaction ;
ce fluide fe moule aifément , & ne de¬
mande qu’a s’attacher.
§. X 1 1 C’eji Vartere qui charie U fuc.
La première & la plus fimple fondion
du cœur , eft d’envoyer à toutes les parties
du corps de l’animal , du fan g, ou u ne hu¬
meur nourricière , fi elle n’a pas encore
acquis la couleur rouge ; c’efipar le moyen'
des arteres & des arreres feules que cela fe
fait.
Il y a un exemple qui le prouve : un
homme eut l’avant-bras coupé , même les
os , de il ne refea d’entier que l’artere ra¬
diale ; toutes les parties fe réparèrent, le.
membre recouvra fa chaleur naturelle, & le
pouls , & tout ce qui avoit péri du bras fut
réparé ; c’eft auffi par le moyen des arteres
que la partie alimentaire fe dépofe dans le
tifiii cellulaire ,qu’ elle y eftmue , & quelle
s’y applique.
■ Gar il tranfude une humeur dans ce tiflii ,
p^r les pores invifibles des parois des. arte¬
res; fi . ces pores étoknt obliques , & s’ils
fortoient des arteres en maniéré de petits
tuyaux allongés , la matière qu’ils renfer¬
ment poiirroit. être poofîee par une fuite
de l’adion du cœur , jufqu’à un certain
du Fétus. 217
point , perdre defon mouvement, de pren¬
dre la figure d’un filet, autant que fa mol-
lelTe & la réfiftance qu^ elle rencontre , au-
roient diminué le mouvement quelle au-
roit reçu du cœur ; c’eft de cette façon
qu’on peut croire que fe forment les fibres ,
& que le tiffu cellulaire croît en long ; &
c’eft la la tranfudation à laquelle on a at¬
tribué la nutrition. '
§. X I V. Uartçre allonge.
Il efl: même tout fimplè que chaque pul-
fation du cœur allonge l’artere ; on en voit
la preuve dans l’animal ^ vivant , dans les
plaies, & dans les ârteres que l’on injecte,;
Il eft évident qu’une artere conique's’al-
îonge , lôrfque le fang,pàflantd’un calibre
plus large dans un plus étroit , rencontré
une efpece d’obftacle à fon cours; cela ar¬
rive auffi dans une artère cylindrique-, &
cela eft fur - tout remarquable dans une
qui eft bouchée , ou à laquelle on a fait une
ligature ; il en eft de même du cœur , quî^
quand il eft rempli , dévient en même tems
& plus large & plus long, fi on en bouche
la bafe. ;
Ç’eft pourquoi plus l’extrémité d’ Une ar¬
tere éprouvera de réfiftance , ou de la parc
des os, ou par quelque matière coagulée ,
21 8 Vit y
plus elle fera courbée ou comprimée , &
plus il eft évident qu^elle s’allongera , car
tous ces obftacles font le même effet que
Il elle étoit plus ou moins bouchée.
Ainfî , une artere fîmple & libre dans
fon extrémité , s’étendra & deviendra plus
longue , & allongera avec elle toutes les
parties avec lefqueiles elle a des, conné-
xions ; c’eft-à-dire le tiffu cellulaire , les
mufcles , les os même ,. & tout le membre ;
die fe raccourcira à la vérité dans la diaf-,
tôle qui fuivra immédiatement.
Cependant comme nous fuppofbns que
la réfîftance eft moindre que la force d’im-
pulfion, l’artere s’étendra plus qü’elle ne
pourra fe raccourcir, elle reftera donc plus
longue ; on peut croire que c’eft par le
même méchanifme, & fîmplement parce
que les arteres font pouffées en avant , que
fe forment ces petits prolongemens de
tuyaux exhalans , & ces filets artériels,
qu’on voit à la furface des cavités, & les
poils ; l’extrémité conique de toutes ces
parties ne fouffre aucune preffion , & n’a
rien de continu qui ait befoin d’impulfton
pour être pouffé en avant.
Auffi les poils , les cheveux , les ongles,
pouffent-ils très-promptement.
C’eft ce qu’on voit plus évidemment
du Titus. 219
que par-tout ailleurs , dans les vaiffeux de
la membrane vafculeufe qui fe forme après
l’enveloppe du jaune d’œuf, de qu’on a
pris pour l’allantoïde ; les arteres de cette
membrane font un réfeau bouché , qui fait
une efpece de fac dont l’extrémité eft ifo-
lée & n’a point d’ ouverture.
C’eft pourquoi j’ai trouvé cette mem¬
brane longue de de pouce au bout de
142 heures* au bout de i6é heures elle
avoir -Hi de pouce, & au bout de 190
heures ; dans l’efpace de 24 heures , les
arteres de la membrane ombilicale avoient
plus du double de cette" longueur , & dans
l’efpace de 24 autres heures , encore plus
du double.
Voilà ce qui fe paffe à l’égard des arte¬
res qui font libres ; car celles qui tiennent
à quelque partie du corps croiffent bien
plus lentement, parce qu’elles allongent en
même tems la partie à laquelle elles font
attachées ; on en voit la preuve dans les
os , les membres , & enfin dans tout le
fétus ; car les os , meme dans le commen¬
cement de l’incubatiqn , croifîent dans l’efi
pace de 24 heures dans l’ordre fuivant , 9 ,
lOï, 141, 17I, 2<3 , 3é, c’eft-à-dire pas
tout-à-fait en raifon de la moitié; j’ai vu
pareillement que l’accroiffement du fétus 3
220 LaVîc
depuis le commencement du fîxieme jour,
s^eft fait dans l’ordre fuivaiit , 8^1 j 112 ,
1 3'3i , 1 364 , 1 88 , & en proportion dans
de plus courts intervales.
Cet accroilTement ne fe fait que parce
que l’artere qui étoit courbée & pliée, s’é-^
tend en ligne dire(3:e, & par-là donne tout-
à-coup lieu à un grand accroilTement en
long; c’eltauffi ce qui produit le développe¬
ment des ailes des papillons, qui fe fait par
l’abord de l air &; du duide dans les vaif-
feaux nerveux des ailes.
C’efl: là ce qui fe palTe dans une artere
qui eft en ligne droite, & dont l’extrémité
efl; libre ; dans une artere coudée , les angles
des courbures deviennent plus aigus, parc©
que la première ligne du vaiiTeau s’allonge
plus que la fécondé.
Mais auffi les canaux en croilTantjde
droits , peuvent devenir coudés , li quel¬
que extrémité d’artere a fait réfiftance ;
je penfe que p’eft de cette façon que fe
forme de pii de la carotide fous le crâne ;
en partie parce que le fang , en pénétrant
à travers du crâne , dans la fécondé ligne
du tuyau , éprouve, un choc j & en partie
parce que l’angle ofîeux qui fe rencontre
là , lui fait réfiifance.
du Fétus, 221
^ §. XV. Uartçrc Je dilate,-
Comme il n-y a point d’artere qiii n’é-
prdùve une prefîion latérale , & que cette
preffiori augmente pair lès replis deCartére ,
par lés bbftacles qui fë préfentént , & par
tout ce qui eft capaMé de eoïTiprimer, 2 fe
fera aüiîi une préffiqh fur les- àrtérés de"
V ènibryon , & cêtte -prelîîori poulTerà le.
fang perperdiculairemënt à Taxe Les^ar-
teres du fétus auront auffi des puîlàtions ,
comme - il eft aifé ' de le voir dans celles
qui âvoifinept le cœur, & dans les arteres
ombilicales , f a^'tere ne s’allongera donc
pas feulement i, mais- elle s’élargira en mê¬
me tems -
Il y a beaucoup de chofes qui dépen¬
dent de cette prelïion latérale ^ c’eftpar elle
que le fuc nourricier eft ferré contre les pa¬
rois de l’arteie, c’eft elle qui force Ce- fuc
dê- s’échapper parles branches latérales éc
par le& pores , pour fe répandre dans les
petits efpaces voilins 5 de qui le fait péné¬
trer xîans la profondeur de ces petits efpa¬
ces, par-tout où dpeut fe faire adhérence
Mais auffi tout ce qui eft foumiaà l’ac¬
tion du fang, qüi tend vers l’axe de l’ar-
tere , éprouve compreffion ; la parois mê¬
me dcl’ârtere fera ddùç comprimée y W
221 La Vît
fon épaîlTeur diminuera même du trîpîe ;
les particules aqueufes feront broyées, mais
ce qui eft glütineux aura fes principes
plus rapprochés & plus capables de s’unir,
puifqu’ils fe toucheront dans une plus
grande furface, l’artere en deviendra plus
épailTe^ celles qui font aux environs du
cœur éprouveront ce changement très-
promptement, elles deviendront folides &
opaques, tandis que dans tout le refte du
petit corps elles refteront minces comme
des veines • mais on pourroit porter cela ,
jufqu’au point de croire que les petits vüi-,
des formés entre les principes à demi dé-
funis , s’élargilTent , & prennent la forme
d’un enfoncement conique, dans rendroif;
qui répond k la cavité de l’artere , & où
ks principes du fang ont été défunispar,
fon impétuofité ; que le fuc nourricier
adhéré plus facilement dans ces petits vui-
des, puifqu’étant le lieu le plus éloigné de
l’axe de l’artere, il y a moins de mouve¬
ment ; & qu’enlin ce fuc y eft pouffé par
la force latérale, comme k l’extrémité du
rayon qui part de la perpendiculaire.
Gene fera pas feulement la parois . de l’ar¬
tere qui fera comprimée, mais il fè formera;
de petits creux dans le tiffu cellulaire des
environs , la partie la plus fluide abandon-
du Fétus, 223
nera îaplus épailTe, &fera repompée parles
petites veines ; & ce qui fera plus épais, fe
rapprochera de même , s^unira , & en pre¬
nant de la folidité , s’incorporera avec far-
tere ; la mucofité formera donc le tilïii
cellulaire.
Cette même force agira de toutes parts
fur la fibre mufculeufe , fur les membranes
& fur les os ; & la chair molle & gélati-
neiifé de l’embryon prendra peu-à-peu de;
la confifiance. '
Il eft fi certain que les parties qui àVoi-
finent l’artere prennent cette cônfiftance ,
que c’eft aux environs du cœur de l’em-
bry on que : fe forme la première folidité ^
& que le fétus étant parfiLit dans fes parties
fupérieures , a les parties inférieures ( oii
les afteres font moins dilatées ) toutes géla-
tineufes. Berenger n’a pas ignoré cette dif¬
férence. -
Enfin , ; la puiflance qui poulîé; le fang
fuivant la ligne droite de rartere , & fui-
vant fon axe , dcicelle qui l’éloigne de l’axé
fuivant la perpendiculaire , dr^nent lieu à
l’effort que fait le fang pour pafier dans
les rameaux qui partent des cotés des artè¬
res ; cet effort produit plufieurs effets ; pre¬
mièrement , le . fang pouffé par ces deux
puilfances combinées, pourra parvenir juf-
114 ^ ^ Vu
qu’à des parties , où un mouvement plus
foible n auroit pas pu le faire pénétrer.
■ C’eft par-là que deviennent rouges les
vailTeaux du fétus qui n’avoient point de
couleur, & qui ne charioient qu’un fluide
clair , ou qui n’avoient pas aflfez de globu¬
les rouges pour donner de la couleur; j’ai
vu ce changement de couleur dans les
troncs mêmes des arteres, par lefquelles le
fang fe détourne en augmentant de vîtefle
dans fon mouvement.
C’efl; ainii que le fétus qui étoit d’une
couleur pâle , devient enfin très - rouge ;
c’efl: ainfi queles vifceres, le poumon, le
foie même, qui étoient comme cachés a
caufe de leur tranfparence, deviennent vi-
fibles. . :
C’éfl: la même caufe qui étend le réfcau
vàfculaire. ‘ En' penfant' à l’accroilTement
fubit de la membrane que mal-à-propos on
appelle allantoïde dans les qifeàux , j’ai vu
avant le troifieme jour , que cette mem4
brane h’avoit prefque point de largeur, &
qu’elle étoit comme un cordon grêle ; c’efl:
pourquoi le tronc artériel, &; les rameaux
qui font très -près: de ces troncs ont du:
être pfefquêi parallèles , & les., angles que
faifoient les rameaux avec les troncs , très-
aigus. i
Dès
dü Fétus. 21%
Dès que lefang a pénétré dans ces vaiC*
féaux J auffi-tôt les branches de fartere s’é¬
loignent du tronc, & dans la même pro¬
portion que croît toute la membrane , les
■angles que font les branches avec les troncs
croiffent auffi ; il fe forme entre les bran¬
ches qui font écartées les unes des autres ,
des efpâces blancs , & les angles devien¬
nent plus favorables à l’abord du fang ,
jufqu’à ee que parvenus à quarante - cinq
degrés , ils aient alors l’étendue la plus pro¬
pre à iâiffer pénétrer le fang ; c’eft le mê¬
me méchanifme dans les feuillès, car quand
la feuille efl: toute petite , fes fibres font ra-
mafiees en un faifceau, elles s’écartent par
la fuite, & forment entr’elles de grands
angles ; c’efi: de même auffi dans les os, car
dans le premiér tems dè l’embryon , il ne
paroit dans l’os qu’une tache rouge, en-
fuite deux, & peu-'a-peu î’artere qui feni-
bloit être unique , efl; une continuité circu¬
laire de plufieurs arteres , & enfin d’un très-
grand nombre. Ç’efl; k cette caufe que je
rapporte i’accroifiement des arteres dans
lés tumeurs , qui de très - petites qu’elles
; étoient, difiendent les membranes de-
;viennent groffies , & qu’on ne peur pas ,
quand elles ont acquis tant de volume ,
. extirper fans danger. C’efl: auffi ce qui
Tome, JL ' P
42,1^ La Vie
nrrivQ k la matrice pendant la grofleife ;
^ rexpànfion des ailes, qui dans le papil¬
lon étoient püees , eft encore du même
genre.
Ainli , pendant que les arteres , les
veines qui leur font continues , & le
tiffu cellulaire s’étendent en long & en
large par Fimpulfion du fangj & par le
mélange du gluten nourricier , il fe fait ,
non pas k la vérité une vraie nutrition ,
niais un accroiiîèment ; à chaque pulfation
tout le corps devient plus large. Ainli , les
courbures des arteres étant moins mar¬
quées j parce que la force du cœur rem¬
porte fur elles , rembryon croît dans foïi
entier, fuivant toutes les dimenlions* dans
Fefpace de deux heures , les viperes croif-
fent du double par l’effet de l’air qu’elles
ont refpiré , de l’embonpoint eff le genrfe
d’accroiffement le plus prompt.
Mais la nutrition eff une fuite des mê¬
mes caufes.
L’artere étant dilatée de toutes parts ,
étant allongée & élargie , peut être regar¬
dée comme un réfeau , dont lés parties fo¬
ndes font les filets , & les mailles font les
pores pleins de gluten , & même d’humeur
aqueufe ; quand ce réfeau acqüiert plîls
d’étendue, les mailles qui font entre lès fi-
du Fétus. Il J
îets font plus grandes , c’eft-a-dire qu’il fe
forme des vuides qui font plus grands k la
face interne de l’artere , contre laquelle
rimpétüofité du fang fait effort, & quife
rompt toujours la première dans fanevriA
me; & ces vuides font plus petits à la face
extérieure de î’artere , qui eft moins dila-*
tée.
Le gluten qui eft charié dans les arteres,
eft pouftë dans oes vuides par une mécha-^
nique nécefraire , par la force de la pression
qui fe fait félon la perpendiculaire ; ce
gluten remplit tout Ce vuide , & rien dé
plus , car ce qu’il y auroit de trop feroit
emporté par le conrs du fang ; certaine¬
ment ce fuc nourricier pouffé par la même
prefîion perpendiculaire , & trouvant la
moins de réfiftance-, puifque l’artere y eft
plus mince , y pénétre , & y eft en repos ^
puifque lâ place eft tranquille & hors dii
torrent delà circulation ; une double fôrCé
& la preff on le font s’unir aux parois qui
bornent l’efpace où il eft arrêté.
Il n’importe de quelle figure (bit le
vuide , car le gluten fe moule facilement k
toutes les formés.
La nature a donc voulu que là même
caufe qui définit les principes , unifie
& confolide îè's parties par une nouvelle
P ij
2,2^ T^îè
îTiatîere qu’elle fait pénétrer entr’elîes.
La compreffioii de l’artere qui fuccéde
a la pulfation , peut faire fortir l’humeur
aqueufe qui éft dans la -cavité , la rendre a
•la principale branche de l’artere , & épaif-
fir par ce moyen le gluten qui efl: dans
cette cavité; elle peut auffi exprimer ce
qu’il y a de trop de gluten au refte elle ne
peut pas empêcher que la cavité ne fe rem-
plüfe ; car fuivant notre hypothèfe , la
force du cœur furpaffe la réfiftance des ar¬
tères J & la force attrafeive facilite runion ;
îa contradion de Fartere efl: plus foible à
l’endroit de la cavité , parce que la partie
folide de l’artere y efl: moins épailTe.
Geci ne répugne point à l’épaiflilTement
de l’arcere dont nous avons parlé-; cet
épaihilTement fe fait , parce que la lame
interne de l’artere efe prelTéé contre l’ex¬
terne, & cela n’empêche pas que puifque
la lame interne s’écarte , les lames inter¬
médiaires n’aient auffi dés intervalles qui
s’écartent , comme je viens de le dire.
§. XVI. Cette méchant que fe fait dans
tout le corps.
Ce double genre de nutrition & d’ac-
croiffiement a lieu dans tout le corps ,
dans tous les vailTeaux grands ôc petits ,
du- Fctus^ .
dans îe tiffa cellulaire , duquel font formées
toutes les parties du corps humain^ fi ce
n’efl: peut-être la fibre mufculaire , & en¬
core n’eft-il pas bien certain qu’on doive
l’en excepter. C’eft la force d’adhéfion qui
eftplus grande dans les petites parties , ôc
dans les grandes , celle d’impulfîon.
La fibre mufculaire appartient , pour la
plus grande partie , au tilïu cellulaire ; car
c’eft lui qui rafiembïe les faifceaux quî
fa compofenr, êc il accompagne fes; plus
perits vaifieaux * s’il y a dans cette fibre
quelque chofe de particulier , qui efi dif¬
férent de ce qu’on appelle proprement le
tilTu cellulaire , il efi: probable que 'è’eft
parce qu’elle reçoit fa nournture de Fhu-
meurqui s’exhale des vailTeâux & qui s’y
attache. Ce qu’a de particulier la pulpe
médullaire , c’eft que -ce Ibnr des fibres
cellulaires qui l’unifient , & que c’efl: dans
les interfiices de ce tifiu , qu’eft reçu le
fuc nourricier.
■ Cependant l’accroifiement ne le fait pas
également j certaines parties qui fe déve¬
loppent les premières, & qui avoient déjà
une certaine fermeté , croifient moins en
proportion, que d’autres qui étoient peti¬
tes & muqueufes , qui prennent touc-à-
coup un certain volume.
piij
La tête & le cœur grandiiïent d’abord
dans le tems que le bas -ventre a peu de
volume , & que les membres font très-
petits.
Après les premiers teins , les membres
s’étendent conlidérablement ; du feizieme
jour au vingtième , la çuifle devient dix fois
plus longue , tandis que tout |-le fétus n’a
pas k peine quatre fois plus de longueur de
la tête k la queue.
Le lixieme jour la cuilTe n’étoit que-dë
huit 5 & le vingtième elle efl parvenue k
; la tête & le col -ont pris peu d’accroif-
^ment pendant ce tems.
Lè fétus 5 après fa naifîance , croît dans
les mêmes proportions ; car la tête d’un
enfant prend peu d’accroiffement , tandis
que le corps approche de la taille d’un
homme adulte; &: cette tête qui étoit
peut-être trois fois plus groffe que le corps ,
ne change prefque point , tandis que le
corps & les extrémités inférieures çroiffent
du double ; le ballin augmente auffi pro-
digieufement après la naiffançe.
Enfin 5 qu’il me foit permis de répéter,
que les oflelets de l’ouïe font prefque de
même dans le fétus k terme que dans l’a-
^
Tout ceci prouve que l’accroifiement f©
du Fétus. 231
fait en raifon du moins de réfiflrance , &
que ks parties inférieures du corps aug¬
mentent , quand les fupérieures font plus
folides , & quelles oppofeiit plus de ré-
fiftance à l’abord du fang.
Enfin , n’eft-ce pas parce que les caro-»
tldes qui font en ligne droite reçoivent
le fang plus promptement , que la tête
augmente fi précipitamment, & qu’elle eft
fi promptement dans fon état de perfec¬
tion. '
§. XVI I. La promptitude de Paccrozf-
ment du Fétus,
L’accroifiement de l’embryon , pris en
général dans lè fein de fa mere, eft pref-
que incroyable; nous. ignorons quelle efi
fa première grandeur à l’inftant de fa for¬
mation ; il eft Certain qu’il eft fi petit ,
qu’on ne peut l’appefcevoir avec les meil¬
leurs microfcopes ; & de cette petiteftè in-,
finie , il parvient dans l’efpaçe de neuf
mois au poids de dix eu douze livres.
Pour nous rapprocher de cette fpécula-
rion , ayons recours au poulet dans l’.qeuf ;
nous ne pourrons cependant pas revenir
non plus à fa première grandeur ; dans le
moment qu’on met l’œuf à l’incubation ,
P iy
2^2 ' La Vit
il ne peut pas être plus grand que de
pouces , car s’il y avoit plus , on l’apper-
cevroit: ce même poulet, au bout de 25
jours , fort de l’œuf ; il eft alors de quatre
pouces de long. Il eft donc au premier
inftant de fa formation , comme ^4 à <34
millions J ou comme un à un million.
Cet accroiftement fe fait dans un ordre
ftngulier ; il eft très-rapide dans les com-
mencemens de l’incubation , & va tou¬
jours en diminuant de vîtefle.
J’ai fait voir ailleurs que l’accroüTement
du premier jour étoit d’un à 91 f ; ce que
Swammerdam appelle ver , d’un 20e. &
un 30e. de grain, dans un jour, parvient
à fept grains: c’eft donc à 140 ou a 210
fois plus de volume.
Le fécond jour, raccroüTement du pou¬
let eft d’un à 4; le troifieme, pas tout-k-
fait d’un a 4; & le cinquième , moins d’un
à 3 ; du fixieme jour au douzième, l’ac-
croiiTement de chaque jour n’eft gueres
que de 2 à 3 ; du treizième jour au ving¬
tième, celui de chaque jour n’eft prefque
que de 4 k ^ ; le vingt-unieme j our, comme
^ 3.6 : delk le poulet fort! de l’œuf, dans
les quarante premiers jours, ne croît cha¬
que jour, prefque également, que comme
20 k 2ï.
du Finis: 233
Ainfî la crue du premier jour efl: k celle
du vingt -unième, comme ou
comme 145 à i.
Or, comme toute la crue d’une poule
jufqu’à rétat adulte eftA peu près comme
deux onces ( quelquefois même le petit
poulet pefe davantage) a deux livres tout
au plus, ou 24 onces, tout l’accroilTement
poftérieur k fa fortie de l’œuf eft comme i
a 1 2 ; c’eft-k-dire qu’il eft k l’accroiflement
d’un feul jour du commencemèrit de l’in¬
cubation comme i kyî.
Si on fuppofe un petit ver d’un cent-
millieme de grain , & que de cette petitelTe
il parvienne en 21 jours k 9^0 ou 1000
grains, ce qui arrivera fi on fait couver
l’œuf tout auffi-tôt qu’il a été fécondé,
là crue de 21 jours fera d’un k 100, 000,
600 ; & par' rapport k l’homme , en pre¬
nant .un petit ver de la même grandeur,
& le comparant k un fétus k terme qui
eft k peu près de 10^ onces ou <500000
grains , l’accroüTement de toute la grof-
fefîe fera d’un a <50,000 , 000 , 000 ; &
cela ne doit pas paroître incroyable, puif-
qué dans l’efpacé de 18 jours, une graine
de citrouille acquiert 83039 fois plus de
volume qu’elle n’en avoit; & qu’une graine
de rave, en 42 jours, en acquiert GjiGoo ;
234
& je ne parle que de la graine grofliere ^
& non de cette poudre invifîble qüi èft la
femencè proprement dire. C^eft k peu près
avec la même vitelTe que croit le poulet ,
dont l’œuf deviendroit en 2 1 jours 33 800
fois plus gros qu’il n’étoit dans le prin¬
cipe ; car'c’eft l’œuf qui eft la femence ;
ç’eft cependant la chaleur feule qui produit
cet accroiffement dans les plantes , fans le
fecours d’un cœur. Les champignons d’une
graine inviiible qui k peine pefè un cen¬
tième de grain , deviennent en trois jours
du poids de dix k douze onces.
L’accroiiTement dans l’homme, comme
dans l’œuf, va en progreffion décroilîante
a mefure qu’il avance. Suppofons que
l’homme, k l’inftant de la conception, foit
d’un cent millième grain, & qu’un fétus
d’un mois foit de 30 grains , il aura acquis
dans un mois trois cent mille fois plus de
jppids qu’il n’ayoit dans le principe ; qu’un
fétus de deux mois pefe trois onces, il
n’en aura acquis que 48 fois plus qu’il
n’en avoir , ce qui fait une décroiirance
prpdigieufe ; k la fin du neuvième mois ,
il ne péfera qu’environ 10^ onces ; ce n’efi
pas quinze fois plus par mois. Un enfant
de trois ans a k peu près la moitié de la
grandeur d’un adulte. En prenant donc pour
duFkus.
îe poids d'un adulte 1-50 livres eu
onces ^ toutes çhofes égstles , l’enfant de
trois ans péfera a- 81 onces , ce qui eft
moins que le huitième de l’homme adulte,
ç’eft-à-dire qu’il péfera par eomparaifoii
avec fa péfanteur, au tems de fa nailfance,
comme 10 >5 à a-Si , environ comme 5 à
14 ; enfuite, des 22 années fuivantes, il
acquiérera la péfanteur de 2 2 '50, & il eu
aura huit- fois plus qu’il n’en avoit à cette
époque. L’accrpilTeruent de l’homme fera
donc dans le premier mois , comme un à
300000; dans le fécond, comme un 'a 48 ;
dç dans chacun des autres mois, comme
un à 1'^. Il fera dans les trois premières
aimées de la vie partagées également ,
comme 1^4 à 281 ; & dans les 22 années ,
fuivantes, comme 281 à 384; de l’accroiP
fement du premier mois à celui du der¬
nier, fera comme 300000 à ^ ou 13^ ,
800000 à 28 ; ou 488^717 à un ; & tout
l’acerpiffement de l’homme eft comme
1 08 , 000 , OQQ , 000 à un.
Et la caufe en eft évidente.
Pareillement le cœur eft plus gros dans
le premier tems , en proportion du fétus *
car il ell développé le premier, & prend
enfuite moins d’accroilTement.
Et il y a apparence que fon irritabilité
2^^ La Viô
qui eft extrême dans les premiers inftans
de la formatioh du poulet , diminue.
Maintenant , fi tout le fyftême nerveux:
d’un enfant nouveau-né , efl en raifon do
la moëlle de l’épine ou du volume de la
tête , comme il eftraifonnable de lé croire y
il fera huit ou neuf fois plus grand que dans
FadultCy c’eft-a-dire qu’il fera en raifon do
celui de l’adulte comme 21(3 a 27 ou com¬
me 9 kl : c’ eft pour cela que lefentimenteft
plus vif dans le fétus, même dans les en*
fens ; le bruit les effraie facilement , &les-
fait tomber en convulfions ; levin , parfon
acrimonie , les étourdit ; la moindre chofe
les , fait pleurer & crier; le mouvement du
cœur eft plus vif; enfin la morfure d’uno
puce, qui ne fait qu’une légère impreffion
fur la peau d’un adulte , excite une tumeur
dans un enfant.
Quoiqu’il n’y ait point d’expérience-
qui prouve que l’irritation méchaniquo
des nerfs de la huitième paire & de fiiiter-
coftale caufe du trouble dans le cœur;
quoique des auteurs célébrés prétendent
que le cœur eft infenfible ; ^cependant il
eft évident , même par l’effet que produi-
fent les affeÆions de l’ame , que i’aftidii
des nerfs augmente , diminue & fupprime-
le mouvement du cœur.
du Fétus, 2,37
Âinfi , fi le cœur de l’enfant eft d’un
fentiment plus vif, une petite quantité de
fang excitera encore plus promptement en
lui une entière contraction , & qui fera
plus forte en raifon de fa plus grande irrita^
bilité.
Les expériences que j’ai faites fur le
cœur du poulet font d’accord avec cette
théorie. J’ai vu que fes pulfations étoient
plus vives, qu’il s’irritoit très-facilemenr;
que la chaleur feule ou d’autres caufes
rappelloient aifément foh mouvement ;
qu’ enfin il ne le perdoit pas dans l’eau,
froide , puifque. je l’y ai vu fe mouvoir
pendant 24 heures. Les arteres du fétus
battent donc, plus fouvent & plus forte¬
ment dans le même efpace de tems que
dans l’adulte.
Encore une autre caufe de ce que, l’ac-
croiflement feiait plus facilement dans le
fétus, c’eft que fes vaiffeaux font en plus
grand nombre.
Cette opinion n’efi pas celle de quel¬
ques modernes , qui veulent qu’il manque
au fétus beaucoup de vaiffeaux , qui naif-
fent après peu à peu ; principalement dès
vaiffeaux fécrétoires , & des filets tomen-
teux qu’ils penfent fe former de nouveau.
J’ai répondu ailleurs k ceci ; en générai
23B LaPu
tout, cela revient k ce qu’il j a dans Ta-
duke des vaiffeaux qui ne font pas èn-
core apparens dans le fétus , c’ell-à-dire
qu’il n’y palfe pas encore affez de fang
pour leur donner la couleur qui ell né-
celfaire pour les rendre apparens.
Au refte on peut même le prouver par
expérience.
Les vifceres du fétus font , èn propor¬
tion de fon corps, plus grands , plus rou¬
ges & plus fanguins. Dans l’enfant nou-
veau^né toutes les glandes font gonflées;,
la peau eft rouge dans toute l’habitude de
fan corps, même dans la meilleure fanté;,
de même que les vifceres ^ la cornée , quel¬
quefois même la rétine , & enfin il a en
général plus de fang.
Ruyfch affure qu’on peut remplir en¬
tièrement d’injeftion les os d’un jeune
fujet; que par ce moyen on les rend tout
rouges , ainfi que la moelle , & que cette
injeétion ne réuffit jamais dans l’adulte ;
& Ruyfch eft afîurément celui qui a voit
le plus d’expérience en ce genre ; ainfi ,
comme il étoit très curieux d’un fuccès
brillant dans fes expériences, il avoit cou¬
tume de ne prendre que de jeunes fujets
dans les hommes & dans les animaux ,
toutes les fois qu’il avoit deffein de; rem-
du Fétus. 239
plir exaâiement les vailTeaux. J’ai moi»-
même éprouvé fouvent, en injedant, qui!
y avoir un nombre prodigieux de vaif*
feâüx dans les intervalles des fibres olTeu»-
fes du crâne & des autres os ; & que dans
les yeux , dans la moelle de Fépine , &
par-tbut où il y a des vaiffeaux très-fins ,
l’injeâ:ion pénétré mieux & eft bien plus
belle dans les jeunes fujets. Il eft prefqué
ordinaire dans le fétus -, que les vaiifeàux fè
rempîiîTent de fang rouge fpontanément ,
& qü’ii n’eft pas fort aifé de les vüider.
Car au refte lion veut fuivre de f teil
i’aorte -du fétus & celle de l’adulte,
quoique les vaiffeaux foient fort petits
dans le fétus de grands dans l’udulte , ce¬
pendant on trouvera qu’ils font en bien
plus grand nombre dans le fétus que dans
l’adulte , & on trouvera même fou vent
cette artere rouge dans le fétus. Si on in^
jeciè le périofte , on voit fe former des
réféaux, tandis qü’il n’y a que très - peu
de vaifïeaux dans cette mèmbriné- dans
un adulte, de qu’on les appèreoit diffici¬
lement.
Joint à cela qu’on nè peut pas dire qu’il
fe forme de nouveaux vaiffeaux , il y a au
contraire beaucoup de vaiffeaux dans îè
fétus qui difparoiffent évidemment, dé
quelques-uns même qui font confidéra-
2,40 P^ic
blés, comme les vailTeaux ombilicaux j ét
d’autres canaux qui lui font particuliers :
il y en a auffi d’autres petits qui font en
tr&-grand nombre ; on voit une quantité
prodigieufe de vailTeaux , principalement
dans les os du poulet & dans le crâne hu¬
main, & on peut en fuivre le trajet entre
les fibres & les lames ofTeufes. Il ne reftè
pas, la moindre trace de tous ces vaifTeaux
dans l’adulte, car ce ne font que dés filions,
dans les jeunes fujets , & dans l’adulte le ,
fuc les remplit , & il efface les intervalles
des lames ofTeufes & des fibres. Il y a
beaucoup de vaifTeaux à la fontanelle qui
difparoiffent avant Tadolefcence : il y en
a de même dans les follicules des dents.
J’ai fait voir dans la fubftance des car¬
tilages du poulet une infinité de vaifTeaux
pleins d’un fang rouge , queperfonne , a
ce que je crois, n’avoit fait voir avant
moi; & j’ai tellement rempli d’injeâiion
les croûtes cartilagineufes de la rotule de
des épyphifes du fémur , & quelquefois
de celles du tibia, même fans beaucoup
de difficulté , que ces cartilages ' reffem-
bloient à des fuccins tranfparens par le nom¬
bre de vaifTeaux rouges qu’on voyoit répan¬
dus dans leur fubftance ; on ne peut pas
réuffir de même dans les adultes.
: . ; . Ainfi
du Fétus. , 241
Âinfi, puifqu’il ne fe forme point de
nouveaux vaiffeaux 5 qu’il s’en efface beau¬
coup de ceux qui étoient formés, il fuit
qu’il y a plus de vaiffeaux dans le fétus
que dans l’adulte.
Ils font même plus gros en proportion
des mufcles & des os, comme le cœur eft
plus gros • & enfin ils font beaucoup plus
lâches.
Ils tranfmettent aifément au fétus le
fluide qui lui eft envoyé , & ce même
fluide tranfude facilement," même quel¬
quefois trop , des arteres dans la cavité
des inteftins , dans le tiffu cellulaire ,
dans les grandes cavités , à; travers Ja
jpeau , ce qui eft très - rare dans l’adulte.
Enfin comme l’humeur qui fe trouve dans
les grandes capacités du fétus .eft rouffeâ-
tre, & qu’elle eft fans couleur dans l’a¬
dulte , il faut que les pores du fétus, k
travers lefquels tranfude ce fluide, foient
plus larges. On voit de même le dedans
de la main humide dans les .enfans, dt il
eft fëc dans l’adulte.
Terforihe ne peut douter que tous les
vaiffeaux ne. foient plus tendres & plus ex-*
tenfibles dans le fétus que dans l’adulte, en
raifon de l’action du cœur ; ' j’ai' vu bien
exaêtement que dès le premier inftanc
Tome IL Q
1^2
qu^on peut voir le cœur du poulet , iî eft
fort & capable d’un grand mouvement , &
qu’ai ors il efî: difficile de faire celTer foii
mouvement ; & dans ce même temps les ar¬
tères, même celles qui avoffinêntiè cœur '
font fines & tranfparentes, & n’ont point
de confifiance : peu -a-peü l’aorte devient
blanche & folide du côté qu’elle eft près
du cœur, car dans le refie de fon trajéfe
elle efi auffi délicate qu’une veine. . '
Ainfi dans le fétus tout eft( réuni pout
fendre dans un efpace de teqips donné;
i’accroifièmént plus confîdérable ; le cœur
eft plus gros, plus vigoureux, plus irrita¬
ble, & fes pulfations font plus fréquentes:
les àrterés font en plus grand nombre ,
par conféquent il y a plus de voies pour
taire, pafîer le fuc nourricier dans tous les
points du corps de ranimai y elles font
plus groftes , de façon que leur dilatation
.eft grande, elles font effort fur les parties
ambientes , & elles ont une tendance a
s’allonger ; enfin elles font plus lâches êè
plus délicates, par-lk elles fe prêtent plus
facilement à l’abord du . fang qui doit les
pénétrer, de par-lk auffi dans le temps de
la' fyftqle , il y a moins dé retard au prcr
grès de racerôiiremenr.
du \Eétus-, 243
g. X¥IîI. L'a cmfiguraûmv • .
Mon grand foin dans Touvrage diffiçire
que j’ai entrepris , eê: d’éviter d’enpiiyèr
le Leébenr par des redites ; j-aprois dû dire,
dans f hiiloire dn développement* pe qne
je vais dire aéliuelienienE , mais< ppnn ne
pas répéter la niêpiç clîqfe 4 je f ai^tranf^.
porté ici. , . . - - ‘
Il ne s’agit point , de i’acçroiÛK?pnîî dû
fétus, mais de la Gon%.L^ti.Qilde^gran-^.
des parties, des vi|eer.es3, ÿs Qs , / des
çîes ; il s’agit aù^ des xaufes.méçlianiqnea^
qui font prendre la Égaré Éumaiae à un
embryon 5 qui dans fou principe n’é.toit-
qn’un petit ver à gri^Çe. tête, ^ ^ .
Il y a pluÉeurs. eawfe qpi ecmeourrent
à produire- ce chàngÿient ; j’en, m cité
quelques-unes , .& je vais ep propofer.,d^au“
tres dontperfonne iia parlé ; je penle qu’il
y en a d’oçcuites , dt il ^. en a d’autos qu’il,
ferok trop long de rapporter. ; ;
Pour mettre quelque ordre dans ee que,
nous allons dire , nous rapporterons toutes
/çes caufes à l’expanfion , 4 l’attraction, à
la preffion, enfin anx cfiangemens , qu’é¬
prouvent les fluides; .
La principale caufe de l’expanfion efi,.
comme nous l’avons dit, le fluide que le
. Qij '
5^44 La Vie '
cœur envoyé aux parties par îe moyen des
arteres ; c’efl: à çette caufe que nous rap¬
portons rextenfion que nous avons déjà
expliquée de la membrane vafculeufe èdu
fétus, qui n’étant d’abord qu’une poche
extrêmement petite , devient l’enveloppe
de tout, l’œuf ; raccroilTement journalier
de la jfigure veincüfi , par le moyen duquel
elle s’étend de plus en plus vers la pointe
de l’œuf-; rimpuifion des parties fluides
colorées & terreufes, d’oïl s’enfuit l’ofS#'^'
cation qu’il faudra expliquer plus ample¬
ment ; le développément des membres
qui étcient cachés & comme repliés fous
la peau, & leur ailongemenr ; la formation
des os dont nous parlerons dans i’inflant ,
delà folidité du tiffu Cellulaire. '
Mais fans parier de l’air dt^de la chaleur,
il, y a encore d’autres caufes d’expaiiliôn.
Ainfi les parties miolles , foit qu’elles
foienc grandes, foit qu’elles foient petites,,
font étendues par le Euide qui vient s’y-
dépofer.
L’eflomac & les inteftins prennent de
l’expanfion ; l’eftomac efl: petit quand on
mange peu , il s’étend & devient très-
grand quand on prend beaucoup de nour-^'
riture , ou que l’air le diftend.
C’ejft ainfi. que la matrice efl: diftendue
du 'Fétus. 24^
dans la groiTeiTe par le fétus & par le fang
qui y abonde (i) , que la verge augmente
de volume par la fréquence de l’acte véné¬
rien, & qu’elle diminue dans la continence ;
êc que dans l’embryon la véficule du fiel
eftvuide & fort petite, & qu’elle s’allonge
dans l’adulte.
C’eft ainfi que l’amas de fubftance adi-
peufe dans le tilTu cellulaire donne de l’em^
bonpoint j que cet amas fait gonfler les
mamelles des femmes ; que l’air dilate le
poumon qui étoit très-petit ; que le criftal-
lin, en s’épanchant dans les cellules, feic
probablement étendre le corps vitré , je
dis probablement, car je n’ai jamais vu le
corps vitré autrement que dans l’état d’ex-
pânfion. G’efl: ainfi que les yeux s’éten¬
dent en long, ce qui rend myope, ce qui
vient aufli d’avoir la tête trop fouvent baif-
fée j c’eft ainfi que la vefîie de cylindrique
(i) Il ne faut pas prendre à la lettre ce que dit ici
l’Auteur j car ce n’eft aflurément pas le fétus qui dilate
la matrice pendant la grolTeirej ce n’eft pas non plus
le fang qui vient à la matrice qui produit fa dilatation,
mais c’eft l’abord continuel du fiaide dans lequel nage le
fétus , qui en augmentant toujours en quantité , force les
parois de la matrice à s’écarter ; quelle que foit la caufc
de cette dilatation , la parité qu’établit l’Auteur , n’e»
cft pas moins jufte.
Qiîj
âel^ient conique , <Sc s’élargit par le bas-
fond , ce qui ef): fut - tout très-ordinaire
dans les femmes-
Enfin quand Uiié cbryfalîdé fe changé
ên papillon , quand il fort un j3erit animal
volant d’une /<3:rve fans mouvement, & qui
parok inanimée , ce grand changement fè
fait par la vertu expanfive de l’air, qui
allonge les vailTeaux des ailes qui font re¬
pliées,; & qui développe les ailes ; Fair
elt H fort , ài a tant de célérité , qu’il
forme un ern.phyfême dès l’inPcant que les
vaifîeaux qui le contenoient font rompus.
Les changemens qui arrivent au cœur
tiennent auffi en partie de l’expanlion ;
dans le premier temps, le poulet & le qua¬
drupède aufîi fans doute , n’-ont qu’un
ventricule au cœur , qui p’âroit donner
naiffance à i’aorte; ou plutôt il n’en paroît
qu’un , parce que le droit eft fi petit, qu’on
ne peut l’appercevoir , & le fang palTe
avec tant de facilité de la veine cave dans
l’oreillette gauche, qu’il ne rouchê pref-
que pas au ventricule droit, c’eïl ce qui
fait croire qu’il n’y a qu’une^ oreillette.
Mais cohinie le canal de l’oreillette ëft
caché dans les fibres du cœur, & que la
longueur de l’oreillette droite efl: par -là
diminuée tout-k-coup , l’ouvertute du trôü
du Fétus.
ovale fe rétrécit peu-a-peu , & il paffe par
ce trou moins de fang venant de la veine
Cave.
Ceft pourquoi comme il fe perd par le
frou ovale une moindre quantité de fang
qui vient de, la veine cave ,, il en arrivé
davantage dans le ventricule droit , &
cette quantité le dilate , d eft ce qui fait
qifau bout de heures , on commence
à i’appercevoir , il efl: tout foriné au
bout de io8 heures. -
Il fuit auffi de -la que l’artere pulmo^
naire reçoit plus de fang, ainlî que le pou¬
mon, püifqu’au bout de 178 heures , il eft
encore très-petit, & n’a prefque que -jÇ®-
de fa grandeur, & qu’ alors comme il re¬
çoit plus de fang de l’artere pulmonaire ^
en quatre jours , il double de longueur y
& à huit fois plus de volume.
Je ne fçais pas aflez s’il y a quelque autre
caulè de configuration qui tienne del’ex-
panfipn , mais certainement elle en dé¬
pend fuivantles opinions reçues les mem¬
bres dont on a habitude de fe fervir plus
fréquemment, & chacun des mufcles qu’on
exerce le plus fouvent deviennent |)lus
gros ;.le pouce, de Cette fille qu’on trouva
dans les forêts de Lorraine , étoit d uné
groflèür prodigieufe.
Qiv
248 La Vie
Les femmes ont les membres foibles &
greîes , parce que la vie fédentaire qu’elles
mènent ne donne point de force aux muf-
cles ; les cerfs qui font renfermés dans
des pâturages étroits ont les jambes rachi¬
tiques ; 6c le rachitis eft la maladie des
peuples qui ont des métiers où on travaille
affisj comme les Ânglois 6c les Hollandois.
§. XIX. L’attraBion.
L’attraétion eft le grand inftrument de
la nature ; elle agir puifîamment auffi dans
le développement du corps animé.
Premièrement, dès que le tiftu cellulaire
a acquis quelque folidité , c’eft la force
d’attra<?cion qui . fait toutes les flexions ;
car fuivant fon différent degré 6c fuivant
la folidité de fappui, elle fait tourner les
vaiffeaux 6c les plans des mufcles vers
les parties vers lefquelles elle les attire ;
on peut rapporter à cela le pli de la ca¬
rotide fous le crâne , celui de la véii-
cule du fiel, qui d’abord eft ovale 6c droite,
6c qui enfuite prend la figure d’une tête
de petit oifeau avec fon bec ; les coudes
de Pinteftin colon 6c du cæcum, qui font
que la portion gauche de la fin du cæcum
difparoit prefque entièrement , tandis que
la portion droite eft confidérablement di-
du Fétus. 245
latée , & que ce qui étoit l’extrémité du
cæcum n’eft plus qu’une petite appendice ;
c’eft par ce moyen que les os qui font à
côté les uns des autres , & ceux qui font
feuls , font unis peu-a-peu par le tilTu cellu¬
laire , & font corps , comme la mâchoire
fupérieure, de même que l’inférieure ; fi
cette attradion a été très-foible , les os
de la mâchoire fupérieure reftent féparés ,
& il y a une fente au palais ; ce vice efl:
ordinairement accompagné d’un bec de
îievre.
Il y en a un exemple bien fenfible dans
le cœur , prefque la moitié de l’oreillette,
qui eft encore feule , à caufe de la gran¬
deur du trou ovale , eft placée hors du
cœur , dans le temps qu’on apperçoit pour
la première fois le point fautillant ; cette
même partie de l’oreillette fe retire tout-
a-coup dans la fubftance du cœur, par le
moyen, à ce que je penfe , d’un tiftii cellu¬
laire ; & enfuite le fixieme jour, étant ren¬
trée dans le cœur , il y en a une très-petite
portion de découverte, & le trou ovale
devient plus petit par fattradion de l’o¬
reillette vers le cœur.
C’eft auffi de cette maniéré que les
troncs des grofîes arteres du cœur viennent
fe retirer dans fa fubftance.
Et par la combinaifon de la force d’ex-
' La Vit
p^nüùn êc de celle d’atüradion , îe cceor
du fétus, doùE les parties if avoient aucuné
ioioii eotf elles, & qui relîembîoit k ub
canal tormeuK, devient un organe mu feu-
feux k deux ventricules dt deux oreillettes-.
L^attraction des mufcles opéré auffi des
cbângemens dans les os ; c’ed évidemment
rattrad'ion du mufcle maHoidien qui donne
siaiiTance au linus & k l’apophyfe mafloidej
ce mufcle 'attaché k la table externe du
ci*âne par le rnoyen du périofte , entraîné
cette table extérieure , tandis que Finté^
Heure eft retenue par la dure mere , & par
cette attradion, il rend plus grandes les
|ïetites cellules diploiques.
On doit croire que c’eft la maffication
& fadion du mufcle pterigoidien externe
«|ui dilate pareillement le finus maxillaire
fopérieur, puifque le principal os de la mâ~
clioire fupérieure eft comme caché ftir les
cotés & en arriéré. '
Ce font auffi les mufcles qui allongent
clans les difîerentes parties du corps les
■épines des os & toutes leurs apophyfes,
& qui courbent les os par leur attradion ,
comme il eft clair que c’éft cette caufe qiii
courbe le péroné ; en en mot ils les cour¬
bent entièrement quand quelque vice dans
le fuc oiTeux leur conférée ou leur rend
îeüt préttikte molleflê.
âü Fétus.
C’en par ce moyen, que dans l’exemplê
rapporté par M. Mer}?-, la clavicule, les cô¬
tes, l’épine du dos & les os longs fe font
podigieufement courbés.
'Les os dans leur entier prennent aufS une
"direéèion particulière par la force de l’at*
trââ:ion ; on corrige peu-a-peu la courbure
des pieds en dedans fi on ramene ces parties
dans le fens contraire à leur pente vicieufe,
par les moyens qu’indique l’art , & on voit
au contraire que les Tailleurs ont les jambes
courJbées, k caufé de la fituation vicieüfê
qu’ils prennent en travaillant ; un grand
homme a remarqué qu’a force d’êtré afîis,
l’épine du dos fe courboit ; j’ai vu lé même
effet arriver pour avoir porté des fàrdeaüXé
§. XX. La prcjjïon.
Cette force a aülîi beaucoup de puiffancè ;
je rapporté k l’âugméntation de l’irritabilité
des mufeles dü bas ventre & k la Compref-
fion de la gaine conique de l’ombilic, qui
augmente de jour en jour, la rentrée dés in»
teftins & du jaune d’œuf dans lé bas-ven»
Été ; cependant je ne difcon viens pas que
là preffion de l’air n’y contribue.
C’efl: cette càufe qui fait que le fétus
qui étoit divifé é& deux côips^ ôc qui avait
2^2 :La Vie
une très-grolTe hernie d’inteftins , devient
un poulet agile & en état de fuivre fà
mere.
C’eft par cette caufe que les tefficules
defcendent peu-à>peu dans le fcrotum. On
pourroit croire auffi que raccroiffement du
poumon & ia refpiration peuvent en être
caufe ; cependant comme très-fouvenî les
tefticules font defcendus dans le fcrotum
avant la naiffance , on ne peut attribuer
cette chûte qu’a l’action des mulcles du
bas- ventre.
Les tégumens de la poitrine prenant
peu -a- peu plus de folidité, repoulTent
auffi peu-à-peu dans cette cavité le cœur
qui en étoit dehors & en travers,. & par¬
la fa pointe eft en bas & fes vaiffeaux arté¬
riels en haut.
Le poumon eH gonflé confidérable-
ment par l’air qui le pénétré ; cette aug¬
mentation du poumon allonge la poitrine ,
rend rétendue du bas-ventre; plus courte,
& diminue l’accroiflement du foie , des
reins & des eapfules atrabilaires : c’eft œ
qui fait que dans le fétus la poitrine a
trës-peu d’étendue en long, & qu’elle en
a beaucoup dans l’enfance & dans l’adulte.
Les mufcles qui font placés fur les
os , ne permettent pas aux os de s’accroî-
du Fitus, 2^3
rra dans Pendroit où ils fe gonflent fou-
vent dans leur adion , & ils font dans ces
endroits de profondes dépreflions ; la pref-
fion qu’exercent fur le's parties latérales
de la tête les mufcîes temporaux y font
que de ronde qu’elle etoit dans le-fétus ,
elle eft applatie fur les côtés en droite li¬
gne j tous les os longs, qui dans le fëtus
font cylindriques , deviennent des prifmes
plus ou moins réguliers^ fuivant lé plus
ou moins de force des ‘müfcles, ^ le plus
ou moins de réfîftance qu’ils leur oppôfeiit ;
tels fe tibia, lé péroné, le radius, lè cu¬
bitus, les os du métacarpe , ceux dû me^
tatarfe, les doigts , enfin le fémur êc lé
cubitus ; m*ais il paroît que les - endroits
par ou pafTent les tendons font moins com¬
primés , & groffifferit , de-là vient qu’a
i’ extrémité des os- longs il y a de gréffes
de larges épiphyfes. '
Ôn change auflî par art la forrrie de l’ac-
croiffemérit des os , de on les dirigé fa
fantaifîe. Dans f Aniériquef les peuples
qu’on appelle , renférment la
tête des petits enfans dans une mâlTe d’ ar¬
gile , pour la rendre plate, ce qu’ils regar¬
dent comme un agrément, de ce tfeff pas
fans danger pour les enfans ; cette preffioa
rend les os plus minces & très-durs, -
2^4 ^
La réfiftance des parties voifiiies fak
auffi prendre une forme aux parties du
corps animé j c^eft ce qu’on appelle fe
mouler.
J’ai vu trës^manifeftement cette réfif- j
tance dans le fétus ; il y a à fon poumoii
des, efpeces de dentelures à. égale diftance
les unes des autres, qui font formées par
la prefTion que font les côtes fur ce vif-
cere ; fon cœur avec fa pointe fe fait une 1
vraie loge entre les lobes du foie, & ces |
deux vilceres fe figurent réciproquement; j
conime auffi toutes les autres parties dq 1
bas - ventre font figurées pa^ le foie de
concourent à lui faire prendre fa forme. ;
On croyoit autrefois que les mains
Jes genoux du fétus accroupi dans la ma?
trice lui formoient le vifage ; enfin nombrê
d’autres parties font prendre forme à cel-^
les qui les avoifinent.
Mais il ne faut pas croire qu’il n’y a
que les parties molles qui font figurée?
par les parties dures ; puifque très-fouvent
les parties les plus molles changent la figurç
des plus dures , & que les pulpes les plus
délicates 'font fur ces parties des impref-
fions très-marquées ; ce ne, font pas feu^
lement les arteres de la dure -mere qui
creufent des filions fur la face interne des
âu Fétus, , 2,^*).
m. du crâiie , en remportant par leurs puî-
facions fur la force expanfive du fuc nour¬
ricier, & en ne permettant pas à l’endroit
où elles font réfi Bance dans leurs batte-'
mens de prendre de l’accroilTement ; mais
de même le nerf radial laiffe une trace
fur l’humérus, & l’artere vertébrale çreufë
un canal profond dans Ton trajet fur l’at¬
las ; le cerveau fait fur la face interne du
coronal, a l’endroit où il concourt à for¬
mer l’orbite des empreintes , femblables Ù
fes anCraduaftés , enfin la moëile alongée
marque fa fortie de f apophyfe cunciforméj^.
par, un léger enfoncement ; toutes cës
marques ne fe font pas dans le temps que
Thomme n’efl; que fétus ., puifque leur
étendue prouve qu elles: ont. été faites par
des vaiffeaux d’adultes, & qu’elles ne par.
roiffent pas encore dans le fétus ; mais it
paroit en. général que toutes les fois que
le fuc nourricier . arrive avec plus de force
dans quelque^ partie, qiî’ij. y. eft apporté
par de plus groffes arteres fi^ qui par con-
fëquent en fournifiént davantage , la par-;
tie qui ên efi yoifiné ,' qùî reçoit moins
de çe fue-Scipîüs îèntement de plus pe-.
tits vaiiTeaux , efi; forcée dè eéder à la fores
fùpérieure, & fe. moule' fur çeîle dont Jef
yÉlTeaux font plus gros &ëplus fe • .
La Vie
Les mufcles même deviennent tendons par
la preffion , puifque fans exception tous les
mufcles deviennent tendineux par l’endroit
où un autre mufcle fort les touche ; de
que très-fouvent deux mufcles deviennent
tendineux du côté où ils fe touchent mu-
tueilementj parce que, comme on fçait, ils
ont de leur nature peu de vaiiTeaux, que
leur tiifu cellulaire eft très-ferré , & leurs
fibres font plus menues.
La preffion même ramollit les os - il eft
très-ordinaire de voir un fungus ou quelque
autre tumeur comprimer un os du crâne ou
un autre os , & ramollir même cet os dans
l’adulte à l’endroit de fa preffion * c’eft ainfi
que dans l’hydrocéphale les os font mous &
tranfparens ; un anevryfme a produit le
même effet. ' . .
§. XXI. La force de dérivation ù de '
révulfon. -
Ce qui concerne cette matière tient un
peu du fyftême , cependant il me paroît^
qu’ii y â beaucoup de vraifemblance. . ;
J’appelle force dê dérivation, l’augmen;-
tation qui fe fait dans une partie du corps',
animal, quand une autre partie qui eft,
nourrie par la même artere que Oette pre-^
miere, perd entièrement cette artere par
quelque
''du Fétus: 2^7
Quelque caufe que ce foie , ou du moins
qu’elle reçoit moins defucs ; ce qui arrive
quand on a fait la ligature de l’arterc
brachiale , à l’endroit où elle palTe fur le
brachial interne , prouve bien que le fang
change merveilleufement fa route, & qu’il
paffe en grande quantité dans de très-pe¬
tites arteres , quand le gros tronc a péri ;
car toutes les fois qu’un homme échappe à
la gangrené , que la vie & la chaleur revien¬
nent à la main , & que les pulfations de
l’artere s’y font fentir , comme cela arrive
affez communément; alors le fang , dont
la ligature a intercepté le cours, eft dérivé
dans une des trois arteres récurrentes, donc
j’ai fait la defeription ailleurs , & remplit
cette artere, de maniéré quhl s’établit une
nouvelle communication^ i
Je crois que c’eft de cette maniéré que^
le baffin & les; extrémités de l’enfant pren¬
nent de l’accroilTement après fa naiffance ‘
on fait la ligature des arteres ombilicales, le
cordon dans lequel elles aîloient fe rendre fe
feche en très-peu de temps, comme s’il avoir
été câutérifé; par cette caufe le fang qui fait
effort fur le tronc de l’ artere iliaque, vient
fe rendre avec plus de violence dans l’ilia-
qüe externe, qui alors eft libre , & ce fang '
en y palfant la dilate continuellement. '
Tome, IL jEl
La P’iç !
On voit croître alors les cuilTes, leg.
jambes & les pieds , qui font très-délicats j
& peu formés • & ce nouveau fuc nourri- i
cier en fe diftribuant dans toute l’extrémité j
inférieure d’un fétus, qui avant nageoit dans
un fluide , & d’un enfant qui ne pouvoir
fe foutenir, fait un animal bipede qui mar- j
che, & c’efl: par-la feul qu’il peut être le [
roi des animaux.
La même chofe arrive quand quelque
rameau n’a pas entièrement péri, niais que
le fluide y pafîe difficilement ; car alors •
fuivant la réglé que confirment nos expé-
riences, le fang détourné par la réfilfance !
de ce vaiflTeau , vient fe rendre en total
dans l’artere qui efl: libre.
Ç’efl: ainfi que cela arrive quand on
pafîe de l’enfance à l’âge de puberté ; quand
les deux extrémités inférieures font aufli
parfaites que les fupérieures ,, que les épi-
phyfes ofîeufes &les croûtes cartilagineufes
font devenues très- minces, il nefe fait que
très-peu ou point d’accroiflement des mem¬
bres qüi font devenus très - folides ; car
alors le fang détourné par la grande réfif-
tance de l’artere iliaque externe fait effort
fur l’interne ; les vifceres jufques-là s’é-
toient moins développés , & étoient très-
délicats , parce que le rameau extern®
àu Fétus', "
étant plus droit , avoit porté aux parties
auxquelles il fe diftribue une plus grando
quantité de fang ; par- là les parties de la
génération fe développent dans l’un & l’au¬
tre fexe , la matrice s’étend, les réglés cou¬
lent, la femence fe forme, & la verge
prend plus de volume.
Je crois en trouver un autre exemple
dans le poulet pendant rincubation ; tant
qu’une grande partie de fon enveloppe n’a
aucuns vailTeaux fanguins apparens , ’ que
cette partie en a moins de confiftance ,
& qu’elle eft difpofée feulement à recevoir
le fang qui y eft poufle , le fang palTe plus
facilement dans la membrane du jaune &
dans l’autre tunique vafculeufe de l’œuf ;
c’eft pourquoi la membrane du jaune croît
l’apidement la première , de enfuite après
elle, la membrane ombilicale, ; le fang d©
l’aorte vient donc s’y rendre en abondance
comme à l’endroit qui lui fait moins de
réftftance.
Mais quand le cercle du jaune s’ eft
étendu julques près du blanc éc jufqu’aux
dernieres bornes de la miembrane du jaune ;
& quand la membrane vafculeufe eft tout
autour de l’œuf, & que le réfeau des vail-
feaux fanguins eft de toutes parts aflez
grand pour ne pouvoir plus augmenter
B. ij
2^0 La Vie
que difficilement , alors ces membranes
offrent moins de réfiftance. Ceft pourquoi
le poumon , qui jufques-lk étoit prefque
réduit à rien , croît alors bien prompte¬
ment, & les vifceres du bas-ventre fe for¬
ment, la bile fe fépare, i’eftomac & les
inteftins prennent beaucoup d’accroiffe-
ment , les vaiffeaux du rein qui étoient
jaunes deviennent rouges, ils ferpentent,
& on les apperçoit à l’œil nud ; & le dé¬
veloppement du poumon change la figure
du cœur.
La révulfion fait tout le contraire de la
dérivation ; car le fang ne va plus fe ren¬
dre dans une partie quand il fe préfente
trop de réfiftance à fon cours , ou que le
paffage lui eft entièrement fermé.
La tête du poulet prend moins d’ac*
croiffement quand les membres inférieurs
commencent à grandir, & que le fang rem¬
plit la membrane ombilicale.
La révulfion fe fait parfaiten\ent quand
:on fait la ligature de l’artere d’une partie
qui doit diminuer , ou qu’on la comprime
entièrement ; elle fe fait cependant aufli
quand le fang y abonde avec plus de diffi¬
culté qu’il ne faifoit auparavant.
Dans l’incubation, quand la membrane
vafculeufe a occupé tout l’œuf, que fes
vaiffeaux font parvenus à leur dernier
du Fétus.
degré de diftenlioti , & que cette enve¬
loppe ne peut plus être étendue au-delà
de ce qu’elle Teft J que fes vaiffeauxne peu¬
vent plus être dilatés, non-feulement il fe
fait une dérivation vers le fétus, mais les
vailTeaux de la memBrane vafcuîeufe ne
font plus d’aucun ufage & s’oblitèrent en¬
tièrement.
Je foupçonne que c’eil de cette maniéré
que dans certains animaux , des parties de
leur corps diminuent & difparoiffent mêmey
çe qui eft fort commun ; quand la grenouil¬
le devient parfaite elle fe dépou illé de fes na¬
geoires & de fa queue, de même quelques
infedes volatiles quittent leurs ailes ; mais
je ne donne cette opinion que comme une
conjecture.
§. XXII. Caufes qui dépendant dès^
humeur s.^
Une plus grande quantité de-fùc nourri¬
cier donnera lieu à de la dérivation ,. & une
moindre à la révulfion ; c’eft cette abon¬
dance qui fait qu’ify a des. enfans qui font
très-grands & très-gros; & c’eft parce que
d’autres en reçoivent peù & qu’ils font mal
nourris , qu’ils font minces ; il de plus
iis foulFrent quelque compreilion dans la
matrice , ils y font comme écrafés ; j’en ai
2^1 La V'iè
vu, & d’autres en ont vu aufîi, qui n’étoiene
pas plus épais qu’un parchemin*
Les différens vices des humeurs font
que, la dépravation des fjcs nourriciers
produit différens effets ; la mere ou la nour¬
rice communiquent à l’enfant le vice fcro-
phuleux ; ce vice augmente le volume de
la tête & du foie, & il engorge les glan'
des d’une lymphe coagulable & blanche.
Le vice vénérien fait des ravages fur les
os d’une autre, maniéré, il ronge la peau,
& produit des ulcères qui fe renouvellent.
Mais en général , pour revenir à notre
fujet, les humeurs du corps conforment
différemment les parties folides fuivant
leur différens carafferes.
Il y a dans le fuc artériel d’un homme
fain des particules terreufes , qui donnent
aux os leur dureté ; dans quelques hom¬
mes ces particules ne fe trouvent pas , de-lk
leurs os relient ou deviennent mous ; de
même on dit que dans le pays marécageux
des environs de Comore , les œufs n’ont
point de coquilles , tant il eft vrai qu’il eft
néceffaire qu’il fe trouve une matière cal-
c,ffre dans les humeurs de la poule ; on dit
auffi que dans ces mêmes endroits les cor¬
nes des pieds des animaux ne font pas
dures.
du Fétus. 2/53
La tranfpiration qui fe fait par exhala¬
tion, ou naturellement, ou par des pores
inorganiques, rend dures des parties* qui
étoient très-molles ; i^épiderme ne peut fè
former que d’une humeur giutineufe , de
laquelle l’air a enlevé tout ce qu’il y avoir
d’aqueux ; c’eft par l’exhalation que les
ailes des infedes qui étoient molles &
aqueufes prennent un peu de dureté , &
leur donnent la faculté de voler , & que
peu de temps après leur développement, el¬
les rendent encore un fuc qui ne s’en échap¬
pe plus après ; c’eft auffi par l’exhalation
que la partie calcaire de la coquille de l’œuf,,
qui fort des papilles de la matrice fous la
forme d’un gluten, s’ endurcit fous les yeux
de l’obfervateur ; que les œufs de lima¬
çons deviennent fragiles à l’air, de mous
qu’ils étoient ; que ceux des papillons qui
font mous deviennent auffi fragiles tout
auffi -tôt que les femelles les ont ren¬
dus, & qu’enfin s’endurcit la coquille des
limaçons, qui n’eft compofée que de peti¬
tes membranes.
C’eft la même caufe qui endurcit le
gluten , puifqu’il eft certain que les coquil¬
les de limaçons ne font produites que d’une
humeur vifqueufe qui vient de l’animal.
Quoique la principale caufe foit daiïs
Riv
2^4 I
l’attradion des parties terreufes ; car î®
calcul de . la veffie & celui de la véficule
du fiel fe forment au milieu d’un fluide ,
ainfi que les écailles des huitres & des au¬
tres coquillages d’eau ; la réforbtion peut
faire ici l’office de la tranfpiration , fi du
mélange d’élémens il n’y a que l’eau qui
foit pompée dans les petits vaifTeaux , &
que les particules qui font mutuellement
attradiles ayent la liberté de s’unir. La ré¬
forbtion contribue beaucoup à la vifcofité
du gluten,- à fa folidité, & à la formation
du tiflli cellulaire.
Enfin toutes ces caufes peuvent être dif¬
féremment combinées & s’aider mutuel-
lemei-ig ; j’ai fait voir que les forces d’ex-
panfion , de dérivation , d’ attraction & de
preffion, concouroient à la formation du
cœur ; nous allons faire voir dans l’inftaiit
que dans celle des os il y a de l’expanflon ,
une nature particulière de fuc nourricier
ÔL d’autres caufes.
§. XXIII. La formation des os.
Quoique / fi je ne me trompe , je fois
le premier qui aie fuivi avec le microfcope
la formation des os dès le commencement
de i’exiflence de l’animal , cependant je
dois en parler avec beaucoup de circonf-
du Fctüsl
pedion, un de mes collègues, homme
qui a très-bien mérité de fa patrie, n’efl:
pas d’accord avec moi^ fur ce point de la
formation du fétus.
Tous les os dans le principe font géla¬
tineux : je l’ai reconnu dans les os longs,
même dans l’os pierreux , & dans tous les
autres os du corps animal.
Dans ]es os larges , eette fubftance géla-
tineufe eft comme une membrane; elle
paroît telle dans le crâne & dans les parois
de la poitrine, qui font fî mous pendant
quelques jours, qu’on a prétendu qu’il ne
s’y trou voit aucun os. (On a vu ce qui de¬
voir devenir os dans un embryon, prefque
entièrement diifous. ) Enfuite quand les
enveloppes de la poitrine commencent k
être apparentes , les côtes avec la plevre ,
le fternum , & les mufclês qui remplif-
fent les, deux cavités du fternum, & qui
font alTez forts dans le volatile, paroilTent
n’être qu’une membrane très-fine, dans
laquelle d’une part le fiernum, & de l’au¬
tre vers le dos , les côtes , deviennent carti¬
lagineux avec le temps.
Dès que les os longs font apparens, ils
ont leuf forme bien exprimée ; c’eft-à-dire,
les os de la cuiffe, de la jambe, du tarfe,
des ailes ; quand on les cherche le fixieme
La vie
jour entre ïes chairs , on trouve avec aJfTez,
de peine l’os de la cuilTe & les autres , for¬
més d’une . gelée tranfparente , ils font
mous & flexibles , ils peuvent fe fendre
dans tous leurs points , ils font uniformes
dans toute leur étendue, lî ce n’efl: qu’ils
ont une tête fphérique & des condyles
entièrement de la même figure que dans
l’animal adulte ; il y a feulement ces dif¬
férences , qu’ils font tous fans couleur, fans
filets, fans lames, fans trous, que la moëlle
n’efl ^as de même que dans l’adulte , &
qu’ils font d’une ftruclure alvéolaire. Ce
même os de la cuifle, abandonné à lui^
même, fe defleche comme du gluten, &
refiemble à une petite écorce cendrée.
Dans l’homme, l’os temporal efl: auffi
cartilagineux, & principalement fon apo-
phyfe maftoïde.
Peu de temps après , on voit dans le mi¬
lieu de l’os long, quoiqu’il ne paroifie
pas encore de fang , une petite portion
opaque , qu’on voit , en la regardant avec
attention , traverfée de lignes, qui ont leur
direétion fuivant la longueur de l’os & qui
féparent par-tout de petites éminences ; on
découvre d’abord ces lignes avec le mi-
crôfcope, enfuite on les apperçoit à l’œil
nud ; dès que cette opacité exifle, la mollefle
du Fétus, 2,<57
de Tos efî: déjà diminuée de beaucoup , il
a alors un peu d’élafticité, il fe reftitue
quand on le fait ployer , & peu de temps
après fi on veut le ployer, il fe cafle dans
fon milieu , ou fes épiphyfes fe détachent
de chaque côté ; ces épiphyfes alors, &
encore long-temps après , quittent facile¬
ment le corps de l’os, quoique même dans
ce temps elles paroiffent fi exaârement
adaptées à l’os , qu’on ne peut pas difiin-
guer avec le microfcope la ligne qui fé-
pare l’un de l’autre ; quand cette portion
opaque s’efl: defiechée, elle fe foutient &
repréfente la moitié d’un cylindre ofifeux,
mais elle n’eft pas totalement opaque , car
il refte beaucoup de points & de filions entre
les lignes. Quand les os font élaftiques , je
crois qu’on peut les regarder comme des
cartilages auxquels ils relTemblent beau¬
coup ; le gluten devient cartilage , & le
cartilage devient os.
Vers le dixième jour, les gros vaifiTeaux^
qui nourriflent le fémur font parfaits , &
font un canal rouge continu.
En même temps' les lignes qui font ré¬
pandues fuivant la longueur de l’os croif-
fent ; l’opacité augmente , de maniéré que
l’os jaunit déplus en plus, & à la fin du dixiè¬
me jour il paroît raboteux j il paroîtmême
2^8 La Vie
des inégalités fur la portion de l’os qui ell
encore cartilagineufe ; dès que 3a portion .
qui étoit opaque eft delTéchée , elle eft
vraiment offeufe , & elle fe foutient en
forme de cylindre creux ; il n’en eft pas de
même de celle qui eft cartilagineufe , car
quand elle eft delTéchée, elle eft toute
ridée.
L’os commence a devenir rouge a la
fin du onzième jour , & la portion qui
a été opaque la première, l’eft auffi la pre¬
mière ; c’eft ce qui fait paroître plufieurs
points rouges d’abord fur le tibia, tandis
qu’il n’y en a qu’un fur le fémur , mais
peu de temps après il en paroît d’autres
fur cet os.
Ces points bornent de côté & d’autre
la portion du fémur & du tibia , qui alors,
eft toute rouge.
A la fin du douzième jour, ou un peu
plus tard , il paroît dans ces deux os une
ligne de points rouges, à laquelle va fe
joindre la portion rouge de l’os , & on voit
manifeftemént le trajet de l’artere nourri¬
cière depuis le point où elle entre dans fon
canal, jufqu’a la moëlle qui eft rouge auffi;
Alors on apperçoit des lignes dç vaif-
feaux parallèles , qui vont fe rendre dans la
cavité de l’os. '
^du Vküs,
Et cette cavité eft très-di&nde ; vers
le milieu j l’os eft plus épais , & formé
de lames fpongieufes , qui rendent le tuyau
pilus étroit ; il eft plus large vers l’épiphyfe,
parce que dans cet endroit il n’y a qu’une
lame ofteufe.
Le périofte interne eft alors apparent,
il eft délicat & vafculeux , il doit devenir
l’enveloppe de la moëlle.
Il y a alors les deux tiers de l’os qui f©
foutiennent & qui font vraiment ofîeux.
Si on le dépouille alors , on apperçoic
entre les filions & dans les pores un nom¬
bre prodigieux de vaifleaux qui font pref-
que rouges , & qui font comme, une pluie
de fang; ce qui n’eft dans ce temps que
des points, devient de petites lignes quand
l’os eft plus avancé.
Pour lors les fibres ofîeufes s’étendent
a travers ce qui n’eft encore que cartila¬
gineux , jufqu à l’épiphyfe, en forme de li¬
gnes blanches.
Prefque à la fin du quatorzième jour, on
voit de longues atteres qui proviennent de
l’artere nourricière , former un cercle vaf¬
culeux, qui augmente de plus en plus en
quantité & en longueur ; elles- font ren¬
fermées dans la cavité de l’os, & leur di-
redion eft parallèle à l’axe, elles produi-
ijo La Vie
fent auflî des rameaux ; elles palTent entre
les lames qui font élevées , & elles vien¬
nent finir en bas, k l’extrémité de la por¬
tion ofleufe.
Il fe forme aufii une éminence dans le
tuyau ofieux qui part de fépiphyfe, &
vient faillir dans la cavité, & il part de
la largeur de l’os de toutes parts des lames
qui defeendent dans la cavité ôc qui font
comme fpongieufes.
Vers le quinzième ou feizieme jour,
tous ces vailTeaux font très-pleins de fang.
L’os lui-même eft prefque dans fa ma^
turité ; de longs vaiffeaux defeendent en
droite ligne jufqu’à l’extrémité de l’os,
entre les James ofieufes qui grandifient
toujours ; la partie cartilagineufe devient
alors une lame très - fine , qui s’articule
avec fépiphyfe en s’adaptant réciproque¬
ment l’une k f autre par de petites émi¬
nences.
La partie de fépiphyfe qui regarde le
milieu de l’os eft bfieufe.
Il y a dans la cavité médullaire des lames
qui font toujours en gi-and nombre , qui
partent de celles qui compofent la propre
fubftance de l’os ; ces lames font très-
courtes. Elles s’allongent k mefure qu’el¬
les approchent des épiphyfes ; celles qui
du Fétus, IJi
îbnt dans l’intéreur font plus le réfeau qu@,
celles qui font k l’extérieur.
Ainii les lames entre lefquelles palTenc
les vailTeaux des cercles vafculeux & celles
qui partent des parois de l’os, forment la
fubftance alvéolaire interne de l’os.
Mais les membranes de cette fubftance
alvéolaire procèdent du tiflii cellulaire qui
fuit les vaifteaux des cercles vafculeux ôc
de la fubftance cellulaire, qui de l’extré¬
mité de l’os pénétré dans la cavité médul¬
laire, en maniéré de promontoire, comme
en rétrogradant.
Le tifîu cellulaire qui arrive av^ec I@
vailfeau nourticier concourt auffi à former
J’enveloppe de la moëlle.
Enfin l’os atteint fa perfection; les la¬
mes intérieures prennent de la folidité ; des
vaifteaux qui parpiftbient n’être que des
points & des lignes , fe recouvrent peu-kt
peu de lames , tellement qu’on ne les ap-
perçoit plus, k moins d’arraclier quelque
lame ; les cercles vafculeüx font aufli ca¬
chés par l’enveloppe qui les couvre, ôç
tout l’os devient fragile & dur.
. §. XXIV. Uépîphyfi.
Dans les premiers temps l’épiphyfe fait
partie de l’os , car on ne voit aucune ligne
2,^2 Vit
de réparation , elle paroit ne faire qu’hua
même corps avec fos, & c’eii de l’os que
lui viennent fes principaux vaiffeaux.
Cependant dès les premiers jours fosfe
replie pour donner une affiette plus favo¬
rable à l’épiphyfe, elle s’en fépare, & elle
attire a elle le périofte qui lui devient plus
exactement adhérent. y
Enfuite l’épiphyfe , par k moyen des
petites éminences & des petits enfonce-
mens qui font fur fa furface & qui la ren¬
dent toute inégale , s’unit fi bien avec l’os ,
qu’il n’y a aucune lame du périofte entre
eux.
C’eft pourquoi l’épiphyfe s’unit tou¬
jours aftez tard avec le corps de l’os, ôc
ne lui eft jamais parfaitement unie, quoi¬
qu’il ne refte point de ligne intermédiaire j'
on voit même quelquefois dans - l’adulte'
les épiphyfes fe détacher du corps de l’os
par maladie.
Nous prenons ici l’épiphyfe environ au
dix-feptieme jour de l’incubation , on la
trouve alors cartilagineufe & n’ayant rien
d’organifé.
V ers ce temps les lignes vafculeufes de
la principale portion offifiée font parvenues
jufqu’à l’extrémité de la partie ofTeufe qui
cft recouverte d’un mince cartilage.
C’eft
âu Fétus. 173
tD’eft aufli dans ce temps que les vaif-
féaux des lignes du cercle vafculeux font èn
très -grand nombre, j’y en âi découvert
jufqu’à quarante-trois ; & ils ne font pas
feulement le tour du cercle pour parvenir
à l’endroit où fe borne la partie oifeufe ,
mais ils remplilfent toute l’aire circulaire ^
de leurs divifîons ; 011 croiroit que dans
cet endroit il y a quelque cliofe qui réfiRe,
càr on voit que les extrémités des vaiifeaux
font en forme de maillets.
V ers le commencement du dix-hüitiemè
jour, quelques- uns de ces vaiifeaux percent
la lame qui termine l’os ôc fa croûte çarti-
îâgineufe , djt il en pénétré deux ou trois
dans répiphyfe.
Et peu-a-peu ils augmentent lî fort êti
nombre ', que l’extrémité de fos qui re¬
garde i’épiphyfe devient un hémifphere
cribleux & vafculeux , & eft percée par
une infinité de vaiifeaux/
Ces vaiifeaux viennent de l’artere nour-.
riciere, & vont fe rendre â i’épiphyfe, eii
palfant par les filions cellulaires internes de
i’os; ils font pleins de fang rouge, quelque¬
fois ils font tranfparens ; ils traverfent pres¬
que entièrement le cartilage de l’épiphyfe
de toutes parts ; ils fe courbent, de de leurs
courbures partent de petits rameaux droits*
Tome II. S
2-74
Mais iî y a encore d’autres vailTeaux qui
vont fe. rendre à l’épiphyfe plus tard à la
vérité; il y a une certaine artere, qui en
fe détournant fur le coté , aux environs du
condyle, dans une efpece de puits de l’épia
phyfe, s’enfonce dans fa fubftance çarti-
îagineufe.
Les vailTeaux des deux genres s’abou¬
chent dans ce cartilage , iis forment un
réfeau dans l’intervalle des condyles , &
le remplilTent entièrement de vailTeaux
rouges. .
Enfin vers le temps où le poulet fort
de Tœuf , il fe forme un noyau dans l’é-
piphyfe, c’eft-a-dire, un grumeau blanc
olTeux, celluleux, & qui eft communé¬
ment rond.
Peu-à-peu ce noyau efl: tout couveiî
d’arteres, qu’il envoyé de toute fa furface
cartiiagineufe , dans le cartilage de Tépi-
phyfe , parfaitement de même que fait
fliémifphere vafculeux de la principale
portion olTeufe.
Ces vailTeaux paroilTent naître de l’ar-
tere du centre , qui aura palTé par le puits
de i’épiphyfe. ,
Ce noyau efl: toujours plein d’alvéoles,
qui dans le milieu, près du centre, font
plus larges; elles font plus petites à la cir^
du Fitus^,
conférende ; ces alvéoles fuivent le trajet
des vaîfîeaux.
Tout le noyau croît en même temps ^
& il ferre le cartilage de Fépiphyfe , tout dé
même que la fubftance offeufe de la prin¬
cipale partie de l’os change peu-k-peu le
cartilage , en cette croûte qui fert de borne
a l’os, du côté de répiphyfe ; ,& il conrinue
de croître jufqu’à ce qu’il ait occupé tout
l’efpace où étoit Fépiphyfe , & qu’il n’en
refte plus rien, fi ce n’eft la croûte carti«
iagineufe qui fe trouve dans la cavité arti¬
culaire; & alors Fos eft parfait.
Il y a d’autres ^os dans lefquels il y a
deux noyaux , le refte en efl de même.
§. XXV. Formation méchaniquc de Fôs
long. Le fuc ojfeux.
En général, il y a dans le fang une ma¬
dère propre à produire les os, qui fe ré¬
pand très-fréquemment dans l’intérieur du
tilTu cellulaire , & entre la furface convexe
de la membrane intérieure des arteres &
Fextrêmité concave de la membrane vaf*
culeufe ; cette matière efl: d’abord caféeufe>
enfuite elle devient calleufe & comme un
cuir, enfin elle devient femblable à une
écaille oifeufe.
Sij
27^
_ Cette matière prend peu-a-peu de la ■
folidité , elle palTe cornme les os de Tétât
de matière gélatineufe, à celui de carti¬
lage, & enfin elle devient dure. ;
Mais bien des chofes démontrent prin- j,
cipalement qu’il y a dans les os un gluten |
d’une efpece particulière ; on en tire des [
os & de Ty voire par l’ébullition êc Téva- i
poration ; il a une confiftance de gelée j ]
& a le même goût que la gelée de viande; i
fi on le mêle avec des cendres , il reprend
fa folidité ; il eft fi vifqueux , qu’une livre
d’os de bœuf donne deux livres de gelée ;
la corne de cerf en donne le quintuple de
fon poids ; les os de pieds de mouton en
donnent huit ou feize fois leur poids ; Teau
qui eft unie à la gelée faite d’os, en aug¬
mente lapefanteur. Cette gelée eft de natu¬
re alkaline & fufceptible de putréfaéiion, \
'& fi on la conferve elle s’évapore & ne
laifte qu’une petite croûte ; elle donne
dans Talembic par le moyen du feu un fel
alkaîi volatil ; fi on la prépare k la maniéré
de Papin , elle devient comme un fro¬
mage mou , pourri , & même les vers s’y
mettent ; quand on a enlevé toute cette,
gelée les os deviennent friables , il en eft
de même du bois.
C’eft ce gluten qui traiifude des articu-
du Fétus. 277
lacions des mains & des pieds de goutteux,
& qui peu de temps après forme des to-
phofités qui fe trouvent comme des croû¬
tes entre les ligamèns.
Oeft cette même yifcofité, qui en s’at¬
tachant aux dents , devient le tartre.
Elle eft auffi le fuc offeux qui s’échappe des
pièces d’os fracturées j on voit fon progrès
à chaque panfèment , eî le répare les -d©-^
perditions que l’os a fouifertes ; il eft cer^
tain qu’on a vu fortir du gluten de la fénte
d’un os, ’qiiî s’y attachait en forriié^de
croûte ; & ôn a vu àuffi fortir prefqûè ^de
tous les points d’une fraftùæ , un mûcîiage
qui Ibudoit lés piecés fracturées; 7 -
Ces gouttes comme fangûines , qui tf an-
fudént en maniéré de rofée > font le com¬
mencement du cal ; péü-a-peu elles s’én-^
durciftent comme dir marbre. On voit fdr-
tir du dtploë mi
tures du crâne , «& on en voit s’échapper
des Ceîluîés^iîèufëà- qui^edncoiirt a for-
merle cal, avec une pâÿéiHe;gelée qui vient
des tendons ; le fuc 'qüïitranftide des mem¬
branes du tibia n’eft d’abord qu’une mu-
coiité , il dévient ehfuîte du gtutew, après
un càliîs, de enfin la dépèndition de la fubE
tance ofîeufe.s’eii trouve entièrement ré-^
parée» ' ' ■'
2,^8 La V^ic
C’eft un fuc olFeux qui s’épanche fur îe
périofte qui fait les exoftofes j.dans le bois
qui a beaucoup d’analogie avec les os, c’eft
ce qui forme l’écorce & le corps ligneux.
. On a vu les pièces d’os qu’on avoir frac¬
turé entourées d’unibc rouge; ce fuc fe
fige peu-à peu, devient cartilage & enfuite
os • en a obfervé auffi que la foudure des
DS fe fait par le moyen d’une matière de
confiftance de boullie , jointe k des molé¬
cules calcaires, y
;; .Ury Méded^^ dans un fteatome ce
fuc.4ui4s> mou, calleux, & enfin olTeux,
; Enfin les expériences de M. Detle-f
ont fait voir que les pièces fraéfurées, &
principalement, la moëlle fournilTent un'
fuc qui s’épanche de tous çqtésy que ce
fuC; fe condenfe- peu-a-peu 5 §: devient une
gelée trerablante^.qui enfuite en paflant
par différens degrés, de confiftance., forme
un . cartilage. , ^ ^
,Que dans ce cartilage il ïiajt àçs qoyaux
ofTeux comme dans l’ épiphyfe ,; que ces
noyaux groffiffent peq-k-peu, que par l’aug-
mentation de leur yojume , il;a cynfument
le cartilage, deviennent un os celiuleux,
comme il en naît un ou deux dans une épi-
pîiyfe. , . __ a'; i ;•
Qü’oii trouve même pîufieurs marques
du Fitus^ ' VJ J
à& ce fuc : en en a trouvé d^épanclié &
formant comme un champignon aux en¬
virons des vertebres d^un homme âgé de
cent ans ; j^ai vu de ces croûtes dans les
vertebres , & ailleurs ; on voit manifefte-
ment que c^efi: un fue en liberté qui coule
en maniéré de fialadite (i), & qui de¬
vient concret ; on a trouvé ' plufeurs fois
tout le eanai niédullaire plein de ce fuc
endurci., ■
On a vu une éxofcolê formée par mx
fuc épanché de Tos du tarfe. 11 y a dans
les colieélions d’os , des crânes dans lef-
quels on voit des, réparations de perte de
fubftanee ; on a vu dans des fractures des
excroilTaiices ofîéufes formées par unefura-
bondance de fucs ^ & même cks carrilages
d’articulations recouverts d’une lame pH-
rreufe & tmier, qui y elt adhérente., Boeh-
mer a vu.; des croûtes- informes fur des os.
Les vertebres & d autres- os, fe font ankylo-
fés par ce fue qui: les a ibudés enfeHi*“
ble. On a guéri une .ankylofe. univerfelî.e
par la répercufîion de rhumeur yon a vm
la tête du fémur foudée dans la cavité eor-
tyloîde, deux os du tarfe auffi fondés en-
(i) Les Minéraîogiftcs appellent ftalaclitçs. des coîi^
crcîiohs terro-aquenfes.
iSo La Vit
femble. C’eft l’aiikylofe des os du carpe
& du tarfe qui rend les chevaux roides ^
& la maladie que les Maréchaux appellent
Epervin , eftune éxoftofej faite d'unfuc
gélatineux. Il arrive quelquefois quand
les os ont été dépouillés de leur cartilage,
que les fibres offeufes végètent ôç s’unif-
fent enfemble.
Ce même fuc épanché entre deux dents,
les a fondées enfemble ; il a rempli l’alvéole
ëc le canal de la dent.
Un trou qu’une balle de plomb avok
fait k la trompe d’un éléphant a été rem¬
pli par ce fuc , qui eft devenu concret.
Ce même fuc remplit fi manifeftement
dans le fétus , les pafTages des petites arte-
r;es dans le crâne , & même dans les os
longs , que ce qui avoit été un enfonce¬
ment entre deux éminences, eftapplani,
parce que le fuc a rempli le vuide.
Les futures , qui n’étoient d’abord que
des intervalles membraneux, & qui en-
fuite unifient folidement deux os qui feké-
pondent , font tellement effacées dans le
crâne des vieux animaux, qu’il n’en refte
pas le moindre veftige.
Enfin on a l’obfervation d’un crâne hu¬
main pétrifié qui pefoit 12 livres, les na¬
rines 6c le conduit auditif étoient bouchés
du Fétus 281
par un fuG épanché , & les dents étoient
fondées enfemble. Un anatomifte ' de nos
jours a vu les côtes d’un fétus offifiées par
l’épanchement d’un fuc plâtreux.
Nesbit a vu dans les vaifleaux même
des os, des particules dures & calcaires qui:
réfiftoient au fcalpel , & depuis peu Wal¬
ter en a vu de même. Il eft certain qu’il y
a plufieurs hommes., dans le fang defqucls
ce principe abonde, puifqu il y en a qui Qiit
ou les vertebres ankylofeés , ou des calus
ofTeux aux arteres & au cœur, & qu’on
trouve quelquefois des calculs dans les
glandes fqhirreufes.
Enfin comme 011 enleve aux os leur
fermeté en les privant de leur gluttn , on
l’enleve aullirehrenlevant la terre calcaire ;
j’ai fouvent fait cette expérience avec le
vinaigre , & j’ai vu les os s’amollir très-
promptement par cet acide ; & il y avoit
des parcelles comme falines,' brillantes &
anguleufes qui fortoient de toutd’os, & j’ai
vu naître des cryftaux bien manifeftes de
i’union de la portion terreufe de l’os avec le
vinaigre ; ces mêmes os , en fe delTéchant
après, deviennent ridés,& ils ne reprennent
point leur dureté à l’air ; les os qu’on
met dans certaine liqueur pour les faire
cuire, s’amoîlilTent ; le petit lait aigre a la
282 La Vie
même propriété , ainfi que le chou aigre
& les eaux fpirkucufes..
Quand on a enlevé la terre crétacée de
Fos par le moyen de Facide , alors tout
Fos qui de Féràt de cartilage avoit ac¬
quis la nature olTeufe par le moyen des
particules terreufes , revient derechef car¬
tilage , quand on enleve: ces particules j fes
libres & fes lames deviennent.élafliques, &
on- peut les couper comme auparavant ; il
y. revient auffi' des vailTeaux qui fe diliri-
huent dans. les. lames ,- pour nourrir Fos ;
ce qu’il y a de-plus étonnant, c’efr que
cette fübftance s’enflamme:, au feu. L ; . j
■ ' Enfin :ce parenchyme : ;eac c’ eft ainfi
qu’on a -nommé cette fubftanc^,. privé' de
fe partie terreufe , reprend iamaturei-ofe
feufe,- fei'on lui- rend ‘fa niatiere crétacée
avec deelar-colle de poiflbri. - '
-‘- La vapeur: de l’eau feule peut feire ici
la force ^ i’aeide , elle donne aux os une
e'onfîftancé'i^de chair , les rend mous de
bons: k Manger 9 les os de porc s’amoliflenc
dans' Fhüileî* ■
‘ - Les ■ ft&fllinces " alkàlines- peuvent auffî
produire :1e- même effet, telles font Feau
de chaux &'4e :rel alkali.
.Be même .-dans l’effomac des animaux,
mêm-s 4aos cèlùides chiens & des poiiTons ,
du Fétus. 283
les os s’amoIIilTent fans lefecours d’un acide,
les lames ofîeufes fe détachent, & la terre
crétacée fe fépare de l’os & paiTe avec les
excrémens ; la corne des pieds des ani¬
maux qui vivent dans des endroits maré¬
cageux eft très-molle.
ÂlTez fouvent des maladies ramolliflent
aiilîi les os ; la carie, comme je l’ai vu
moi -même , & le fpina-ventpfa les ramol*
iifîenr, au point qu’ils reprennent une con-
fiftance de cartilage, & qu’on peut les
couper; je l’ai vu dans la partie inférieure
du péroné & dans le tarfe ; on a vu le tibia
& le péroné ramollis ; dans un fujet c’é-
toient les os d’une feule jambe j & dans
un autre ç’étoit le crâne. _ -
. Cependant il' y a beaucoup de caufes
capables de réduire tous les ^ os du corps
humain dans les enfans & les adultes, a dif-
féreos degrés ;de mollefTe , & qui ont pu les
rendre friables comme le parenchyme du
foie , & enfin cartilagineux ; 3 d’oufil eft
arrivé que cédant à la force . fqpérieure
dêS;mufcles fléchiiTenrsqui les entraînoieiif,
ils ont été affeftés de différente^ courjbur
res , 4c que la taille en a été confidérable-
ment diminuée & réduite à troisqq quatre
pieds , & enfin à dix-huit pouces. ‘
J’ai vu moi-même toutes des côtes fié-
284
chies de chaque côté a une ccrtaifie diftancc
du fternum avec fymétrie , de façon que
le fternum & la partie extérieure de la
poitrine faifoient une forte faillie en-de-'
vaut, & que la partie extérieure étoit fort
en arriéré ; elles n’étoient pas à la vérité
friables , mais elles étoient flexibles , &
leur furface étoit comme tendineufe : il
en étoit des côtes dans ce cas a-peu-près
comme des os du crâne dans l’hydroce-^
phale, qui font devenus prefque cartilagi¬
neux , & le crâne mou & plein de fang.
Il eft croyable que dans ce cas il y a eu
quelque efpece d’acide qui a enlevé la par¬
tie terreufe de l’os ; on a remarqué dans
le diabétés, quelquefois même dansfétat
ordinaire , un fédiment plâtreux dans les
urines , & dans la füeuf quelque chofe
d’onftueux. .
Le fachitis a fouvent été la fuite de ce
ramolliflement contre nature des os ; car
tous les- es fe courbent facilement quand ,
ils font mous. -
De même que dans le fcorbut, les os ne
fe confondent point , le calus déjà formé-
fe difîbut , & on trouve dans cetté maFâ-
die les os rouges & mous , & les épiphyfés-
gonflées.' Dans léfujet de robfervation- de
M. Petit , il y avoir carie. Le vice cancé.»
du Fétus. 28^
reux a rendu les os mous & comme ver¬
moulus. Il y a un exemple de ce ramol-
lilTement après une maladie lente, pro¬
duite par un abcès au méfentere ; on a vu
dans une fievre étique les côtes & le fter-
num devenir cartilagineux , & même tous
les os fe ramollir ; telle étoit la mala¬
die de cette lionne, dont les os fe düTol-
voient en mucilage dès l’inftant qu’on les
mettoit au feu. (i)
L’ufage du mercure peut aulîi ramollir
le calus, puifque par fon moyen on a pu
étendre un os fraduré , qui avoit été mal
réduit.
" Cependant il y a eu bien des hommes
dont les os fe font ramollis fans qu’il y eût
la moindre apparence de carie ; chez les
Arabes, il y a eu le Poëte Sathih, fameux
par la mollefîe de fes os.
Les os peuvent être alFedés d’un vice
tout contraire ; ils peuvent être extrême¬
ment fragiles , de façon qu’une médiocre
adion des mufcles puilTe les faire calTer.
Gn a fouvent vu aulîi le virus rachiti¬
que ou vénérien leur donner cette fragi¬
lité ; on a vu le fémur fe courber de fe
fradurer dans une convullion, de même
(i) Eph nar. cur. déc. i. an. i. obf. 5.
28^ La Vie
un bras fe fradurer fpontanément en tra.-
vaillant ; un homme s’eft caffé Thume-
rus en jouant à la boule j & un autre dans
un mouvement de projeftion.
Il eft probable que dans ce cas le gluten
des os s’étoit diffipé & qu’il ne reftoiî plus
que les parties terreufes ; quelquefois ce¬
pendant l’os eft tellement diminué, qu’il
ne refte plus que fa furface extérieure.
Un Bateleur, dont les capfules articu¬
laires étoient fort lâches, avoit les os ten-'
dres & friables.
§. XXVI- Le fuc ojfeux cjî formé de _
particules grojjïeres.
Fai peut-être pris trop de peine à. parler
de ce fuc , que perfonne ne nie abfolu-
ment être formé d’un gluten , dans lequel
il y a beaucoup de parties calcaires; cepen¬
dant pour terminer une difpute que je tâ¬
cherai de faire éelTer , il étoit néceflaire
que je fifte voir , qu’on tire cette efpece
defuc des os , qu’on le voit dans les plaies ,
& que quand l’os a perdu fa nature olTeufe,
c’eft ce fuc qui la lui redonne ; mais j’ai
encore quelque chofe à dire.
Les particules terreufes que ce fuc ap¬
porte aux os font fi épaifîes, qu’il ne peut
palTer qu’a travers des vailfeaux rouges ,
du Fétus» 2S7
& qui font il dilatés , qu^on voit qu’ils
charrient un fang rouge ; car comme je
Tai fait voir dans un autre endroit, fartere
ne fe colore pas quand il n’y a qu’une feule
fuite de globules qui la parcourt.
Il y a une parfaite refîemblance entre
ce que l’on remarque dans le poulet à Tin-
cubation, ce qui arrive dans le calus qui
fe fait après une fra<9:ure , & dans l’endur-
cilTement des os du corps humain, quand
de cartilages ils deviennent vrais os ; &
enfin ce qui arrive quand un animal fe
nourrit d’un aliment qui a la couleur de
fang.
Premièrement dans les os longs d’un
poulet renfermé dans l’œuf, la molleffe de
l’os eft toujours en proportion de fa tranf-
parence ; & de même fa dureté eft- pro¬
portionnée a fon opacité.
Tant que tout l’os eft tranfparent, il eft
auffi tout flexible , & il eft fi mou qu’on
peut plier le tibia & en faire un cercle ;
& dans ce temps on ne voit aucune dif-
tinétion de parties , ni aucune fibre.
Dès qu’il y a quelque opacité dans l’os,
il y a auffi un peu d’élafticité & de réfif-
tance , & il fe foutient ; alors il y a quel¬
que ébauche de fibres.
On voit enfuite paroitre fur tout l’os ,
2^8 La Vit
k méfiire qu’il fe colore, & fur le carti¬
lage , des rides qui font le commencement,
des fibres ; le dixième jour l’os eft d’un
jaune foncé, tel qu’eft le fang du fétus
avant d’être d’un beau rouge , peu après
cette couleur jaune fe changé en rouge,
& en même temps on appérçoit les arteres
nourricières.
Dans ce même temps l’os fe forme , &
on appérçoit des filions dans lefquels on
voit ramper des arteres rouges ; la fubf-
tance alvéolaire fe forme a l’intérieur, de
façon que chaque artere marche entre
deux éminences , 6t l’os fe perfeêlionne.
Tout cela commence lorfque les arteres
commencent a paroitre , & s’accroît à
mefure que les arteres profitent, de maniéré
que rien de cartilage ne devient os , &
qu’en général rien dans l’os ne prend une.
forme parfaite & diftinde, fans que le fang
l’ait pénétré. Le dix-feptieme & dix-hui-
tieme jour , temps auquel les vaifTeaux
font de la longueur de l’os , de qu’ils ont
pénétré l’épiphyfe , l’os eft dur & fragile.
L’épiphyfe eft de la même nature : elle
n’avoit été jufqu’au dix - huitième jour
qu’un cartilage rrès-fimple, alors les vaif-
feaux rouges commencent k la pénétrer j
c’eft ce qui fait que ces vaifîeaux augmen¬
tent
du Fétus. â,§9
teht, font en grand nombre , Jfortent de
l’hémifphere vafculeux pour percer l’épi-
phyfe, verslafindu^ihgt-unieme jour, &
îès vaifîeâux extérieurs pénètrent âuffi
piphyfe ; c’eft àuffi ce jour-îà que le noyau
olieux commence, a y paroitre ^ quelques
jours après il en paroît un fécond toutes
les fois qu’il y a deux éminences à l’extré¬
mité de l’os : & ces noyaux font tous
pleins de vaÜfeaüx qui entrent dans îeut
fubfl:ânGe:& qui en fortent. .
La fubllan ce alvéolaire oiTeufe du noyau ■
fe perfedionne en même temps, & peu-k-
peu le cartilage de l’épiphylè difparôit j
!& elle devient toute entière alvéolaire.
C’eft le même ordre dans la: formation
du calus, & ce font à-peu-près les mêmes
époques; car dès qu’il y à eu fradure, le$
pièces fradurées fournirent auffi - tôt iin
gluten vifqueux', qui eft coagulable à l’ef-
prit-de-vio , d’autant plus facilement qu’il
eft plus ancien. Âu bout dé cinquante heu¬
res il a un peu de conftftance , èc eft trem¬
blant, enfuitedl fe prend en gelée, de-^
vient plus ferme, & reftemble prefque kr
une membrane ; il eft blanc le ftxieme & le
feptieme jour, il devient cartilage élafti-
que le neuvième, le dixième & le onziemé|
Tome IL T
I90
même qü^on voit ces progteffions dans
le fémur & le tibia du poulet.
Les points rouges , qui font les ébau-
cîies des noyaux offeux , paroiffent dans
ie calus le neuvième & le dixième jour;
c’eli auffi à cette époque qu’on appercoit
les arjcéres nourricières dans le tibia du
poulet , ou un jour plus tard , ç’eft peut-
être parce que la couleur de la garance
marque plus que les globules rouges ; mais
le calus devient plus rouge à mefure qu’il
efl plus ancien.
Les vailTeaux rouges font apparens dans
le cartilagodu calus le douzième jour, c’eft
auffi ce jour îk qu’ils paroiffent dans lé
poulet ; l’offification fe fait plus promp¬
tement de la partie inférieure vers la fupé-
rieure , de même dans le poulet les vaif-
îèaux de la partie inférieure des os font
ordinairement plus conlidérables.
Les noyaux qui fe forment dans le calus
reçoivent ces vaiffeaux, de alers ils pren»
lient la nature offeufe.
Le calus devient de même rouge à me*
fure qu’il s’offifie ; il a un plus grand nom¬
bre de vaiffeaux que l’os, il eft pius rouge;
enfin il devient plus dtir , comme tout
le monde ie fçait.
du FêtüÈ, i$t
On voit auffi quelquefois dans f homme
les grands cartilages du larynx s^offifier ;
pour que ce changement fe faffe , il efl
iiécelTaire que les yaiSeaux de ces cartila¬
ges ayent auparavant été dilatés, & qu’ils
ayent reçu plus de fang ; enfin lâürs cellu¬
les offeufes, qui étoient très-hlanches, ü
qui fe font endurcies depuis peuj font ma-
nifeftement remplies d’un fue fanguin , je
l’ai remarqué plufieurs fois.
Enfin on favoit depuis long-temps que lâ
garanee avoit la propriété de teindre l’urine ;
niais depuis qu’on a remarqué que les os des
cochons ; qui fe nourrilToient des épîuchu^
res de cette plante chez les Teinturiers
étoient très-rouges -, cette ohfervation a
excité' la eurioiité des favans^ e’efi ce qui
a fait que dans toute l’Europe on a fait
des expériences fur cette racine ; il y a eu
en Angleterre, Belchier , en France , M.
Duhamel, & depuis peu M; Fougeroux, en
Italie , M. Bazzanni en Allemagne , MM*,’
Boehmér , Eudv^igii Deîim , Steinméyeri
Duntzius & Rungîus mes éleves m’ont
préparé le fqueîette d’ Une poule qui étoit
tout rouge , & enfin M. Detlef a fait des
recherchés fur cet objet avec beaucoup
d’induftrie ’ il a refié pour confiant qu’il
n’y avoit que cette racine qui teignît les
Tij
1^2.
os ; que le cartame & lé guesde n^avoienc
pas cette propriété , comme il n’y a que lé
fuc de l’indigo qui paffe dans les vailTeaux
îadés , èc non la garance ■ cependant prefj-
que toutes les efpeces de galium qui ont de
TalEnité avec la garance ont la même pro¬
priété ; cette racine teint plus facilement
les os dans les jeunes fujets, & plus lente¬
ment dans les vieux.
On a obfervé que pendant que les os
fe teignent en rouge, il y a une pouffiere
très-fiue,mais très-manifefte, qui fe dépofe
dans le tiflu cellulaire olTeux , & qu’il y a
des croûtes rouges qui entourent les par¬
ties blanches de f os ; il y a de même quel¬
ques os plats , fur lefquels on remarque
une quantité de vaifîèaux qui font comme
fi on les âvoit injeélés , c’efl: ce que nous
avons vu M. Delius & moi.
Mais de toutes les parties animales , il
n’y a que les os qui fe teignent ; ce ne
font ni les cartilages, ni les( tendons , ni
les membranes, ni les ligamens, ni le pé¬
riode , ni aucune humeur animale , ni le
lait, quoiqu’on ait dit que le lait fe tei-
gnoit auffi.
Les os prennent une teinture d’autant
plus forte , qu’ils font plus durs & plus
épais.
Fitus, 293
Tous les os prennent donc la couleur
rouge , même les petits grains eachés dans
les cartilages avant qu’ils s’offifienc ; c’eflr
en s’oiEfiant, a ce que je penfe, que le car¬
tilage du bec de certains oîfèaux , les an 7
neaux de la trachée artere , ou toute la tra*
chée artere & le larynx ont été teints.
On voit auffi teintes de cette couleur les
parties qui fe font offifiées contre nature,
comme les tendons d’animaux oiîifiés, les
écailles offifiées de la lelérotique des oi—
féaux .enfin les noyaux du calus quand
iis ont acquis la nature ofîeufe, mais pas
auparavant ^ on a vu auffi teinte en rouge
une concrétion de goutte dans une poule.
Quand le caîus eft parfaitement offeux,
il eft plus rouge que l’os ^ comme il eft
auffi plus dur..
Si on fufpend i’ufage de la garance, les
©s redeviennent blancs , & même la cou-
leur rouge diminue peu-à-4>eu dans les os
d-’un fquelette expoféà l’air.
^ Toutes ces expériences prouvent donc
que de toutes les humeurs du corps hu¬
main, le fuc olîeux eft le plus grofiier>
puifqu’il ne peut être charié que par des
vaiffeaux parfàitement rouges_
Elles prouvent auffi que les vaifTeaux'
des os font très-amples., puiique ce n’eft:
a ^4
que par eux que le fuc colorant de la ga¬
rance peut être dépofé , & non par ceux
d’aucune autre partie qui font fans couleur
& plus fins. ;
Enfin elles démontrent qu’il y a tant
d’affinité entre la teinture rouge & la par¬
tie terreufe des os, que c’efi; cette partie
qui reeok principalement la couleur de la
garance & qui en eft teinte.
C’efi: ce qui fait que les calus & les car¬
tilages fe teignent dans le temps qu’ils s’ofi
fifienc , 6c qu’en enlevant d’ un os teint la
partie crétacée, on en enleve auffi la coup¬
leur.
N’eft-ce pas pour cette raifon que les
poi fions ne font que cartilagineux , leur
cœur eft petit, êc ils ont peu de vaifieaux
fanguins 6c très-peu de fang, ils n’ont point
les vaifieaux âlTezgros , où ils n’ont point
afiez de matière tprreufe pour former des
os, 6c pour faire prendre à des cartilages
une vraie nature ofieufe.
C’eft pourquoi la baleine a de vrais os;
ce poi-fibn a le cœur gros , les vaifieaux
grands 6c beaucoup de fang.
§. X X V î I. cartilage.
Quoique le cartilage foit en quêîque
façon un commencement d’os , 6c qu’à
du Fém s^ %
Voccâfîon des os, nous ayo»s dît bien des
chofes qui regardent le cartilage, il nous
refte cependant des chofes qui ne font pas
inutiles à ajouter.
La ftriîdure du cartilage efï beaucoup
plus difficile à connoitre que celle de Fos ÿ
dans le commencement de fbrmatioii
dans le fétus , il ny a aucune diftinéfion do
parties ; il y en a fort peu dans le larynx de
dans le cartilage des côtes , qui fuivant les
loix ordinaires de la nature, ne s’offifient ja-
mais,ou du moins ne le font que très-tard. ï i
parok que la plus grande partie du Gartikge
eft formée comme dkn tiffii cellulaire plus
dur, & qui s’enleve par écailiesq^ il y a h
l’intérieur des parcelles qui font e-ntoutées
dune matière d’une aqtte couleur.;
Je n’ai point vu dans k cartilage dè
bres ni de lames , je ne nie pas. cependaFir
qu’il n’y es ait ; on en voit maoifeileînent
dans ces filets dont eft hériffié fîntérieur
des os de la baleino ; en eifet les interyal-T
les qui font renaplis par ks f ailïeaux qu|
pénètrent à travers les. croates cartilagi-i
neufes des os, paroiffent fibreux , cepen-^
d^nt il n’eÉ point affei certain qu’il y ait
dans cette fixu^ure quelque cbefe de plus
que des filions vafculeux qm divifest lo
çartila^ j car leg. cartüages font percés ^
La Vit
traverfés de toutes parts par des vaîlîeaus»
qui ne font fenfibles que dans le temps
qu’il fe change en os , foie qu’on prenne
pour exemple les épiphyfes , ou les cartila¬
ges du larynx.
Il eft encore plus difficile de démontrer
des lames que des fibres dans les cartila¬
ges , même dans les plus gros, à moins
qu’on ne veuille prendre pour des car¬
tilages les mouftaches des baleines, ou
qu’on employé quelques procédés que je
n’ai pas éprouvés.
Les cartilages different des os en ce que
les liqueurs acides ne font fur eux aucune
împreffion , qu’ils ne font pas facilement
affe(^és de carie, qu’il ne s’en détache pas
de feuillets quand ils font léfés, qu’ils ne
fe reffentent point du ramblliffement gé¬
néral des os , qu’ils fe diffolvent facile¬
ment & entièrement dans l’eau chaude ,
qu’ils font mous & élafiiques, & qu’on
peut les entamer avec le fcalpel , que la
garance ne les teint point, & que quand
le cartilage eff confommé, il ne fe régé¬
néré point.
Comme il fè forme des offifications
contre nature , il fe forme auffi des carti¬
lages ; les tendons qui éprouvent un grand
frottement;^ comme le long péronier du:
du Fétus. 297
coté qu’il touche à Fos cuboïde, deviennent
facilement cartilagineux j ce tendon dans
l’adulte eft rrès-fouvent un cartilage ovale
& applati. Les tuniques des kiftes comme
dans l’ovaire, dans la glande thyroïde, là
rate & ailleurs , & fouvent celles de l’aorte
deviennent auffi cartilagineufes y enfin les
mufcles & les nerfs.
La plupart des cartilages dans le corps
humain font des commencement d’os , &
quand l’homme éft devenu adulte , il n’en
refie plus qu’une croûte mince qui terminé
Fos.
Quelques-uns peuvent s’offifier, cepen¬
dant ne s’offifient que rarement, comme
les cartilages des côtes , du larynx & dés
vertébrés ; ces derniers ont plus d’affinité'
avec les ligamens.
Fréfentement li on demande commérit
les cartilages fe forment ôc comment ils
fe détruifehr, on peut croire qufils fe for-^
ment d’un gluten épaiffi , & ils fe diffoivéne
maniféftement en gluten ‘^\\ eft probable
que ce gluten fe charge d’une médiocre
quantité dé matière calcaire. C’eft pouf
cette raifon qu’une grande abondance d’hu¬
meur conferve dans l’état cartilagineux des
parties qui devroient s’offifier ; c’eft- pour¬
quoi auffi les cartilages qui terminent les os
298 La Vie
longs Sc qui font hume£lés, ne s*offifietit
pas ; l’épiglote s’offifie rarement.
Il peut fe former des cartilages contre-
nature , quand il y a eu inflammation dans
une membrane ou un tendon qui a fait,
tranfuder le gluten, comme on a vu ce
ten tranfuder de la plevre ou du péricarde ,
par l’inflammation des ces parties. Il paroît
que ce font des couches répétées de ce glu¬
ten qui forment le cartilage ; on a vu la rate
devenir cartilagineufe par Tendroit où elle
touche la derniere des fauflTes côtes.
L’épanchement même feul de ce fuc en¬
gendre un cartilage • cela efl: arrivé dans le
tilTu cellulaire qui environne la plèvre, &
dans les grandes arteres ; le bol & les re-
medes aftringens caufent l’ankylofe.
Il paroît que le cartilage devient os
quand il y a une plus grande portion de
matière calcaire, qui fe dépofedans les in--
terjfticesque laifîent les fibres entr’elles,^
qui s’unit avec elles.
Ou cela fe fait tout fîmpîement par l’a¬
bondance de cette matière calcaire, comme
dans le cartilage des côtes des vieillards &
dans le lary nx ; ou par la dilatation des vaif-
féaux qui pénètrent dans l’intérieur des car¬
tilages, de façon que ceux de ces vajifeaux
, qui ne donnoient palTage qu’à une matière
du Fétus. -^99
fine & tenue, deviennent capables de rece¬
voir du faiig, & reçoivent auffi par la meme
caufe de la terre calcaire ; c’efi ce qui
arrive dans les cartilages qui s’ofîifienc
naturellement.
La refiemblance du cartilage offifié avec
un os , induit k ctoite qu’il y avoir dans le
cartilage , dans l’état naturel ^ des fibres
& des lames, & une ftruéluré alvéolaire ÿ
quoique tout cela (bit caché par un g/utsn
calleux qui remplit les intervalles des fir-
bres , des lames , Sc des alvéoles ; Si que
cet état différé fi peu de la nature carti^
lagineufe , que l’œii ne peut Fen diftinguer.
§. XXVIII. Comment fi forment les os
cylbtdriques.
Soit qu’il y ait dans les os une difpofi^
tion particulière qui foit favorable a la
ftruâure qu’ils doivent avoir, foit , comme
il eftplus probable, que dans le principe les
rudimens de l’os exifieot entièrement, mais
plus mous & imparfaits, je penfe que pro¬
bablement c’efl: de la maniéré cpie je vais
dire , que d’un gluten il fe forme un os
parfait.
Il fe diftribue donc des artères f^s cou-»-
leur dans l’os qui n’efi: encore qvFun gluten^
comme elles doivent ie difiribuer dans fôs
300 Vie
parfait; or dès qu’une nouvelle force lait
entrer dans ces arteres des particules plus -
groffieres, ce qui arrive dans le poulet con¬
tenu dans Tœuf vers la fin du fixieme jour y
que le cœur eft parfait , que les membres
prennent plus d’accroifTemenr, & qu’il y a
des taches fanguines dans les vaifTeaux des
extrémités qui pénètrent jufqu’aux ergots;
alors les vaifTeaux des os de ces extrémités
font diftendus , 5c il pafTe d’abord dans l’ar-
tere nourricière & dans fes deux plus gref¬
fes branches , qui font proches du milieu
de Tos, ainfî que dans leurs ramifications ,
une humeur jaune, mélangée de quelques
globules, tandis que les autres branches de
la même artere reftent fens couleur ; ainfi
du fixieme jour au dixième, il fe forme fur
l’os des filions par la pulfation des arteres
qui font droites , qui refTerenc le gluten.
dans un efpace plus étroit en proportion
quelles fe dilatent ; de-là vient la Topacicé',
& une certaine portion terreufe qui fe dé-
pofe dans le gluun y donne de Télafticité
& de la fermeté.
Vers le onzième jour, les arteres étant
alors plus dilatées , reçoivent du vrai fang?,
& ce fang pafTé de Tartere nourricière dans
les vaifTeaux droits , qui en traverfant lé
tifiu cellulaire interne du canal médullairea,
vont fe rendre a TépiphyCe,
du Fétus. . 3ÔÎ
îî paroit aufïi des vaifTeaux , qui placés
(dans toute l’étendue de l’os en lignes prefque
parallèles à Taxe , forment de plus en plus
des fibres qui font des famés féparées par
CCS vaifTeaux.
Ainfi l’opacité , la fragilité ôc la rou¬
geur s’étendent également du centre de
l’os vers Tépiphyfe de chaque extrémité , à
mefure que s’étend Tartere nourricière avec
fes rameaux, dans îefqueîs le fang pénétré
tou j ours plus profondément.
Alors les plus gros vaifTeaux encore dé¬
licats des cerclés vafculeux , pofés les uns
entre les autres , transforment les éminen¬
ces en petites lames; & la dilatation des .
vaifTeaux qui defcendent à travers toute la
partie offîfiée, & dont le fang n’a pas en-,
core trouvé un palTage libre jufqu’à l’épi-
phyfe , force quelques lames de s’élever
dans le canal médullaire , d’ abord du mi¬
lieu de l’os , enfuite de^ toute fon étendue; ,
c’eft ainfi que fe forme la fubftance alvéo¬
laire.
En même temps le tifTu cellulaire de¬
vient rouge, à caufe du grand nombre de
vaifTeaux dont ce canal eft rempli, & alors
il commence a Te faire fecrétion d’un füc
médullaire gras & rouge.
Outre cela, quand les arteres du cercle
302r La Vît
vâfcuîeux font parfaites , c^eft-k-dirc, que
jüfqu’k rextrêmicé de l’os elles font rem¬
plies de vrai fang , tout ee qui étoit car¬
tilagineux eft alors devenu ofleux par le -
moyen des particules concrètes comme
graveieufes que le fang y apporte, & ces
particules en font un os dur & fragile.
Ledix-huitieme jour, le fangqüi palToit
plus difficilement a l’épiphyfe , & qui par
cette difficulté diftendoit les arteres à l’ex-
trêmité de fos, en forme de tête de clou,
s’ouvre enfin un paflage a travers les pores
de la lame cribleufe , & apporte ce qu’il
imt de fang dans ce qui eft encore carti¬
lagineux.
ÏÆs vaifieaux extérieurs qui font k l’ex-
trêrnké du membre font le même office.
Tout fe fait pareillement dans l’épiphyfe
par les mêmes caufes ; de toutes parts l’ar-
rere nourricière fournit des vailTeaux qui
fortent de la furface percée du noyau , &
qui charient une provifion de matière ter-
reufe.
Cette matière terreufe forme le com¬
mencement du nouvel os dans le centre de
ce noyau> aux environs de l’entrée de l’ar¬
tère nourricière ; & la preffion des vaifîeaux
la rend alvéolaire j cette fubftance alvéolaire
du Vêtus, 303
sMtend peu-k-peudans ce qui eft cartilagi¬
neux , jufqu’à ce que toute l’épiphyfe foie
elle-même devenue oireufe,& qu’elle s’unif-
fe a l’os par l’épanchement du fuc terreux ;
jamais cependant l’union de l’épiphyfe avec
l’os n’eft également ferme ; la portion car-
tilagineufe des cotes fe détache facilement
du refte de l’os , cela arrive même dans
certaines maladies.
J’ai vu tout ce que je viens dé décrire 3
& on peut aifément le voir comme moi k
ï’aide d’une lentille fort convexe \ la raifon
enfeigne le refte : fçavok que les particules
terreufes s’adaptent aux fibres glutincufes ,
dt que ces fibres acquièrent d’autant plus
de dureté qu’elles font vifqueufes, de abfor-
bent facilement les parties terreufes.
Enfuite à mefure que l’animal continue
de vivre , ces mêmes particules teiteulès
s’épfnchant dans les petits vuides que laif-
fent entr’eux les vaifteaùx , compriment
davantage les artérioles qui font déjà com¬
primées de rétrécies par l’os k mefiire qu’il
prend plus de folidiré, en écrafenc plufieurSj
& forment par-la une fuperficie continue,
fuivant l’ordre dans lequel font rangées les
fibres. Cette matière terreufe fe dép^ con¬
tinuellement de ne eefîe qu’à îa niort, c’ eÉ
hct Vît
ce qui fait que les os deviennent de plus eu
plus pefans, terreux & fragiles; que le nom^
bre de leurs vailTeaux diminue de plus en '
plus , & qu'ils fe foudent plus difficilement;
ç’eft ce que les Chirurgiens ont obfervé
depuis long-temps» Les os des jeunes fujets
ne donnent par la càlcination que quelques
onces de cendres, ceux d’un bœuf en don^
nent k-peu-près la moitié de leur poids ; un
os encore mou fe dilTout prefque entière¬
ment*
Le calus eft une imitation d’os ; car le
gluten qui tranfude des vaifTeaux & des fi-
'bres de l’os fraduré & des vaifleaux mé¬
dullaires déchirés , prend fpontanément
confiftance & devient un cartilage, comme
ce même forme naturellement urt;
cartilage ; il s’offifie enfuite quand il â des
vailTeaux alTez dilatés pour que de vraifang
puilTe le pénétrer & apporter le fuc,, ter¬
reux , & cette terre forme les points ofleuX
que la, garance teint en rouge, dont chacun
devient un noyau olTeux, qui leçoit & en¬
voyé des vailTeaux jufqu’a ce qu’il ne refte
plus rien du cartilage & que tout Toit ofii-
fié. Cependant le calus eft toujours un corps
inorganique, celluleux & fpongieux ou fo-
lide , parce que le fuc olTeux n’eft point
doué naturellement de la faculté de faire
par
âîi Fiüiài
-^àr fon ühidii avec lé fue terréux , un touè
bien ordonné.
§.XXÏt. Dmi Phomm.
II y a fort peu de différence entré îà
maniéré dont fe forinentles os des quadru»
jpedes & ceux des volatiles , c’eft auïïi à*peu"
près de même dans l’homme. Nous éoni-
mencerons pair les os longs, e’éff-à-dire,rhü“
hiérus, le cubitus^ le radius, les os du méta¬
carpe^ ceux des, doigts j de la main & du
pied^ le fémur y le tibias le péroné y le cal«ï
caneumy le métatarfe & l’os hyoïde;
Tous ces os ont de commun entr’eux^
que dans le principe ils font gelée ^ enfuiré
.cartilage ; de-fa il fe formé un cercle dans
le milieu^ qui s’offifie le premier, & qui eh
croiffant peu ■ àfpeu , s’étend en s’olfîfiant
vers les épiphyfes, & enfin réduit en une
croûte mince le cartilage qui lui obéit.
Gn Voit auÜï plutôt ou plus tardj dans
i’épiphyfe delà plupart des os , des noyaux
jde chaque coté ; ces noyaux par leur pro¬
pre accroiffement changent en os ce carti;^
îagej qui par lâ fuite termine là vraie fubf^
tance offeufe ; eft reçu dans la cavité arti-'
culaire^ & s’attache à l’os par une furfacé
inégalêi
Ces os brit àullides vaiiTeaux iiGurricièr%
Tôme JJi V
des arteres & des veines qui les accofil^â'»
gnent *, ces vaiiTeaux defcendent oblique¬
ment dans la mpëllê, par un canal qui leur
eft proprCj vers le milieu de f os.
■ La plupart du temps ils fe di vifent comme
dans les volatiles y en deux branches , dont
chacune va fe diftribuer k une épiphyfe.
Ils fourniffent auffi des vaiffeaux longs
placés entre les lames de les libres de fos •
il y en a cependant quelques petits qui
viennent du périofte^ ce qui n’eft pas de
même dans le volatile, car il ne paffe dansée
volatile aucun rameau dans Fos, qui vienne
de cette membrane.
Il y a enfîtt quelques petits vajiTeaux ,
jqui du canal médullaire, pafîènt dans les-
pores de Fos , en l'evenant par les filions êc
les intervalles qui fe trouvent entre les lar¬
mes ; c^eft de cette maniéré quel de petits
vaifTeaux pafTent de là dare-mere au cfâne^
Il y a d’autres vaifTeaux pour nourrir les
ëpiphyfes, ils font en grand nombre, ils
fe plongent .dans les puits de la fub fiance
alvéolaire ; leurs rameaux qui font très^
"fins font une éfpece de dellin fur le périofte
& fur le tifTü cellulaire ; on prétend qu’ils
ne s’anaftôniofent point ; je penfe qu’on
eft induit k le croire , parce qu’ils font
fort courts.
J’ai fouvent vu dans Fhomme, les vaif
dnFétüsi 367
féàuît fujpèrficiels dès cartilages naître dti
Cercle qui entoure l’épiphÿfe - quand Fépi-
phyfe eft encore cartilagiheufe > les Vaif^
féaux font moins àppârèha^ cependant oü
en trouve des tracesi V - \ ■
’ Dans l’homme y la lubfLatiCe de Fo^ dâns'
fon principe eft de même due dans le Volatil
le , pbreufe "blanche & tendrey elle deViehl
fibreufê quand les intèrftices des pores iont"
devenu^ continus- en ligné droite; & enïiti
ils font formés de laines; quand lé foc oi^'!
îeüX à rempli une partie dés fentes' qui ÿ
font ; les fibres ôfteufésj' comme celles deS
-parties molles; fe détournent de côté & fë
mêlent en formé de réfeau ; & chaque fi-^'
bre eft ifn fâifceau d’âutres plus petites fi¬
bres. - ■- ' ■-
Les os humains oht àüiÈ l’eüf laifies quL
ie prolongent dans la cavité; médullaire ; J
elles font froncées , percées de , trous éê té- ‘
ticulaires,; & enfin iFy%"âuit 'èirréïhiî:es
dèi’os; dës réfeaux très-fins de filets Oiïeux- .
autour dé grades aréoles j lés vqiafilês "
ifén onc^pâs^dë pareilsf ; ; , -
Il n’y â aiifii aux épiphyfes qu’une feulé I
lame 3 qui couVre un tifîu ceîlüiâire. ;
Le gluten ôc le fuc terré üx font de M '
même nâtürei '
Ceci s’accorde avec lès meifteüres oB^
Vij
fervatîofts que nous avons éparfes fur k
formation des os humains, quon a faites
en fuivant ràccroiffement de l’os depuis
fon état gélatineux jufqu’à fa parfaite for- ,
matîon ; quoique dans l’homme on ns
puiffe pas de même obfervsr dès les pre-»
miers temps de la formation j de qu on ne
foit pas à portée de déterminer de même
les époques.
Ainfi ce qui eft vrai de l’arrangement
des yailTeaux dans la formation des os dans
les volatiles , felî: de même dans les qua-^
drupedes , & même dans f homme.
§. XXX. Les ôs pïatà.
Quoique ces os paroiffent d’uné autre
nature j & qu’ils n’ayent point de cavité :
médullaire , ni d’épiphyfe , ni de noyauj
ni enfin de Cercle central , comme les os
longs, cependant ils ont de commun avec
eux Cè qui eft de plus important.
Le coronal, par exemple, n’ eft dans I©
fétus des brutes, même dans le fétus hu¬
main^ qu’une membrane-rnolle de flexible;
enfuite c’eft une multitude de points of-
feux, étendus fur une membrane, fort dif-
tans les uns des autres^ de dont les inter¬
valles font remplis d’une matière molle.
Ces molécules deviennent un réfeau de
du Fctüs. ' 30.^
fibres, poreufés , écartées & ifoîées , qui
de tous côtés s’étendent vers la circonté-
rence. Toutes ces parties font flexibles dans
le principe , & cependant- ne font pas un
vrai cartilage ; enfüite elles reftent flexibles
au bord, & prennent plus de folidité au cen¬
tre, & on voit manîfeftement que le tout
efl; compofé d’une portion membraneufe
& d’une autre déjà ofleufe ; car les os même
fe ployent jufqu’à ce qu’ils foient très- min¬
ces : c’efl: à-peu-près le même état que celui
auquel les ramènent les maladies car on
a vu dans le crâne d’un hydrocéphale des fi¬
bres ofieurés éparfes dans des membranes ,
tandis que tout le refte étoit flexible à;
tranfparent. • •
Toutes ces fibres partent d’un centra
commun pour fè rendre à la circonférence;
c’efl; dans ce centre qu’entre la principaîe
artere nourricière, ou quelquefois plufieurs
artérioles.
C’efl: au centre, comme il eft raifônna-
bîe de le croire, que l’épanchement de la
matière calcaire forme, autour- de l’entrée
de Fartere, les premières lignes duréfeau
offeux , ainfi que les premiers points de
dureté. ' ' ;
Et il efl: évident que le füc ofleux s’é¬
panche de fe raflemble tellement au çen-
Yiir
jiQ La Vu
fre, qu’il remplit & met de niveau les
tervalles qui font entre les points offeux^
& les fentes qui font entre les fibres • c’elî
pourquoi c-efl: au centre que fe forme cette
efpece de noyau dur , parce qu’il y a beau¬
coup 4s vaiffèaux blancs qui font effacés j
& beaucoup de fuc terreux.
L’artere centrale envoyé des rameaux à
îa circonférence , le long des vuides qui
font entre les fibres ; fi on les découvre
avec force, on les arrache q (es fibres s’a-
longent auffi de, plus en plus , en même-
temps que les artérioles ; & les rayons ofieux
s’avancent , en accompagnant les rameaux,
jufqu’k ce qu’ils ayent parcouru toute faire
membraneufe de leur os.
Ii’os: s’unit, fe durcit & s’amincit plus
promptement dans les endroits, où iifouf-
fre preffion, comme au-delTüs de l’orbite,
. A f eî^trêmité de l’os; plat la plus éloi-?.
gnée du centre du mouvement , il n’y a
-dans le commencement qu’une feule lame
IjlFeufe , & elle eft intérieure ; mais plus
PU approche du centre, plus on trouve de
lames appliquées les unes fur les autres , de
façon que la furfàce eft comme ecailleufé ,
k caufe de l’inégalité du nombre des lames j
il y a plus d’épailTeur dans le milieu, comme
•dans les os longs , dç il ne refte qu’mP? lame
du Fétus. ' 3 î I
près de i’épiphyie ; on voit auffi k l’exté^-
rieur de l’ extrémité de Tos , plus de fibres
diftindes, rangées en maniéré de dents de
peigne, dans le temps que tout eft épais &
très-dur dans le centre ; & enfin la furface
eft comme déchiquetée, & ii y a des points
membraneux qui s’élèvent verticalement
entre les lignes ofîeulès ; ces fibres dures
font plongées dans la membrane <St paroif-
fent fe terminer. én fe continuant avec les
fibres membraoeufes,
J’ai vu fkns peine dans le fétus humain
de dans celui du chien, qu’elles étoient
rameufes.
Dans le temps même que le fétus eft à
ternie, il reftedes intervalles membraneux
entre les os qui font unis enfemble.
Il y a cependant des endroits où ces
fibres réunies font une forte d’épaiffeur
comme Gartilagmeufe , ç’eft du côté qu’el¬
les regardent l’os voifin ; c’eft le commen¬
cement du diploé , c’eft-à-dire, du tifîli
alvéolaire de l’os plat qui fc forme pemk-
peu entre les tables de l’os ; je l’attribue à
la diftenfîoii que caufeiit les arteres- dans
rinrérieur de l’os plat , ce qui qn forme des
cellules, comme cela arrive dans le noyau^
îorfqüe les deux fürfaces extérieures s’èn-
durçilTent a caufe de la preffion qu’elles
: ' Y iv ■
^12, Lii
éprouvent, & que leurs vaiffeaux font obli^,
térés.
Enfin quand deux os oppofés ne peu¬
vent prendre de l’accroiffement fans fe faire
réftftance l’un à fautre, les fibres de f os
qui eft à droite s’entrelacent dans celles de
celui qui eft à. gauche , comme s’entrekt
cent les doigts quand on joint les mains,
jufqu’a ce que les extrémités de l’os, étant
arrêtés par la réfîftance de l’os oppofé, cefc
fent de s’étendre ; c’eft ce qu’on appelle
des futures ; elles difparoiftent prefque en¬
tièrement à l’intérieur, parce que les deux-
os fe confondent plus promptement à l’in-,
térieur , & qu’il' y arrive une plus grande
quantité de matière calcaire,
Il y a quelques intervaUes des. os du
crâne qui font remplis d’un vrai cartilage;
comme vejs la felle turcique en dedans ,
en arriéré ; entre l’os fphénoïde , le vomer
& les narines ; entre l’os pierreux dc Tos
fphénoïde ; & aufti à l’os coronal ; ces car-?
tilages ne s’oftifient jamais , ou du moins
rarement, principalement ceux qui font k
f ur.ion de fos fphénoïde & de I’-qs pierreux;
au refte , j’ai vu ces cartilages remplis de fi^
}ets oCeux , de même que dans les os longs.
Le péricrane interne & externe, envoy ent
un grand nombre de vaiffeaux qui palTent
^|ns les filions, dç fos, & la dqro-imere en„
du Fehi&i'. 313
fournie de plus gros , qui ont leur canal
propre dans le crâne ; il y a un petit vaiC-.
feau nourricier qui paffe k Fexterieur du
coronal près de fon centre 3 il vient d’une
arrere do l’orbite, ,
Les vaiîTeaux du finciput font intérieurs
^ en grand nombre ; il y en a auffi a l’ex¬
térieur des os temporaux, outre l’artere
maftoï'dienne , & à l’intérieur à |a racine
de i’apopbyfe zygomatique,
§. XXXI. Les os courts. Les os compofés.
On peut mettre dans cette clafle beau¬
coup d’os du fétus ; non^feulement on y
comprend les os du tarfe , du carpe & la
rotule, mais même les parties des os com-?
pofés , que la nature a coutume de multi¬
plier & de faire très-petites , & qui ont
piufieurs centres & piufieurs arteres cen¬
trales ; de même qu’il y a des vifeeres qui
font compofés de piufieurs parties de dif¬
férentes figures, & des parties molles trésr
étendues qui ont piufieurs troncs d’arteres,
comme par exemple, l’eftomac, le foie
la dure-mere,
Les os courts font donc ceux quî con?
courent à former l’occiput, l’os moyen du
fpliénoîde, les os de la mâchoire, ceux qui
pompofent le fternum, le corps des verte?:
314
bres, les os pubis, rifchion, & les os fëfa,
moïdes.
Les autres os compofés font faits d’os
plats & courts comme f omoplate, les tem¬
poraux , le fphénoïde & les vertebres ; fos
facrum n’eft prefquç formé que d’os courts.
Le calcanéum, quoique fort court, a
un noyau comme les os longs,
La clavicule au contraire croit fans
noyau comme les os courts ; il en eft de
même des os du métacarpe, du métatarfe,
& des doigts.
Les côtes ont un diploé prefque de même
que les os plats ; on peut mettre auffi m
nombre des os plats ceux du nez , l’os un^
guis , le vomer, les apephyfes latérales des
vertebres, faphophyfe coracoïde , les ailes
du fphénoïde, dcc,.
Les os compofés , & cependant fans,
épiphyfe & fans addition d’un nouvel os ,
font chaque os de la mâchoire infédêure ,
k principal os de la fupérieure, l’os du'
palais, fos de la joue. Je marteau, l’enr?
clume & l’étrier.
Pour abréger, je dirai que les os courts
font de même nature que l’ épiphyfe d’un
os long j d’une confiftance de gelée ils
palTent a celle de cartilage , & il y en a,
piufieurs qui çonfervenc cette confiftan*
du Fétus.
ee, même jufqu’au temps de la nailTance,
Il y a dans^ce cartilage un grand nom¬
bre de vaifleain? , la plupart nourriciers ,
qui fe plongent à travers les puits ^ & vont
fe rendre au noyauj qui confunie peu-à-peu
tput ee qu’il y a de cartilagineux , de façon
qu’il ny rçfte plus que les croûtes articu-;?
laires ; il y a dans l’os pierreux du fétus des
grumeaux oiTeux, trèsrpedts, fepablables
g des grains de fable.
Les os compofés fuivent la nature des
parties dont ils font compofés ; ainfi îp
grand os du bâfîin, qui dans Faduîte eft
d’une feule piece , eft compofé de trois
dans le fétus \ los ilium, fuivant la nature
: d’un os plat,' a une artere cei\trale a Fin-
térieur, & une autre â l’extérieur, de
libres partent de ces arteres du centre à la
circonférence en forme de rayons , outre
cela à fa circonféretice & à fes articula¬
tions , il efl recouvert d’une forte croûte
çartiiagineufe, renfermée entre deuxpériof-
tes ; il en eft de même de Fpmopîate, dont
le bord ne s’ofBfie entièrement que tard,
à: prefque jamais en total.
Cette même croûte çartiiagineufe qui
eft entre deux os pubis , devient auffi dure
qu’un os ; cependant elle acquiert cette
dureté plus fenftblement dans Je refte de
l’union des os ifehion & ilium * au refte j
31^ La Vie I
comme les os longs s’uniflTent k l’épiphyfô,
ces os s’unifTent avec les petits os voifins,
& ne font plus qu’un feul os quand la lame
intermédiaire eft devenu très-mince , que
beaucoup de fuc olTeuxa rempli les por^ *
de la lame cribleufc, & q^uil a rendu unie
la furface inégale de fun de l’autre caifci-
lage-,
Àinfi tout bien examiné, la marche de
la nature efl: la même par^tout ; dans tous
les os elle fait d’un gluun un cartilage, de .
ce cartilage un centre offeux, & de ce cech
tre elle fait partir des fibres & des lames '
qui s’étendent de toutes parts , & qui enfin
fans le fecours d’un gros vailTeau, devien¬
nent un tiilu alvéolaire ou un tuyau plein
dans fon milieu d’une ftibftance médullaire,
dont l’extrémité eil alvéolaire ; dès le prin-^
cipe, il y a dans le fétus une difpofition à
former c-e tuyau , car la mâchoire infé¬
rieure a une artere très-confidérable , &
cèpendant cet os refte alvéolaire dans l’a-'
dulre • de même la clavicule eif un os long,
cependant fa ftruèture efl: alvéolair-e.
Je n’ajoute que peu de chofe à l’égard
des dents , leur partie offeufe n’a rien de
différent des autres os , l’autre portion qui
eft pierreufe ou l’émail , efl: formée par un
fuc particulier qui devient concret nianjiê|k
tement.
du Fétus. 317
% XXKll. Le périofte.
Après avoir examiné la formation
l’accroiiTemenc des os, il fera facile de dé¬
terminer quelle eft la part que prend le
périofte k cet acerpiffemenî:.
Le péfîofte eft cette membrane qni en*
Vironné Tos de routes parts ; il me paroit
néceflaire de rechercher fa première ori*
gine , car il me femble que ce qui a donné
lieu a Terreur de quelques horiimes cèle*
bres, c’eft qu’ils n’ont eu en vue le périofte
que dans l’animai adulte.*
Ainfi dans le fétus, dans le ternps qu’il
n’y a encore qu’un gluten en place d’os, il
il y a un périofte d’une fineffe arachnoïde
qui entoure tout Tos^ & non feulement la
principale partie, qui ordinairement eft dil*
tinde de Tépiphyfe , mais les épiphyfes
même.’
Alors Gependanf , tout le tem^ps que le
poulet refie dans Tœuf & le fétus dans la
matrice, il eft très-peu adhérent à Tos ) j’ai
fouyent emporté le périofte tout entier du
fémur ou du tibia d’un poulet dans cet état,
comme fi je Teuffe déchaufïéj fans même
déchirer une fibre en le réparant.
Ce n’eft pas la même chofe k Tégard de
Tépiphyfe ; le périofte commet^ce k être
3iS La Vit
adhérent kŸos proche Tendroit oh elle doiê
commencer, jufque-là c’étoit au centre de
î*os, alors c’eft à cet endroit j énfuite a
l'épiphyfe ; & il eft ii adhérent à i’un dè à
Fautre , qu’èn voulant l’arracher on fépare
répiphyfe du corps de l’os j âuffi-tôt: que
de cartilage il a commencé à devenir os ;
il eft auffi plus épais à l’endtoit où fe borne
J’épiphyfe & fur i’épiphÿfe même ; c’efl
ïionc le périofte qui attache enfemblel’os
ëc l’épiphyfe ; il s’endurcit & s’épaiffit avec;
le temps , & il eft plus exadement âdhé-"
tent à l’épiphyfe^ à l’endroit où l’épiphyfa
s’unit à l’os j 6c enfin à tout l’os; J e n’ai
jamais vu qu’il fut devenu cartilagineux;
dans lé poukù
Il ne pénétré jamais dans cet èhdrok dé-
l’imion de l’épiphyfe à l’os ■ je fuis trop cef^
tain d’avoir vu plufieurs fois un grand nom-'
bre de vaiffeaux palTer de l’os à l’épiphyfe p
à travers cet endroit , & k travers la lame'
cribleufe qui le recouvre, & qu’èn coupant’
i’os on cOupoit ces vaiffeaux -, or s’il y a voit'
eu üii périoftè dans cet endroit, tous- ces^
vaiffeaux atiroient dû paffer par les trous
du -périoftè & le détacher j même l’arra- '
cher avec -eux dans le temps qu’on les dé-'
range. ■ , . .
Quand on a féparé l’épiphyfe de l’os .qui
du FétuÉ. 319
tiennent peu î’ un k l’autre , fi on niet l’os
tremper dans l’eau, on n’y découvre à l’en*
droit de cette limite jamais de membrane.
Le périôfte s’aîonge au>delà de l’épiphyfe
pour former la capfule articulaire ; c’eft le
périofte c|ui unit dans le fétus les deux os
de la mâchoire & d’autres, •
Pendant tout ce temps les tendons s’in-
ferent au périofte, & n’envoyent feulement
pas Un filet a l’os * car en léparant le pé*
riofte de l’os même dans un fétus humain ,
j’enlevoîs tous les tendons, & il n’y avoir
pas une fibre qui lui parvint.
A mefure que l’os acquiert de la dureté ^
le périofte devient de plus en plus épais, &,
plus manifefternent celluleux , de maniéré
qu’a l’endroit où, fe borne l’épipliyfe , on
peut enlever pïufieurs de fes feuillets cellu¬
laires, & qu’en le faifant fécher comme
un parchemin , il s’en va. en lambeaux.
Pendant tout ce temps ^ à la vérité pic
périofte eft blanc dans le volatile, & je n’y
ai pas Vu un féul vaiiTeau rouge j ni même
après pïufieurs femaines d’incubation . Ce
qui prouve bien que fes vaiiTeaux font fort
petits ; dans le fétus humain un peu grand ,
il a des vaifîeaux aftez apparens dont j’ai
décrit ailleurs les petits, troncs dans les os
longs ; il en part de petits rameaux qui s’in-
320 Là Fit
finuent dans les fentes de fos j cependaftt
ils font beaucoup plus petits que les vaif-^
féaux des puits dans les os coures j ou
ceux dit crâne ) & encore beaucoup plus
petits que les vailTeaux nourriciers ; les
rameaux principaux qui palTeiit entre les
lames olTeufes , ne viennent point du pé-
riofts, ni les cercles vafculeux dont nous
ayons parlé \ car coiume nous l’avons dit|
c’eiî i’artere nourricière qui les produit.
Tous ces vailTeaux reçoivent des gaines
celluleufes du tiifu cellulaire du périofte ,
dans lèquel les couches extérieures de cé
düii viennent fe terminer^ & ces gaîiies
tapiiîent les petites cavités des alvéoles. '
Dans le poulet qui eft forti de l’œufj le
périofte eft fî adhérent à l’osj qu’on né
peut feii détacher fans le déchirer.
Enfin le périofte eft épais dans l’hommé
adulte 5 & il pénétré dans tous les puits^
toutes les fentes & dépreftions des os , &
ii.alonge avec lui les tendons qui lui font
inférés , fi bien qu’on a cru qu’ils avoieiit
leur infertioh k l’os.
Cette membrane cependant eft toujours
de nature celliileuie , & il n’y a point un
certain ordre de fibres , ni même de fibes
longues ÿ fi ce n’eft des fibres étrangères
quiJui viennent des tendons* M. Eougé-
foux
du Fétus. 321
roux avoue qu’il ne connoit pas la ftruc-
ture du périofte, mais il la coniioîtroit li
elle étoit favorable à fon opinion.
§. XXXÎII. Les os s^engendrcnt~ils du
périojîe?
On aprétendu quelès os dans leur prîneipe
étoieîic membraneux , qu’ils étoient alors
formés de fibres & de vaifleaux ; que les
fibres viennent des mufcles , & que ce qui
fuccède enfuite , naît par ordre du pé*
riofte.
Ceft une membrane , a^t-on dit, qui eft
la première fubftance de l’os, & cette mem¬
brane a des pores qui reçoivent un fuç qui
s’épaiffit; ce n’eft pas 'par le moyen d’un
fuc qui fe change en os, que fe bouche le
trou fait par le trépan j le premier point
de concrétion n’eft autre chofe que des fi¬
bres qui s’étendent en long , & qui font
la partie extérieuré de l’os.
On eft perfuadé que les os font formés
d’un fuc plâtreux j uni aux membranes
qui le fbrmoient dans lè principe ; on croit
auffi que le calus ne vient point de l’extré¬
mité des pièces frafturées 3 mais par le
moyen d’un, fuc qui éft.verfé de l’extérieur
dans l’intervalle qu’elles lailTent entr’elles ;
l’os d’abord eft une membrane , enfuite un
Tome IL X
322 Lu P^h
i:arciîage, c eft un aphorifme de Boerhaave.
.M. Duhamel a donné un nouveau fyf-
tême fur la formation des os. (i)
Il ne rejette point le gluten^ ni le car¬
tilage primitif qui devient os , ni la terre
quhl appelle crétacée. Il nie abfolument
que fos forme d’un gluten inorganique,
<& qu’il prenne de l’accroiffement par ce
gluten : & nous fommes a cet égard d’aç-
çord avec lui ; car nous fommes perfuadés
que le gluten qui efi: deftiné k former le
fémur , n’eft pas a la vérité femblable à l’os
d’un adulte , mais qu’il eft cependant fa¬
briqué de maniéré que par des couches fub-
féquentes, fa ftrudure devienne telle qu’elle
eft dans l’adulte, c’eft le point effentiel * &
M. Bonnet n’ a pas voulu prononcer entre
M. Duhamel & moi, parce que l’opinion
de M. Duhamel lui paroiftbit mieux s’ac¬
corder avec le développement ; mais ce
n’eft pas fur cet objet que nous fommes
en diipute , car chacun de nous deux eft
perfuadé que l’os fe développe : pour moi
- j’en ai fait preuve.
Voici le point de'la difficulté,: M. Du¬
hamel penfe que le période eft l’organe
. dans lequel fe prépare le cartilage qui doit
(î) Mémoires 4e l’Académie Royale des Sciences^ I74î‘
du Fétus. 323
devemros par ^àcldition d’une terre calcaire:
que chaque lame intérieure du périofle de¬
vient une lame offeulTe, & qu’ainfi chaque
lame du périofte fe détachant fucceffive-
ment , l’os enfin devient épais par l’àppo-
fition répétée de cès lames les unes fur les
autres.
Que le cartilage , qui différé peu de î’oSj
fe forme âufii par l’épaiffiffement des lames
dü périofte ; que e’eff aufii de eêttê mém-
brané que pfovieM le cârtilage de î’épî-
phyfe.
Que par cônféquènr les lameS bffeufes
ne font point formées d’un fuc gluûmuit
qui devient concret, ou qui fe irépand dans
le tiffu cellulaire.
Ayant obfervé qu’en enlevant le périofte
d’un os de veau, il emmenoit avec cé pé¬
riofte une lame mêlée d’ôs & de cartilage,
enfuite qu’il voyoit aüfii des lames demi
offeufes qui avoient encore quelque chofe
de là nature du périofte.
Il attribua au périofte tous les vaiffeaux
des osj même les vaiffeaux nourriciers.
^ II penfâ que la ftrufturè des Vaiffeaux eft
la même dans les carrilàges des extrémités
des os , dedans le pérloftè*
Que même les eXoftofes ne font qii’dh
endurciffemenc du périofte, & que c’eft.
- Xij
324
cette membrane qui remplit le vuide des
fradures.
Enfin que les os dans le principe ne font
qu’un vrai périofte, & qu’un cartilage eft
un périofte épaifli.
Mais comme j’avois fait en différens
temps des remarques contre cette opinion,
& que j’avois publié mes obfervations fur
la formation des os , le neveu de M. Duha¬
mel prit la défenfe de fon oncle, & M.
Daubehton, ainfi que M. de La Sone & M.
Petit , fils , embrafferent fon fentiment.
M. Schwenke penfe que le périofte eft
l’organe qui prépare le calus ; & M. Monro
penfe que le calus eft plutôt un périofte.
Suivant M. Bordenave , le périofte qui
fait la fymphyfe de la mâchoire inférieure,
devient cartilage & os.
Et l’opinion de M. Eercin n’eft pas fort
différente de celle M. Duhamel.
§. XXXIV. Quelques objeSions.
Ôn n’adopta pas univerfellement cette
nouvelle opinion, & plufieurs Auteurs s’en
tinrent au fuc ofleux ; quelques-uns même
écrivirent contre M. Duhamel.
Pour moi j’ai fait des expériences que
j’ai publiées il y a quelques années, qui ne
m’ont pas permis d’adopter le fentiment
de ce grand homme.
du Fétus. 325
1 Premiefemént, le fuc offeux, dont l’exif-
tence eft démontrée par tant d’expérien-:
CCS, qui eft, une humeur d’une nature par¬
ticulière , qui feul peut- fe fatnrer de par¬
ticules terreüfes, qui fi, on l’enleve de l’os^
le rend friable , & fi on le lui rend , le remet
dans fon état de folidité ; ce gluten , dis-je,
n’eft d’aiicun- ufage fi' le fentiment de M.
Duhamel eft. vrai. - . : r' "': : '
Il n’en parle nulle part que pour le prof
-crire. e:::; ^ ^ ■
Selon lui, c’eft le périofte qui fait le car^
tilage , qui enfuite:de-vient os, & c’eft auffi
le-périofte qui forme le calus & les exof-
-tofe&-- ' ■ ;■ - . .
- Màis j quoî equfil' en* dife;,: ce fuc paroit
très -^manifeftement dans- le calus d’une
frafture. , - ■ ■ - : é - ' ;
Premièrement , il n’eft pas aifé de com¬
prendre comment une membrane qui eft
même Gêlluleüfê & durejpeuts’étendre dans
une fraélure au point de remplacer des
déperditions confidérabîes de la fubftancs
■de l’os ; & fi on fuppofe que le périofte en
s’avançant de chaque côté vient fe réunir,
il n’eft: pas facile d’ expliquer comment cette
membrane pourra former un calas très-dur
& très-long , tandis que d’ailleurs les plaies
dès parties membraneulès ont beaucoup de
V . Xiij'
3 2^
peine k fe confoli.der, & <jye k aaairîcc
s’en fait fort difficilement.
Il y a des exemples de pertes çonfidé-
rables de fuibûance de l’os fémur qui ont
été- réparées ; on a vu auffi fe réparer une
très-grande longueur de rhumérus, un os
presque tout entier, & même tout entier*
De même le tibia prefque- entièrement
confommé s’eft régénéré , quoiqu’il n’en
reftat que quelques pouces ; 'à s’en eft ré¬
paré une fois cinq pouces , & une autre
fois huit à dix; '
On a vi^ fe faire une réparation à-peu-
près femblabje au péroné. au cubitus. .
On a même emporté deux fois Une
grande portion de la mâcHoire inférieure ;
îa nature; a réparé ,ee défordrè q la moitié
s’eft régénérée dans un autre cas..; , :
Lea os dutarfé fe font réj^Eés;, ê: les'
faftes de la Chirurgie font pleins/ de, pareils
exemples ; on a trouvé dans une fFa<fture
du bras que matieré vifqueufe éê' callêufe
entre les pièces fraâ^es, , > . : .
Et dans un cas ou le périofte fçulre*^
noit les extrémités fraftiurées d’un. os , la
réunion étoit très-foible,
Bar des recherches exactes & par l’exa¬
men des os , on a vu en feaélurant des os
d^’animaux pour ffiire des^expérieiices, que
'duFctüf.: ^27
d’abord il s écoulait un fuc ofîeip dé tous
les points de la fr^-UFe. . : .
M. Fougeroux , pour défendre fa Caufe ,
prétend que ce fuc eft une lymphe fanguî-
nolente, fans s’embaFrairer de ce. qu’il de¬
vient j mais on lui a fait voir qu’il- s’épaif*
filToit , & qu’il paffmi fuçeeffivemeM par
tous les degrés gluten , de. gelée ^rde cari
tjlage , de croûte ofleufe , & devenok u».
véritable os , & même qu’il formoit Une-
exoftofe i quoique ce fu c foit fi vérit^e-
ment fluide, qu’il reln^it la cavité, m^^
lairê dçvs’épançhe entre les müÇeles yoib
■filKi . . .
Il n’eft pas fans; exemple que desvdents
éjrêule^ le;^fbiènt remplis de matière ofieiÉ^
; ipUÆ^fait voirdufè que* ee^ fiie‘,:eoagulé
comeneit tout ce quffe trouve dau® un os
^qul lè formqn e’eft-à-dire ^
des .yaifTeaux fanguins;. Une fubfiançè car?
tilâgineufe, & desnoyaux ofieux; dt;qujsn-
fin ces noyaux fe colqj^ient par CuC^e de
la garance comme dans l’ohnatufeà : on
obferve encore que lë calus eft; quelquefois
tout réticulaire, comme l’efi un os la plu¬
part du temps, ' j -
Qn ne remarque aucuilde ces phéhomenes
dans le périofte, il ne prend jamais de coifi-
Xk
328, La Vie
leur, il ne s’y engendre point de vailTeaux
fenfîbles ni de noyaux offeux.
Mais on diffingué facilement lé périofte
du cal us, quand \q glu tcri<3^\ doit le former
s^épancb'e fur céttè membrane , & qu'elle
enveloppe ce calus a l’exrérieur , comme
elle enveloppe un cartilage naturel que
dnreÉe-.te periofte n’eft point adhérent au
calus ,y à moins rqu’iî né foit tout formé,
mais il ne -précédé point fa formation, &
il ne lui vient que- quand il eft: parfait.
' A la^ vérité le périoife d’en haut & celui
d^en bas font unis par un tilîu cellulaire y
mais aufii il eft conftant que le tuyau mé¬
dullaire- -concourt -'à -fâir^' le calus , -ds-en
fait une grande partie -dans l’endroit ou il
n’y a pas de vrai pmofte ; - qù’il - naît - des
vâifteâûX de la nouvelle moëlle , & que ce
tuyau-êftrrempli' pâr un füc qui s’épanche,
ce qiéôii:népourrôitpâSefpérer dû periofte.'
Nous 'avons 'un '-exemple d’üne~=' iârgé
portion-de périofte-féparée du tibia ^ce qui
n’a pasvempéchénê‘m'âl de fe guérir & l’os
de feffâître ; de nous fçavons que l’os' peut
vivre fans périofte. - ^—- •
La nature du calus ne permet pas d’ef-
pérer qu’une mernbrâné puifte le fournir ;
il fe diffout dans l’eau bouillante, & la
du Fétus, 3^5
fievre fe dilTotît auffi : cela ne peut arriver
qu’à ürx fuc concret, & n’arrivera jamais
à une membrane.
Il y a encore des preuves évidentes qu’il
y a un fuc qui s’dffifie , même fans qu’il y
ait eu fraéture : ces croûtes qui couvrent
les vertebres des vieillards en font foi, ainfi
que cette matière femblable à de la cire
qui tranfudoit d’un os corrompu ; eettefta-
lacÊice qu’on trouva formée dâiis ün ca¬
nal que s’étoit creufé une balle de plomb
dans la dent d’un éléphant ; & enfin ces
gouttes de fang qui coulent dé la fiure-
mere, pour commencer la réparation, dans^
une Fraâure dü crâne , comme il y en à.
dans un caîus , de d’autres gouttes qui vien¬
nent du diploé. '
Enfin les expériences de M. Tenon
viennent fort à l’appui de notre opinion ;
car il a vu dans des chiens vivans, fortir
de trous qu’on avoir faits au Crâne / une ef-
pècQ ÛQ gluten , mou & fanguin * que cé
gluten formoit des bourgeons, qui nâif-
foient de ces trous, & que par leur Union
iis faifoient une efpece d’enveloppe à i’os ;
il a reconnu que cq gluten vient de Finté-
rieur de l’os, que ce qui étoit Vifqueux &
rouge eft devenu blanc, folide, & prefquc
cartilagineux , & s’ofiifia enfin ; & que
330 La Vie
c’eft la propre matière offeufe^, qui étant
privée de Ta partie terreufe, s’amollit ôc fé
durcit dès qu’elle l’a recouvrée ; que ce glu-
ten s’étend dans l’eau , & fe relTerre dans
refprit-de-vin : tout ceci prouve évidem¬
ment que la régénération fe fait de la fubf-
tance intime de l’os & non du périofte.
Après qu’on eut emporté à un malade
un corps gélatineux & demi cartilagineux,
qui l’avoit incommodé long-temps , lana-
nature olTeufe fe rétablit , quoiqu’il n’y eut
point de périofte.
C’eftainfi qu’on a trouvé dans la cavité
articulaire, du genou' un corps cartilagi¬
neux & une groftç concrétion ofteufe en¬
tre le pubis & la veftie,;„& fi on . a nié qué
ce fuftent de vrais os , on a voulu dire qué
e’étoit un amas in^rfait de lames & de
fibres, mais le périofte n’y a eu aucune
part.
L’émail des dents eft manifeftement
formé d’ un fiic qui fe durcit fans qu’il y ait
de périofte ; fi on objeèbe que l’état naturel
de l’os eft tout autre on fait voir facile¬
ment que la défenfe de l’éléphant eft for-»
mée de couches comme , un os, que le
vinaigre là, ramollit, que e’eft un véritable
os fans périofte , & qu’elle fe forme de fbn
propre fuc. ^
du Fétus . 33*
II y à aufR des exemples de dents qid
fe font unies enfemble fans périofte.
On a troiiyé une corne de licorne , dans
la cavité de laquelie une autre corne s’écoit
formée; il eft de toute néceffité que cette
fécondé corne fe foit formée fans pérk>f:e>
Il eft évident que les cartilages déyien*-
nent olTeux de leur propre fubftance inté¬
rieure , & ‘ non de leur furface, & qu’ils
n’ont pas befqin de périofte pour s’offifter:
on peut rapporter k ceci la remarque
faite Ruyfch d’un os frafturé,, dans lequel
lahfurface manquoit , il n’y a point de doute
qtiqle périofte ne manquât auffi ; cependiant
la frafture fe réunk par le rajc^en d’une
efpece de diplqé qui; proveflqk- dej fmtèér
rieur de l’os ; & un grand Anatomi'^ afere
que Ja matierè qui remplit lu trqu fek
^ la rCGuronne de trépan j nq vient ni de k
duré^mere , ni du péricrane , mais du
■ plbéi; ^
li fe forme contre nâture.desHos dans les
àrteres 5 fans périofte j & -fans qu’il y a^k
dans ies parois membraneufes' d’une grolfe
artere rien dé propre a conftruire des; os ;
il s’en forme aufti dans les tendons^ds:; dans
des membranes très délicates ,, comme; k
rétine & la pie- mere.
Il eft conftant auffi qu’il fe fait des an-
332 La Vie
kylofes , comme du fémur avec fa cavité ;
on ne peut affurément les attribuer au pé-
riofte , puifqu’il n’y en a point.
Les os longs font toujours terminés
des deux côtés par un cartilage,; il n’y a
jamais, dans quelque état que ce foit, de
membrane dans cet endroit.
§. X X X V. Nos preuves.
Il paroît réfulter mànifeftement de ^cc
que nous avons dit jufqu’à préfentj que le
périofte n’eft -point l’organe dans. lequel fè
forme l’os j car il ne contient point les fucs^
'qui feuls peuvent faire la nature qffeufe,
puifqu’il n’eft point côlôré par la garâncé^
dont la pouffiere, de'fàvéu même de M.
'Duhamel ,^ s’attache à cette terré calcaire >
qui eft la matière propre dé l’os ; Or la^a-
rance ne teint même pas lé périofte dans iè
temps qu’il fé forme un nouvel osqil n’a
donc pas dans ce temps de vaiiTeaux pleins
de l’humeur qui fait l’offification y iP n’a
nullement de gros vaiffeaux quand l’os fé
forme , puifqu’il eft bîahc ; & ce n’eft pas
non plus du périofte que na;iirent les vaif-
féaux qui fe diftribuent dans lé calus j &
qui font néceffâires pour l'a régénération
de l’os , puifque ce font eux- feuls qui char^
rient îe fuc ofîeux ; c’eft la moelle qui eîi
eneendre la plus grande partie.
du Fàîis. ^ 333
La firuérure du périofùe n’eft certaine^
ment pas îa même que celle de Tos ; il n^a
point de fibres longitudinales, comme il y
a dans Tos qui fe forme, puifqu’il efi: cel-
Huleux & fait de fibres très-courtes.
Les principaux phénomènes de Toffifica-
tion fe palTeiit dans l’intérieur de l’os, où il
n’y a point de périofte ; c’eft à l’intérieur
que naifienc les'lames, la fubftance alvéo¬
laire & les vaifleaux, qui en traverfant la
lame cribleufe , vont fe rendre à l’épi-
phyfe , & qui y apportent le fuç offeux ;
c’efl: de l’intérieur qu’il fe forme un nouvel
os dans le cartilage qui conftitue l’épiphy-
fe ; ce nouvel os n’efl; recouvert d’aucun
périofte, il reçoit des vaifleaux par fes
puits, pour les rendre de fa furface au car¬
tilage ; c’eft à; l’intérieur que naiATent dans
le milieu du cartilage les points rouges du
calus , qui enfuite s’oflifient.
Outre cela , dans le temps que l’os eft
formé d’un cartilage, le périofte eft très-
imparfait, il eft foible, très- mince, & n’a
point de vailTeaux qui charrient les fucs
propres à l’oflification ; il eft trop mince
pour avoir des lames qui puiflcnt fe déta¬
cher & fe changer en os. ,,
C’eft par le milieu de l’os que i’oflifica-
tion commence à fe faire, & c’eft en cet
154
•cn^ifoît que ïê période a le moins d’adhé-
tence avec lui ; de plus, ce n’eft que quand
i’os eft parfait que les lames du përiofte le.
multiplient, & qu’il devïénc plus épais.
Il efl; fi Vrai que les lames ofTeufes ne
font point formées par les lames internes
4u période , que le périofte n’eft adhérent
à aucune partie de l’os, fi ce n’eft à celle
qui n’eft pas encore offifiée, c’eft-à-dire,
fépiphyfe ; on peut en tout temps enlever
le périofte du refte de l’os, fans endomma¬
ger l’os ,•& il n’y a point d’exemple du
contraire ; il n’eft adhérent à l’os que quand
la figure & la ftrudure de fos font parfai*-
tes ; dans ce temps il eft très-poflible qti’oh
enlève avec le périofte quelques fibres of-
feufes , une petite lame à demi cartîlagi-
neüfe , ou une écaille de l’os à demi ofTeu^
fe ; on n’a jamais vu de nouvelle lame dif¬
férente de l’os, renaître entre l’os & le pé-
fiofte.
Enfin les^ expériences démontrent que
l’ofTification fe fait par une autre caufé,
feavoir par le moyen du (uc glutincux , qui
fe charge de particules calcaires , qui étant
apportées par les arteres , viennent s’atta¬
cher au gluten qui exifte primitivement.
Il n’y a pas la moindre apparence que
Q& gluten primitif foie le périofte, perfonne
du F itu s. 335
a’a vu îe fémur reffembîant à une mem¬
brane ; quand on le coupe, il ne refte point
de lambeaux à l’endroit de la^ divifion , &
Il on le fait tremper dans l’eau, il refte
toujours uni & fans flocons.
§. XXXyi. Réponfes de M. Fougeroux
à ces preuves.
M. Fougeroux répond qu’if ne parle
point de la première formation de l’os ;
qu’il voit bien & qu’il admet que le fémur
dans le principe n’eft qu’ung/nien , & qu’il
ne parle que de l’accroiflement de l’os qui
a lieu dans l’animal plus âgé.
Que les noyaux des épiphyfes ne font
point des os.
; Que c’eft du périofte qü’eft formé le
cartilage qui doit devenir os ; que puifque
le cartilage devient os , il n’eft point éton¬
nant que le noyau fe forme dans le carti¬
lage.
Que ce qui nous paroît n’être qu’un car¬
tilage inorganique , a cependant fa ftruc-
ture particulière , car un morceau de gom¬
me informe ne produit rien.
Qu’il enleva avec le périofte un fil qu’il
avoir pafîé à travers la tumeur d’un calus
renaifîant.
Qu’il s’engendre de nouvelles lames dans
le périofte, à mefure que fes lames fe dé¬
tachent & s’olîifient.
Que le calus à, la vérité eft cartilage,
mais qu’il étoit périofte auparavant ; que le
périofte lui eft très-adhérent, 6c qu’il four¬
nit des lames au calus.
Que la garance ne colore point le pé¬
riofte , parce que cette racine n’agit que
fur les parties crétacées , 6c qu’on ne doit
pas comparer cette membrane à l’os formé,
mais feulement au cartilage.
La plûpart de ces raifons ne répondent
point à nos objections , le refte me paroît
contraire k l’expérience , 6c en total il me
femble qu’il y a contradiction.
M. Fougeroux dit qu’il n’y a que le car¬
tilage qui foit formé du périofte, 6c ailleurs
il dit qu’il fe détache des lames du périofte^
qui font des lames olTeufes.
Il admet le gluten primitif, & ailleurs
il objeâie que ce gluten a été périofte, .6c
que le cartilage eft un périofte épaifti - ce¬
pendant puifqu’on peut détacher très-faci¬
lement le périofte de cette gelée, qui alors
eft le fémur ; puifque cette gelée pafte k
vue d’œil de l’état de gelée a celui de car¬
tilage, 6c enfuite k celui d’os, 6c jamais k
l’état de membrane,
Puifque dans les os du fétus on fépare
facilement
du Fétus. ^3^'
fecilement du périofte j un cartilage rouge ^
tremblant, &: même gélatineux, de Tcsdes
îles , de l’omoplate, de l’os pierreux , &
qu’on diftîngue que ce cartilage eft renfer-^
mé dans le périofte., '
Puifque dans le fétus, dont lès épiphyfes
font cartiiagineufes , il ri’y a aucune pro¬
portion èntre le périofte & le cartilage de
i’épiphyfe, & qu’il eft très-évident que ce
cartilage s’oflifie par le moyen des vaiA
féaux longs qui lui viennent en palTant à
travers le cercle cribleux , fans qu’il s’y
fafte aucun changement , fans que le pé^
riofte y change rien , puifqu’il eft toujours
le même pendant qu’il n’y a que de la gelée
dans l’épiphyfe, & pendant que cette gelée
fe convertit en cartilage, &. enfin pendant
que ce cartilage devient os.
Si donc dans le^ fétus & dans ranimai
né, & qui a atteint le quart du volume de
fon corps j les os font conftrüits par le
moyen de vâilTeaux qui changent la nature
du cartilage ; pourquoi la formation des os
ne. feroit'^elle pâs la même quand l’animal
eft un peu avancé en âge ?
Les vaifîeaux du périofte, dans une poule
de trois rnois j ont ils acquis plus de volume
pour châtier une matière crétacée , & pou¬
voir former des os j ils n’acquierent rien
Tome IL Y
La Vie
de plus ; car la garance ne colore point le
périofte, même dans l’animai & dans l’a-
duîte, & elle le coloreroit s’il contenoit de
cette matière crétacée.
Le noyau eft entièrement de la nature
de l’os , & perfonne ne l’exclut du nombre
des os^ par fon fyftême M* Fougeroux a
été forcé de l’en exclure.
On dit que le cartilage naît du périofte ;
mais c’eft ce qu’il faut démontrer : il exif-
toit primitivement , tout le monde en con¬
vient; & comme il ne fe régénéré poin^^ÿ
je ne crois pas qu’il provienne originaire¬
ment du périoifte.
J’ai trouvé un fil que j’avois pafie à tra- -
vers un calus j couvert du périofte & adhé¬
rent k cette membrane.
Quoique le calus ait quelques vaifteàuX
qui font un prolongement de ceux des os ^
cependant il eft inorganique ; il n’a pas cette
belle ftrutfture de fibres longues, de lames ^
d’alvéoles de différent genre, comme il y
en a dans l’os, & c’eftdà legrand argument.
C’eft pourquoi notre opinion fur fa forma¬
tion n’a rien qui répugne âu fyftême du
développement ; c’eft d’un fuc que fe régé¬
néré une maffe percée de vaiffeaux, du refte
inorganique, comme c’eft d’un fuc que fe
régénéré aufti la peau , qui eft de même
inorganique.
âu Fétiis, 339
Mi Foiigefoux admet auffi des Concré¬
tions crétacées, inorganiquesj dans le calusi
il admet enfin un fuc ofieux , dont il ne
parloit point dans toute fon hypothefe ^
pour faite dériver f olîification d’une ma¬
tière crétacéé ^ famaflee en points ^ dans
lefquels commence Foffification.
Je ne nie pas quelepériofii ne s’épaiflîlTe
dansiesfràâutesj & qu’il ne s’engendre un
nouveau tifîu cellulaire j qui attache les
mufcles aux os nouvellement régénérés ,
afin que les membres puiflent remplir, leurs
fondions ; ni enfin qu’il n’y ait dans le caîuS
des nerfs qui s’allongent avec les vaiiTeauxi
s’il eft véritablement fenfible.
§s XXXYII. U accroijfemcnt du fétus.
Après avoir pofé ceS efpeces de prélimi¬
naires 5 & avoir établi les caufes qui aug^
mentent le volume des parties élémentaires
du corps humain, nous devrions examinei?
chaque partie féparément , en pretiane
toutes les parties du fétus dés leur com¬
mencement, les fuivre jufqu’à l’état de per^
fedion où il eft quand il vient au monde.
Mais il feroît trop long de fuivre tous
Ces détails , ôc nous nous bornerons à ex¬
pliquer les chofes principales ; un traité tie
fuffiroit pas pour décrire complettemenc
540 La P^îc
k formation de l’homme, puifque les epôa
ques font toujours incertaines, «Sc que juf-
qu’à prëfent on n a pas aflez diffequé de
fétus ; car excepté les os , les yeux , les
oreilles & les vifceres de la poitrine , l’aC'
croiiTement des autres parties, & les diffé¬
rences qu’il y a entre ces parties & celles
des adultes , n’ont été décrits que très-
fuccindement ; nous avons bien quelques
obfervations faites fur les grenouilles , fur
quelques poifTons , & principalement fur
les poulets , mais ces obfervations ne font
pas fuffifantes pour remplir cet objet.
L’œuf humain que nous avons fuivi juf-
qu’au quarantième jour, peu-æ-peu aug¬
mente de volume, & s’élève au-defîus de
l’os pubis.
Le placenta , comme nous l’avons ob-
fervé, s’attache communément vers la par¬
tie fupérieure de l’œuf, & n’occupe que
cet endroit ; mais de tom nt ux qu’ilétoif,
il devient une efpece de vif.ere pulpeux ,
comme nous l’avons dit.
Les eaux de l’amnios diminuent en pro¬
portion de l’accroüTement du fétus, de ma¬
niéré que l’embryon , qui auparavant étoic
beaucoup plus petit que le volume des eaux
6c le refte de l’œuf, fait alors la plus grande
partie de l’œuf
âu Fétu$. 341
L’offification commence dans tout le
fétus, mais tous fes ps relTemblent k un
vrai gluten , tel que nous l’avons avancé.
Cependant dans l’efpece humaine , i!
refte dans le fétus plufiéurs veftiges de fa
première forme ; les épiphÿfes font par¬
tout fort groffes & cartiiagineufes ; les os
courts font tout cartilagineux ; les bords
des os larges , comme de l’omoplate & de
l’os des iles, font recouverts d’une croûte
cartilagineufe qui en augmente l’étendue ;
les parties dont font formés les os., compo-
fés , tels que les vertebres, les, os du baffin ,
le fphénoïde, foecipital & les temporaux,
font diftinclés & féparées par des cartila-
:ges.
Le fternum eft prefque tout cartilagi’-
neux, on n’y voit que quelques noyaux
oiTeux, "
C’eft la clavicule qui eft l’os le plus par-
. fait *, c’eft elle qui fert k tous les mouve -
: mens du bras ; elle eft; le premier os qui
s’offifie, car elle commence à le faire dès
la fin du premier mois ; les côtes ont aufli
leur folidité de bonne heure.
La tête eft formée des premières, ^ on
ne peut pas dire en quel temps elle com¬
mence k paroître , car jamais rembryoïi
n’çft. apparent que fa tête ne falFe la prin-
Y iij
cipale partie de fon corps ; f épine du dos
paroît en même-temps , ôc c’eft même avec
la fête J tout ce qui conftitue Tembryon,
§. XXXVIII. la tête.
Dans lé principe, la tête étoitune bulle
membraneufe j elle refte membraneufe en¬
core alTez long-temps ; car dans le fétus k
terme , quoiqu’elle foit dure dans fa plus
grande partie, les os qui la compofent font
réparés par beaucoup de membranes &
de cartilages ; c’efl: a l’endroit qu’on nomme
la fontanelle , que cela fe remarque plus
fenfiblement ; ç’eft cet intervalle qui fe
trouve ençre les os du front & les pariétaux,
Cette partie membraneufe du crâne eft
en lofange, l’angle antérieur eft très-aigu,
& fe continue entre les os du front j le pof«
térieur eft obtus & plus court , de eft placé
entré les pariétaux.
Dans cet endroit il n*y a fous la peau
que le péricrâne dc la dure-mere ; ces deux
membranes font unies enfemble par un
tiflu cellulaire , dans lequel il y a un grand
nombre de petits vaifteaux, Il y a encore
un autre petit intervalle membraneux, pof^
térieur & fupérieur, à l’endroit de runion
de l’occiput avec les pariétaux.
Il y en a un pareil, cependant plus pé«»
du Fétus. 343
tk, entre les os du front, le pariétal, les
temporaux & les ailes du fphénoïde ; un
autre en partie cartilagineux entre l’os pa¬
riétal, celui des tempes, ôc la grande por¬
tion de l’occipital ; & encore un autre entre
la grande portion de l’occipital & fa por¬
tion antérieure, & enfin un autre entre l’os
pierreux & le fphénoïde ; ces derniers font
fur la bafe du crâne,
C’efi: ce qui fait que la tête du fétus peut
changer de forme , de qu’elle peut, comme
cela arrive afièz fou vent dans les accou-
chemens difficiles , être comprimée fur les
côtés , & s’alonger , & que le coronal peut
chevaucher fur les pariétaux, ou les parié¬
taux fur le coronal ; par ce moyen le dia¬
mètre de la tête, qui parfon étendue ren-
doit fon pafîage difficile , peut être dimi^
nué ; il faut quelquefois remettre ces os en
place après l’accouchement, (i)
(ï) On étoit autrefois datis^rufàgè , qijand la tête dé
J’enfant avoir été déformée pendant le travail de l’accou¬
chement , de la mouler & de la pétrir , pour ainfî dire ,
pour lui rendre fà première figure > mais on a ffenti com¬
bien ces manipulations peuvent être préjudiciables à l’en-
fant , & d’un autre côté ou a obrervé que la nature fe fuf-
fifoit à elle!,mêine pour réparer ces petits défordres ; c’eft
pourquoi les Açeouchcur^ modernes défendent très-ex-
preflement d’agir fur la tête de l’enfant, fi déforixîéç
qu’elle ait été j dans l’cfpace de vingt-quatre heures , le
plus fottveilt élis reprend d’elle-mêmc fa forme naturelle.
344 La Vie
G’eft aufli par la raifon contraire que
raccouchement eft plus difficile quand il
n’y a point d'efpaçes membraneux à la tête
de l’enfant.
Il y a eu même des adultes qui ont con*
fervé cette facilité de changer la forme de
leur tête , de maniéré que tantôt elle étoic
convexe comme les autres , & tantôt il fe
faifoit un enfoncement au hregma , auquel
on écoit obligé de remédier.
Les os qui 'appartiennent a f organe de
î’oüie font parfaits dans le fétus , même
dans le temps qu’il eft encore dans le fein
de famere , & les deux cartilages du mar*»
teau font déjà offifiés.
' Les os de la mâchoire fupérieure ôc in¬
férieure font aufti aftez dans l’état de per-
feftion ; leur fonftion eft néceftaire pour
la vie ■ cependant les uns & les autres ont
encore bien des points réticulaires , on y
voit dés parcelles ofteufes très*^ courtes, fé-
parées par de grands intervalles.
Cependant la portion droite de ces os
n’eft point unie à la gauche par une fubf'
tance oiTéufe,
Dans tous les animaux les dents reftenî;
cachées , c’eft ce qui fait que le bord alvéo-:
laire de , chaque mâchoire eft plus court,
il eft cave dans fa plus grande partie , de
fépâré en petites loges , en moindre now-^
du Fétus. 34^
bre que dans l’adulte, & imparfaites , dans
lefquelles les premières dents reftent ca¬
chées , imparfaites & fans racines ; & celles
qui doivent fuccéderà ces premières quand
elles tomberont, le font encore davantage.
Toutes ces petites logçs font recouvertes
d’une membrane dure & Calleufe,. qui donne
à l’enfant la facilité de faifîr le mamelon ,
& de prendre quelques alimens mous.
La mâchoire inférieure s’avance avant
la fupérieure.
C’efl: la partie olTeufe de la dent qui fe
forme la première, & celle qui fera l’émail,
de la dent , s’étend delTus comme une ef-
peee de crème, : /
. En total la tête eft ronde, le diamètre
transverfal eft plus grand., principalement
vers le finciput , & l’autre plus court ; les
orbites font plus grands en proportion que
dans l’adulte, qui a la tête plus longue * la
face eft plus courte & plus petite.
Dans les commencemens le fétus a la
tête fort groffe ; elle â long-temps, autant,
& même plus de volume que le refte du
corps.
Dans le fétus à terme elle eft beaucoup
plus groffe en proportioh du refte du corps
que dans l’adulte ; car ft on mefure la tête
depuis le milieu du menton jufqu’au fom^
34^ Ld Vie.
met du front , on trouvera qu’elle eft aû
refte du corps prefque comme 3^.
Elle eft cependant moindre en propor¬
tion que dans le temps que l’embryon eft
tout nouveau, de la tête diminue ’ à mefure
que la poitrine de le bas- ventre prennent
de l’accroüTement, ,
La figure de la tête varie beaucoup dans
les adultes ; les Européens l’ont longue ; les
Chinois de les Tartares l’ont large ; les
Génois ont communément la tête longue j
d’autres ont le vertex fort élevé ; les Drufes
ont la tête longue de devant en arriéré ; les
Éthiopiens ont les fourcils fort faillans ; les
femmes de la côte de Malabar ont les mâ¬
choires étroites ; les Calmoucs ont la tête
quarrée ; les Turcs de les Algonquins l’ont
ronde ; Vefaie de d’autres Anatomiftes ont
obfervé qu’il y avoit des têtes très-larges
vers les oreilles de de différentes formes.
Le cerveau efi: fluide dans le fétus, en-
fuite il prend une confiftance molle , il
devient comme de laboullie; de même dans
l’enfant qui naît à terme , il n’a pas aflez de
fermeté pour fe foutenir.
Le cerveau eft ce qui dans le poulet rem¬
plit les bulles qui font à la tête , elles font
au nombre de cinq quand elles font parfai¬
tes ; la première eft pour loger le cervelet
du Fétus, 347
îa feCOnde & la troilîeme pour le cerveau ;
il y en a une par- devant, èc celles du bec,
c’eft-a dire , des deux narines ; il n’en efl
pas de même dans l’homme , il n’y en a
jamais plus de trois.
Le cerveau eift fort grand dans le fétus j
il efl: formé le premier ainfl que la moëlle
de l’épine , il donne naifîance aux nerfs qui
font parfaits & très-grands ; dans le prin-^
eipe ils font feulement tranfparens comme
le cerveau,
Les yeux font aufli fort grands , ils font
le tiers de la tête ; ils font fermés dans les
quadrupèdes, autant que je puis en juger
par ce que j-ai appris à cet égard ÿ c’eft
-une autre maniéré dans les oifeaux: car ce
n’efl pas l’iris qui repréfente l’œil, mais la
partie fupérieure de la choroïde, & la pru<=-
nelle efl tournée en defîbus. ,
Les parties de l’œil fe perfeétionnent
promptement, même la rétine, qui efl très^
fine ; elle s’étend jufqu’au cryflallin.
Dans l’homme de dans les quadrupèdes,
îa membrane de la prunelîe empêche que
la lumière ne pafle à la rétine , il n’en efl
jamais de même dans les oifeaux.
Les yeux font rouges , de la cornée efl
épaifle.
Les oreilles ne paroiflent que fort tard ,
34? La Fie
& il y a une membrane pulpeufe qui forme
leur conduit , qui alors eft large.
Le nez paroîc de même fort tardj il eft
toujours court, à caufe delà molleffe de
fon cartilage.
Quand le fétus eft peu avancé , il n’a
point de levres , l’ouverture de fa bouche,
eft très -grande, elle l’eft même plus en
proportion dans le fétus à terme que dans
l’adulte ; la bouche eft béante comme nous
l’avons obfervé,
§.XXXTK. La pohrzne.
En général la poitrine du fétus eft fort
petite ; dans un fétus de vingt-un pouces,
elle n’a que deux pouces de long ; car alom
le foie eft très-gros , il occupe une grande
partie de l’efpace qui eft derrière les cotes, ]
& le thymus une grande partie de celui qui
eft entre les lames du médiaftin , & s’étend
dans toute la longueur de la poitrine ; en¬
fin le cœur eft fort gros , & y dent beau¬
coup de place ; nous parlerons en fon lieu
de fa ttrufture particulière, ^
Tout cela fait que l’efpace deftiné à re¬
cevoir le poumon eft plus court & plus
étroit , puifquë le thymus diminue la capa¬
cité de la poitrine à droite & à gauche.
Aufli le poumon ne paroît-il que fotti
du Fétus. 34^
tard, ôc eft un des vifceres les plus lents à
fe former; je ne fai pas trouvé le 28^ jour
dans l’agneau, & je l’ai trouvé petit le qua¬
rantième , & caché fur les vertebres.
Dans ce temps, le thymus eft une des
plus grolTes glandes, quoique dans le fétus,
toutes les- glandes , & même le pancréas ,
foient beaucoup plus grolTes en proportion,
des autres parties , que dans l’adulte»
Ce thymus eft rempli de beaucoup de
fuc laiteux, comme le font les glandes côn-
globées , mais on y voit une efpece de
crème plus manifeftement que dans toutes
les autres.
De même les glandes bronchiques &
méfentériques , qui font les plus groftes
des glandes de cette cîafîe , font pleines
d’une férofité comme laiteufe.
J’ai fait voir que les vifceres de la poi¬
trine n’étoient jamais fans enveloppe, quoi¬
qu’il y ait un temps où le fternum, les cotes
les mufcles paroiffent n’être formés que
d’une membrane d’une fineffe extrême.
Il y a une grande quantité d’humeur
rouge dans la poitrine & dans le bas-ventre.
XL. Le bas-ventre.
On a dit avoir auffi trouvé les vifceres
du bas-ventre fans enveloppe, ce que je n®
3^0 La Vit
crois pas vrai ; car dans les voîatiles lirtc
grande partie des inteftins eft contenue
dans une gaine qui vient de rombilic^ ils
ne font donc pas üuds ; j^ai vu lè péritoine
dans le fétus d’une brebis même dans les
premiers temps.
Le fétus a aulîî le ventre plus ample, dt
il eft faillant en comparaifon de la poitrine.
Cette amplitude du ventre dépend du
foie , parce qu’ alors ce vifcere eft diftendu
par le fang qui lui vient du placenta j & il
doit nécefîairement être du double plus
gros que dans l’adulte > puifqu’il reçoit plus
du double de fang ; car la veine ombilicale^
au-deflus du canal veineux, eft encore d’un
plus grand diamètre que la veine porte.
J’ai vu le foie dans un agneau avant
qu’aucun autre vifcere parut.
Il diftend le péritoine en dehors , & re-*
pouffe le diaphragme en haut ; il eft plus
mou, plus rouge, & plus mobile, de n’eft
point renfermé fous les côtes.
Je penfe que c’eft pour cela qu’on a dit
que le foie étoit formé le premier de tous
les vifeeres ; c’eft qu’il a déjà un certain
volume dans le temps que les poumons, la
rate, l’eftomac, les reins dtles grosintef-
tins font fort petits, ou ne paroiffent pas
encore; au refte, fur la fin du quatrième
duPéms,-
joüï, j’ai vu îe commencement du foie
dans îe poulet.
Un Auteur dit ne l’avoir pas encore vu
clans un emb^on humain de cinq ou &
femaines ; il eft moti & prefque muqueux 5
il n’eft pas bien ferme dans un fétus à terme.
Il eft évident que dans le poulet qui eft
à l’incubation , le foie n’eft d’abord plein
que de fang 5 c’eft ce qui le rend rouge ; fur ■
les derniers temps il y a un peu de jaune ^
ce qui prouve que la liqueur du jaune-d’œuf
èft chariée par fâ veine dans la veine hépa¬
tique ; c’eft k cela qu’on peut rapporter la
belle couleur du foie qu’on y remarque le
dix-neuvieme jour.
Enfin fur la fin de l’incubation , ce vif*
cere eft plus propre k former la bile, & il
tire auffi fur le verd dans ce temps.
La véficule du fiel pârott dans le vola¬
tile k la fin du feptieme jour ; elle eft ca¬
chée dans un enfoncement du foie; &
elle n’en pafte pas le bord ; elle eft blanche
d’abord, k caufe de la grandeur du foie,
enfuite elle s’emplit d’un fuc verd , après
devient bleuâtre, & d’infipide qu’elle dtoit,
elle devient amere, a mefure qu’elle prend
cette couleur.
L’homme enfortant de la matrice , a les
membres moins fermes que le poulet qui
La l^îe
fort de f œuf ; fa bile eft auffi plus impar¬
faite, elle eft rouge de douceâtre ; on ne
peut pas en comparer lâ couleur a celle du
méconium. *
La rate eft fort petite dans le fétus , elle
eft très-rouge , je l’ai apperçue dans le pou¬
let le quinzième jour ; f épiploon commence
à paroître le quatrième mois^
On commence à appercevoir f eftomac du
poulet fur la fin du quatrième jour, il prend
enfuice de la folidité • & on le voit rem¬
plir fa fonftion , vers le dixième jour, car
on y trouve une matière biaiiche & ref-
femblante à du fromage mou.
L’eftomac du fétus humain eft plus rond
& plus court , & il eft à celui d’un adulte
comme 3 k 8é ; c’eft ce qui fait que l’efto-
mac eft tout recouvert par les côtes & par
le foie il eft auffi fort petit dans le fétus
des brutes.
Quoique les inteftins foient fort petits ,
on les voit cependant en même-temps que
l’eftomac , ils font comme des fils • les grê¬
les ne different pas beaucoup de ceux des
adultes , ils font cependant rouges & très-
longs en proportion du corps ; j’y ai appercu
dans le poulet un mouvement périftaîtique
le quatorzième jour.
Les gros inteftins font bien différens de
Ceux
du Fétus, 313
-Ceux de l^adulte ; ils font moins amples' , on
n’y voit point de ligamens, & ils ne font
point triangulaires.
Il y a aüffi une dilFérertce fenfible dans
l’inteftin cæcum y dans le fétus, il fe termine
en une petite appendice comme conique
qui fort du milieu de fa largeur j cette pe¬
tite appendice du fétus n’eil pas beaucoup
plus ample que dans l’adulte , même - en
proportion de l’inteftin.
On trouve dans tous les gros inteftins^
& dans la petite appendice , même dans l’i¬
léon & Teftomac , un excrément particu¬
lier, de confiftance d’onguent, & d’un verd
obfcur. Ariilote dit l’avoir vu blanc. Cec
excrément n’ell pas amer, .
On ne fçait quelle efl: fon origine, îl.y a
des Auteurs qui difent qu’il vient des eaux
de l’amnios , mais j’ai lu qu’on en avoic
trouvé dans un agneau , dont la gueule
étoit clofe ; d’autres difent qu’il vient delà
bile, mais la bile n’ efl: pas de cette couleur,
11 efl différent de la mücofité propre de
finteflin , car cette mücofité refle après
qu’on a enlevé le méconium ; j’ai vu une
matière femblable dans la tunique albu-^
. ginée du teflicule.
Nous avons parlé des reins ; ils font gros
dans le fétus , & divifés en lobules ; les lii e-
Tome II. Z
3-54
tères font auffii plus gros ; on apperçoit
les reins avant la fin du quatrième jour, ^
ils ont, dans le fétus , des vaiflTeaux qui fer-
pentent, & qui font d’un certain volume.
Les capfules atrabilaires font beaucoup
plus grolfes & de toute autre figure ; ce font
des facs oblongs, de nature glanduleufe,
que j’ai vus divifés en lobules , comme l’eft
ordinairement le thymus; elles contiennent
un fuc de couleur de rouille , qui eft très-
apparent : je les ai trouvées dans le poulet I
le fixieme jour.
Comme les tefticules font fort petits ,
ils paroifiTent auflî fort tard ; je les ai vus
le dixième jour dans le poulet ; ils font dans
l’homme & dans le poulet, proche des reins,
& ils font rénfermés dans le péritoine ; leur
flrudure efi: peu connue , jufqu’à préfent
même on n’a pu la connoître.
Les ovaires font fort longs , fort grêles,
& opaques, il n’y a point encore de véfi-
cules ; les trompes font en travers, & fou-
vent elles font entortillées.
La veffie eft très-grande, plus même que
l’eftomac ; elle eft fort longue ; elle s’élève
au-defîus du baffin en forme de cône ; elle
donne naifîance à un ouraque qui eft creux;
elle contient ordinairement de l’urine, quel¬
quefois elle n’en contient pas, car je fuis sûr
du Fétus, J 11
dé l’avoir trouvée vuide ; cette urine îiqIÏ
point âcre > elle eft même douceâtre.
On Voit de bonne heure les parties exté¬
rieures de la génération > foit mafculines ^
foit féminines ; on les apperçoit prefque en
même temps que les extrémités.
Dans les mâles les tefticules ne font pas
encore defcendus dans le fcromm.
J^ai rapporté ce qu\i y avoit de particu¬
lier dans la matrice , je l’ai vue dans le fétus
contenir un fuc laiteux.
§. XLI. Divcrfâs particularités.
Enfin il ne paroit point de membres dans
le commencement, iis pouffent peu-à-peu ,
& paroiffent dans le poulet au bout de ^ ^ ,
72, de 8 é heures ; iis font d’abord fort
courts, & on n’y diftingue qu’une articula¬
tion 3 c’efl: celle du tarfe. Peu-a-peu ils fe
développent , c’eft la jambe qui fe montre
1| première , & la cuiffe fe dégage la der¬
nière du corps, auquel elle étoit attachée
par des liens celluleux , alors l’extrémité eft
compofée de trois parties ; mais ces extre-
mités font d’abord fi petites, que quand le
fétus humain n’a pas encore un pouce de
longueur, les bras ne peuvent fe toucher ,
& les jambes ne peuvent pas monter juf-
qu’ au nombril ; les doigts paroiffent le
fixieme jour, & les extrémités fapérieures
Zij _
3^^ 'La Vie
croifTent plus promptement ; on a vu dans
le blaireau paroître les pattes de devant
avant celles de derrière • de même dans le
fétus humain les os des iles font fi petits ,
qu’ils ne font pas plus grands que la moi¬
tié du coronal.
Nous avons dit qu’on voyoit dans le pou¬
let un mouvement volontaire le jour.
Mais les mouvemens ne font fenfibles à
la mere que plus tard ; elle ne les fent que
vers le commencement ou dans le cours du
quatrième mois.
Cela varie beaucoup ; on a cru qu’on ren-
doit les mouvemens de l’enfant fenfibles en
mettant quelque chofe de froid fur le ven¬
tre de la mere ; s’il y a une grande quantité
d’eau dans la matrice, ces mouvemens
font plus obfcurs.
La peau du fétus eft d’abord très-délicate
& tranfparente ; elle différé peu d’une gelée,
peu-à-peu elle prend delà confi fiance & fe
couvre de l’épiderme ; quand le fétus eft à
terme, elle eft fort rouge, & elle eft en¬
duite d’une crafiTe ondueufe ; ce n’eft pas
l’air qui rougit la peau, car j’ai vu des fétus
d’animaux fort rouges dans la matrice.
Les poils & les plumes paroilfent fort
tard ; cependant les enfans naiftent tout
couverts d’un duvet, & quelquefois ils font
très-velus.
du Titus. 317
L’animal eft blanc dans le commence*^
ment, même jufqu’au quatrième mois j
peu-k-peu le fang prend le deffus.
Au lieu de grailTe c’eft une gelée qui eft
fous la peau ; & les nouveaux nés font gras
& pleins de fuc , mais au bout de quelques
jours ce fuc s’exhale, & ils deviennent mai¬
gres , & fe rident.
Les tendons font mous & blanchâtres ;
ils different peu de la chair du mufcle,
comme je l’aiobfervé dans le mufcle fterno-
maftoïdien.
§. XLII. U accroijfcment en général.
S’il étoit poffible de mefurer journelle¬
ment l’accroiffement du fétus humain ,
comme on peut le faire dans le poulet , on
enrètireroit de grands avantages ; mais nous
n’avons à cet égard que des obfervations
éparfes , qui même ne font pas affez certai¬
nes. J’ai vu beaucoup d’œufs abortifs de
femme, j’en ai retiré quelques-uns du ven¬
tre de la mere par l’ouverture du ca,davre *
je ne ptiis rien affurer fur le terme où iis
étoient , fi ce n’eft fur deux.
En général le fétus croît bien plus len¬
tement que le poulet, car ils font tous deux
dans le principe de même grandeur, & dans
l’efpace de vingt-un jours , le poulet croît
fi prodigieufement, qu’il a quatre pouces
Z iij
^ 8 La VU
de long k cetté époque ; de plus fes os font
parfaits, il peut marcher ; fon bec left aulïi,
il s’en fercpour rompre fa coquille, & enfuite
pour prendre fes alimens ; la nature n’a pas
jugé iiécefTaire que l’homme vint au monde
jfi parfait, elle lui adonné une mere- in¬
telligente pour le porter & le nourrir , pen¬
dant tout le temps qu’il feroit hors d’état
de fefuffire, & comme fa vie eft de plus
longue durée, elle a voulu que fon accroif-
fement fut lent.
Nous avons fuivi , autant qu’il a été pof
iible , les Obfervateurs les plus exads furies
œufs humains ; & nous avons fait ufage de
nos obfervations fur l’embryon de brebis ;
êlles nous ont convaincu que dans le pre’
rnier mois le fétus eft très-petit.
La plupart des modernes nous repréfen-
tent trop gros les œufs humains. M. de Buf-
fon dit que le fétus de 21 jours a fix lignes
de long, un pouce a 30 jours, 2 k 40, plus
de 2 k éo; 3 au troifteme mois, & (3 007
au quatrième. M. Levret lui donbe auili
trop de volume ; félon lui le férus de huit
jours a <5 lignes de long ; a quinze jours un
pouce ; k vingt -un près d’un pouce &
demi ; k trente près de deux pouces ;
a foixante près de 4 ; k 90, ^ ; à I20,~8 ;
à 1)0, 10 ; k 180, 12 ; k 210, 14; k 240,
1 6 ^ a 2 70, 1 8 pouces. Cet accroilTement eft
du Fétus. 3^9
trop rapide datis les premiers temps , & par
la même raifon trop lent fur la fin ; Mau-
riceau fa fait encore bien plus rapide dans
le commencement J auffî M. Levret n’ad¬
met-il pas fes calculs.
On dit que vers le quarantième jour l’œüf
humain eft a-peu-près comme un œuf de
pigeon ; je l’ai vu gros comme celui d’une
poule , & contenant un fëtus d’environ fix
lignes.
A la fin du fécond mois , ou un peu
plutôt il efi gros comme un œuf de poule.
Harvée a vu à cette époque le fétus gros
comme une fève, ou grand comme l’ongle
du petit doigt , mais fans aucune diftinc-
tion de parties. ^
Il efi: au troifierne mois de la grofîeur d’un
o^uf d’oie, il renferme un fétus bien formé,
nageant dans une grande quantité de flui¬
de , & fort difproportionné au volume de
fonœuf, il n’a pas plus d’un pouce de long.
Ou l’a vu au quatrième mois femblable a
un œuf d’autruche, & le fétus de la grandeur
du poulet quand il fort de fon œuf, c’eft-
a-dire, qu’il avoit environ quatre pouces,
& tous fes vifceres étoient bien conformés.
Cet aCcroifîement fe fait rapidement, &
il y a apparence que fiir la fin du troifierne
mois , les fucs font plus d’effort fur la ma-
Ziv
3<30 La Vie
trice & fur l’œuf: car c’eft-là le temps où
fefont plus communément les avortemens,
& le plus fouvent c’eft i’impétuofité avec
laquelle le fang fe porte de la matrice au
placenta qui y donne lieu ; on prévient cet
accident par une faignée & du régime.
Le fétus enfuite approche peu- à-peu de
fa perfeebion, & quand il y eft parvenu, foa
poids eft communément de huit à dix li¬
vres ; il pefe oependant quelquefois beau¬
coup plus; je me fouviens que le dernier
Archiduc pefoit en naiffant douze livres.
M. Crantz a vu un enfant qui pefoit vingt-
trois livres; on dit même que depuis peu il
eft né un enfant qui en pefoit vingt-fept.
La longueur ordinaire du fétus eft d’en¬
viron vingt-un pouces, & la moindre eft
de quatorze.
Dans les commencemens le fétus eft
très -petit en proportion de fon œuf, & je
crois qu’on ne trouve cette difproportioh ,
que parce qu’après qu’il a péri, l’œuf a con¬
tinué de croître.
Quand la groftefte eft bien avancée, le
fétus remplit prefque tout l’œuf, & il n’y
a que très-peu d’eau.
Tout ceci varie beaucoup, fui vaut la dif¬
férente. ftrufture du baffin de la mere , de
fa maniéré de vivre, & fuivant la fanté du
fétus ; je l’ai obfervé dans le grand nombre
du Fétus, 3^1
de poulets, dont j’ai fuivi l’accroifTement ;
froid fa conlidérablement retardé ; j’ai
vu des œufs très-anciens plus petits que de
nouveaux, & le poulet étoit moins formé,
& fes os très-mous.
'§. XLIII. Circulation partkulkrc dans
U fétus.
Ce point mérite d’autant plus d’être
exactement difcuté , qu’au commence¬
ment de ce fiecle il y a eu de grandes dif-
putes fur cette circulation , cependant la
vérité paroît avoir pris le delTus.
Premièrement, la plus grande partie du
fang du fétus paife des arteres iliaques dans
les ombilicales, & ces dernieres le portent
dans le placenta.
C’eft ce qui fait que dans le fétus le baffin
& les extrémités inférieures font fort petits,
comme nous l’avons obfervé ailleurs.
Le fang qui revient du placenta fe mê¬
lant au fuc nourricier que la mere envoyé
au fétus, repalTe dans la veine ombilicale,
& cette veine verfe une petite portion de
fon fang, peut-être la feptieme partie, dans
la veine cave, fous le diaphragme, mais
près du cœur.
Dans les volatiles il y a une autre veine
bien plus groffe, qui fe vuide dans la veine
3^2 La Vie
cave, auflî plus près du cœur ; elle vient de la
membrane vafculeufe du fétus ; mais la veine
ombilicale du fétus humain équivaut pref-
que aux deux veines de tous les autres ani¬
maux j c’eft pour cela que le foie des volati¬
les eft plus petit que celui du fétus humain.
Les fix autres parties du fan g qui revient
du placenta, fe diftribuent dans les rameaux
hépatiques, qui alors font des branches de
la veine ombilicale , & qui dans l’adulte
font des diftributions de la veine porte.
Après que ce fang s’eft répandu dans
tout le foie , il vient fc rendre dans les ra¬
meaux de la veine cave hépatique, & fe
mêlant avec le fang du canal veineux , il
palTe à travers le diaphragme , & va fe ren¬
dre dans l’oreillette droite du cœur.
§. XLIV. L& trou ovale.
Il eft k propos de répéter ici quelque
chofe de ce que nous avons dit du poulet ,
car nous n’avons aucune inftruâiioh fur la
première ftrufture du cœur dans le quadru¬
pède ; les Auteurs qui fe font occupés de
cet objet n’ont parlé que du fétus de quatre
k cinq mois.
Il ii’y a point de raifon qui puifîe nous
faire croire que la ftrufture du cœur du
quadrupède foit différente de celle du vola-
du Fétus. 3^3
tiîe ; au contraire tout prouve qu’elle eft la
même : il y a également dans l’un & dans
l’autre des ventricules , des oreillettes, un
trou ovale, un canal artériel, & des canaux
particuliers au fétus qui s’oblitèrent après
qu’il a refpiré ; il y a cette différence, que
dans l’homme & le quadrupède, le tronc de
l’artere pulmonaire eft continu avec l’aorte,
& que dans le volatile, celle du côté droit &
celle du côté gauche, envoyent un rameau
dans l’aorte inférieure , & que par confé-
quent il y a deux canaux artériels.
Dans le volatile, c’ eft le ventricule gauche
qui fe forme le premier ; ce qui doit être le
droit eft très-peu de chofe dans les premiers
temps , il fe forme enfuite peù-a-peu ; ainfi
dans le volatile, le fang qui doit fortir de l’o¬
reillette droite , trouve une grande breche
par laquelle il pafte dans l’oreillette gauche;
ou ce qui eft la même chofe , le trou ovale ,
dans les premiers jours de la formation du
poulet , eft fi grand que tout le fang de la
veine cave paffe par ce trou, & qu’il n’en
paffe point dans le ventricule droit.
Je crois que c’eft la mêmeftrudure dans
l’homme , car le trou ovale eft auffi très-
ample quand l’embryon eft tout nouveau ,
comme nous le dirons plus bas ; & le ven¬
tricule gauche , qu’à la vérité nous ne trou-
36^4
vons point qu’on ait dit être plus grand que
le droit dans le fétus humain, nous ace-
pendant paru , ainfî qu’à d’autres , lui être
égal , quoique dans Tadulte , il foit beau¬
coup plus petit ; de-lk la pointe du cœur
dans le fétus eft prefque moulTe. J’ai re^'
marqué que le ventricule droit étoit égale¬
ment long & également fort.
Mais nous avons fait voir plus haut com¬
ment fe fait le développement du ventri¬
cule droit, de que par-la l’artere pulmonaire
qui reçoit le fang de ce ventricule acquiert
plus de volume.
Cette remarque eft de grande impor¬
tance pour la difficulté que nous allons tâ¬
cher de réfoudre. Préfentement il eft quef
tion d’expliquer comment ces proportions
du fétus changent tellement dans l’enfant
né, qu’après la naiffiance le ventricule gau¬
che , qui dans l’embryon étoit ft grand, &
qui enfuite eft devenu égal au droit, eft
alors plus petit que lui ; & comment l’aortÊ
qui étoit plus petite que l’artere pulmonai¬
re , paroît alors plus groftTe.
§. XLV. Defeription du trou ovale.
Nous avons difen parlant du cœur, qu’il
fe trouve dans la clpifon qui fépare les deux
oreillettes, un enfoncement ovale , entouré
du Fétus. 3
d’un cercle un peu épais, qui n’eft pas en-»
tier ; Vieuffensadonné à ce cercle le nom
d’ifthme, M. Mery l’a nommé fphinéter.
Cet enfoncement eft le veftige d’une
grande communication entre l’oreillette
droite & la gauche, que les anciens Ana-
tomiftes ont avec une forte de raifon appelle
le trou ovale , & que Galien a allez bien
décrit ; ceüx qui ont écrit depuis le renou- .
vellement de l’anatomie , l’ont moins bien
décrit ; Carcanus l’a mieux fait depuis.
Les modernes, favoirMM. Mery, Tau-
vry, Rouhault, Duverney, "W^inflow àc
Trcw ont fait à cet égard des recherches de
détail, & nous ont donné plus de lumières ^
fur ce point ; j e puis dire aulîi que mes tra¬
vaux y ont contribué pour quelque chofe.
Cette ouverture eft fort ample dans l’em¬
bryon, on l’a obferve autrefois , & ce que
j’ai vu dans un fétus long de huit pouces ,
que j’ai regardé comme de quatre à cinq
mois , m’en a convaincu : car je n’ai pas eu,
de fétus moins avancé pour faire cette re¬
cherche ; mais un de mes amis l’a vu encore
plus grande dans un embryon de deux mois,
& il n’y a point apperçu de valvule ; c’eft
auffi le fentiment de Ridley , puîfqu’ii die,
que dans un très- jeune embryon, le trou
ovale eft k la partie inférieure de l’enfonce-
3^^ La Vu
ment , & que c’eft ce qui fait qu’on h
trouve plus profondément.
Comme dans les premiers temps il n’y a
point de ventricule droit au cœur, & qu’il
y a un canal qui conduit de l’une à l’autre
oreillette, qui font déjà féparées, il efl: tout-
k-fait probable que le trou ovale eft entiè¬
rement ouvert, & qu’il n’a point de valvule.
Mais la cloifon des oreillettes commence
aparoître dans le trou ovale, dès le troilieime
mois; ce n’eft pas qu’elle fe forme peu-k-
peu , mais c’eft que le canal des oreillettes
defeend, emmene avec lui les deux oreil¬
lettes, les rapproche du cœur, & enfonce
pareillement avec lui le trou ovale, &c en
même temps le ventricule droit, qui jufqües-
la n’étoit prefque rien, s’étend vers le bas.
C’eft du moins par le moyen de cela
que la cloifon mitoyenne des oreillettes
paroît toujours plus profondément dans le
trou , & en cache une grande partie.
Enfin cette même cloifon a atteint toute
la hauteur du trou, dans le fétus humain,
au fixieme & feptieme mois , & elle eft
plus large que ce trou , car en arriéré elle
s’étend au-delà de fon bord du côté gau¬
che, & le débordeauftià droite de quelques
lignes de chaque côté.
G’eft-à-dire , que cette cloifon eft ce que
du Fétus 3^7
les Anatotniftes modernes ont appellé la
valvule du trou ovale ; il s’en eft cependant
trouve quelques-uns qui ont rejetté ce
. nom 3 parce qu’il ne qüadroit pas avec leur
fyftême , & ils l’ont regardée comme ce
qui doit former par la fuite la cloifon.
Cette cloifon eft double , e’eft-a-dire ,
que la membrane interne de l’oreillette
droite & celle de la gauche ont des libres
.mufculaires mêlées enfemble - elles fe ter¬
minent en haut en forme de croifîant.
L’obliquité de cette valvule eft telle, que
par fa partie inférieure elle eft plus en de¬
vant, qu’elle s’inclineplus en arriéré à mefure
qu’elle monte , & qu’elle eft plus large du
côté gauche - enfin dans le fétus à terme,
elle eft dans fa partie fupérieure pliK en arrié¬
ré que l’ifthme, c’eft-k-dire, qu’elle eft appli¬
quée au cercle épais de l’enfoncement ovale;
il eft vraifemblable que e’eft le fang qui don¬
ne lieu à cette obliquité, il fait effort du finus
droit fur le finus gauche, & il repoufte
par ce moyen la valvule plus en arriéré vers
cet endroit, où cette petite membrane eft
plus éloignée de fa bafe , c’eft-à-dire, de la
partie qui réfifte le plus ; en même, temps
elle finit un peu plus bas à gauche , & un
peu plus haut à droite.
Le trou n’ eft pas effacé pour cela , mais
3(38 La Vh
il devient un conduit oblique , un ovale
tranfverfe, plus large & moins profond,
qui conduit de l’oreillette droite en arriéré
éc en haut , entre l'e cercle ovale & la val¬
vule..
Mais il eft important d’avertir que le
trou n’eft jamais dans le fétus à terme au-
deffous de l’arc du cercle ovale, & qu’on
ne peut l’appercevoir qu’en écartant les
parties de la valvule qui s’ eft affaiftee ou
defîechée contre l’état naturel ; les Gra¬
veurs font excufables de n’avoir pas fait des
planches plus exaétes de ce trou , il ne leur
a pas été poffible de le rendre autrement.
Enfin le fixieme mois, cette valvule a Tes
deux petites cornes fur l’ifthme, & le fep-
tieme , c’eft le milieu de fa partie fëmi-lu-
naire qui eft placée deftus.
Les petites cornes de cette valvule font
même dans le fétus à terme , élevées de
deux lignes , de trois , même de trois &
demie, fur le pafîage qui unit les cavités des
oreillettes du cœur; & cette valvule a une
ou deux lignes de fa longueur ,. appliquée
derrière l’ifthme, dans le finus gauche ; j’ai
vu tout cela crès-exaéfeement & plufîeurs
fois.
Enfin elle eft plus large que tout l’en¬
foncement ovale , & elle s’étend fur-tout
dans
âu Titus. 3^^
êâtis ïe fiïius gauche, fort loin à droit.
Ainfi cette valvule fe termine par fa pâf'«
lie fupédeüre efi deux petites cornes, ^foit
qu’on les appelle freins , ou petites cordes 5
mais puifqu’elle a là fornie d’ un croiffant ^
on peut bien les nommer cornes ; on les
trouve toujours dans le fétus à, terme j mais
elles ne-paroifTent pas encore dans l’em¬
bryon , même au quatrième mois.
Celle qui eft à droite eft un peu plus
grande , elle fè replie vers la gauche, en
forme de crochet j ou elle n’a qu’une ex¬
trémité qui eft tournée vers le haut, & pîa-
, eée derrière la parois du finus gauche , près
de l’embouchure de la veine pulmonaire
droite inférieure, oü bien à l’embouchure
de la veine fupérieure du même côté. Je
l’aL vue auffi fe terminer en deux fibres ,
même féparées, & enfin enpiufieurs , en
forme d’un peigne. ^
La petite corne gauche eft plus bas , elle
eft plus petite & plus droite , cependant elle
eft tournée aufii vers la droite • elle eft atta¬
chée au finus gauche par une feule extré¬
mité , ou elle en a deux , & même un grand
nombre , qui repréfentent une branche de
palmier ; je l’ai vue fi petite, qu’à peins
. pouvoit'on l’appercevoir.
Tom& II. A a
2^0
Xa diftance qu’il y a d’une corne a l’au¬
tre eft de de pouces. r
Ces petites cornes exiftent encore dans
l’adulte.
La valvule eft toute tranfparente , elle
eft plus délicate que le finus, & elle a des
jfibres , mais qui font pâles.
J’ai vu un mufele qui prenoit naiflancc
au côté gauche du ventricule gauche , &
qui venoit s’inférer, en écartant fes fibres
en forme de rayons, à la partie moyenne ou
inférieure de la valvule , de maniéré que
les fibres en partant d’un centre commun
alloient fe répandre dans toute la circonfé¬
rence ; j’ai vu un pareil mufele fe rendre de
gauche k droit & en bas, & diftribuer fes
fibres , de maniéré qu’une partie fe perdoit
dans la valvule, & l’autre alloit à la colonne
droite de l’ifthme ; j’ai vu dans un fétus à
la partie inférieure , des fibres , qui de droit
& de gauche alloient fe rendre à la valvule;
j’ai vu encore un pareil mufele partir à
droit , près de la valvule , prefque tranfver-
fàlement, cependant un peu en remontant ;
fies fibres fe féparoient en haut, & plufieurs
d’elles alloient de-lk fe rendre à la valvule ;
j’ai vu enfin , un mufele partir de l’extré¬
mité inférieure gauche de la valvule, & qui
alloit s’y rendre en remontant.
du Fétus. 371
Mais tout cela varie beaucoup, ce qu’il
y a de conftant,. c’eft que les fibres ap¬
partiennent toujours au finus gauche.
Je n’ai point trouvé de fibres circulaires
autour de la valvule, ni de rebord plus épais,
ni de ceinture mufculeufe placée au-def-
fous du conduit ; je n’ai point vu non plus
-deux plans de fibres dans la valvule ; je ne
nie cependant pas qu’il n’y ait des fibres
charnues entre les deux membranes de la
valvule , car elle fiait partie ; de la çloifon
des ventricules ; mais ces fibres font très-
fines , car toute la valvule efi: tranfiparente ;
cependant j’ai très^-bien vu dans une femme,
à l’endroit ou avoir été le trou ovale , des
fibres, qui étoient toutes du finus gauche,
dont les unes qui étoient fiortev, remon-
tpient de la partie inférieure, & les autres
defcendoient à droit.
Je penfe que le trou ovale fe trouve dans
tous les quadrupèdes, & je fuis sur .d’avoir
vu la valvule dans le chien , le cochon & la
brebis ; onia trouve auffi dans la baleine,
dans le phoças & dans le crocodile, qui efi:
un quadrupède froid jpn dit qu’on le trouve
quelquefois ouvert, & quelquefois bouché
dans la loutre.
On y a trouvé quelques variétés ; Heuer-
mann a vu une fibre qui partageoit le trou j
A ai]
La Vit
on a vu la valvule percée He trous ; eÀ
on l’a trouvée réticulaire.
Dans deux fétus , du côté droit de la val¬
vule , j’en ai vu naître comme une fecondcj
plus large en haut, qui alloit s’inférer au
fommet de l’angle qui termine l’arc.
Vieuffens dit qu’on a trouvé dans un
adulte deux trous ovales , qui avoient cha¬
cun leur valvule ; je crois que c’étoientdè
petits tuyaux qui reftent fouvent ouverts.
,§. XL VI. Chemin que fait le fang par
le trou ovale.
Le fang, qui de la veine ombilicale vient
fe rendre dans la cavité droite du coeur, eft
détourné du ventricule droit , par la valvulé
d’Euftache ; il efl: forcé par-là de fuivre uh
droit chemin , & doit pafîer en grande par¬
tie dans le trou ovale.
Or ce fang, fuivant les loix du mouve¬
ment des fluides, prelTant par-tout & dans
tout fon trajet, les parois de fes vaifleaux,
efl: prefle contre la valvule du trou ovale ,
& éloigne de l’iflhme fa partie fupérieure ,
qui eft libre, & dont le bord eft en croif-
fant ; il la repouffe vers le finus gauche , où
il ne fe trouve rien qui puifîe lui faire ûnê
égale réfiftance * car quand même il ne paf-
feroit rien dans le conduit artériel, néan-
âu Fétus. 37J
moins tout le fang qui vient de toutes les
parties du corps , va fe rendre dans la ca¬
vité droite du cœur ; on ne peut donc pas ,
concevoir qu’il y ait dans; le linus ^gauche ;
une plus grande quantité de fang que celle
qui vient de la cavité droite* •
Ce fang s’ouvre donc lui-même un paf-
fage pour entrer du finus droit, en haut
en arriéré j dans le fnius gauche , dans la
quantité dont la valvule permet l’entrée j
quand elle eft éloignée de l’iflhme.
L’air qui eft pouffé dans la veine ombi¬
licale , ou dans la veine cave inférieure >
ainfi que toute autre liqueur, fuit le même
chemin.
Galien a enfeigné cette phyftologie de
fon temps ; Harvée eft en cela dkccord
avec lui, ainfi que ceux qui ont reconnu la
circulation du fang; & aftuellement même
e’ eft l’opinion générale*
Gn demande dans quel temps pafte ce
fang; car la plûpart des Auteurs difent que
c’eft pendant la diaftole des oreillettes que „
s’ouvre le trou ovale, & que. c’eft auffi dans
ce temps que paffe le fang ; d’autres , difent
que c’eft pendant la fyftole, comme c’eft
pendant la fyftole que le fang paffe dans le
ventricule ; mais il me femble qu’il n’y a
en. cela rien d’obfcar, les oreillettes pouf-
A a üjL
fent le fang dans le ventricule pendant leur
fyftole , il eft donc nécelTaire qu’elles le
reçoivent dans leur dyaftole ; fuppofé que
le finus gauche reçoive le fang dans fa fyf.
tôle , il arrive que dans le même temps ce
finus fe dilate & fe refferre. , -
§. XL VII. Remarques de M. Lemery,
Les obfervations de M. Lemer)^ furies ,
ufages du trou ovale s’accordent parfaite¬
ment avec les nôtres, & elles fe conlirment
réciproquement ; les poumons du fétus font
prefque imperceptibles, & ne tranfmettent
prefque point de fang ; ils n’en auroieht
donc envoyé au ventricule gauche du cœur
qu’une très-petite quantité , ce ventricule
feroit demeuré fort petit, & n’auroit pas
été capable de renvoyer affez de fang k la
tête ; en même temps le ventricule droit
auroit pris trop d’accroiifement ; & le pou¬
mon ne devoit pas recevoir une grande
quantité de fang, puifqu’il ne pouvoir pas
le renvoyer.
La nature a obvié à ces incqnvéniens en
formant le trou ovale très-grand dans les
commencemens , & fi grand, que le ven¬
tricule gauche efl: développé avant le droit,
& que la force de ce ventricule fait paffer
du fang dans tout le corps ; c’étoic auffi
àu Têtus. 375
pour que la tête fe développât d’abord ; caV
comme il efl: évident que le cerveau ne pou¬
voir pas en peu de temps acquérir fa foli-
dité naturelle , il falloir bien que le crâne
eût de bonne heure la dureté néceffaire,
pour mettre à l’abri les nerfs & quelques
organes des fensi.
Cependant le ventricule droit devoit auffi >
être difpofé de maniéré, que le poumon eût,
dans le temps que le fétus doit refpirer,
toute fon étendue nécelTaire.
C’eft ce qu’â fait la nature , en retirant
l’oreillette dans la fubftance du cœur, par
des caufes que nous avons expliquées ail¬
leurs, de maniéré que par la fuite toute la
longueur de l’oreillette & toute l’aire de la
trace du trou ovale, & le trou lui-même
diminuent par rabaiffement de Tifthme ;
ce qui a fait que le trou ovale étant rétréci,
le fang qui revient des veines caves pâfîe
dans le ventricule droit , le dilate ^ & le
rend très - apparent , & qu’il fait prendre
au poumon , qui efl: le plus tardif des vif-
ceres, tout fon accroiflTement; mais la caufe
conflante du retrédlTement du trou ovale
efl:, à ce que je penfe, cette nouvelle facilité
que trouve naturellement le fang k pafTer
dans le ventricule droit & dans le poumon ;
car c’eft-la ce qui fait qu’il y a plus de fang
A a iv
yj^ La ï^ie
dans îe finus gaoche, & qu’il offre plus d§
réfiftance k celui qui vient du coté droit j
& cette caufe fait que de jour en jour le
ventricule droit continue à prendre de fac-
croilTement ; & comme tout eft très-déli- j
cat dans le fétus , ce nouveau fang en arri»
vaut, a tant de force, qu’enfin le ventricule
droit, avec fon artere , égale le gauche, &
ménie le furpalTe un peu. en grandeur.
§; XL VI II. Le conduit artêrid.
Le fang pafTe du finus gauche dans le
ventricule gauche & dans l’aorte. i
Mais la portion de fang de la veine om¬
bilicale qui n’a pu traverfer letrou ovale, &’
celle qui revient de la tête & dès extrémités
fupérieures par la veine cave fupérieure ,
entrent dans le ventricule droit , que nous
fuppofons être alors formé, & en fort pour
paffer dans f artere pulmonaire.
Mais cette artere efl: bien différente dans
le fétus ; car le principal tronc de l’artere '
pulmonaire fe jette dans l’aorte, fous fa
grande courbure, de maniéré qu’il fait en
deffous un angle obtus,
Gette flruêfure eft la même dans les qua-»
drupedes que j’ai vus , & dans la baleine.
Dans les oifeaux ce n’eft pas le tronc ,
mais c’eft l’an &: l’autre rameau qui vien-*
du Fétus. 377
îîént fe jetter dans l’aorte ; ils font plus
longs, tout-a-fait veineux, & font auffi par
leur infertion un angle plus obtus en def-
foLis.
Dans la tortue, qu’à la vérité je n’ai pas
dilTéquée , dans le crocodile & quelques
autres animaux froids , il y a une autre ar¬
tère qui ne paroît être qu’une imitation du
conduit artériek
Le premier rameau qui fort du tronc dé
l’artere, va fe rendrê dans le poumon droit,
& le fécond enfuite dans le gauche, ces
rameaux font très petits dans le jeune fé¬
tus, & de beaucoup plus petits que le tronc
dans le fétus à terme.
' Les Anatomiftes conduit arté¬
riel cqxxq partie du tronc pulmonaire , qui
efl: entre le rameau pulmonaire gauche &
l’aorte. .
Carcanus & d’autres A natomiftes ont
donné une defcription très- exade de ce
conduit, & Galien le connoilfoit.
Il n’efi: pas poffibîé que le fang pouffé
du cœur dans une artere, ne pénétre dans
fes branches, c’ efl: la loi commune des li¬
queurs ; fa moindre partie paffera donc au
poumon , & fa plus grande partie ira dans
l’aorte defcendante; & cette portion eft lî
grande , que cette artere .en reçoit prefque
378 La Vie.
plus du conduit artériel que du ventricule
gauche , car l’aorte eft avant fa jondion
avec ce canal, en proportion de ce canal,
comme 57^ à 1024, & comme i2t ki7i;
c’eft pourquoi après qu’elle l’a reçu , elle
eft beaucoup plus grofte, & fon diamètre
eft k celui qu’elle avoir k fa fortie du cœur,
comme 43 k 39.
Il fuit de ces mefures que la plus grande
partie du fang de la veine ombilicale , fait
peu de chemin pour pafter dans l’aorte in¬
férieure, & de-lkpour parvenir au placenta,
par le moyen des arteres qui le reçoivent
d’elle ; & que par conféquent il eft très-
fouvent porté & rapporté par les mêmes
canaux ; il fuit aufli que dans le temps que
le conduit artériel eft plus grand , les par¬
ties-inférieures du corps doivent prendre
plus d’accroiftement.
Mais il entre fort peu de fang dans le
poumon, tant dans l’embryon, dont le pou¬
mon eft extrêmement petit , que dans le
fétus plus avancé , dans lequel ce vifcere
eft épais & compade, & n’eft nullement
étendu par l’air ; car les poumons du fétus
vont au fond de l’eau , de même que fon
cœur & les autres parties ; il h’ eft pas dou¬
teux qu’il n’y ait fort peu de fang dans un
vifcere épais, dont les arteres ont beaucoup
“ de matière folide k diftendre.
du Fétus. 379
§, XLIX. Différentes opinions.
1°. Sur le conduit artériel.
Il arrive rarement qu’on fôit forcé de
contredire Fallope , mais il eft impoffible
de ne le pas faire dans le cas préfent - ce
grand homme , fi célébré d’ailleurs , s’efl:
totalement trompé fur cet objet ; ce point
de phyfiologie ètoit à la vérité tout neuf de
fon temps , & la route du fang n’étoit pas
encore bien établie. Il a enfeigné que le
fang paflbit de l’aorte dans le conduit arté¬
riel, & de ce conduit dans lès poumons &
dans le cœur ; Carcanus a erabrafîe le fen-
timent de Fallope ; c’efi: probablement la
valvule qui l’a induit en erreur ; il croyoit ,
comme beaucoup d’autres , trouver cette
valvule à l’endroit où le conduit artériel
prend naifîance a l’artere pulmonaire.
Il étoit très-facile de réfuter cette opi¬
nion, car l’angle formé par le conduit arté¬
riel & l’aorte, efi: fait de façon qu’il eût
fallu que le fang qui revient de l’aorte ven¬
trale rétrogradât entièrement pour paf-
fer dans l’artere pulmonaire > & principa-
lément dans les volatiles ; d’aiileürs le con¬
duit artériel efi fort large du côté du cœur,
& fort étroit du côté de l’aorte, & avec
un peu d’attention , on voit qu’il efi; fait en
'3^0 La Vît
cône ; j’ai trouvé‘à ce conduit AV de pou¬
ces de diamètre du côté du cœur , & lA du
côté de l’aorte \ outre cela les arteres ne
portent point le fang au cœur , c’eft contre
leur nature ; de enfin quoique l’artere ven- , j
traie augmente de diamètre k l’endroit ou
ce conduit s’y inféré, elle ne contient pas
cependant autant de fang qu’il en faut pour
remplir ce conduit, ni pour être diftendue
au-defîlis de fon infertion.
Car le diamètre du conduit artériel efl:
de As de pouces , celui de l’aorte près du
cœur eft de ^ & au-deffous de l’infertion
du conduit artériel , elle n’a que As : fui-
vant l’opinion que je combats, le tronc
n’auroit donc que 37 , tandis qu’une bran¬
che auroit 40 & l’autre 43.
C’eft pourquoi on a univerfellement
adopté le fentiment d’Harvée ; & M. Méry
lui-même, qui d’ailleurs eft d’une opinion
contraire.
Mais il eft évident que deux troncs arté- ,
riels qui fortent du cœur, en venant fe ren¬
dre dans l’aorte inférieure, lui donnent plus
de force ; que par conféquent le fang qui y
pafîe, eft pouffé par les farces de l’un &
l’autre ventricule, pour arriver plus promp¬
tement dans le placenta , & pour que les
parties inférieures du fétus fe développent
du Fétus. 3^1
^avantagé que les fupérieures, puifqu’iî
n’y a que des rameaux qui ne tranfmettent
qu’à-peu-près la moitié du fang de l’aorte
fupérieure , qui vont fe rendre k ces parties
fupérieures , & que l’aorte inférieure re-*
eoit le double du fang & même plus ; car
le conduit artériel eft plus gros que toute
l’aorte , comme il fera dit dans l’inftant.
On a vu dans un enfant nouveau-né trois
grofîes branches être à l’égard du tronc
comme lyoi à 1849.
C’^eft pourquoi dans d’autres animaux
ce conduit vient du ventricule droit, dont
il emporte néceirairementlefang , & on a
quelquefois vu cette même ftrudure dans
l’homme ; on a remarqué auffi dans un fé^
tus qui n’avoit point de conduit artériel , &
dans lequel par conféquent l’aorte nailTante
retenoit le fang qu’elle aUroit dû verfer dans
ce canal , on a remarqué , dis-je, que cette
artere étoit plus grolTe que l’artere pulmo¬
naire.
§. L. Opinion de M. Mcry.
Sur la fin du fiecle dernier M. Mery ,
célébré Anatomifte, abandonna l’opinion
de Galien & d’Harvée, & donna un nou¬
veau fyftême fur la route du fang par le
trou ovale.
38a La Vit
Il voyoit que Tartere pulmonaire dans
un fétus prefqué à ter me, ou du moins
bien avancé, é toit plus grolTe que l’aorte,
& même dans le phoças qui vit comme
un fétus.
ElFeétivement cela èft vrai , car le tronc
de l’artere pulmonaire eft plus gros que
l’aorte, je l’ai obfervé en mefurant ces vaif-
feaux pleins de fang ou injeâ:és.
Il ajoutoit à cela que la cavité du ven¬
tricule droit eft plus grande dans le fétus
que celle du ventricule gauche ; & que la
capacité du finus eft très-ample en compa^
raifon de celle du gauche , qu’ enfin les vei^^
nés pulmonaires prifes enfemble, ont moins
d’ouverture que les veines caves aufii prifes
enfemble j que dans l’adulte les ventricules
font égaux, de même que les oreillettes,
& que l’artere pulmonaire eft un peu plus
petite qu’auparavant.
Il concîuôit de-îa que ç’étoit contre toute
raifon, que Galien & Harvée faifoientpaffer
le fang du finus droit dans le gauche, par le
trou ovale.
Car fi cela étoit vrai, difoit-il, le ven¬
tricule gauche, devant recevoir plus de fang
que dans l’adulte, devroic être d’une plus
grande capacité , & l’aorte aufii étant dila¬
tée par le fang qui a paffé par le trou ovale- ,
du Fétus. 3S3.
devrait être pius greffe que Tartere pulmo¬
naire, qui en reçoit d’autant moins j & ce¬
pendant ii trouvoiî le contraire.
Par conféquent, ajoutoit-il, le fang fuit
un chemin tout oppofé par le trou ovale ;
il vient en totalité dans le ventricule droit,
qui pour cette raifon eft beaucoup plus
grand que le gauche ; & il paffe auffi entiè¬
rement dans l’artere pulmonaire, qui de
même eft plus groffe que l’aorte.
La nature abrège la circulation dans le
fétus. .
Elle détourne urfe partie du fang du tronc
de l’artere pulmonaire par le moyen du
conduit artériel , & elle renvoyé du iinus
gauche dans le droit, l’adtre partie, qu’il eft
Inutile de faire parcourir tout le corps, afin
qu’il circule en moins de trajet dans les
deux oreillettes & le poumon feul. .
Ainfi il eft aifô de comprendre pourquoi
l’aorte étant privée du tiers du fang qui
vient du côté droite c’eft-a-dire, dé celui
du trou ovale, & n’en recevant même pas
dans fon embouchure, parce que le con¬
duit artériel remporte dans l’aorte ven¬
trale , fbn tronc à fa fortie du cœur eft plus
petit ; pourquoi aufti le finus gauche , eft
plus étroit, puifque le finas droit reçoit
tout Je fang des veines caves, & outre cela
celui qui revient du finus gauche.
.384
Il ajoutoit encore que les ouvertures
des veines pulmonaires étoient exaâement
tournées du coté du trou ovale, & que la
ftrudure du cœur dans les animaux'^ dans
la tortue , par exemple , étoit favorable k
fon opinion ; car la tortue de terre n’a au-
'cune artere au ventricule gauche-, & ce
ventricule n’a aucun autre canal que la veine
pulmonaire , qui communique par le trou
ovale avec le ventricule droit; que par con-
féquent il n’eft pas douteux que ce ne foit
par ce trou que le fang palTe à droit , du ven-
tricule gauche & de ia «veine pulmonaire, I
afin que le ventricule gauche puiffefe dé?
barralTer de fon fang.
Qu’on avoit trt)uvé le ventricule droit
& l’oreillette droite plus grands , dans un
homme adulte, à qui le trou ovale ne s’é-
toit pas bouché.
Qu’il n’y avoit point de valvule au trou
ovale, & que ce qu’on a pris pour une val¬
vule , étoit de figure à ne pas boucher' un
trou ovale.
Que le cours du fang n’ étoit pas ralenti
dans le poumon, & qu’il n’y avoit d’autre
borne à la quantité du fang qui y pafibit,
que l’ouverture de fon vailTeau.
Qu’ainfi les oreillettes étoient plus grof-
fes dans le fétus que dans l’adulte , parce
dû Fiiüài 3^^
^üè le fang du canal arrérieî ne Va pas aux
ventricules ; que puifque l'oreillecte droite
eft plus grolTe que la gauche , c’eft unê
preuve' qu’elle reçoit plus de fangé
M. Rouhaut 5 auffi célébré Chirurgien |
iè joignit à M* Mery^.
Il s’efl: fondé principalement fur ce que
îé Ventricule gauche éroit deux: fois plus
petit dans le fétus que le droit, & même le
finus trois fois j cjue de même le ventricule
gauche j ainfi que le iihus gauche^ étoienfi
trois fois plus forts que le ventricule droiÊ
& le ftnus droits
Il a ajouté ce cjüe iious aVoUs dit aiilêUfs^
que les cavités difc cœur fe remplifîent pen^
dant la fyftole des ventricules ; car félon
lui j dans ee temps les valvules des veines
font à l’égard du fang ce que feroit un en«
tonnoirj ces mêmes valvules en fe tendant ,
le rejettent , & il fe mêle avec le fang qui
efl: dans les cavités du cœur.
Que pan conféquent lé fang eft poulTé
dans le même temps dans les deux oreillet¬
tes , & les diftend l’une & l’autre dans le
‘ même temps, par la contradion des deux
ventricules , & que pendant qu’elles fe di¬
latent , le trou ovale s’ouvre.
Mais que le fang du finus gauche a le def*
fus, parce que le ventricule gauche efl: trois
Tomi IL B b
38(3 Lcl Vk
fois plus fort, & que loreillette gauche étant
aufïi plus forte , doit moins fe prêter à l’ex'
teiifion.
Que par ce moyen le fang palTe du finus
gauche dans le droit, & que cela fait que
cette cavité droite du cœur acquiert fa gran-
deur nécelTaire, 6t le ventricule droit la
force dont il a befoin ; & même que l’oreib
lette droite eft plus grande que tout le cœur.
. M. Mery 11 a point été fans parrifans, car
M. Lifter, & toute T Académie des Sciences
furent favorables k fon opinion ; il a même
trouvé pour défenfeurs, parmi les Membres
de cette Académie, MM. Littré , Rouhault
V arignon , grand Méchanicien ; il a en¬
core eu depuis peu pour feétateur M. Bian-
chî,' qui a écrit que dans le cœur de la tortue
le fang paftbit de gauche à droite, de même
que dans le fétus humain.
§. LI, Objectons qui ont été faites contre
ce fentiment.
Quoique je me fois fait beaucoup d^en-
nemis par rapport a cette queftion, que
même j’aye reçu des injures de la part de
perfonnes que jamais je n’avois olFenfé ,
cependant je ne fuis pas fâché que les Au¬
teurs des nouvelles opinions foient jugés à
la rigueur, avant que leurs fentimens foient.
âu Féta^i
féétàS coffirtié des dogmes eri Medécîné ; M*.
Mefjf a effuyé les mêmes difgraGes ^ il â vu
s’élever contré lui dans l’Académie MM.
Duvemèy & Taüvry • un célébré Chirur¬
gien de Londres, nommé Buffiere ; un Mé¬
decin aufli dé Londres , nommé Sylveftre ,
& Verheyeoj qui étoic uil célébré Anato-
mifte.
La plupart de ces adverfaires ont tenté
d’aiFoiblir fes principes.. ,
Ils. ont préfentéle cœur de la tortue dif-
féqué de toute une autre maniéré * il y avoic
prefque trois ventricules, maïs imparfaits,
qui communiquoient eofemble, ^ dont les
forces fe réunifîbient pour pouBer le fâng
par trois artères ; on a vu ànpeu-près la même
ftruâ:ure dans rhommé , du moins on y
a trouvé trois ventricules qui communi-
quoient enfemble * un homme célébré a vu
auffi. dans un enfant un cœur à trois ventri¬
cules, deux droits , •& deux ârteres puîmd-
naires qui venoient fe réunir.
Les adverfaires de M. Mery ont nié auffi
que l’artere pulmonaire fut plus grolTe que
l’aorte ; d’autres ont dit qu’ elles étoient éga-^
les ; d’autres mêmes ont prétendu qu’elle
étoit plus petite ; & ce qu’il y a d’étonnant ,
c’eft que M. Mery a admis ouvertement ces
différentes opinions, toutes contradictoires
Bbij
388 là Vk
qu’elles font ; d’autres convenoîent bien que
l’arcere pulmonaire étoit plus grolTe , mais
ils en attribuoient la caufe à la grande réfif-
tance du poumon, qui ne recevoir que dif¬
ficilement le fang qu’elle lui apportoit ; M.
Sénac l’imputoit au peu de force du ventri¬
cule gauclié.
On aobjedé auflî que dans le fentiment
d’Harvée , on trouvoit la caufe de ce que
la nature avoir fait pafTer le fang par des
routes particulières ; car il eft évident que
le but de cette ftruébure eft, qu’il n’arrive
pas au poumon plus de fang, qu’un vifcere
compafte & auîîi difficile à pénétrer n’en
peut recevoir ; que c’étoit pour cette raifon
que dans un fétus qui n’ avoir point de trou
ovale , le ventricule droit , l’artere & les i
vaifleaux pulmonaires étoient fort amples, |
& qu’un autre en étoit mort.
Que dans l’hypothefe de M. Mery , il
n’eft pas poffible de comprendre quelle a
été l’intention de la nature dans un fi grand
appareil, qui lui eft plutôt nuifible, & qui
fait que le poumon , qui d’ailleurs n’eft pas
capable de recevoir une fi grande quantité
de fang, eft accablé par celui qui lui vient
de nouveau, des canaux qui font à gauche;
& que fi cè qu’il avance étoit vrai , cette
ftrudure feroit plus néceffaire dans l’adulte,
du Fétus. 3^^
Enfin ils en revenoient a la ll:rü(9:ure , il
eft évident, difoient-ils , que lafofTe ovale
efi: ainfi enfoncée , parce que le fang- a été
jpoufie de la cavité droite vers la gauche ,
& qu’il a fait effort de ce côté ; car ce feroit
au contraire le finus droit qui feroit con¬
vexe , fi le fang étoit poufle de gauche à
droit.
Que même dans le fétus le trou ovale
refte plus long-temps ouvert du côté droit,
qu’il fe bouche plutôt du côté gauche , &
qu’il eft plus large à droite ; que les petits
conduits qui reftent du trou ovale dans l’en¬
fant nouveau-né, font d’une forme coni¬
que^ de façon que la bafe du cône eft du
côté droit & la pointe vers le gauche, ou
que cette pointe même eft boutiiée ; que
c’eft une preuve que le fang avoir tenuîies
conduits ouverts en venant du côté droit,
péndant qu’il ne faifoit pas aflez d’efforts
fur le côté gauche pour empêcher le conduit
de s’oblitérer de ce côté ; ajoutez à cela ,
d’après les remarques que nous avons faites
plufieurs fois, que ces mêmes petites ouver¬
tures font placées derrière l’arc fupérieur
de l’anneau ovale, & que le fang viendroit
heurter contre cet arc, s’il venoit du côté
gauche, au lieu que venant du côté droit,
il trouve un paffage libre entre l’anneau &
B b iij
'^90 Vite
îa valvule. Une fécondé valvule, qui auroit
été attachée du côté droit , auroit même
rendu le trou ovale inutile, fi le fang étoit
venu par le côté gauche, il n’en eft pas
de même s’il vient du côté droit.
Que pareillement la valvule eft enfoncée
du côté du finus gauche.
Qu’elle eft égale à tout le trou ovale, &
que fi: elle étoit plus prolongée, elle inter-
cepteroit certainement tout pafîage ; tout
cela eft fort au -delTous de la vérité, car
cette valvule eft plus grande que tout le
trou ovale, plus profonde & plus l^rgefur
les côtés. , ♦
Que s’il y avoit une parois mobile «ntre
deux courans ou deux tuyaux qui commu¬
niquent l’un avec l’autre, il n’eft pas dou-
que le courant ne quittât le côté où il
éprouve une plus grande réfiftancè, pour
paffer du côté où il y en a moins.
Or il eft certain qu’il y a plus de réfiftancè
du côté de la cavité droite du cœur ; c’eft-
îà que toute la mafîe du fang qui revient de
tout le corps fait fbn effort, & on ne peut
pas en concevoir.un plus grand j c’eft pour
cela que dans le fétus^ l’oreillette droite eft
plus grande que tout le cœur ; & les deut
veines caves apportent beaucoup plus de
fang que les veines pulmonaires qui font
du Fétus,
bien plus petites , n’en peuvent emporter;
par cbnféquent une partie de ce fang paffe
certainement par le trou ovale.
Que la rapidité du fang dépend de la
force du ventricule qui le pouffe ; mais le
ventrciule droit eft plus fort même du triple
que le gauche, (en cela ils exagèrent), par
conféquent une plus grande rapidité , dans
une plus grande maffe , fait un effort beau¬
coup plus grand ; le fang du fînus droit a
donc plus de force, le finus gauche efl: obligé
de céder & de recevoir une partie du fang
du droit.
Que toute îa valvule eft plus eh arriéré que
fifthme, & plus large que la folfe ovale du
côté gauche ; fes petites cornes lui donnent
. auffi plus de force, pour rempêcher de céder
' au fang, qui eû pouffé par le ftnus gauche.
G’ eft pourquoi fi on fuppofe que le fang
qui vient du côté gauche fait effort con¬
tre la valvule , plus il en fera, & plus il fe
bouchera le pafîage ; car la partie fupé:-
rieure de la valvule eft preffée contre l’are
fupérieur de l’anneau ovale , & la partie qui
fur les côtés, déborde l’enfoncement, eft
aufîi preffée contre les colonnes de cet an¬
neau ; la valvule eft donc ferrée par-tout
contre une parois mùfeuleufe, & qui lui fait
réfiftance. .
Bbiv
La Vie
Que r expérience eft d’accord avec cette
théorie : que l’air poujfTé du côté droit paffe
très-facilement dans le finus gauche, comme
je l’ai vu plufieurs fois ; fi au contraire on
infinue de l’air dans l’oreillette gauche , il
fe bouche le paflage & applique la valvule
au trou ; fouvent dans cet état la valvule
refte quelque temps eonvéxe du côté gau¬
che, & concave du côté droit ; quelque¬
fois cette expérience répétée fur le même
fujet réuflit très-bien ; je l’ai vu fouvent;
cependant on ne doit pas alTurer que l’air
pouffé du côté gauche ne s’ eft pas fait paf»
fage dans le côté droit ; mais je regarde
comme fort rare cet ævévenement que M,
Mery a trop vanté , tour ce qu’il a vu, cette
valvule ovale l’a de commun avec toutes les
autres valvules ; car dans un vifcere féparé
du corps , tout y étant relâché , & n’offànt
aucune réfiftançe , ce qui avoir un palTàge
libre , étant même refferré , les pafTages
font ouverts vers l’origine inférieure qui a
plus de fermeté , & les obftaçles qui fecon-
doient les forces de la valvule , n’oppofent
plus de réfiftançe.
Le ventricule droit, ajoute- 1- on, eft
même plus petit dans un fétus peu avancé
que le gauche , & quand le fétus l’eft da^
Vantage^ il eft dç la même grandeur dt d®
du F km, 393
la même force ; moi-même j’ai vu les deux
ventricules égaux dans un enfant nouveau-
né, & j’ai vu auffi le droit un peu moins
fort ; il y a même des Auteurs qui difent
que les oreillettes font égales , de maniéré
qu’on ne doit pas croire que la gauche foit
de beaucoup plus petite.
Ge font ces raifons & d’autres , qui peut-
être ne font pas venues à ma connoilfahce ,
qui ont fait que toute l’école moderne a
rejetté le fentiment de M. Mery , & que
même après que le laps de temps a eu fait
ceflér cette difpute en France , quelques
Sçavans lui ont encore oppofé de fortes rai¬
fons.
g. LU. Pourquoi Vartere pulmonaire ejl'*
elle plus grojfe dans le fétus ?
Il me paroît afîez bien établi que Galien
& Harvée ont eu raifon d’attribuer au trou
ovale , la fondion de tranfmettre le fang de
droit k gauche ; j’avoue que je ne fuis pas
auffi fatisfait des raifons qu’on a données de
la différence qu’il y a entre le diamètre de
l’artere pulmonaire & celui de l’aorte, dans
îe fétus ; c’eftA-dire , de ce que ce n’eft que
dans le fétus que cette artere eftplus grolTe
que l’aorte.
En général on établit qu’une partie du
994
fang de la veine cave, environ le tiers, pafle
par le trou ovale ; que le refte du fang de cette
veine pafle dans l’artere pulmonaire, & que
le tiers' de ce fang fe perd une fécondé fois,
par le conduit artériel ; fuivant ces calculs
il faudroit que l’artere pulmonaire fût plus
petite que l’aorte ; car foit le (aug de la veine
cave comme fix, deux parties ont palfé par
le trou ovale, refte quatre; de ces quatre par¬
ties, il en palTe 2|par les arteres pulmo^-
naires , il en refte donc , & il en pafle par le
conduit artériel i\ ; donc l’aorte reçoit deux
parties de fang qui vont par le trou ovale,
ôc deux autres parties , & f qui ont circulé
dans le poumon, ce font quatre parties & f;
mais l’artere pulmonaire reçoit le fang de
l’oreillette droite qui n’a pas pafte par le
trou ovale, c’eft-à-dire, par çonféquent
quatre parties de moins que l’aorte , ce qui
ne s’accorde pas avec les phénomènes ; car
l’aorte eft conftamment plus petite.
On dit pour raifon que le poumon eft
compafte ; on auroit raifon , fi ce vifcere
avoit acquis par quelque maladie une con-
fiftance foîide.
Le poumon n’eft formé que tard, & il
eft toujours compade dans le fétus ; la na¬
ture n’auroit donné qu’une petite artere à
ce vifcere , fi elle n’avoit pas une autre
intention.
iu Fétus» 39 i
Et il ne parole |>as diffipile de découvrir
quelle a été cette intention ; mais il faut
commencer par la chofe même , afin de
confl:ater que l’artere pulmonaire eft très-
grolFe, de déterminer de combien elle Fefl:
plus que Taorte, d’établir quelle propor¬
tion il y a entre cette artere & les rameaux
pulmonaires Sc le conduit artériel , & enfin
ce qui eft la chofe efîentielle, en quelle pro¬
portion elle eft avec l’ouverture du trou
ovale.
Certainement l’artere pulmonaire eft: plus
grofîe que l’aorte, non-feulement dans le
fétiis humain, mais dans le chien, l’agneau
^ le porc ; j’en fuis certain parles recher¬
ches que j’ai faites fur ces animaux.
La proportion n’eft pas toujours la même ;
cette artere m’a paru être plus grolfe dans
un fétus de cinq mois , mais lesoccafions
de l’examiner font rares.
Dans différentes expériences que j’ai fai¬
tes , ayant injedé les arteres, & ayant pris
la mefure avec des centièmes de pouces ,
l’àorteen avoit 441 , & l’artere pulmonaire
; dans un autre fu jet l’aorte étoit de
iéoo, de l’artere pulmonaire de 2.704 ;
enfin l’une de 14 2. i de l’autre de 202 y ; ainfî
tantôt l’aorte eft plus petite d’un quart, ds
tantôt d’un tiers, que l’artere pulmonaire.
37^
L’artere pulmcMiaire , telle que ]e viens de
dire , & de la grofleur de 1849, fournilToit
au poumon deux branches , qui en fomme
étoient de 1341.
Un autre de 1 600 fourniflbit deux bran¬
ches de 1348.
Xe conduit artériel eft conique, k la vé¬
rité, mais en le mefurant du côté de l’artere
pulmonaire, je l’ai vu de la grofleur de
1849,- pendant que l’aorte en fortant du
cœurétoit de léoo, & l’artere pulmonaire
de 2704. Une autre fois ce même conduit
étoitde 1^20, l’aorte de 1521 , & l’artere
pulmonaire de 202-5 j enfin je l’ai trouvé
comme 3^ i, tandis que l’artere pulmonaire
étoitde 625.
Ce même conduit artériel enleve une
grande partie de fang k l’arcere pulmonai¬
re , car je l’ai trouvée comme i ^ 2 1 , le con¬
duit artériel comme 841, & les branches
pulmonaires réunies étoient de 781 ; il en
détourne donc un peu plus que le poumon
n’en reçoit.
Dans un autre fujet l’arrere pulmonaire
étoit de 2704, le conduit artériel de 1849,
& les branches pulmonaires de 900, & 441.
Mais il ajoute toujours beaucoup plus de
fang k l’aorte inférieure, que la cavité gau¬
che du cœur ne lui en a fourni, c’efl: le dou-
du Fétus, 397
bîe ou le triple • car j’ai vu faorté aü-def-
fus de fa jondion avec l’artere pulmonaire
comme 5 y G, pendant quele conduit artériel
étoit comme 1024 ; & comme 121 , pen¬
dant qu’il étoit de 371.
Enfin il faut mettre en parallèle le cali¬
bre du conduit artériel avec le trou bvaley
ce qui eft fort difficile ; il feroit aifé de me-i
furer la totalité de l’enfoncement, mais cela
ne ferviroit à rienj j’en ai approché autant
qu’il a été poffible.
C’efl: un palTage tranfverfal, dont on
peut fuppofer la plus grande hauteur comme
7^ de pouce , & la plus grande largeur
comrne car c’efteeque j’aile plus fou-
vent trouvé ; quelquefois 1 5 & 13 , & pour
la plus grande largeur 22 & 20 ; ainfi en ré-
duifant en cercle cette ouverture elliptique,
& prenant le diamètre moyen, qui fera d’un
côté & de l’autre rk , on aura à-peu près
pour l’ouverture commune de pouce,
& pour la plus grande Gr. fi 011 füp-
pofe que le diamètre du conduit artériel efl;
de 37, dtde 19 dans le plus petit fiérus, on
ne peut pas le fuppofer moindre que de 30,
donc l’aire ( qui n’eft point le quarré ) fera
de425 ; c’eft-k-dire , que quoiqu’on: veuille
augmenter le diamètre du trou ovale, -& di¬
minuer celui du conduit artériel , fon ou-
598 La Vte
verture fera toujours plus grande que celk
du trou ovale. J’ai trouvé que faire de la
veine cave inférieure dans l’état de diften-
fion étoic de ié8i, & celui de la fupérieure
de 1 2é & le diamètre du trou ovale auffi
diftendu étoit de 20, dont faire , en le fup-
pofant circulaire , eft de 400. J’ai encore
vu la veine cave fupérieure de iGi , finfé^
rieure de 22'^ , le trou ovale de 13 & 1*5.
Il eft certain que f une & f autre veine
cave, prifes féparément, font plus greffes
que tout renfoncement ovale, dont il n’y a
qu’une petite partie ouverte, & dont les
diamètres font de 3 6. & 2 o.
Cette feule remarque répond k f objec¬
tion de M. Mery, & t»ut cela peut prouver
contre lui, puifqu’ü ne s’étayoit que du
diamètre des vaiffeaux.
C’eft-k-dire, que le. fang de f artere pul¬
monaire eft diminué, & qu’elle en perd
autant quel’ aorte en recoirpar le trou ovale.
Mais . le eonduit artériel enleve la plus
grande partie de celui quila coulé par l’ar-
tere pulmonaire , & qui ne vient point de
f aorte, puifqu’il ne va pas aux poumons.
Il eft donc néceffaire que l’artere pulmo¬
naire foit-fortgroié, & je foupçonne qu’elle
le deviendroic beaücoupplus, mais je ne l’ai
vue-que dans un trèsqeune embryon, de
du Fétus: 39^
elle ne peut s*aggrandir qu’avec ïe temps.
Tout cela prouve que cette ftruâure ue
s’accorde point avec les câlculs de M. Mery.
Selon lui , l’artere pulmonaire reçoit du
ventricule droit tout le fang de la veine
cave, & outre cela, tout celui qui revient
par le trou ovale.
L’aorte au contraire ne reçoit que celui
qui â circulé dans le poumon , auquel il y â
de moins, la portion qui a palTé au coté droit ^
par le trou ovale.
Suppofons par comparaîfon de l’ouver¬
ture du ventricule droit, qui eft fort ample,
avec celle du trou ovale qui efl: fort étroite ,
qu’il pafTe par ce trou le quart du fang* de
la veine cave , & c’efl: beaucoup j l’artere
pulmonaire aura tout ce fang de la veine
cave & I de plus.
Suppofons que le CQnduit artériel foit
égal aux rameaux pulmonaires , quoique
dans le fait il foit plus gros ; ces rameaux
recevront | , & il en pafîera tout autant dans
le finus gauche ; le finus gauche en renven-a
le quart de celuhqui vient de la veine cave
dans l’oreillette droite ; l’aorte recevra donc
f moins ^ ou^ , c’eft-à-dire , le fang des ar¬
tères pulmonaires , excepté la portion qui
efl: revenue à droite par le trou ovale ; elle
recevra donc | , candis que l’arfére puimo-
nâire en reçoit | ou H ou x j ce qui fait trô'k
fois plus que f aorte , quoique cependant
elle ne foit qu’un peu plus groffe qu’elle.
J’aurois bien mieux démontré le défaut
de calcul de M. Mery^ fi j’avois pris le con¬
duit artériel en raifon double avec les arceres
pulmonaires ; car alors l’artere pulmonaire
refteroit à , l’aorte retiendroit la fixieme
partie du fang de la veine cave, & l’artere
pulmonaire feroit k l’aorte commeyîkr,
ôc il n’y auroit point d’injuftice.
Cela pofé , le poumon dans le fétus rece¬
vra donc tout le fang, moins un quart, qui
palTe par le trou Ovale, & encore f, mais
dimmué des deux tiers qui fe perdent pat
•lé conduit artériel, ce qui fait un quart du
fang de la veine cave,
§. LUI. Smtimcnt de M. W^inJloWé
M. WinÜow s’efi imaginé qu’on poüvok
concilier l’opinion de M, Mery avec çellé
d’Harvée , & il n’a pas été fans partifans.
Il penfoit qu’il falloit abfolument ^ré
abftradion de la valvule du trou ovale, dé
maniéré que dans le fétus il n’y auroit vé¬
ritablement qu’une oreillette , dont la ca¬
vité droite feroit mal diftinguée de la gau¬
che, par un palfage libre & bien ouvert ; que
le fang eft porté indiftindemenc de droit k
gauche,
éuPitüsi 4^1
f auche , & coule également de gauche à
droit, éc qu’il ett poulTé dans i’üh de l’aii-ï
tre vehtriculé cohirilé d’ûne feulé ôreillettè/
de mêftie qu’il eft pôiilfé pateilîemefiC pâf
les forces dè l’un & l’autfé ventricule dan^
deux groiTes artefes , comme s’il n’ÿ ért
àvGfit qu’une ; & que la valvule n’eft que
deftihée k faire par la fuite la cloifon
Éoyenné. , „
Ou voit tout de fuite que fuivant cette
Opinion j cette ftrudure particulière feroic
bien mutile ; eâr pour quelle raifqn les voies
dans lefétiis n’auroiént- elles pas été comme
dans l’adulte * & je ne vois i)aâ quel avan¬
tagé il y auroit k ce qu^une feule oreilletté
remplît deux véntfîcuîes , plutôt qûe deux.-
De plus, il y a uné fauté d’anatorhié ; car
il eft certain que dans lé fétus fort avancé ^
la valvulé du troii ovale fuffit pour régler le
mouvement du fang , & qu’elle permet fan
palTage de ,droit k gauche , mais non pas
de gatïché k droit.
Quand le fétus eft très- jeûné, éi que lé
Cœur n’a encore qu’un ventricule , je né
nie pas que le paftage du fang par îé troii
ovale ^ ne foit aftez aifé pour que les deiix
oreillettes ferempiiftenta la fois, ni qu’on né
|)uiire les regarder comme n’étant qu’arié
feule oreillette, a ckufe dé leür grahdé corS’'
Tàms, IL Ge
402 '
munication , mais cela ne dure pas long¬
temps ; & dans le quadrupède il ne refte pas
apparence du trou ovale qui étoit entière¬
ment ouvert ; car même dans le poulet les
oreillettes ne tardent pas k fe dittinguer; j’ai
cependant vu dans un cochon qu’on avoit
tiré du ventre de mere, par une ouver¬
ture qu’on y avoit faite, que la valvule n’é-
toit pas plus grande que le tiers de la foffe
ovale.
§. LIV. Le fétus refpire-uil ?
Il paroit inutile de s’occuper d’un phé¬
nomène qui efl; de toute impoffibilité ; car
le fétus humain & celui du quadrupède eft
continuellement plongé au milieu des eaux ;
ces eaux font renfermées dans des membra*
nés qui n’ont aucune ouverture, & qui con-
fervent& retiennent l’air quiy eft apporté;
pour ce qui efl: de l’air extérieur, il fe charge
en pafTantpar le vagin, de vapeurs qui le cor¬
rompent , & il perd beaucoup de fa qualité.
Et cependant il y a des efprits fi préve¬
nus de la nécefîité de l’infrodiiéfion de l’air
dans le fang , qu’ils ont prétendu que même
le fétus plongé dans les eaux n’eft pas privé
de cet avantage.
Ils en ont voulu donner des preuves , &
ils prétendent qu’il y a des indices très-cer-
du FétuSi 4*^-3
tains que îe fétus humain & celui du qna-«
drupede reçoivent de F air.
Je paffe fous filence ce qu’ils difent de la-
fuccion du fétus j & de l’équilibre qui doit
néceffairement s’établir avec l’air extérieur^
ce qu’on ne peut efpérer fans la refpirations
lis difent qu’on à trouvé des cavités plei^®»
nés d’air entre les humeurs & les Vaiffeaux;
que dans l’accouchement difficile on a vu
s’ échapper de l’air du bas* ventre del’enfantj
& qu’on en a trouvé des bulles dans le fang
du fétus.
Que le poulet renfermé, daiis l’œuf^ î?àt
manifeftement entendre fon cri avant d’en
fortir, fans que la coquille foit caffée.
. Qu’on a même quelquefois entendu le
fétus humain renfermé dans la matrice^
produire des fons ; qu’il y a des témoins au¬
riculaires de cris de fétus humain dans la
matrice , même de rats ou de petits chiens.
Que le fétus enfin a une pefanteur fpéci-
fique , qu’il perd de cette pefanteur tous lés
mois ; de maniéré qu’au, quatrième mois
fon poids efl: à celui de fes eaux comme
282 à 274 , & qu’au cinquième mois il eft
comme <504 à 494.
De plus j que dans le fétus de la brebis ,
vers le deuxieme mois j cette pefanteur efl
Comme 450 à 4345 troifiemé comme
C c ij
404
âi79 à2it3 ;au quatrième mois cofltme
3002 à 2927.
§. LV* Ce qu^on peut répondre a cela ; le
fétus refpire^t-il dans le vagin?
Gette queftion efl: nouvelle ; il y a vingt-
quatre ans , elle fut fort agitée en Frife, les
efprits furent en mouvement , & il y eut
beaucoup d’écrits.La folution de cette quef-
tion feroit d’une grande utilité pour déter¬
miner quelque chofe fur le cri de l’enfant
dans la matrice , c’eft pourquoi il faut com¬
mencer par la difcuter.
On a demandé fi le fétus refpire dans le
vagin, dans le temps qu’il y pafîe pour venir
au monde.
Quelques Auteurs , fur la fin du fiecle
dernier , & depuis , quelques modernes ont
foutenu fortement que l’enfant ne refpire
point dans le vagin.
D’un autre côté , plufieurs gens de mé¬
rite foutiennent que le fétus refpire & crie
dans le vagin , & qu’il peut auffi refpirer
dans la rnatrice.
Un d’eux afîlire même qu’il a entendu un
enfant crier dans le vagin.
Cette queftion eft importante dans la mé¬
decine du Barreau ; car fi le fétus refpire
dans le vagin, fon poumon, de compafte
du Fétus!
qu’il étoit , deviendra capable de furiia-
ger ; & on n’aura pas autant de droit de
condamner une mere qu’on accufe d’avoir
tué fon enfant , parce que le poumon de
l’enfant dont elle eft accouchée, ne fe préci¬
pite pas au fond de l’eau ; car il lui refte évi¬
demment l’excufe que fon enfant a refpiré
dans le vagin, mais qu’il eft mort en venant
au monde, & que ce n’eft pas elle qui lui a
donné la mort.
A la vérité , il eft certain que très-fou-
vent le poumon eft compade dans le fétus,,
& que les anneaux de la trachée artere font
reflerrés j & ne font pas fort acceffibles k
l’air ; ces anneaux même hors du poumon
font très-rapprochés les uns des autres ; il
eft même conftant qùe les vaifteaux aériens
du poumon, & tout le canal de la trachée
artere, font pleins d’une mucofité jaunâtre,
de maniéré qu’il eft fouvent nécefîaire d’en
débarrafîer la bouche de l’enfant nouveau-
né , & que même il la vomit.
De plus, que beaucoup de fétus, tant
humains, que dés plus forts quadrupèdes,
ne refpirent que fort îong-tempsaprès être
expofés a l’air libre.
Nous voyons qu’il eft rare que les enfans
qui font nés avant terme crient ; les animaux
ne crient pas non plus avant d’être nés,
Cciij
40(? La Vie
-Ajoutez a cela que Tenfant a une foua-
tion fort gênante dans le vagin , les efforts
que fait la mere le prelTe fortement de tou^
tes parts , la peau du périnée fait réiiftance,
ainfi que les parties voifines du vagin j il a
îa plupart du temps la bouche tournée vers
la cavité de l’os facrum , conféquemment
vers la parois poftérieure du vagin , qui lui
offre beaucoup de réfiftance , puifque très*
fouvent il s’y fait des déchiremens ; d’après
tout cela , il ne paroît pas fort probable que
dans cette fituation le fétus puiffe fe débar-
ralTer de la mucofité qui lui furcharge le
poumon , & ainli faire ufage de fon dia*
phragme, de maniéré que fa tête étant pouf-
fée en bas , il puiffe dans la fituation la plus
gênante afpirer de l’air , & l’expirer en jet-
tant des cris ; outre celas,, il y a beaucoup
d’aççoLiehemens où la tête de l’enfant eft
très-peu de temps arrêtée dans le vagin , &
on le regarde comme né auffi-tôt que la
tête eft entièrement fortie de l’orifice de la
matrice ; on fe fouvient d’avoir vu un enfant
qui ayant préfenté le bras , fut fort long¬
temps à être extrait de la matrice, comme
cela arrive ordinairement, dont cependant
le poumon tomba au fond de l’eau ; & Roe-
derer, qui étoit très-expérimenté dans l’art
des accouchemens, ne croit pas que l’enfant
refpks dans le vagin.
du Fétus. 407
Cependant comme j’ai affifté a plufieurs
accouchemens, & que j’ai fouvent entendu
l’enfant crier auffi-tôt que la tête a été for-
tie de la vulve 5 fous les couvertures & dans
les mains de la perfonne qui en faifoit l’ex-
tradion, je penfe que cela arrive commu¬
nément, 6c que c’eft une chofe particulière
à l’efpece humaine que l’enfant crie tout de
fuite , & même fortement * il ne paroit pas
qu’il faille beaucoup de temps pour qu’un
enfant fain & robufte rende fon poumon
capable de refpirer, & qu’il puiffe crier.
On peut auffi en croire les témoignages r
on dit qu’un enfant a dilaté fa poitrine, pen¬
dant que fa tête étoit arrêtée au palTage.
Il ne me paroit donc pas déraifonnable
de croire qu’un enfant dans cet état, retenu '
par quelque obftacle, comme la largeur de
fes épaules, ayant la bouche tournée en bas,,
vers l’orifice de la vulve , refpire & crie.
Mais cela ne peut être que très-rarement,
quand l’enfant eft fort, & qu’il efi: dans une.
fituation favorable.
§. LVL Suite de la refpiraûoti du fétus.
On ne peut nullement efpérer que les
enfans qui ne font point à terme ,' qui font
trop foibles , qui ont le poumqn trop corn-
pade, petit & comprimé, puifTent refpirer..
C c iv
4g8
'' La queftion fe réduit à fçavoir fi de même
que fur la fin de Fincubation le poulet refi
pire & fait entendre fon pepit cri, pn peut
èfpérer de même que le ‘fétus humain, ou
qelui 4u quadrupède, puifTe fur la fin de la
geftation refpirer & crier.
Mais ce feroit abufer de Fanalogie que
4’ avoir égard a Fexemple du poulet dans
f œuf , car quoique l’œuf ne foit pas çalTé,
il refpire & crie vers le vingtième jour,
comme je l’ai remarqué plufieurs fois , &
fon poumon même devient capable de fui's
nager, mais on ne peut pas admettre pareille
phofe dans le fétus humain.
Quoique l’œuf paroifie entier , le poulet
peut avoir de l’air ; car l’air paiTe dans l’œuf
par beaucoup de voies , que Bellinus a dé-
înoritrées autrefois, & depuis lui M. Stæhe?
lin ; outre cela , für la fin de rincubation,
les eaux de l’amnios dans l’œufj,fônt confpm-
mées , & rien n’empêche qu’alors le poulet
ne déchire fon amnîosavec fon bec, qui eft
déjà dur, ou fes ergots qui le font auffi.
Enfin i| efi: certain que même dans le
poulet qui a ouvert le bec, le poumon ne
perd pas tout de fuite fa denfité , & qu’il ne
§oEte point, ni que le poulet ne crie pas tout
^ulîi-toc niême qu’il à pris l’air. La coquille
4’ailifurs peut-être fendue, comme il n’eft
du Fétus. 46^
^as rare dè le voir avant la fortîe du poulet,
alors la iiiembrane peut être auffi rom-^
pue.*
Un fétus quieftrobufte, peutauffi ayane
reçu de l’air , refpirer de crier, & cependant
être renfermé dans la matrice bien cjofe &
au milieu des eaux.
Si vraiment on a entendu un enfant crier
idans la niatriçe , on ne peut attribuer cela
qu’à quelque évétiement particulier , c’ell
jque les jnembranes fe feront rompues, çe
qui arrive affez fouvent avant l’accouche-»
îhent,& ce qui arrive tou j ours quand dans un .
accouchement long & difficile, les eauxfe
fontéçoulées d’abord ; & dans ces cas néam
moins l’enfant refte quelques jours dans la
matrice dans cet état fans perdre la vie (i).
Si 4'tine part l’air a trouvé un palTag©
fibre , ^ que d’un autre côté la tête foit
tournée de façon que l’enfant puiffie en re¬
cevoir par le vagin , on peut accorder que
dans eç cas l’enfant peut refpirer & crier.
Mais on voit aifénaent que tous ces cas
font extrêmement rares (2), 4e que cela n’eft
(i) Cela me paroît abfolument impoffible.
(1) Il n’eft pas concevable qu’un enfant qui autoit une
fois refpiré, ne fût pas fuftbqué dans le temps de l’accouche?
laient ; fa tête étant alors dans le vagin , & fa face appliquée
.fît l’os factum ^ il ne pourroit plus avoir de communiça-
rjon ayeç l'air extérieur & il périroif,
^10 La Vit du Fétus.
pas dans l’ordre de la nature , puifque le
fétus nage dans un fluide renfermé dans
des membranes qui font continues ;il n’eft
donc point étonnant que de grands hom¬
mes n’ayent pas voulu’ ajouter foi au récit
de ces cris précoces.
L’air qu’on a trouvé dans le fang a pu
venir du bas-ventre , & s’être développé par
la putréfadion.
CHAPITRE I I L
De z^Accouchement.
§. I. D augmentation, de la matrice*
II n’eft pas poflible que la matrice n^aug-
mente pas de volume , a mefure que l’œuf
humain prend de l’accroilTement ; c’eft elle
qui lui fournit fa nourriture & qui le ren¬
ferme.
Immédiatement après la conception, dès
que l’œuf a contradé adhérence avec la ma^
trice, le fang, ou une humeur féparée du
fang, paîTe dans les plus petits vaifleaux de
i’œuf qui font abforbans ; ainlî pendant que
quelques vailTeaux de la matrice peuvent
facilement porter le fluide qu’ils contien¬
nent au fétus, qui eft alors encore mou &
fans réfiftance, le fang arrive dans la ma¬
trice avec plus de vîtefTe & en plus grande
abondance, & fes vaifTeaux en font diften-
dus. Mais je crois que l’œuf prend peu d’ac-
croilTement dans le premier mois ; je crois
auffi que la matrice fe dilate peu.
Elle ne commence a augmenter fenfibîe-
ment que lors de la première fuppreflion des
réglés ; alors le fang qui s’écoule ordinaire-
De r Accouchement.
ment de la matrice, y eft retenu ; a la vérité
il en palTe une partie au fétus pour lui fervir
de nourriture, mais cette partie eft fort pe¬
tite , car le fétus lui-même eft fort petit, &
ne prend que peu d’accroilfement ; l’autre
partie circule dans les vaifleaux du placenta,
& revient k la matrice.
Comme le fang coule très-lentement dans
les veines, il eft évident qu’il en refte une
partie dans celles de la matrice.
Ce fang y eft retenu, car fon épailTeur
augmente à mefure qu’elle fe dilate ; quoi- i
qu’il ne foit pas fort aifé d’expliquer par 1
quel méchanifme la préfence du fétus dans
la matrice, ralentit le retour du fang par les
veines de ce vifeere.
Cependant les fréquens avortemens qui
arrivent après la première fuppreflion des
réglés, font voir qu’il y eft retenu, quoique
je ne difeonvienne pas que c’eft principale¬
ment au troifieme mois , quand les réglés
ont manqué deux fois, & que la pléthore
du troifieme mois commence k avoir lieu,
que les femmes ont des pertes confidéra-
bles & fuivies de l’avortement, qu’on pré¬
vient par une faignée.
Enfin les arteres de la matrice augmen¬
tent auffi de volume k mefure que la grof-
fefte avance ; cependant ç’eft principale-
De V Accoiickémétit. ' f
îneiit dans les veines que s’amafîe le fang
qui eft retenu , car elles font d’une grofîeu^
incroyable fur les derniers temps , elles font
des plexus entre là membrane intérieure de
la matrice, qui eft très-fine, & fa fubftance
mufculeufe.
C’eft ce qui fait que la matrice, donf îé
tiftu cellulaire , hors du temps de la grof-
felTe, eft plus ferme qu’une veine pleine
de fang, fe relâche & s’amollit, en fe dilatant
pendant lagrofîefie ; quoique j’aye reçu trop
tard les quinze planches de M. Hünter, qui
repréfentent la matrice pendant la grofTeffey
Sc qu’il ne m’ait pas été pofîîble d’inférer
dans mon ouvrage fes découvertes , qu’il
me foit permis cependant d’ajouter quelque
chofe de te qu’il m’a écrit fur la matière donc
il eft queftion ; les arteres & les veines de
la matrice fe dilatent , principalement dans
leurs ramifications, qui font placées dans
f endroit où doit s’implanter le placenta, (i)
Plufieurs de ces veines paflent dans le
placenta, les unes font petites, & les autres
très-grofîes , & il y a un grand nombre de
(i) On a va dans la diiTertation fur I^origine des eaux
de l’amnios , que les vaiffeaux utérins qui font hors de
i’a ire qu’occupe le placenta , non-feulement ne font pas
diftendus , mais qu’ils font même entiéreraeat exfanguips
& extrêmement fins,
414 V Accouchement. j
petites arteres & veines qui charieiit vrai* ]
ment du fang , qui pafTent de la matrice
dans la membrane extérieure de l’arriere-
faix ; c’eft pour cela que dans le temps de
raccouchement, lorfque le placenta fe dé¬
tache, il y a fur la furface interne de la ma¬
trice, une infinité de petites ouvertures de
vaifieaux déchirés , qui verfent du fang.
Toutes les parties du placenta, dans lef-
quelles pénétré facilement la liqueur injec¬
tée' dans la matrice, & dont les vaifieaux
font continus avec ceux de ce vifcere ,
étoient dans le principe une efpece d’effio-
refcence dè la membrane intérieure, & cette
membrane fe détache dans l’accouchement
comme dans l’avortement, & accompagne,
l’arriere-faix , de même que fi elle faifoit
partie de l’œuf. C’efl: cette portion, de non
une autre, qui fe remplit de l’ inj ecèion qu’on
porte dans les vaifTeaux de la matrice ; c’eft-
elle qui conftitue la membrane qui revêt la
partie convexe du placenta , qui s’infînue
par une infinité de prolongemens dans fes
linuofités , & qui fe confond avec fa partie,
que nous appelions 5 c’efi: cette por¬
tion qui efl: la lame extérieure du chorion ,
que nous connoilTons. M. Hunter la nomme
caduca ou dccidua , & à Londres on la
nomme la membrane d’Hunter.
Z)e l- Accouchement. 41 ^
Gette membrane fe détache de la ma«
trice à la circonférence du placenta, elle
recouvre tout l’œuf, & la furface convexe
du chorion, k-peu-près de la même maniéré
que le péricarde couvre la furface du cœur.
Dans les derniers temps de la grolTefle ,
les deux lames de cette membrane caduque
s’unifTent , comme cela arrive quand le pé¬
ricarde contrade adhérence avec le cœur, &
ces deux lames conftituent a l’extérieur ce
qu’on nomme chorion.
§. II. Les changemens qui arrivent à
V orifice de la matrice.
Quoique Roederer penfe que dès le quin¬
zième jour, le fétus fait defcendreJe col de la
matrice dans le vagin, & que par ce moyen
fon orifice eft plus près de la vulve, je ne
crois pas qu’un ,œuf qui n’eft pas de beau¬
coup plus gros que le pouce, puiffe caufer
un déplacement fenfible kla matrice, je l’ai
examiné, mais je ne l’ai pas remarqué.
Mais nous ne devons décider qu’avec beau¬
coup decirconfpedion,fi Ia matrice remonte
ou defcend ; car j’ai reconnu très-!manîfef-
tement que dans la même femme, foit grof-
fe , foit ne l’étant pas, la matrice étoit plus
élevée le matin dans le lit & après le repos
de la nuit , & qu’elle étoit plus bas après les
exercices delà journée, qu’elle approchoiü
’JDé F Accouchement
inême de la vulve; c’^eft pourquoi on nédoil
ajouter aucune foi à ce figne , à moins qu’if
ne foit durable & conftant dans tous les
états, & qu’enfin il augmente avec le temps/
Cependant il efl: certain que l’orifice de la
Inatrice defeend peu-k-peu dans le vagm, urf
peu plutôt ou plus tard, & qu’on peut y at¬
teindre avec le doigt ; il defcend aufli dans la!
fuppreffion des réglés , j’enfuis convaincu ^
c’eft donc le fang retenu dans la matrice, qui
donne lieu à ce changement.
En même-temps l’orifice de la matrice
fe ramollit, & ce changement va toujours
en augmentant depuis le commencement
de la conception ; je regarde ce ramollilTe-
menC comme un ligne certain de groffelîè
quand il continue à fe faire.
Quelques Auteurs ont dit que l’orifice
fe fermoir immédiatement après la concep¬
tion,- g’ efl: par analogie avec les brutes qu’on
l’a cru.
Cependant il n’eh efl rien ; dans une pe¬
tite fille , il n’ efl pas fermé à la vérité , & if
efl ouvert en travers , mais fon ouverture
ii’efl qu’une petite fente , qui n’a aucune
étendue en largeur, qui efl entre, deux
ievres aflez dures , qui la cachent.
Mais comme l’orificé de la matrice fé
tamollit, & que cela arrive toujours dans
U
■ De t Æcouckzrheni.
ia groiteffe^ aüffi le doigt pénetfe-t-iî plus
facilement dans cet orfice ^ & ii eft plus
étroit & comme bouché par une mueoiiüé ;■
mais au refte il eft lâche & béant j je né
Fai jamais vu autrement , cependant je né
nie pas qu’on n’ait pu le trouver fermé; (i)
Il le dilate de plus en plus avant l’acéou-*
éhement, comme tout le monde le fçait;
§. lii. Ü élévation de la maîrich *
: La matricè fe dilaté péu-a^peü , & vefs
la huitième femaine j ou un peu plutôt ou
plus tard j elle s’élfevé amrdeffus du baffioÿ
& emmene avec elle fon éol j qui n’a pas
encore eu part a la dilatation.
La portion de ce col, qu on touché en
îrodüifantle doigt dans ie.Vagin , fe raeour-
eitj de maniéré que cette portion qui def-
cendoiî. dans lé vagin j eft prefque entière^’
ment effacée ; quand le col remonte ai nfî i
que la pdftion qui eft dans le vagin dimi^-’
nue j &'.que Fdrifice de la matrice fe raraob
liqii ne refte plus de doutes fur la groffelTeo
_(i) Il eft confiant que dans une première groftefle il
êft rareqde l’orifiee de la matrice foit ouvert ; & quïl eft
comiûunément béant dans -une grofleffe qui a été précédée'
de plufiéürs autres 5 cependant on le trouve quelquefois
èntr’ouvert dans une première, & exacftemcnt clos daiiè
îsn autre J il y a à cet égard bien des variétés iddividUeileâ,-
Tome IL Dd
8 V Accouchement,
Le vagin par ce moyen s^alIonge ; en in-
troduifanc même le doigt tout entier dans
ce canal, on ne peut toucher l’orifice de la
matrice, que par l’extrémité du doigt.
Un homme expérimenté eftime que la
progreffion delà matrice fe fait de cette ma¬
niéré ; elle s’élève de deux à trois pouces au-
delfus du pubis, au quatrième & cinquième
mois ; elle monte jufqu’à l’ombilic le feptie-
me ; au huitième, fon fond eft entre l’ombi¬
lic & le fcrobicule du cœur ;& elle parvient
à ce fcrobicule au neuvième mois.
En même-temps le fond de la matrice
fur-tout, fe dilate confidérabîement, de
maniéré qu’il y a une très-grande diftarice
entre les trompes , que. la matrice fait une
convexité au-defîus de leur orifice, & qu’el¬
les paroifient être à la partie inférieure.;
c’eft-la qu’on remarque certains tubercules
qui fe forment peu-à-peu , qui font plus ou
moins apparens qui relTemblent k une
glande conglomérée ; c’eft à ces tubercules
que s’attache le placenta ; les trompes font
prodigieufement dilatées par le fang qui
vient s’y amalTer. ,
Quand il y a eu précédemment une def-
cente de matrice, k mefure que la grofielfe
la fait remonter , elle difparoît.
Peu-k-peu la matrice occupe la majeure
Dt V Acc'ùüchttiitîïh 4*9
p'àvûe du baà-ventfCj & par fà diîatatiorl
elle caufe différentes incommodités.
Elle Comprime les vaifleaux iliaques qui
font voifinSj & empêché par-lk la liberté
du retour du fàng par les Veines ; de-lk les
finus de la matrice deviehnent prodigieux»
fement gros ; fon épailTeur augmente ; la
diftenfioti des vaiffeaùx caufe des douleurs
dans les lombes ; il fe forme des varices aux
pieds, elles fe rompent même quelquefois ;
& enfin il y â une hydropifîe anafarque? la
compreflion du Uerf crural caufe des ftu-
peurs dans les jambes ; lés ligamens ronds
groffifiTent k caufe dé robftacîe que trouve
auffi le fang k revenir de la matrice.
Plus la matrice augmente , & plüs fin»®
teftin reêlum eft preffé j il s y amaffe des
vents qui caufent des douleurs; la femme
eft conftipée, & tourmentée d’hémorroïdes.^
Sur la fin^la miatrice monte jufqu’kl’efto^
mac j & le comprime ; cette compreffipri
donne lieu k des vemiftemens fort incomx*
modes, qiii très-fouvent ne celTent que par
l’accouchement.
Je rapporte plutôt a la fuppreflion des
réglés, cés goûts ridicules des femmes,dt les
enviés qu’elles ont de manger des chofes ab-
furdes ■ on voit pareils fymptômes produits
par cette caufe, hors du temps de la grof»
. i) d ij
420 De r Accouchement.
feffe ; cette bifarrerie eft incroyable ; elles
veulent manger du poivre, du cuir, du lin¬
ge, de la chaux, même leurs excrémens, &c.
pour rendre raifon de cela, je m’imagine
que les fucs de l’eftomac étant dépravés , &
les femmes ne trouvant plus de goût aux
alimens ordinaires , elles efperent avoir plus
de plaifir à prendre ces chofes ridicules,qu’el-
les n’en attendent des alimens ordinaires ■
c’eft comme les malades qui veulent chan¬
ger de pofition , parce que celle qu’ils tien¬
nent eft incommode, & ils fe flattent qu’une
autre fera meilleure.
La comprefïion du diaphragme gêne la
refpiration , & il refoule les poumons dans
la poitrine.
Souvent le fang des femmes eft couvert
d’une couenne dure, mais la caufe de ce
phénomène eft obfcure.
§. IV. Augmentation du col de la matrice.
Nous avons dit plus haut que ce col n’é-
prouvoit de changemens que tard ; cepen¬
dant un homme très-expert dans cette par-,
tie dit qu’il commence à s’étendre dès le
troifîeme mois , & qu’alors la quatrième:
partie de ce col eft étendue en même pro¬
portion que le fond de la matrice.
li y en a la moitié d’étendue au cinquième
De V Accouchement. 421
mois ; au fixieme foii canal fait partie de la
cavité delà matrice ; le neuvième mois tout
le col eft confondu avec la matrice , de ma¬
niéré que l’orifice intérieur de ce canal ne
fait plus avec l’extérieur , qui répond aü
vagin, qu’un feul & même orifice , & le
col a perdu toute fa longueur.
Ainfi toute l’épaifTeur du col étant em¬
ployée à ne former de la matrice qu’un feul
corps ovale , ce col n’efi: plus alors que deux
levres & un cercle fort mince, qui termine
l’orifice.
Cependant il n’efl: pas bien certain que
l’ordre de ces changémens foit tel que nous
venons de le dire; car dans la femme grofîe
de fept mois , dont parle "W^eithrecht, le coi
étoit entièrement comme hors du temps de
la groflefle, & n’avoit qu’une très-petite
ouverture dans l’intérieur ; dans une plan¬
che de Roederer , qui repréfente la matrice
fur la fin de la grofleffe, on voit encore le
col très-diftind.
Dans une femme qui fut punie de mort,
parce que le Juge ne voulut pas la croire
grolfe , quoique la matrice remplit la moi¬
tié du bas-ventre , j’ai trouvé l’orifice ou¬
vert k y mettre le doigt, & le col étoit refté;
je l’ai fait graver, elle pouvoir être groffe.:
de fix mois,
Ddiil
De V Accouchement,
Dans une fille qui étoit gofîe, & qui étoit
morte à force d’avoir fait ufage de remedes
draftiques , j’ai trouvé les éminences valvu-
îeufes du col très-bien exprimées ; elle pou¬
vait être grofTe de cinq à fix mois,
§. V. La culbute de V enfant.
Le fétus humain comme celui des brutes
eft droit dans le commencement, & il a l’é¬
pine & la tête en ligne droite ; je l’ai vu de
même dans les volatiles de dans les fétus des
quadrupèdes , que j’ai vus tout nouveaux.
Mais il fe courbe bientôt , de maniéré
que le cou va en arriéré , la tête en devant,
vers la poitrine, & la queue qui eft l’extré¬
mité inférieure de l’épine du dos, fe recourbe
peu-a-peu vers la tête.
Dans le volatile il fe recourbe de plus en
plus, juf^u’àce que les pieds approchent de
la tête , l’embrafîent enfuite , & que la tête
foit cachée fous les ailes.
Tant qu’il y a beaucoup d’eaux dans l’oeuf,
le fétus fe remue librement dans ce fluide, il
tourne far les vaifleaux ombilicaux comme
fur un gond ; il penche fa tête en devant,
& porte fes pieds en arriéré , de il fe re¬
met ; il eft même en mouvement quand
il a fa tête entre fes pieds ; le peu de capa¬
cité de l’osuf fait que ces mouveroens font
De V. Accouchement. 4^^
moins forts , il en occupe plus de la moitié,
car il a deux fois plus de longueur que tour
i’œuf.
Ceft la même chofe dans tous les autres
animaux, car les petits ferpens fe roulent
dans leur œuf, les agneaux , les petits rats,
les cochons de Guinée, & fans doute les
autres animaux fe meuvent auffi.
Ceft auffi la même chofe dans fefpece
humaine ; tant qu’il y a beaucoup d’eau
dans f amnios , l’embryon qui alors refTem-
ble a un petit ver informe , eft tout droit
dans la matrice.
Plus l’embryon avance, plus il fe courbe,
à-peu-près femblable en cela au poulet,
il approche fa tête de fes pieds & fes pieds
de fa tête.
Les anciens , & de même les modernes ,
on dit que le fétus eft affis dans la matrice ,
qu’il y èft pelotonné, qu’il a la tête entre
les pieds , les talons rapprochés des felTes ;
& ils attribuent cette pofture à la fupério--
rité de forces des mufcles fléchiffeurs.
On le trouve dans une autre pofture,
quand on fait l’ouverture d’une femme qui
eft morte fur le point d’accoucher.
J’ai trouvé un fétus qui a voit le cou,
l’occiput & la tête appuyés contre les os du
baffin, & qui y étoit tellement engagé, qu©
D d iv
^44 V Accoüchmmt
tête s’étoit allongée ei| forme de cônej ,
& que j’eus quelque difficulté à k retirer •
il avoit les feffes k l’ombilic du coté droit,
fes pieds étoient en haut, êc le cordon
ppit entortillé autour de Tun des deux,
Souvent auffi la tête defeend effedive-,
filent dans le baffin, mais de maniéré qu’une
preille efl: en devant & l’autre en arriéré^
& que le rnenton ett: appuyé fur l’épaule ;
on a terrniné heureufement des accouche-
meiis, GU la tête de l’enfant, quoique droite,
n/avançoit que peu k caufe de rétroiteffie du
jiaffin , en le tournant de côté,
Je ne parle point des lituations contre? '
jiature ; if n’eft pas fort rare de voir l’enfant
la face en delîus.
Tout cela réuni , & joint au peu d’obfer-s
vations éparfes, que nous avons k ce fujet,
a porté à conclure que vers le feptieme ou
le huitième niois de la groffelTe , l’enfant
fe précipite dans le baffin , ôc qu’il préfente
fa tête k l’orifice de la matrice.
Quelques modernes en France , & fur?,
fout M. Onymos , ont foutenu contre cette
opinion, que l’enfant avoit pendant toute la
grofieffe, la tête dans le baffin , & que ç’elf
toujours fa tête que l’on touche quand OU
porte le doigt dans le vagin ; ce qui prouve
îï|anifefienienS 4|ue ce n’eft pas quand li
De V Accouchement '425'
grolTelTe eft avancée que le fétus tombe
dans le baflin ; beaucoup de modernes font
de ce lentiment.
On a vu le fétus nageant dans les eaux,
& cependant la tête en bas , au troilîeme^
au quatrième , au cinquième, au fixieme ,
au feptieme , au huitième mois , & enfin
au moment d’accoucher.
On a vu aufîi un fétus dans le fixieme
mois , avoir la tête prefque en bas, & le dos
placé horifontalement.
Il y a beaucoup d’ Auteurs qui difent qu’il
n’y a rien de certain dans la fituation de
F. enfant.
Pour moi , je fuis sûr d’avoir vu dans un
<©uf humain , que le fétus étoit mobile de
tous cotés, dans le temps où il y avoir beau-^
coup d’eaux. ■
Enfuite vers le cinquième mois, quand
il fait feiitir fes mouvemens , & même qu’il
donne a fa mere des fecoufies qui l’incom¬
modent, j’ai fouvent remarqué en mettant
la main fur- le ventre, que tantôt je tou-
chois quelque chofe d’étendu & rond , qui
refiembioit a la tête y & tantôt un petit
membre, que je diftinguois facilement de la
tête , qui étoit la main ou le pied.
Souvent même dans le dernier mois, j’ai
4iulnguç la tête a travers les téguniens du
42.(3
De V Accouchement,
bas-ventre ; & même au quatrième mois,
j’ai trouvé dans une femme dont j’ai fait
l’ouverture, que le fétus étoit flottant, de
maniéré que je ne pouvois décider de quelle
façon lés membres étoient arrangés.
Il y a des Auteurs qui difent qu’il eft en¬
travers , d’autres qu’il efl: droit , & d’autres
dans différentes autres fituations.
M. Levret, qui alTurément a une très-
grande expérience en cette partie , dit qu’il
feroit dangereux de révoquer en doute la
culbute de l’enfant.
Il efl: vraifemblable qu’a mefure que la
tête augmente de volume , elle tombe , &
que ce qui étoit en devant fe trouve en bas.
J’accorde volontiers que le temps auquel
la tête de l’enfant occupe la partie inférieure
du baflin efl: incertain , qu’on peut la tou¬
cher dès le feptieme mois , & qu’enfuite
fept, cinq , quatre ou trois femaines avant
l’accouchement , & quelquefois peu d’heu¬
res avant , elle occupe le col de la matrice.
Je penfe que la tête eft immobile , je l’ai
même remarqué ; & c’ eft l’oblervation que
j’en ai faite peu de jours avant l’accouche¬
ment , qui me le fait croire ; cependant dans
le travail, & même au moment d’accou¬
cher, on la déplace très- facilement.
C’ eft cette chûte de la tête dans le baflin>
De V Accouchemen. 42-7
fur ïa fin de la grofîefîe, qui fait que le ven¬
tre de la femme tombe ; on peut même en
fentir la différence avec les mains.
§. VI. Les incommodités de la grojjejfe.
C’eft à la même caufe que j’impute les ré¬
tentions d’urine, qui fiirviennent alTez fou-
vent fur la fin de la grofTefTe, au point qu’il
s’en amaffe dans la veffie quelquefois plu-
fieurs livres, & même jufqu’à huit pintes,que
même il y a eu des ruptures de veffie, que
l’urine s’eft épanchée dans le tiflu cellulaire
des parties circonvoifines, & que quelque¬
fois la mort s’en eft enfuivie.
Car la tête du fétus occupant un palTage
étroit , comprime la veffie fur l’os pubis ,
fortement en haut & moins en bas , parce
que le fétus a là moins de mouvement, &
que la tête efl: plus en pointe ; par ce moyen
toute la veffie eft comprimée , de maniéré
qu’une très-petite quantité d’urine , qui ce¬
pendant ne trouve pas place ^ fe loger ,
donne de grandes envies d’uriner; la veffie
étant prelTée par derrière , fait un angle
très-aigu avec l’uretrê , elle fe gonfle par fa
partie inférieure , où il y a moins de pref*
lion ; c’ eft pourquoi elle a peine à s’élever ,
& l’urine ne peut s’évacuer. Il n’y a pas de
doute que comme la matrice empêche la
'^28 VAccouchiment.
fortie de l’urine, de même k fon tour la ver-
lie étant très-pleine, comprime l’orifice de
îa matrice & le vagin , & met obftacle à
l’accouchement.
La tête de l’enfant comprimant aufli l’in-
teftin reftum , occafionne de la douleur k la
mere, & fouvent caùfe le ténefme ; elle fait
preffion aufli par fon poids fur le col de la
matrice, qui eft dur & fortement contraâ:é,
èc le comprime contre les os du baflin, qui
font durs , & qui lui offrent beaucoup de
réfiliance ; leseifortsdelarefpirationy con¬
tribuent aufli. Cette comprefîion du col
me paroît la caufe la plus grave , car il eft
bien plus fenfible que le refte de la matrice ;
puifque m.ême dans l’aâe vénérien, les frot-
temens de l’extrémité de la verge contre
l’orifice, y caufent quelque volupté ; cet ori¬
fice étant donc fi fenfible, & dans les der¬
niers temps de k grolfeATe , ayant perdu fa
confiftance comme cartilagineufe, & la tête
de l’enfant le remplilTant exadement , y fait
naître de vives douleurs.
La femme éprouve encore une autre
grande incommodité, qui eft caufée par le
fang retenu dans les vailfeaux de la matrice;
die eft très-fenfible, de quoique le gonfle¬
ment de fes veines & de toute fa fubfta.nce
ne caufe pas une vraie douleur, il n’eft pas
De V Accouchement 42^
poffible qu’il ne donne Heu a des incommo-
dîtés que les femmes réflentent, mais dons
elles ne fe plaignent pas j parce qu’elles pen»
fent qu’il eft naturel de foulFrir pendant la
grolTeffe j nous avons dit que des veines qui
n’étoient que capillaires deviennent grplîés
comme le doigt, & la matrice fe gonfle
outre nature, & eft gorgée de fang ; on a
vu une petite iscifton à une matrice qui
avoit éprouvé un renverfement donner lieu
à une hémorrhagie mortelle.
Ceux qui ont voulu mefurer exaétemene
l’augmentation de la matrice , ont trouvé
que de 4 pouces | cubes, elle parvenoit k
5 1 pouces cubes, & qu’à la fin de k grof-
felfe elle étoit plus de onze fois plus grolTe
que dans fa vacuité; ce qui eft aifé à croire
puifque avec une ii grande furface elle ne
perd point de fon épaiiTeur.
On eftime la cavité de la matrice ^ de
pouce cube, & ôn croit quelle peut con¬
tenir 333 grains d’eau ; M. Levret dit que
le contenu peut en être évalué à 408 pouces
cubes /d’eau, cequi faitdix-fept livres, tant
pour l’enfant que pour fes dépendances 3
cette augmentation eft comme d’urt à 4 44 ,
& ce calcul ne me paroît pas jufte , car;
dans une vierge, la matrice n’a prefque point
de cavité.
430 r Accoüchêrmnté
AlTurément la matrice s’étend, puifqu’elk
renferme quelquefois un fétus de dix livres,
avec dix livres d’eau, & un placenta de trois
livres ; quelquefois fix livres d’eau avec un
fétus de 1 2 livres, & quelquefois enfin cinq
pintes d’eau, & quelquefois trente.
On doit croire que la matrice ne peut
s’étendre fans douleur, que jufqu’à un cer¬
tain point, & que fi l’accroilTement du fé¬
tus la fait s’étendre au-delà de ce terme ,
cette extenfion outrée efi: douloureufe ; c’ eft
ce qui fait que les jumeaux naifiTent avant
terme , & que les enfans morts reftent plus
long-temps dans la matrice, parce qu’ils ne
prennent point de croifiance, & n’ont point
de mouvement ; c’eft pourquoi auffi les
fquirres & les polypes utérins occafionnent
l’avortement , parce qu’ils ne permettent
pas à la matrice de fé diftertdre afiez.
Cette diftenfion fe fait à la vérité lente¬
ment, mais cependant ce n’eft pas fans quel¬
que divulfion de nerfs.
Pour être convaincu de l’effet que peut
produire cette diftenfion, ilfuftit de faire
attention a ce que produit une fupreflion de
réglés d’un ou deux mois ; fou vent le feul
effort que fait la matière des réglés, pour s’é¬
couler, occaiionne des douleurs de colique
prefque infupportables , & il y a bien des
De V Accouchement. 431
femmes qui reffentent périodiquement ces
douleurs ; d’après cela, on ne doit pas douter
qu’une pléthore de neuf mois ne donne lieu
à de pareilles incommodités, mais plus gra¬
ves ; on peut objeder que le fétus pefe juf-
qu’à douze livres , & que les réglés retenues
pendant neuf mois ne pefent pas autant *
mais le fang ne fait qu’une petite partie du
fétus, & il y a dans ce poids de douze li¬
vres beaucoup de fluide, qui ne peut pas être
mis en parallèle avec la quantité du'fang
retenu. Le gonflement même des vailTeaux
fpermatiques & hypogaftriques, quiefl: très-
grand dans les derniers temps de la groflef-
fe, produit les mêmes effets, & encore plus
fenflbles que ceux que produifent les réglés
retenues. '
Ainfi comme c’eft prefque toujours k l’é¬
poque des regles que fe font les avortemens^
de même l’accouchement fe fait au temps
où devroit fe faire la neuvième purgation
menffruelle ; c’efl; pourquoi le pléthore ac¬
céléré l’accouchement , de même qu’une
fievre aiguë ; & qu’au contraire la foibleffè
des parties & le chagrin le retardent.
Une femme qui n’accouchoit qu’au dour
zieme, treizième ou quatorzième mois,avoit
fes réglés pendant fa grofTefTe ; une faliva-
icion a prolongé -la groffelTe jufqü’k douze
De r Accoüchcmenti
mois ; cependant pour ne pas pouffer cefe
trop loin , il faut fé refîouvenir qüe les bru¬
tes qui n’ont point de réglés mettent bas
leurs petits.
Il eft croyable aufli que la diftenfion que
la matrice, qui eft feniiblê dc coritradile ,'
éprouve de la part d’üne mafte qui eft d’une
certaine dureté , dcqui eft ofteufe en par¬
tie; que fes contrarions fur ie fétus qui lui
offre de la f éftftailce ; & enfin que k pref-
fioii-qff exercent fur elle lesmufcles du bas?
ventre, font naître les douleurs que les fem-'
mes reffentent , & qui les incommodent
dans le dernier mois de leur groffelfe , qui
celTent & reviennent avec plus de violence^
éc qui foüvent, comme je l’ai remarqué
leur font croire qu’elles vont accoucher j
quelquefois quinze jours avant qu’elles ac¬
couchent. _
Que ces incommodités font d’autant plus
grandes , qu’en même - temps les eaux dé
î’amnios font en proportion en bien moin¬
dre quantité , & que par conféquent ell^
mettent la matrice bien moins à l’abri de
cette preffiprié . . ^
On impute auffi Ces incomrnbdités aux
eaux & au placenta, qui commencent a fe
corrompre , & à la force du fang ütérin:;ÿ
qui étant repoüffé pat, le placenta, qui.n-a
■ ■ - ' plu^
V Accôuchimtiité 4^ J
de vie , dilate les vailTeaux dé la ma«
trice ; mais on ne peut pas croire que cette
corruption ait lieu.
Il eft vraifemblable qu’a mefure que la
groffelTe avance j la matrice s’amollit de
devient de plus en plus vafculeufe , puif-*
qu’on appercoit des vaiffeaux fort apparens
dans la membrane interne ; qu’au contraire
le placenta & le fétus prennent plus de foli-*
dité \ que par l’augmentation de leur pefan-
teur j ils caufent des diftraétions a la m-em-
brane délicate dont j’ai parlé ; il efi croya¬
ble auffi qu’il furvient une efpece d’inflam^
matiop à la matrice , quand le fétus efî: par- /
venuà fon accroilTement parfait, & qualors
les forces de fon cœur né peuvent pas faci¬
lement le faire étendre davantage: qu’ainfi
le paffage du fang delà matrice au placenta^
eft devenu plus difficile qu’il ne Tétolt, dans
le temps que le fétus étant plus tendre, la
dérivation s’en faifoît aifémênt vers lui ; &
qu’ainft il s’amafle dans les membranes in¬
térieures de la matrice , comme il le fait
ailleurs, quand il rencontre quelque obftacls
à. fôn cours j que même le fétus étant en bas^
& fufpendu au placenta, fa pofition en pro-
dùit le décolement ; que la membrane de la
matrice en eft agacée, que les nerfs en font
irrités, & entrenp comme en coiivulfiom
Tom& IL Ee
De r Accouchement.
Un furcroit de preuves contre ce fend-
înenc, c’eft que très-fouvent il refte dans la
matrice après l’accouchement des lambeaux
du chorion ; que le placenta refte après la
fortie de l’enfant, & que certains animaux
qui n’ont point de placenta , n’en mettent
pas moins bas leur portée.
§. VII. Caufes de V accouchement.
Nous avons parlé des différentes incom¬
modités qui provoquent l’accouchement;
je crois que ce font ces incommodités, qui
en augmentant d’intenfiré , au point de pa-
roitre infupportables à la mere, font la caufe
de l’accouchement ; car cette action eft vo¬
lontaire comme celle de rendre fes excré-
niens, quoi qu’une douleur qu’on ne peut
pas fupporter force la volonté ; c’eft pour
cette raifon que les fage- femmes s’expo-
fent à des accidens , quand par impatience,
ou par l’inquietude des ailiftans, elles met¬
tent les femmes en travail avant le temps;
aufii les filles, que des amours clandeftines
ont rendu meres , retardent-elles très-fou-
vent leur accouchement , & ne s’y prêtent-
elles que quand il n’y a plus moyen de dif¬
férer ; j’en connois qui reifentant déjà de
fortes douleurs , ont été à pied chez une
fage-femme, & qui font revenues environ
De V Accouchement. 43^
ime heure après. U y a peu de différence
entre les douleurs qui font la caufe pro¬
chaine de l’accouchement & le ténefrae ;
car les femmes qui n’ont pas encore fait
d’enfàns s’y méprennent, & confor. dent fun
avec l’autre. Je crois que l’effort de la tête de
l’enfant fur le col de la matrice, & fur les par¬
ties fenfibles contenues dans le bafîin, font
la vraie caufe des effort? que fait la mere
pour accoucher (i ) ; les autres incommo-
dites dont j’ai parlé difpofent peu-à-peu la
-matrice, la veffe & l’iiiteftin reêlum à ne
pouvoir plus fupporter ces douleurs ; ainfi.
plus une femme fera fenlible , plus fon ac¬
couchement fera précoce ; effeffivement les
femmes fort fenfibles ne vont prefque ja¬
mais j ufqu’au neuvième mois * ainfi la moin¬
dre caufe irritante avance l’accouchement ;
l’accouchement fe fait prefque toujours
avant le neuvième mois quand il y a deux
enfans, & à plus forte raifon quand il y en a
trois ; au contraire un grand repos d,e corps
& d’efpritretarde raccouchement,de même
qu’une paffion vioiente qui émoufié toute
autre âèiion.
("1) Mais it y a des douleurs auffi fortes quand l'enfant
préfente la main , les pieds , le senon , ie coude ^ &c. ôc
ces douleurs font, auffi, faire des efforts , puifc|ue les Ac¬
coucheurs engagent.les femmes à ne point pa faire dans
43^ V Accouchement
Par analogie on a attribué au fétus h
caufe de raccouchement ; il eft vrai que le
poulet rompt fes membranes & caffe la co*
quille de fou oeuf, car j’ai vu la fente de la
coquille vis-k-vis le bec de l’animal.
Les infeéfes & les ferpens fortent de leur
œuf, par leur propre force.
Mais 011 ne peut pas raifonnablement en
dire de même des animaux qui ont pris leur
accroifîement dans une matrice mufculeu-
fe , ni par conféquent de l’homme.
Quelques anciens & des modernes ont
dit que l’enfant cherchoit k fortir, parce
que dès qu’il eft privé des eaux de l’amnios,
il n’a pas aftez de nourriture, & qu’il eft
affamé ; d’autres ont dit qu’il vouloit fortir,
parce qu’il avoit befoin de refpirer ; d’au¬
tres parce que fon méconium lui irritoit les
inteftins ; d’autres parce que fes eaux étoient
acrimonieufes ; d’autres enfin parce qu’il
ne pouvoit plus refter dans la même fitua-
tion.
On cite encore pour preuve, les exemples
d’enfans qui font fortis vivans de la matrice
après la mort de leur mere.
Mais quand j’ai fait attention k ce que
dans la plupart des accouchemens , même
les plus heureux, l’enfant refte fans le moin¬
dre mouvement , la tête engagée dans le.
DeT Accouchement. 437
baffin, foüvent même afîez long-temps , &
qu’an enfant mort fort prefque avec autant
de facilité qu’un enfant vivant ; outre cela,,
quand j’ai réfléchi fur l’extrême compref-
fion que la mere exerce fur elle-même , &
dont elle augmente la force par une longue
& forte infpiration, j’ai facilement com¬
pris que c’eft a la mere feule qu’on doit at¬
tribuer lacaufe de l’accouchement, comme
le difent les meilleurs Auteurs des traités
d’accouchemens ; mais je n’ai pas oublié
que quelquefois l’enfant caufe des douleurs
à la mere, ou parce qu’il eft trop gros ou
trop folide , ou par fes mouvemens.
Il eft certainement difficile d’expliquer
comment il fe peut faire qu’une femme ac*
couche fans le favoir, étant en délire, en¬
dormie, immobile, en apoplexie, en épi^*
lepfîe, en convulfîons, enfin d’une foiblefle
extrême & même à ragonie.
De plus, il y a des femmes qui font ac¬
couchées après leur mort, le lendemain , le
furlendemain, ou 4 jours après, quelques-
unes même d’enfant vivant ; quelques-uns
de ces enfans , fi i’hiftoire en eft vraie, font
fortis par leurs propres forces. '
Ce qui diminue cependant la force de
cette objeêfion, c’eft que de ces enfans
nés après la mort de leur mere , la plupart
Eeüj
438
jDe V Accouchement.
éroient morts, ou ont été extraits : ces exem¬
ples ne prouvent donc pas que le fétus em¬
ployé fes forces a fe faire paflage.
On peut attribuer la fortie de quelques-;
uns de ces enfans , ou à la force contradile
dont jouit la matrice même après la mort ,
& que )’ai fouvent reconnue en enlevant la
matrice ; ou à f aétion de l'air 'occafionné
par la putréfaction ; car Tair a pu faire com-
preffion fur la matrice qui étoit relâchée par
la mort du fujet, & en faire fortir le fétus,
par le même méchanifme que le fait la pref-
iîon de la matrice, ou qu'une liqueur injec¬
tée dans les vailTeaux d’un animal, fiitéva^
cuer .ies matières contenues dans le bas- ven¬
tre.
J’ai fouvent vu fortir du fang par la bon-?
che d’une femme morte en couche.
§. VIIÎ. Le temps de V accouchement.. ,
1°. U accouchement prématuré.
On voit aifement que ce temps ne peut
pas être ftridement fixe ; l’accouchement
peut être avancé,, parce que le fétus aura
trop de volume , ce qui dépend fouvent de
la taille du pere ; on en a Texemple dans les
chiens ; parce qu’il aura pris trop d’accroif^
fement j parce que fes os feront trop tôtper-
De F Accouchement. 439
£e£^ioiifîés ; parce qu’il fera trop tôt def»
cendu dans le bafîin, & qu’il comprimera
davantage l’orifice de la matrice ; parce que
la mere fera trop fenfible , que les fibres
utérines feront plus contradiles y plus faci¬
les à fe mettre en jeu ; parce qu’il y aura une
trop grande pléthore à la matrice parce
que la matrice & les vifeeres du bas-ventre
auront été fortement irritées ; mille canfes
peuvent accélérer l’accouchement y & les
caufes contraires peuvent le retarder.
La chaleur de Fœuf augmentée accéléré
l’accroiffement du poulet ; fi elle efl: dimi?»
nuée, elle le retarde ; dans l’Inde le ver a
foie éclot le vingt-huitieme jour , ce n’eft ,
que le quarantième en Angleterre ; dans
î’hyver les poulets fortent plus tard de leur
coquille ; dans les Mes Antilles j ils en for-
tenr plutôt que dans nos climats.
Ainfi quoique la loi commune dans notre
efpece foit que la femme accouche à neuf
mois J c’eft-à-dire , après la trente-neuvieme
femaine, & que ce fbit-là le terme ordinaire
de la nature humaine, cependant je ne crois
pas que ce terme foit allez certain pour que
ce ne foit pas un peu plutôt ou un peu plus
tard ; puifque beaucoup de caufes irritan¬
tes, comme une trop grande pléthore, une
frayeur ou d’autres événemens peuvent auffi
E e iv
440 De V Accouchement.
accélérer l’accouchement , & qu^au con¬
traire la frayeur, le chagrin, la langueur,
le défaut de nourriture & une maladie vio¬
lente peuvent le retarder. Arifton, Roi de
Sparte, fut trop rigoureux de défavouer fon
fik Demarat , parce qu’il n’y avoit pas dix
mois qu’il étoit marié, quand ce fils vint au
monde.
En général il efialTez raifonnablede croire
que les enfans vivent moins, quand ils ne
naifîent pas a terme.
C’eft pourquoi on croit qu’en Egypte,
enGrece, & encore plus dans l’Europe fep-
tentrionale , les enfans qui viennent à huit
mois, comme ceux qui approchent de neuf,
font abfolument viables , quand même ils
feroient jumeaux de trois, & plus viables
que ceux qui naifient a fept mois, parce
qu’ils approchent plus du terme naturel. .
On peut mettre au nombre des erreurs
de l’Auteur du livre d’Hyppocrate, que les
enfans qui naifient à huit ne font pas via¬
bles, & la caufe qu’il en donne eft étrangère
a la nature du fétus ; car plus il eft près de fon
terme, moins il dort, & plus il remue fré¬
quemment ; à. moins que peut-être ayant
déjà la tête en bas , dans le dernier mois , il
cefie fes mou ve mens.
Mais il paroit que cette erreur vient des
Mathématiciens Chaldéerp^
De V Accouchement. 44^
Pythagore admit îe nombre de 2 1 0 jours
comme le moindre ; d’autres comptent 21 4
& 2î^ jours.
Cependant comme il y a un grand inter¬
valle éntre le feptieme mois & le neuvième,
en recherchant les lignes qui font connoître
que l’enfant n’eft pas k terme, j’ai remarqué
que la fontanelle eft plus grande, que fa
bouche eft plus large & plus fendue , qu’il
a peu de cheveux , & qu’ils font moins Co¬
lorés, que fes ongles fonç mous, & même
qu’il n’en a point ; qu’il eft plus petit qu’on
ne doit l’attendre , vu la taille du pere & de
la mere; que fes membres font plus fouples ,
qu’il eft plus aftbupi , qu’il eft foible , qu’il
ne vit pas long-temps , & enfin qu’il ne voit
pas • car au feptieme mois la membrane de
"W^achendorlF exifte prefque en entier, au
lieu que la plupart du temps elle n’exifte
plus au neuvième.
Moins l’enfant approchera du terme de
fépt mois, plus j’aurai de peine k croire qu’il
puiffe être parfait & viable , & qu’il vive
quelque temps.
Le fétus ne peut vivre avant le feptieme
mois.
Il y a quelques Académies & quelques
Médecins qui ont- prétendu que l’enfanc
écoit viable k 1^0 jours, k 185 ,k 184,^^
442- De V Accouchement,
183 , a 182 ï, & k 182. Polybe & Ulpias
ont donné 182 jours pour le premier terme
de l’accouchement , quelques-uns même eu
ont retranché un jour, & le fixent k 181.
Tout cela me paroît fort fufpecl: ; on ne
doit pas à la vérité toujours prononcer en
juftice fur un point qui eft un peu douteux ;
mais il eft permis de le faire dans un oii-^
vrage tel que celui - ci , dont l’Auteur n’a
rien k appréhender, & qu’aucun intérêt n’en¬
gage k adopter un mauvais fentiment.
J’avoue cependant qu’il y a eu des parts
de fîx mois , par fuperfétation. ( i )
On a beaucoup écrit fur des accouche-
mens à 178 , 177, 173, 171, & 1 70. jours ;
fur des trijumeaux nés k 168 jours,, & fur
un fétus de 160 jours.
Les anciens nioient que les enfans fufient
viables au fixieme mois , quoiqu’il y ait plu-
fieurs hiftoires d’ enfans nés k 180 jours &
a léo ; mais je ne croirai jamais que ces
fétus n’ayent été fort imparfaits , ni qu’ils
ayent pu vivre long-temps.
Je le croirois encore plus difficilement
avant le fixieme mois , & je n’ai jamais été
de l’avis des Avocats qui vouloient faire pafi
(1) s’il y a eu des accouchemcns à fix mois, par fupcrfé-
. ration ou autrement, il eft certain que les eufans lî’ont pas
pu. vivre , ainiî cela ne prouve rien.
JDô V Accouchenunt, 443
fer pour légitime, un enfant né environ à 1 6 ^
jours.
Pareillement les anciens n*ont point ad¬
mis les parts de cinq mois, quoique quel-
dues'modernes les ayent admis ; à ce terme
le fétus eft fi petit , fi difFérent d’un fétus à
terme, il a le trou ovale fi grand , & le pou¬
mon fi étroit, que je ne puis croire qu’il foie
capable de refpirer • en pourroit alléguer
pour raifon la grande chaleur du climat.
A Leipfick on n’a point rej etté un enfant
de 133 jours, qui a vécu trois jours ; d’au¬
tres ont regardé ce part comme un avorte¬
ment ; un autre enfant qu’ils ont donné pour
être de 1 40 jours, étoit trop formé , & con-
féquemment étoit plus âgé.
Un Médecin a eu raifon de ne point ad¬
mettre un part de quatre mois , l’enfant tê^
toit comme un enfant en bonne fanté - Car¬
dan en cite un de cette efpece , mais il 11’ eft
pas Auteur bien exact.
§. IX. Il ne faut pas non plus trop pro*
longer le terme de V accouchement.
C’eft l’époque du jour des noces qui très-
fouvent fait des accouçhemens prématurés ,
parce que les pârens veulent alîurer un état
à un enfant qui efl; né trop-tôt ; de même
ç’eft le jour cb la mort du mari qui fait que
444 V Accouchement.
les veuves qui ont imité la matrone d’É-
phefe, difent que leur grolIelTe a été pro¬
longée , afin que l’enfant qui eft né trop-
tard, jouilTe de l’état de celui qu elles en di¬
fent le pere.
Je conviens que la grofTelTe peut être
prolongée de quelques jours, & même de
quelques femaines; mais dans ce cas, il faut
que de la part de la mere, on puifie l’impu¬
ter manifeftement au chagrin & a la lan¬
gueur, ou qu’il y ait du côté de l’enfant
des fignes qui manifeftent qu’il eft trop
formé, qu’il ait la fontanelle fort étroite,
la bouche moins grande , les cheveux plus
longs & plus foncés en couleur, les ongles
plus formés , des dents forties , qu’il foit de
plus grande taille, qu’il ait la voix plus forte,
la vue plus parfaite , & les os plus durs.
Les Romains accordoient à la mere le
dixième mois tout entier, mais pas au-delà.
On peut rapporter à cela un Arrêt du
Parlement de Paris, qui a déclaré légitime
une fille née à 304 jours ; & dans bien des
cas les Médecins ont été de cet avis.
Les décifions du Barreau font contradic¬
toires fur ce point; car il y a eu des Juges
qui ont déclaré illégitime un enfant de 309
jours, & d’autres un de 312, tandis que
d’autres ont déclaré légitime un part de 3
De V Accouchement ^44$
(& même d'autres beaucoup plus tardifs.
Ariftote a autrefois admis le part de onze
mois, & Hadrianus l'a admis, auffi, ainfi
que Varron qui eft encore plus ancien ; il y
a des modernes qui ont été favorables à cette
opinion, & même Pierre d'Apone, fi connu
par le nom de Conciliateur, dit qu’il eft né
à onze mois ; il y a eu aufii quelques Bar¬
reaux qui ont admis ces fortes de parts ; on
a dit qu’une maladie lente avoir prolongé
une grofîefîe jufqu’a onze mois.
Cependant Uîpian , Juftînien, & les Dé¬
cemvirs ne font point de cet avis , & autre¬
fois les Lacédémoniens ne les admettoient
point ; à Leipfick on a déclaré illégitime
un part de 3 2 <5 jours ; Amman, Perménion,
Held, Manningham, & tous ceux qui ont
été finceres, les ont rejettés ; depuis peu ily
a eu a Paris un grand procès fur un part de
320 jours au moins ; M. Louis a foutenü
qu’il étoit illégitime, d’autres ont prétendu
le contraire.
On a été encore plus loin : il y a des Au¬
teurs qui regardent comme légitimes des
enfans nés à douze mois , ce font même des
Jurifconfultes & des Médecins.
Plevier dit que cela eft arrivé aune femme
qui avoir été affoiblie par la falivation j mais
44<3 V Accouchemmt.
Caranza qui parle plus franchement . le nie,
ainfi qu’Hafeneft.
Papirius , au rapport de Pline , admet un
part de treize mois.
Cardan dit que fon pere eft në a treize
mois, & Heifter foutienc que cela peut être.
C’eft contre mon gré que j e parie de parts
de 14, de 1(3, de 17, de i8,de 19, de 20, de
2 2, de 2 3, de 2 4 mois, & plus, qu’on a voulu
faire paiTer pour légitimes , dans lefquels
on dit que les enfans ont vécu, & n’étoienC
pas plus gros qu’un enfant né au terme na¬
turel ; il en eft de ceux-là comme de ceux
de ftx & de cinq mois.
J’avoue qu’il feroit fort difficile de me le
prouver.
La loi de la nature eft conftante dans tou¬
tes fes produftions ; chaque animal a fon
terme de geftation , ce terme eft fixe , ou
du moins ne peut varier que de bien peu j
la jument met bas le onzième mois, ou
au commencement du douzième; il en eft
de même de i’ânelfe ; la vache après le neu¬
vième mois, ou le dixième ; U biche porte
neuf mois ; de même que la renne ; la bi¬
che d’Amérique fix mois ; la chevre fau-
vage cinq ou un peu plus ; la brebis porte
autant de temps ; la lapine & la femelle du
Dt V Accoüchemenî, 447
lievre trente-un jours ; la truie cinq mois ;
î’ourfe feize femaines ; la louve cent jours ;
la chienne foixante ■ la chatte cinquante-
cinq ; la femelle du dauphin dix mois ; le
chien de mer neuf & dix mois.
Ceftla même chofe dans les volatiles;
les cygnes couvent leurs œufs deux mois ;
les oyes trente jours ; la pintade vingt-huit ,
le canard ving-fept ; la poule vingt-un, &
les ferins treize jours.
Tous les volatiles ne font donc pas for¬
més en vingt-un jours.
Tout ceci fait voir que chaque animal
a fon temps de geitation fixe, & qu’en
général les animaux herbivores portent
plus long-temps , puifque la brebis, qui eli
de beaucoup plus petite que l’ourfe , porte
plus long -temps quelle ; en général les
grands animaux portent plus & les petits
moins long-temps.
Il ne faut pas croire que la femme feule
fera hors de la réglé générale , puifqu’il y
en a qui annoncent d’avance le jour de leur
accouchement ; ni que de légères çaufes
puifient avancer ou retarder l’accouche¬
ment, puifque même les mauvaifes meres,
qui s’efforcent de fe faire avorter par l’ufage
de médicaraens très- forts, n’en accouchent
pas moins au terme ordinaire ; je me fou-
De, r Accouchement
viens d’avoir traité une fille qui avoit pris de.
la fabine pendant long-temps , & à grande .
dofe J & qui néanmoins n’a pas retardé fon,
accouchement d’un feul jjour, quoique l’u"
fage de ce mauvais remede lui eût donné
une toux & un crachement de fang.
J’attribue donc une grande partie de ces
retards ou avancemens de l’accouchement,
à la néceffité où font les femmes de dégui-
fer le vrai terme de leur grofîefle ; d’autres
même mariées, qui ne font pas dans le cas de
diflimuler, peuvent s’être trompées ; elles
auront pris pour l’époque de leur grofielfe
la première fupprefiîon de leurs réglés,
elles fe trompent de plufieurs mois , foie que
leurs réglés ayent coulé dans les premiers
temps de leur grofiefîe , ou qu’elles ayent
été fupprimées avant qu’elles foient deve¬
nues grofies. C’eft pour cette raifon que les
Accoucheurs les plus expérimentés ont re¬
gardé comme impoflible de déterminer le
temps de la conception.
Ainfi nous regardons comme des événe-
mens des plus rares , & comme l’effet de
caufes très-puilfantes, les accouchemens
retardés ou avancés de beaucoup , cités par
les Auteurs dignes de foi.
De VAccoucheînèfLt, 449
1^. Phénomènes de V accouchement»
, C’eft l’intenfité des caufes qui ont pré**
cédé, qui eit la vraie caùfe de l’accouche"
ment, (i)
L’orifice, de la matrice s’amollit de jour
en jour, il s’entrouvre &; eft fiéant avant
l’accouchement , fouvent même plufieurs
jours auparavant ; on l’a trouvé béant dans
quelques femmes dès le fixi'eme mois , au
feptieme, au huitième, au commencement
du neuvième, les deux derniers mois, 21
jours ,14 jours ,14 jours avant l’accouche¬
ment; mais ce relâchement de l’orifice n’efï
pas tant la caufe de l’accouchemeiît, qu’il eft
l’effet des agens de l’accouchement; car les
femmes chez lefquelles l’orifice ne fe dilate
qu’au temps même du travail, chez lefquel-
les il eft très-étroit dès le commencement,
ou entièrement fermé par quelque vice ,
n’en accouchent pas moins ; on a vu cet
orifice fe déchirer par les efforts de l’accou¬
chement, on a même quelquefois été obligé
( ! ) Il fembieroit par ce que dit llAuteuf, que les caufes de
l’accouchement exiftent dès le coaimenceménr de lagrof-
fé/Te , ou du moins long-temps avant fa fin. Je crois au
contraire qu’il eft prouvé que cette caufe ne commence à
agir, & ne le peuvnême,que quand les caufes de la grolTelTe,
c’eft-à-dire , de l’expanfion de la matrice ,.ne peuvent plus
agir ultérieurement.
Tome II Ff
V Accouchcîmnt.
de Tincifer ; fouvent même après avoir com¬
mencé à fe dilater il fe referme.
Les glaires blanches qui coulent en abon¬
dance avant l’accouchement , deviennent^
alors fanguin^)lentes, parce qu’elles font
mêlées avec le fang qui coule de Torifice
de la matrice, & les fage- femmes. regar¬
dent cet écoulement comme ligne d’un ae-
coüchement prochain (i) ; l’écoulement de
ces glaires eft l’effet du frottement qui eft
produit par les caufes de l’accouchement,
qui font déjà portées à un haut degré d’in-
tenfité ; ces glaires font néceffaires pour
modérer l’effet des frottemens que fait l’en¬
fant en avançant.
Ainfi la première chofe qui fe manifefte
dans l’accouchement, ce font les douleurs
dont nous avons parlé, qui augmentent de
plus en plus ; elles commencent dans la ré¬
gion des lombes , & viennent répondre au
pubis ; elles reffembleîit a des épreintes ; elles
font d’abord plus éloignées & moins vives,
enfüite elles fe rapprochent & font plus ai¬
guës.
(i) C’eft une grande erreur 5 car très-fouvent ces glai¬
res font fanguinolentes dès les premières douleurs , SC
néanmoins le travail dure encore fort loog-remps •, il s’é¬
coule même quelquefois des glaires fanguinolentes iiuît
Jours avant l’accoucliement.
De f: Accouchement. 4^r
Quand' ces douleurs font devenues plus
fortes , elles ne prennent plus que par inter¬
valles, & cotiirtie par accès, & pendant que
chaque douleur pouffe f enfant en bas , l’o¬
rifice intérieur de la matrice fe relâche un
peu, & il s’engage dans cet orifice une plus
grande portion des membranes du fétus ,
qui contiennent encore les eaux , &; la po-
clie qu’elles font eft dure & tendue ; c’efi; ce
qu’on appelle les vraies douleurs de l’accou¬
chement, les douleurs expultrices.
Après que chaque douleur eft paffée, l’o¬
rifice fe refferre un peu , les eaux remon¬
tent auffi un peu, elles ne font cependant
pas fi haut qu’avant la douleur, & l’orifice
n’eft pas non plus fi étroit qu’il l’étoit avant.
Souvent, ce travail eft lent, je l’ai cepen¬
dant vu très-précipité; car j’ai quelquefois
vu le travail ne durer que quinze minutes.
J’ai vu en général , quand les femmes
étoient patientes , & qu’elles s’abandon-
poient entièrement à la nature , que le tra¬
vail ne diiroit pas plus de quatre-vingt-dix
ou cent minutes, (i)
(i) L’accélération ou le retardement de raccouchemenc
ne dépendent que bien peu de la patience di^la mere ; une '
femme pufillanime qui craint de faire valoir fes douleurs ,
peut bien y apporter quelque retard , mais ce retard eft
. bien peu de ebofe j&-fouven: on voit des fepimes coura- ‘
a De V Accouchement,
Ainfi comme chaque douleur dilate To-
rifice de la matrice & fait avancer les eaux,
c’eft-à-dire, le fétus quilles pouffe devant fa
fête, que la poche des eaux fait faillie dans
le vagin, l’orifice de la matrice perd le peu
d’épaiffeur qui lui reftoit, & fon cercle dif-
paroit ; c’eft fa partie poftérieure qui s’ef¬
face la première ; cet orifice devient très-
ample & très-mince ; on n’y reconnoît plus
de levres -, il efl: aufli large que le vagin, &
il l’eft tant, qu’il eft impoilible qu’il le de¬
vienne davantage.
La poche des eaux s’avance dans le va¬
gin • c’eft l’occiput qui fe fait fentir le pre- -
mier à l’orifice, enfuite le vertex fe décou¬
vre peu-a-peu , & après on fent toute la
tête ; elle fait effort contre le vagin , mais
elle eft encore couverte des membranes qui
la devancent & qui ne fe font pas encore ♦
rompues.
Alors, ou un peu plutôt, quand la poche
des eaux s’ eft avancée dans le vagin, que
même elle excede la vulve, elle fe rompt,
& les eaux de l’amnios s’écoulent ; quoi¬
qu’il ne foit pas abfolument rare que l’en¬
fant forte de la vulve avant que les mem-
geufes , & qui*font conftamment tous leurs efforts pour
, mettre leurs douleurs à profit , être fix , huit, dijt, douze
^heures , & même plus en travail décide.
De V Accouchement. '4^ 3
braiies fefoient rompues; c’eftce qui arrive
aus brutes , & Boerliaave regarde cette ef-
pece d’accouchement comme le plus heu¬
reux ; mais il faut pour cela que le fétus foit
fort petit en proportion de la largeur du
baflin.
L’accouchement dont parle la Motte, dans
fa cent foixante-troilieme obfervation, au-
roit été de cette efpece, s’il n’avoit rompu
les membranes ,■ de peur que l’enfant ne fur
fulFoqué.
Il n’eft pas avantageux de rompre les
membranes de bonne heure , ni de retarder
l’accouchement quand elles font rompues ;
car les accouchemens qui fe font à fec ont
leurs incommodités ; les eaux en s’avançant
dilatent plus doucement l’ofifice de la ma¬
trice , au lieu que quand elles fe font écou¬
lées, les forces qui agiiTent fur le fétus ,
agilTent fur lui immédiatement, k nud &
bien plus inégalement, car lui -même eû
inégal ; il a des articulations ; fes mains &
fes pieds font des éminences ; ces forces le
pouffent donc avec moins de douceur que
quand les eaux font encore renfermées dans
les membranes ; car alors c’eft un tout bien
égal & uniforme : d’ailleurs, quand la ma¬
trice eft pendant un certain temps fans eaux,,
de molle qu’elle écoit , elle devient dure , &
Ffiij
V Accouchement.
n’eft plus auffi fouple. J’ajoute cette re¬
marque, car iî y a des Auteurs qui n’atrri- '
buent aux eaux que peu de propriétés, &
même aucune.
Prefque auffi- tôt que les membranes fe
font rampues , l’enfant s’engage , fa face
étant en delTous , fa tête s’avance le lo^ng
de la cavité de l’os facrum , & c’eft par-lk
qu’elle trouve une iffiue pour s’avancer en
bas & en devant ; fouvent la tête étant ar¬
rêté au détroit inférieur du baffin , s’al¬
longe & prend la forme d’un cône ; elle
diftend alors le vagin dans la partie fu-
périeure, moyenne & inférieure, avec tant
de violence, que quelquefois même elle
s’eft fait jour à travers un vagin dans lequel
il y avoir des cohérences, & qui étoit bou¬
ché. Elle diftend auffi prodigieufement le
périnée, & la peau des parties voilines ;
fouvent elle fait fortir les excrémens ; cette
diftenfion forcée de la peau caufe les dou¬
leurs les plus aiguës ; la femme poulTe des
cris perça-ns , elle eft faille d’un tremble¬
ment, & enfin reiifant fort, & exprime par
fes cris la preffion & la gêne qu’il a éprou¬
vées ; dès que fa tête eft fortie , le refte du
corps pafle prefque toujours aftez facile¬
ment.
La femme ne peut donc accoucher fans
douleur ; d’ailleurs , de tous les animaux,
•y ^ ’
De r Accouchement 4^^
f homme eft le feul qui ait la tête rotide, éc
fa plus groiTe.
Cependant les brutes même très-fouvent
ont beaucoup de peine a mettre bas , quoi¬
que leurs petits n^ayent pas la tête fi grofTe >
& qu’elle foit en pointe • elles courentfou-
vent rifque de périr, & y périfTent même ;
il eft certain que les vaches ont de la peine
à mettre bas, & qu’elles périfîent quelque¬
fois ; il en eft de même des chattes , des^
brebis, des ferins, & même des poiftbns.
Si on dit qu’il y a des femmes qui accou¬
chent fans douleur, comme les femmes de
la côte de Guinée , de Madagafcar ^ du Sé¬
négal, du Bréfil, des Indes orientales,
Naturelles de la Nouvelle Angleterre , de
l’Amérique feptentrionale, du Canada , du
Mifliftipi V d’Orinock , les Lapones , les
femmes du Groenland ; fi on lit que dans
l’inftant quelles viennent d’accoucher elles
reprennent leurs travaux ordinaires ; c’eft
que ces femmes naturellement dures', étant
chargées de la plus grande partie des ou¬
vrages domeftiques, bien plus chez des
nations barbares que parmi des nations
policées , méprifènt les foibles douleurs ,
& ne font attention qu’aux feules vraies ,
qui font celles de l’accouchement ; d’ail¬
leurs nos femmes même, fi elles vouloient,
Ffiv
De r Accoufficment
pourraient marcher après être accouchées.
C’eft peut-être l’habitude dans laquelle
elles font de fe baigner, qui relâche les par¬
ties ; cependant nos femmes fupportent dif¬
ficilement les bains pendant leur grofielTe,
ils excitent les douleurs avant le temps, (i)
Enfin les Voyageurs embelliffent quel¬
quefois les faits qu’ils racontent ; les fem- -
mes n’accouchent pas avec plus de facilité
en Irlande qu’en Danemarck ; & les fem¬
mes Sauvages n’accouchent pas plus facile¬
ment que les Européennes.
Nous ne difons ceci qu’en pafiant , &:
nous ne parlons que de l’accouchement na¬
turel , qui eft toujours bien plus fréquent
chez les nations accoutumées au.travail ; car
la nature a pris la précaution de former la
tête de l’enfant, de maniéré que fes diamè¬
tres font un peu plus petits que ceux du baf
fin , & que la tête, outre cela , peut prendre
une forme plus favorable fuivant les cas.
On trouve fouvent dans les grandes villes
des femmes de petite taille , & des bâffins
dilFormes ; d’ailleurs la plus grande partie
des gens du peuple travaillent aflis, & il fe.
(l) Ceci eft trop général , çar il y a beaucoup de fem- •
mes qui fe trouvent bien de l’ufage des bains pendanf leur
groflefle, il y en a même à qui ils font abfolument nccef-
iaires,
'De r Accouchement. ’ 457
peut faire que le fcorbut ou le fcropliule
ayent déformé les os.
Par la raifon contraire , chez les nations
qui s’adonnent a la chalTe, & dans îefquel-^
les les femmes fe livrent aux mêmes tra¬
vaux que les hommes , comme elles' font
communément droites & de bonne taille ,
elles accouchent auffi prefque toujours heu-
reufement.
C’efl à la petitelTe de la taille des fem¬
mes Françoifes , Flamandes , Angloifes ,
& à ce vice de conformation dont leur baf-
iin eft fouvent aifecbé , que j’attribue le
grand nombre d’accoochemens contre na,-
ture & malheureux, & de rupture de ma¬
trice ; car la tête de l’enfant faifant effort
contre le col ou la partie voifine du col , ou
il y a moins d’épaiffeur que dans le fond,
ufepeu-à-peu ces parties par fes frottemens,
n’en fait plus qu’un tiflu cellulaire , & les
affoiblit au point qu’elles font forcées de
céder à l’effort , & fe déchirent.
C’eft auffi à cette caufe que j’attribue-
rois ces'obfervations qui feroient incroya¬
bles , fi elles . n étoient rapportées par des
Auteurs dignes de foi , non-feulement du
coccyx repouffé èn arriéré de fraêturé ,
mais de l’os facfum, qui lui-même a cédé à
Fcffort , & a été reculé.
Enfin les os pubis s’écartent l’un de l’au-
4^8 V Accoachcmmt,
tre, quoiqu’ils foient maintenus unis en*
femble par quatre ligamens, & par un car¬
tilage, dpnt les éminences & les cavités ont
une correfpondance réciproque avec les
éminences & les cavités qui font fur leur
facette articulaire : on les a vus à la fuite
d’un accouchement difficile, laifTerun vuidc
entr’eux, être écartés meme d’un pouce; il
y a beaucoup d’ Auteurs qui affurent que cej»
écartement a lieu.
îl y en a à la vérité d’autres qui ne l’ad¬
mettent pas ; il eft certain que dans les
femmes qui font dans un âge -avancé , le
coccyx eft foudé avec l’os facrum , &
nepeuralors reculer ; je comprends afTeZ que
cette luxation n’arrive point dans un ac¬
couchement naturel à tous égards, mais
elle fe fait très -facilement dans un jeune
fujet ; Hunrer prétend qu’il fe recule, & il
dit qu’il n’a jamais vu de véritable foudure.
Enfin je trouve des Auteurs qui difent
que les trois articulations du baffin fe font '
écartées d’un demi doigt, de d’autres d’un
pouce , ce qui prouve qu’il s’ eft fait une vio¬
lence exceffive ; E.iolan a vu les ligamens
qui unifient ces os enfanglantés ; les os ilium
font afîez fouvent fondés avec le facrum ,
mais les pubis le font rarement enfemble.
Un Auteur rapporte que^dans un accouche¬
ment, l’os ilium fut féparé du facrum , de
De V Accouchement 45 9
que les os pubis eurent du mouvement ,
mais qu’il en réfulta de fâcheux accidens.
Je penfe que l’obliquité de la matrice &
les autres vices des parties molles ne contrb
huent que très^-peu à cet accident ; car une
chûte, une defcente complette n’empêchent
point l’accouchement ; l’angle que fait la
matrice avec le vagin , même dans une fem*
jne bien conformée, ne s’oppofe point à l’ac¬
couchement, les forces expulfives furmon-
tent aifément i’obftacle qu’il y apporte, &
ce font ces feules forces qui peuvent luxer
les os.
§ XI. Caufis ejficientes de F accouchement
Puifque l’enfant efl: très-fouvent immo¬
bile pendant le travail de l’accouchement,
& que fa tête, eft ferrée comme un coin ;
puifque même après fa naiffance il eft alîèz
fréquemment fans mouvement , qu’il ne
fait qu’un foible mouvement de fa bouche
pour chercher à refpirer ; & qu’ enfin quand
il eft mort , il vient au monde aufli facile¬
ment que quand il vit, on ne doit donc pas
penfer qu’il coopéré à fa fortie de la matrice,
& il ne peut être regardé comme une des
caufes efficientes de l’accouchement.
Les Auteurs modernes des traités d’ac-
'^o De V Accouchement.
couchement, & principalement M. Levret
& les autres Auteurs fameux, ainlî que Roe-
derer, regardent la matrice comme le feul
agent de l’expulfion de l’enfant ; ils attri¬
buent à fes forces contractiles deux puiffan-
ces antagoniftes, l’une appartient au corps,
& l’autre au col.
C’eft-k-dire, que ces contractions appro^
client le fond du col, & c’eft.la contradion
des fibres qui vont en ligne direde du fond
au col, qui produit cet effet ; tant que le col
a affez de force pour réfifter , ces forces
contractiles amènent le fond en bas , & en
même-temps tout l’œuf, l’engagent dans le
col , & le font defeendre avec le col dans
le vagin.
On croit que ces mêrhes forces dilatent
, le col de toutes parts , & en l’étendant dans
tous les points, en font un plus grand cercle.
Roederer diftingue de deux fortes de fi¬
bres , les unes circulaires , & les autres obli¬
ques , qu’il place au fond de la matricé ; par
la contraction de ces fibres , le fond de la
matrice efl tiré en bas , & fa capacité di¬
minue.
Il en ajoute encore d’autres tranfverfar.
les au corps de la matrice , qui par leur con¬
traction foutiennent l’œuf ; les autres Au¬
teurs ne parlent pas de ces dernieres.
''De r Accouchement
On croit que les forces contraâ;iîes du
col font fur lui i’elfet de fphiiiâer , & qu’en
agdfant fur fa circonférence, elles en retré-
cmÉit l’ouverture, qu’elles réfiftent k l’ac¬
tion des fibres longitudinales, que par-la
dles re^oufîent l’œuf vers le haut, & qu’elles
retardent l’accouchement. '
Que ces forces s’affoibjifîent par la fuite
du travail, quand la tête de l’enfant fait effort
fur le col , qu’elle en comprime les nerfs,
& enfin qu’elle lui enleve fon irritabilité,
conime cela arrive dans tout mufcle qui
a été violemment comprimé.
Qu’ainfi il y a à la vérité des douleurs ,
alternatives, produites par la defcente de
l’enfant, par l’impulfion des eaux , & par la
dilatation de l’orifice utérin , qui font' les
forces de la première claffe ; de que ces for¬
ces contrebalancent pendant quelque temps
la contraétion oppofée de l’orifice, -
Qu’ enfin les contrarions du fond étant,
plus fortes, furmontent celles de l’orifice,
que le col fe dilate par l’effort- que fait fur
lui la tête de l’enfant , s’amincit prodigieu-
fement , & devient un vrai canal , & que
les forces expultrices terminent l’accouche-
îiient.
Que les fibres de la matrice dont il a été
parlé ailleurs, ont beaucoup de force, de
4^2
De V Accouchement
que très-foiivent la main de T Accoucheur
éprouve qu^elle eft confidérable.
Que même cette force contractile de la
matrice & du vagin eft quelquefois contul-
five.
Qu’elle exifte encore après la mort, &
expulfe l’enfant s’il eft dans une bonne li-
tuation , & fi l’orifice de la matrice eft fuf-
fifamment dilaté.
Qu’ enfin les vraies douleurs font produi¬
tes par l’énergie des forces expultrices, qui
prefTent violemment la matrice contre la
fétus.
Quelques Auteurs ajoutent que la con¬
traction de l’orifice de la matrice produit de
fauffes douleurs. '
Qu’il me foit permis d’avoir quelques
doutes fur tout cela.
La ftruCture de la matrice n’eft pas en¬
core affez connue , pour que nous puiffions
àffurer qu’il y a des fibres qui vont en ligne
droite du fond au col , & moins encore de
circulaires qui retrécilTent le col, ou qui fer¬
ment l’orifice.
Toutes ces fibres font obliques, & mer-
veilleufement entrelacées ; je croirois faci¬
lement qu’elles ne fervent qu’à refferrer
la matrice ; mais comme toutes les fibres
de la matrice font* mêlées & entrelacées .
De V Accouchement,
enfemble, je ne comprends pasaufli facile¬
ment comment elles peuvent avoir féparé-
ment des forces oppofées , & qu’elles puif
fent agir les unes fans les autres J par exem¬
ple, comment les fibres du col fe refferrent,
tandis que les longitudinales qui font faites
pour dilater, font en repos, & comment au
contraire ces dernieres agifient , tandis que
les premières font dans f inadion.
Les fibres dé la matrice me paroiffent
trop foibles pour produire l’elFet qu’on leur
attribue, tels que l’écartement des os pubis,
& la luxation des autres os du baffin.
Les Auteurs n’ont pas afîez obfervé les
efforts que fait une femme en travail ; ils
font fi confidérabies , qu’il n’y a dans au¬
cune autre circonftance delà vie, d’exemple
de pareils efforts.
Elles afpirent autant d’air qu’elles peu¬
vent en prendre, les mufcles du |)as-veiitre
& le diaphragme font en contradion , elles
pouffent vers le bas , elles retiennent leur
refpiration tant qu’elles peuvent, & ce n’eft
que dans l’expiration quelles perdent leurs
forces , & que la matrice fe relâche.
Elles ont le vifage violet , le col gonflé ,
quelquefois même il leur en refte un goëtre,
produit probablement par l’impulfion de
l’air dans la glande thyroïde ; cet air en di-
!4^4 r Accouchement
îate il fort les canaux, qa’ils refteiit toüfe
la vie fans fe fermer , & qu’ils lailTent péné¬
trer dans la glande des particules très-grof-
lieres. •
Elles ont excefïivement chaud, elles fuent,
leur pouls eft d’une extrême vîteffe pelles
perdent leurs forces en peu de temps , à
moins que l’accouchement ne fe termine,
& cette proftration de forces eft un des plus
grands maux que produife le travail a fec &
trop long.
O if trouve dans tout ceci des forces fuf-
fifantes pour reculer le coccyx, relâcher les
os pubis , produire un écartement des os du
bafîin , faire prendre à la tête de. l’enfant la
forme d’un cône & déchirer la matrice.
Ces mêmes forces fe manifeftent, dans
Texpulfion des excrémens du bas-ventre ,
ou quand une pierre fe brife dans la veffie;
Tinteftin reftum & la veftie , tout foibles
qu’ils font, jouiflent d’une vertu contrac-,
tile ; mais ils ne font que le fécond rôle dans
ces cas J ôc je ne vois pas non plus que dans le
temps que la matrice eft violemment com¬
primée par les forces du bas-ventre, fes fi¬
bres preftees avec tant de force puilTent
avoir autant d’adion.
Je foupçonne fort à la vérité que les vraies
douleurs font dans la matrice , dans les lom¬
bes ,
Dé. tAccùücÎLement 4^1
bës , & dans îes grands nerfs de ces parties^
Que ces douleurs , qui reffefnblent fi. fort
au ténefiiiCj que les femmes qui accouchent
pour la première fois s’y méprennent, leur
îontfaifeies efforts néceflàires pour fe déli^
vrer de l’état pénible où elles font, & d’ex-
■pulfer l’enfant , qui leur caufe les douleurs
qu’elles refléntent ; on a vu même des fem.-
mes accoucher par la force des con vulfions^
a chaque convulfion, l’orifice de la matrice
fe dilacoit.
Je croirois plutôt que la matrice fait ré'^
fiftance , que fes forces empêchent la refpi-
ration 3 qu’elle ferme elle-^mêmefon orifice,
A)C que c’efl: pour cette râifon qu’en y iiitro^
duifant le doigt où la main, on les fent for^
tement comprimés , par les forces contrac¬
tiles qui agilfent fur le col (i) ■ cette force
s’oppofe à l’accouchement, puifqu’elle ref^
ferre l’orifice par lequel doit pafîer l’en¬
fant.
Il m’a paru que là plupart des fibres de
la matrice étoient tranfverfes & obliques, de
(i) Ce n’éft jaiijais dans le temps de la douleur que le
doigt eft comprimé par l’orifice , fi elle eft vraiment dou¬
leur d’accouchement j au contraire la contraârion du cofp$
de la matrice qui produit cette douleur, force l’orifice à
fe dilater , pendant le temps de fon aétion 5 & loin de fs
reflêrrer, il fe dilate cffeétiveGient plus où moins.
Tome IL G g
DtV Accoücîitmmt
très- capables de la refTerrer ; mais quelles
réfiftent vérrcablement dans les commence-
mens du travail, parce qu’ai ors la tête eft
engagée dans le^col , & que c’eftda ou eft
la plus grande irritation , & conféquem?
ment la principale contradion ; je penfe i
auflî que par-la le col eft plus fenftbie, parce 1
qu’il eft bien plus exactement rempli, dif-
tendu & froifte par la tête , qui eft un corps
fort dur , que le refte de la matrice ne l’eft
par le corps de l’enfant , qui eft pelotonné ;
c’eft cette réftftance du col & de toute la
matrice qui fait que l’orifice fe dilate len¬
tement & fans trop de violence , car une
dilatation fubite le déchireroiebien plus ai-
fément. '
Quand les efforts du travail ont fort
aminci le col & le corps de la matrice, le
col n’agit plus ; c’eft alors la refpiration qui
fait tout l’ouvrage, & je fuisperfuadé que
l’orifice eft dilaté par la tête qui s’y eft en¬
gagée , comme le fphinder de la veffie eft
force de s’ouvrir par la preftion de l’urine ;
& même que les forces des fibres tranfver-
fales de la matrice foutiennent le fétus, jde
peur que la grande preftion du diaphragme
ne le comprime trop , & que ces forces le
tiennent droit, femblabie à un cylindre, &
la tête eft en avant.
Dg P Accouckâîiîdité 4^7
' Quand la tête eft defceiidue dans îe va*-
gin, il parok qu’ alors les fibres de la ina-'
trice qui font contradées autour du refte du
corps du fétus, contribuent en quelque chofe
à terminer raccou.chement, mais quelles
préjudicient quelquefois , <&; ^caufent même
la mort de f enfant.
C’eft entiéreinent la niême diofe que
quand après la mort, la coutrai^ion d’un in-
teftin fait rendre , des excrémens durs , ou
quand fur la fin de la déjeârion , la refpira-'
tion furmonte la réfiftance des fphinders,
- la vefîie rejette ce qui lui refie d'urine &
le redum ce qu’il renferme encore d’excré-
mens.
Cette contradion expulfe auffi après la
fortie de l’enfant le fang épanché dans la
matrice, ou des caillots, .^ quelquefois i’ar-
riere-faix, avant que le col ait repris fes for-
ees. ' ■ ' .
La plüpart.dü temps cependantjCefte force
ne fufiit pas pour expuîfer le placen ta de là
matrice , de il faut encore Je fecours d’une
infpiration , légère à la vérité.
Quand une connoiflànce plus exadé de
la matrice en aura mieux fait eftimer les
forces, qu’on aura trouvé d’autres fibres quê
celles que je eonnois, capables de remplir les
fondions auxqudles eUçs font deftinèes ,
Ggij
De V Accouchement.
& qui agiffentfuccelîivement, je tie balan-î
'cerai pas à revenir de mon erreur.
§. XII. La fc^Lon du cordon ombilical
Quand l’enfant eft venu au monde, c’eft
un nouvel être qui doit vivre de fa propre
vie , & qu’il faut féparer de fa mere ; car
quoique l’enfant ait quelquefois vécu un
peu de temps encore , attaché au placenta
refté dans la matrice ; quoiqu’un célébré Ac¬
coucheur défende de couper le cordon avant
que l’enfant fe foit un peu remis , cependant
pour la sûreté de la mere*, il ne faut pas l’y
îaifTer (i); & il y auroit auffi du dangerpour
l’enfant, de l’expofer à l’effet que pourroit
produire le fang coagulé par l’air qui s’y fe-
roit introduit.
Les brutes réparent leurs petits, enniâ«
chant le cordon.
Chez l’homme, la fage-femme dans tou¬
tes les nations policées, ne coupe le cordon
qu’après l’avoir lié avec grand foin j elle
ne le laiffe pas trop long, de peur que les
(i) Il y a des cas où il eft abfolument néceflairede laif-
fer l’enfant attaché à fon cordon, pendant un court inter¬
valle , & je ne crois pas qu’il puide en réfulcer le moindre
accident , ni pour la mere ni pour l’enfant ; on courroit au
contraire rifque de voir périr l’enfant, fi on fe prclToit de
faire la üüioa du cordon dans ces cas.
De V Accouchement. 4^9
inteftins & le {)érîtoine ne fàlTent hernie
dans le cordon ; ni trop court , de peur que
le fang ne fôit pas bien arrêté.
Dans tous les fiecles précédens , & a ce
que je crois, dans toutes les nations, les fage-
femmes necoupoient le cordon qu’après y
avoir fait deux ligatures.
Fantonus eft le premier qui ait douté,
d’après ce qu’on voit dans les brutes, de la
néceffité d’en faire la ligature, - & il cite
l’exemple d’un cordon auquel on n’en fie
point, fans qu’il en foit furvenu d’hémor-.
rhagie.
M. Schulze, homme d’une très-grande
érudition , ayant fait réflexion fur ce qui
arrive aux brutes , douta qu’il fût plus
ceflaire de faire cette ligature à l’homme
qu’aux autres animaux.
On croîroit plutôt que l’homme en a
moins befoin ; car autant que je m’en fou-
viens, il efl: le feul des animaux à qui le
cordon foie long & contourné, ce qui dok
d’autant plus empêcher l’écoulement du
fang.
lia conclu de-Iaqu’an avoir îa-deflus
de vaines frayeurs , qu’on pouvoir fans
crainte couper le cordon fans y Dire de
ligature , & qu’il n’étoit pas naturel
qu’il y eût d’hémorragie par le cordon.
Ggüj
jçjo r Accouchement
II citoit des exemples , & en grand now-
bre, de cordons qui navoient fourni que
très-peu de fang, quoiqu’on n’y eut point
fait de ligature ; & celui même d’un enfant;à
qui on a trouvé les poumons pleins de fang,
quoiqu’on ne lui eut pas lié le cordon.
Il difoit qu’une légère compreffiôn fuf-
firoit> pour empêcher l’hémorrahagie.
Il a eu beaucoup de partifans , qui ont
affuré qu’il étoit d’expérience qu’il ne
couloir que très-peu de fang par le cordon ,
même en y faifant des fomentations chau¬
des, quand on alailTé l’enfant joint au pla¬
centa, refté dans la matrice ; que les pul-
fations cefTent fpontanément dans l’artete
ombilicale, aii bout de 28 minutes au plus,
puifqu’ elles cefTent quand il n’y a poiiit de
chaleur , au bout de quinze.
Cependant il eft çertainque la liqueur
injeètée dans les vaifTeaux du fétus j s’é¬
coule par les vaifTeaux du cordon quand il
eft coupé ; il y a même des preuves que
le mcyuvementdu fang eft très- fort , dans la
veine ombilicale.
Il eltconftant que dans le fétus vivant,
le cordon ombilical a des pulfations , puif-
que. c’eft le principal fîgne que l’enfant eft
vivant , & que fes vaifTeaux font très-pleihs
de fang ; c’eft pour cela que le fang en fort
V Accouchement. 471
par faccades- }’ai bien remarqué qu’en tirant
de la matrice, des petits chiens, environ 28
jours après la conception, le fang rejaillif-.
loit très-fort en fortant des arteres ombili¬
cales , pendant la jiiaihole du cœur.
C’eft pourquoi le fétus perd non-feuîe-
fnent beaucoup de fang , & même tout, par
!a fediqn du cordon, quand on n’y fait point
de ligature, & en périt alTez fouvent ; & ü
même on ne fait cette ligature que foible-
ment & avec négligence, il en perd de même
beaucoup , pâlit & meurt.
De plus, en mâchant le cordon comme
îe font les brutes , on eft expofé aux mêmes
accidens ; l’enfant n’en court pas moins de
rifques, & il perd la vie en perdant fon fang ;
les nations barbares qui coupent le cordoa
avec leurs dents j en font auffi la ligature.
On a vu fortir quatre cuillerées de fang
d’un cordon j qui s’étoit délié.
Il eft même fürvenu une hémorrhagie
funefte à un enfant de fept jours, pour avoir
fait une fomentation au cordon , k un autre
de fept jours , k qui on l’avoic lié avec trop
de négligence, & k un autre de quatorze
jours , qui fut bîelTé k l’ombilic. -
Si quelquefois le contraire eft arrivé , fi
le cordon coupé n’a fourni que pêü de fang,
on ae peut attribuer cela qu’k des caufe
G g iv
éffi De V Accouchement.
particulières , & qui n’ont pas toujours lieu,
comme l’extrême foibleffe de l’enfant , es
qui eft affez commun , ou la longueur du
cordon, ou le froid, qui a tant de pouvoir
dans ce cas , qu’il efl^d’expérience qu’il em¬
pêche l’écoulement du fang d’un cordon
arraché ou coupé.
Cependant on a vu s’écouler beaucoup
de fang , du cordon d’un enfant qui étoit fi
foible , qu’on le croyoit mort.
Il ne faut pas même fe perfuader qu’uné
foible ligature met k l’abri des dangers. -
Je penfe qu’on pourroit expliquer la dif¬
férence qu’il y . a entre l’homme & les bru¬
tes, relativement au cordon, parce que dans
l’homme il y a plus de fang dans le placenta,
que fes vaifieaux par conféquent font bien
plus gros , & que la circulation y eft bien
plus libre , & que d’ailleurs les animaux en
mâchant lentement le cordon , facilitent J’a
congélation du fang.
On doit faire quelque cas du témoignage
de Berenger , qui dit avoir vu périr des pou¬
lains & des ânons, pour avoir coupé leurcot'i
don ombilical.
Le cordon a des pulfations dans la plu¬
part des quadrupèdes, mais il en a de bien
plus fréquentes dans rhom me
Je ne penfe pas qu’on puifie avec sûreté.
De V Accouchement, 473
confier la vie de Tenfant à la longueur de
fon cordon ; car il y a une obfervation fur
un enfant dont les vifceres & les gros vaif-
feâux furent trouvés vuides de fang, faute
d’avoir fait la ligature du cordon , quoi¬
qu’on l’eut laiffé très-long.
Enfin on a même vu une femme a qui on
avoit laifie le placenta dans la matrice , fans
faire de ligature au cordon , perdre beau¬
coup de fang, & être en danger de fa vie
jufqu’à ce qu’on eût mis fin à cet accident ,
en liant le cordon ; & quoiqu’il foit arrivé
quelquefois, lorfqufil y a eu deuiJ jumeaux,
qu’il ne fe foit point écoulé de fang, depuis la
fortie de Tun des deux, jufqu’à ce que l’autre
eût été extrait de la matrice ; ces exemples
négatifs ne détruifent point la force des ,
, expériences contraires (i), & quand il y a
deux jumeaux , certainement le premier
étant forti , l’autre pourroit perdre fon fang
par le cordon du premier & périr. (2)]
C’eft pourquoi la févérité du Barreau ne
Ci) Mais il faut pour cela que rexpérience foit exacte ,
& la chofe bien vue, c’eft; je crois, ce qui manque'à cetcc
obfervation.
(z) Tout le fang qui s’écoule pat le cordon, n’eft que
celui qui cft contenu dans le placenta, & comme les vaif-
feaux des deux placentas n’ont aucune communication en-
femble, il n’eft pas poflîble que l’un fe vuidant de fang,
i’auwe fc'Yuide auffi par la même Yoie. -
'474 V-Accoucîiment
reçoit point ccrteexcufedes femmes, quifont
accufees d’avoir tué leur enfant ; des Méde¬
cins qui avoient été d’opinion contraire ,
en fo U revenus ; & M. Schulze n’a pas ofé
laiffjr fes propres enfans,fans lier le cordon.
§. XIII. Le fang & le placenta fontexpül^
Je s de la matrice.
Après que l’enfint eft fort! , la matricê
e’I: com ne excoriée à l'intérieur, dansuhé
g ande étendue , parce que le chorion qui
lui était fort adhérent ,,s’eft détaché de fâ
m.'marane interne, & que les vailfeaux qui
leur étoienr communs fe font rompus ;c’eft
la la première fource du fang qui coule eù
abondance de la matrice , en même-tempS
que l’enfant, ou peu de temps après.
Il relie même encore quelque temps
après, de grands lambeaux de chorion, dans
la matrice, je l’ai remarqué plufieürs fois;
& je ne puis croire que ce foit de la mem*
braie de la matrice, car elles font dans la
marri :e comme des efpeces d’îles.
Il s’écoulebeaucoup plus de fang, quand
le placenta s’eft décolé.
En tout temps , même quand il fe fait
avortement d ms les premiers temps de la
grolTclTe . il fe Fait toujours Un grand écou¬
lement de fing , foit que le placenta foit
Dt V Accouchement. 47^
forci avec le fétus , foit qu’il foit refté dansi
k matrice après l’expulfion de l’enfant, foit
enfin qu’il n’en foit expuifé que quelque
temps après ; une môle détachée , ou uiie
portion du placenta qui fe fera décolée, pro-
duifetit à-peu-près les mêmes accidens, c’eft-
à-dire, ces fréquentes hémorrhagies qui ar¬
rivent à beaucoup de femmes dans tout le
cours de la groffelTe • elles font a la vérité
d’autant moins dangéreufes que la grofTeffe
eft moins avancée.
Elles le font davantage après lé lixieme
mois , quand les fifius de la matrice font
devenus fort gros , & que les arteres qui
ferpentent font auffi très-groffes ; ces deux
efpeces de Vàifleaux fournilTent tant de fang,
quand il y a une portion du placenta déta¬
chée , & qui a quitté la matrice , qu^il efl;
quelquefois difficile d’arrêter l’hémorrha¬
gie, par la faignée, l’opium & le repos le plus
régulièrement obfervé ; fôuvent Ces fortes
d’accidens exigent un prompt accouche--
ment, afin qu’ayant fait l’extraéfion de l’en¬
fant , on puiffe auffi faire celle dn placenta, _
qui a commencé à fe détâcher , fans en laif-
fer la moindre portion ; on fçait que c’eft le
feul m'Oyeh de cohferVer la vie à la mere ,
foit que l’enfant foit à termes foit qu’ÿ eu
foit encore éioigrt'é.
47^ JDe V Accouchement,
C’eft ce qui rend fi fâcheux les acçou-
chemens où le placenta s’étant détaché pré¬
cédé l’enfant, & pour la même raifon ceux
où le placenta s’eft implanté fur l’orifice de
la matrice ; dans ces cas il eft nécefFaire de
le détacher d’abord pour rendre libre le paf-
fage de l’enfant \ il faut alors précipiter l’ac¬
couchement pour conferver la mere ; enfin
quand une portion du placenta s’étant déco-
lée , il en refte une autre encore adhérente k
la matrice, ou que le placenta eft trop adhé¬
rent, il fe fait une hémorrhagie dangéreufe.
Il y a cependant des modernes qui con-
feillent de dilater la matrice avec les doigts,
pour faire naître des douleurs ; ils efpe^
rent par ce moyen rendre l’hémorrhagie
moins violente, ou l’extradion du placenta
moins funefte (i).
Dans l’accouchement naturel, après que
l’enfant eft forti de la matrice , le premier
foin eft de faire l’extraftion du placenta (2),
en prenant bien garde d’en laifter quelque
portion..
On obtient le plus fouvent fa fortie , ou
par une légère tradion , ou par la feule con-
(i) C’eft un coûfeil de M. Puzos, dont on ne peut trop
exalter l’utilité.
(i) Cette pratique n’cft pas la meilleure, il vaut mieut
différer & attendre que, la nature ait commence cet ou¬
vrage , pour lui aider à l’achever.
De V Accouckcmtnt. 477
tradion de la matrice, ou enfin par une mé¬
diocre infpiration. ' ,
Il arrive cependâfiîÜLfièz fou vent que le
placenta eft fi fort adhérent à la matrice, par
la dureté & la petitefîe" du tifiu cellulaire
qui Tunit a elle, que l’accouchée n’efl: pas
fans danger, (i)
A la vérité la plupart des Auteurs con-
feillent d’en faire l’extradion, en portant la
main dans la matrice , dont l’orifice eft en¬
core très-ouvert, & en gliflantles doigts
entre la matrice & la portion de la circon¬
férence du placenta , qui eft le moins adhé¬
rente ou l’inférieure, de maniéré que le dos
de la main foit tourné du côté de la matrice
& la retienne, & en ne tirant que peu le
‘^^rdon , de peur qu’il ne fe rompe,
1 1 n’eft pas douteux qu’il feroit plus avan¬
tageux qu’on pût extraire le placenta ; mais
s’iïefttrop adhérent, Ruyfch cônfeille de
commettre fon expulfion à la nature.
Il ajoute qu’il eft témoin, & que d’autres
ont vu comme lui, que le placenta a refté
dans la matrice 27 heures, 3^ heures, 4
jours, & même davantage , G jours, 7, 8 ,
1 4, quelquesr femaines , même 7, enfin 3 ,
. (3) On introduit alors la main dans la matrice , on dé¬
tache le placenta , & on l’attire au dehors 5 il n’y a rien de
daegéreux dans tout cela.
De t Accouchement
4 & 7 mois , & même un an, & que îa na-»
ture l’a détaché & expulfé ; & ü attribue
cette expulhon à l’adion de fon mufcle uté¬
rin ; il dit que s’il en refte une partie , on la
détache & on la fait fortir, en injedant de
l’efprit-de-vin dans la matrice (i), ou que
Çi elle refte , elle dégénéré en môle ou s’of-
ftfie, ou enfin que le placenta, dans les ayor-
temens despremiers mois, fe putréfie.
Car il y a beaucoup de danger a employer
de la violence pour détacher le placenta,
il eft arrivé plu fieurs fois qu’une fage-femme
en tirant trop fort le placenta , a emmené la
matrice avec lui, que ce vifcere's’eft ren-
verfé , & que le fond a paffe par la vulve ;
fouvent la femme en périt ; & quoi qu’on
remette la matrice à fa place , il eft rare
qu’on puifte la fauver.
D’ailleurs on peut excorier & blefter la
matrice en détachant le placenta, l’inflam¬
mation de ce vifeere , à caufe de la mol-
. lefîe de fa fubftance , de fes finus pleins de
fang veineux, & de fa fituation dans lebaf-
fin , peut aifément dégénérer en gangrené,
donner lieu à des fievres miliaires d’un très-
inauvais caradere, & caufer'les plus grands"
(i) Cçtte injeétioa feroit bien dangéreufe , une émol¬
liente eft préférable.
De V Accouchement 479
malheurs aux accouchées *, il y a un Auteur
très-expérimenté qui aiTure que l^extraélion
^rcée du placenta, fait plus périr de femmes
que les accouchemeES difficiles.
On craint de s’expofer k de fi grands
malheurs ; cependant en ne corripte pas alTe?
fur les forces de la nature , ni fur celles d’un
mufcle utérin , dont fexiftence n’eft pas
bien prouvée, pour en attendre rexpulfion
du placenta ; car on craint que le placenta
reftddàns la matrice ne tombe promptement
en pourriture, comme cela arrive très-foiji-
vent, même jorfqu’il n^en refte qu’une pe¬
tite parcelle; par ce moyen il fe fait réforb?-
tion de l’humeur putride par les vaiffeaux
de la matrice qui lui répondent , il pafîe.dans
les yaifleaux de la mere une matière capa¬
ble de produire des fievres de très-mauvais
caraètere; ou cette matière par le feuî eon-
tad, peut faire tomber la matrice en putré¬
faction ; on voit effedivement périr les fem*
mes par cette caufe , après la fortie du pla¬
centa ; car on ne doit pas toujours fe flatter
que la matrice ne fe putréfie pas,, quand
l’arriere-faix s’eft putréfié.
Il ÿ a même encore à craindre que la ma?*
trice ne fe ferme promptement , comme
cela arrive aflez fréquemment, de ne
tienne le placenta jrenfermé.
De T Accouchement.
C’eft donc là un cas où il eft dq la pm*
dence de T Accoucheur de décider entré'
deux pofitions critiques, laquelle eft la plus
dangéreufe ; les plus habiles confeillent una¬
nimement de commettre plutôt à la nature
le foin d’expulfer une portion du placenta
reftée adhérente dans la matrice, que de
s’opiniâtrer à la détacher, au rifque de por¬
ter grand préjudice.
On pourroit dans ce cas douteux , em-*
ployer un moyen que les modernes négli¬
gent, ce feroit d’injeéter une décoction de
plantes émollientes, & en même-temps anti‘
putrides, comme de camomille & d’autres
de même clafte , qui peuvent empêcher lâ
matrice de tomber en mortification,
§. XIV. La contra^ion de la matrice,
Nous avons confeillé , d’après les maî¬
tres de l’art, d’arrêter les hémorrhagies uté¬
rines, en faifant l’extradion de l’enfant dc ^
de tout le placenta.
Il faut faire voir fur quoi eft fondé ce
confeil.-
On peut regarder la matrice après l’ex¬
tradion du placenta comme un membre
amputé & fangîant, plein de vaifteaux cou- ^
pés & béans , tous veineux , mais très-am¬
ples, car j’en ai vu qui avoient prefque deux
lignes
D& V Accouchtmmt 4Sï
lignes de diamètre , d’arteres qui' ferpeii'»
tenc, & de petits tioccons arraches & flot«
tans ^à& là.
Il n’eft donc point étonnant que le fan'g
s’écoule en abondance de ces vaifleaux dé¬
chirés , comme d’autant de fources.
Cette quantité de fang eft li grande, que
quelquefois à peine a-t-on fait l’extradion
du. placenta, que l’accouchée rend le der¬
nier foupir : j’ai l’exemple de pareil malheur
arrivé à deux femmes de qualité ; où me¬
me elle perd fa vie avec fon fang , pendant le
temps qu’on fait cette extradion , même
entre les mains des plus habiles Accou¬
cheurs. ; ^
. Ce terrible accident eft fort rare ; mais il
eft rrès-ordinaire de voir la matrice fe rem¬
plir de fang fluide ou* de caillots; quel-
quelques modernes confeillent de les exf
traire, & d’en nettoyer tout de fuite la ma¬
trice.
Il eft très-rare que fextradion du pla-
cenca fe faire fans effuflon de fang , & qu’il
ne s’écoule que de la férofité.
Après lafortie du placenta, î’orifice de
la matrice refte très-ouvert, & ne fait plus
qu’un tuyau continu avec le vagin. Je l’al
vu large de deux pouces, & même fl large
que je pouvois y mettre la main.
Tome II. H h
^82 Di F Accouchement.
On n^a point encore découvert de remede
contre ces accidens fubits ; en Flandres on
ferre le ventre de l’accouchée, avec une cein¬
ture préparée pour cet ufage ; on com- \
pare l’ effet de la grande effufion de fang
qui fe fait alors, a celui que produit l’évacua¬
tion totale de l’eau , dans l’opération de la
paracentefe. ; car on croit que le fang , que
la compreflion de la matrice avoir empêché
de fe porter aux parties inférieures , ôc avoit
retenu dans les arteres fupérieures , étant
prefque en un inftant affranchi de cette com- |
prefîîon , defeend avec impétuolîté dans les
vaiffeaux inférieurs , par la force de la déri- J
vation , & y coule comme à flots.
On empêche cette funefle révulfîon, en
mettant la malade j)refque horifontalenienc
dans fon lit ; cette fltuation .donne moins
de facilité au fang a fe porter vers les par¬
ties inférieures ; d’autres confeillent de com¬
primer le corps de la matrice avec les mains,
pour en aider les contractions.
Mais la nature a elle-même apporté k
remede à ce mal ; car il eft naturel que la
matrice, qui eft irritable & très-fenflble ,
follicitée par le décolement du placenta, dès
l’inftant qu’elle eft délivrée de fon fardeau,
commence à fe contrader fortement ; les
Accoucheurs fçaveiit avec quelle force elle
lÛt.ï AccdUckenltnti 4^ J
fe felTerre^ & cette vertu contraâik èxifte
îiiême ehcore après la mort ; par ce moyen
le faüg des aiteres & des finüs^ qui ^ le plus
près de leur ouverture, efi: exprimé, l’orific®
de la matrice fe ferme ^ toute la maffe de
cet organe diminue de voîumej h. il reprend
Ton épaiffeUr &. fa denfité;
Ces changemens arrivent plus, ou moins
promptement , mais cependant ils fe fucce«
dent toujours rapidement
Ruyfch , en confeillant de lailTerle pîa*-
centa dans la matrice ^ a prétendu que l’o-
tifie ne fe refermoit que fort tard, & qu’Ü
reftoit même alTez fouvenC , encore ouverfi
le quatorzième jour. M. Pputeau a vu là
matrice groffe comme les deux poings^ huit
jours après f accoucliement j dt au bout dp
quinze, à-peü-près de même ; il y a dkutres
Auteurs qui ont été plus loin, ils ont nié
que la matrice fe fermât, dans les femmes
qui ont fait beaucoup du’pnfans ; pour mot
j’ai vu dans le cadavre de deux accouchées,
dont l’une étoit morte d’une maladie-aiguë^
& l’autre d’un ulcéré à la matrice, que lâ
matrice étoit d’un volume confidérable , &
que l’orifice étoit béant t
Quand la matrice refte vo|umineafe,-
îong- temps après l’accouchement, c’eft
, d’un fort mauvais augure. #
• Hhij
484 V Accouchement.
Mais la plupart des Accoucheurs con-
vienneijt qu’elle ne conferve pas le volume
qu’elle avoir pendant la groffelTe, ni feize
jours, ni quinze, ni dix, ni neuf, ni huit,
ni même un feul jour, mais qu’elle fe con¬
trarie fi fort en peu d’heures, qu’elle devient
du même volume qu’avant la groflelTe; on
Ta vue, immédiatement après l’accouche¬
ment, pas plus grofîe que le poing ; on a vu
fon diamètre égal à celui du vagin ; au
bout de fix heures, on l’a vue delà groffeur
d’une ventoufe ; quinze minutes après l’ac¬
couchement, on l’a vue épaifie d’un pouce ,
de trois doigts, & de quatre, & elle n’avoit
avant, qu’un demi doigt d’épaifieur.
On dit aufîi que l’orifice fe reflerre im¬
médiatement après l’accouchement , d’a¬
bord avec beaucoup de force, car on s’en
apperçoit quand on y porte la main', &
enfuiteplus foiblemenf , a mefure qu’il y a
plus long -temps •que l’accouchement eft
fait J enfin on a vu quelquefois cet orifice
fi bien ferm^ qu’on n’auroit pas pu y faire
pafier un fiilet.
C’eft ce même refierrement de la ma¬
trice, qui fait que l’écoulement du fang di¬
minue tout-a-comp ^ de qu’il ne coule plus,
au lieu d’un fang pur, qu’une férofité jaune,
mêlée de fang* enfuite ce n’eft plus qu’une
De V Accouchement 4^1 ^
humeur jaunâtre & même blanchâtre, &
c’eft cette humeur qui conftitue les lochies.
Car les v^ailTeaux de la matrice fe reffer-
rent en même raifon que la matrice elle-
même ; & Il elle revient a la onzième partâe
du volume qu’elle avoit acquis pendant la
grolTefle, de même un de fes vaiffeaux qui
avoit alors une ligne de diamètre , n’a plus
qu’un point.
C’eft pour cette rai^n qu’on a fait des,
opérations céfariennes', fans qu’il fefoiü
écoulé beaucoup de fang ; car quand l’enfanü
eft forti de la matrice, ce vifcere fe contrade,
& revient a un très petit volume : on a ob-
fcrvé que la plaie réfultante d’une rupture
de rnatrice, s’eft trouvée fermée , après què
i’enfant en fut tiré ; & dans un autre cas, la
matrice d’uneièmme grofîe ayant été bief,
fée, les eaux ne s’écoulèrent point par la
plaie.
On voit par-la, la raifon de ce que la ma¬
trice ne contenant plus rien, l’hémorrha¬
gie cefîe.
Mais il faut pour cela qu’eîle foit exac¬
tement vuide;, car fi le placenta , ou une
grande portion de cette maife , eft refté
dans fa cavité, ou s’il y a de gros' caillots
de fang, ou quelque autre corps , alors la
matrice étant diftendue par ces corps , ne
Hhiij :v :
^85" De V Accouchement
|3çut pas revenir a fa petiteffe nécelTaire , &
îe fang trouvant les orifices des vaifîeaux
ouverts , ne cefîe pas de s’écouler.
L’hémorrhagie continue donc, & il y a
alors deuxaccidens qui menacent, celui de
îa perte du fang, & celui de la putréfaction •
car l’orifice delà matricej qui très-rarement
eft maintenu béant par quelque corps qui
^’y eft engagé , fe ferme tout de fuite , à
moins que la matri^ge étant en inertie , il ne
foit trop foible ; cet orifice étant donc re¬
fermé , le fang qui s’écoulera dâns fa cavité,
& le placenta, y feront retenus , & tombe¬
ront en putréfaétion, toujours très-dange-,
reufe , quoiqu’on fafle pour en diminuer le
danger.
.. Ç’eft pour cela qu’il eft fi fort a defirer
que la matrice foit délivrée du plaCenta, &
ds tout autre corps étranger, immédiate¬
ment après l’accouchement. '
' "Outre cela, il y aura des caillots de fang,
qui produiront fur la matrice une fenfation
très-vive , quand à force de fe contracter
©lie fera parvenue à les toucher immédiate¬
ment ; elle en fera irritée , de ce fera là, la
principale caufe des douleurs que reffentent
les femmes après l’accouchement, & qu’on
nomme tranchées ; mais ces petites incom¬
modités ne font rien , en comparaifon dù
danger auquel cet état expofe.
De V Accouchement 487
.La nature a fi fagement difpofé les cho-
fes que ce mal apporte lui-même fou re-
mede ; car rirritation que caufent ces cail¬
lots fur la matrice, fait naître des douleurs,
& fait qu’elle les expulfe de fa cavité.
Les lochies, ou purgations de la matrice
continuent de couler, mais en diminuant
de jour en jour de quantité , & en deve¬
nant de plus en plus aqueufes, jufqu’à ce
qu’au bout de vingt jours , de trente , ou
de quarante , elles fe tarifent ; quelquefois
elles font faoguines pendant tout ce temps.
La quantité des lochies ne peut être éva¬
luée au jufte ; on a vu couler èn peu de jours
jufqu’à trente-fix livres de fang , commu¬
nément elles ne coulent qu’à la quantité
d’une livre, ou d’une livre & demie ; la pre¬
mière fois que les réglés reviennent après
i’accouchement, elles font plus abondantes.
. S’il eft refté quelque portion du chorion,
ou quelques petits lambeaux du placenta, ou
quelqu’autre chofe , tout cela eft expulfé
par la fuite avec les lochies ; la putréfac¬
tion qui s’empare de tous ces reftes les fait
tomber en fonte , Ôc en rendant fluides ces
corps étrangers , leur donne plus de facilité
à franchir l’orifice de la matrice.
L’écoulement de| lochies eft abfbîument
néceftaire, car leur fiipprefîion eftîa caufe
H hiv
^88 r Accouchemènt;
h. plus fréquente de la mort des femmes .en
couches ; cette fuppreffion eft prefque tou¬
jours occafionnée par l’inflammation de
la matrice ; quelquefois c’eft l’efFet- de la
frayeur;
Les mauvaifes manoeuvres des fage-fem-
mes en font fouvent la caufe.
Il eft fort rare que les lochies ceflent de
couler le cinquième jour, à plus forte rai-
fon le fécond, fans qu’il en réfulte des ac-
eider» ; j’ai cependant vu une femme à qui
cela eft arrivé , & qui mourut phtyfique,,
quelques années après.
II eft probable que quelquefois l’abon¬
dance du lait , ou une diarrhée , même une
dyfîenterie , . fuppléent a l’évacuation des
lochies ; ou enfin quand la femme n’eft
point pléthorique , & que les vaifTeaux de *•
la matrice font petits , cet écoulement n’eft.
pas néceflaire.
On dit qu’on a vu couler les lochies par les
trompes, & s’épancher dans le bas-ventre ;
mais je penfe que ce n’a pas été fans dan¬
ger; & ce ne feroit pas avec moins de rif-
ques qu’eljes pafîeroient à travers les pores ^
de la matrice , pour tomber dans le bas-
ventre 5 fi le péritoine le permettoit.
Les brutes perdent moins de fang que de
glaires.
De r Accouchement. 485
A l’égard du vagin , peu-k-peu il fe ré¬
trécit après l’accouchement ; je l’ai vu au
bout de quinze jours , avoir trois pouces de
large , quoiqu’il fut coudé av^c la matrice,
comme il l’eft naturellement ; j’ai lu qu’a-
près- l’accouchement il faifoit avec la ma¬
trice un grand angle & droit; il me femble
qu’ils font enfemble tout defuite^ un angle
obtus.
§. xy. Le lait.
Nous avons appellé lait , cette humeur
qui commence à fe former pendant la grof-
fèlTe, & qui coule abondamment des ma^
melies quand la femme eft accouchée , &
que le chyle que la mere fournilToit k
l’enfant, dans le temps qu’il étoit renfermé
dans la matrice , fait pléthore dans ces or¬
ganes.
L’enfant, de même que les autres animaux,
eft inftruit par la nature a fucer ce chyle ;
il faifit le mamelon avec fes levres , le
fait faillir en l’irritant ; il le prefle quand il
le faifit', & par cette preffion il fait couler
dans fa bouche ce qui eft en-deçk de fa le-
vre , de ce qu’il prènd pafle dans fon efto-
mac, par les forces de la déglutition ; quand
il quitte^ le mamelon, le lait continue de
couler ie de fortir abondamment de la
490 De V Accouchement,
mamelle , par l’endroit qu’il avoir faifî
dans fa bouche \ & s’il le reprend enfuite ,
il tette de même que la première fois ; ainfi
il fçait fadsfaire au premier befoin de la
vie ; ce n’eft pas comme on l’enfeigne, qu’il
ait appris à fe fervir de fes mufcles ; ce n’eft
sûrement pas de ceux des yeux , de la bou¬
che, de l’œfophage, delà poitrine, ni même
de ceux des bras, qu’il apprend à faifîr
la mamelle & le mamellon ; il n’a pas non
plus fait encore ufage de fes pieds ; cepen¬
dant a peine les petits des animaux font-iIs‘
fortis de la matrice, qu’ils fçavent fe traîner
aux mamelles de leur mere; & les petits
agneaux fuiventieiir mere, prefque auffi-tôc
qu’ils font nés.
§. XVI. Les jumeaux.
, Nous avons dit en abrégé tout ce qui
concerne l’accouchement ; mais quand l’en¬
fant & toutes fes dépendances font fortis de
la matrice, la mere n’eft pas toujours tota¬
lement délivrée ; car aifez fréquemment
dans l’efpece humaine , comme dans les
brebis , les chevres & les vaches , qui ont
coutume de ne faire qu’un fétus a la fois,
il y en a un fécond. Qu’il nous foit permis
de jetter .les yeux fur les variétés de la na¬
ture k cet égard.
De V Accouchement. 49^
II eft lî rare qu’il y ait trois enfans dans
une feule grolTelTe , que dans ^<500. accou-
chemens , à peine y en a-t-il un de trois , la
femme d’un de mes parens eft accouchée de
trois enfans , il n’y en a qu’un qui ait vécu.
II eft extrêmement rare de voir des ac-
couchemens de quatre enfans : il y en a tout
au plus un fur 20,000, & il eft encore plus
rare qu’ils vivent ; je ne fçache pas que ja¬
mais ils ayent vécu.
Pour qu’un enfant puifte vivre, il faut
qu’il puifte refpirer & remplir les autres
fondions nécelîaires à la vie ; il faut aufli
que le cœur & le poumon ayent acquis
un certain degré de perfedion, & que le
trou ovale foit rétréci & prêt à fe boucher ;
d’ailleurs il faut de l’irritabilité dans les muf-
cles , il leurifaut la fermeté nécelTaire pour
foutenir les membres, & l’une & l’autre
propriété ne s’acquiert qu’avec le temps ;
enfin il faut aufli, & principalement, que
îef tégumens'ayent une certaine confiftan-
ce, & qu’il y ait un épiderme.
Or quatre enfans qui ont été en même-
temps dans la matrice, recevant moins de
nourriture, font néceftairement plus petits,
& ne different gueres d’un embryon" de qua¬
tre a cinq mois ; cependant des Auteurs di-
fent qu’il y en a qui ont vécu.
J’ai lu qu’il y avoit eu un ou deux accou-
!492 De V Accouchement.
chemens de cinq , & je ne penfe pas qu’il
s^en rencontre un fur un million. Plutarque
dit que les cinq flambeaux que Tonportoit
devant les mariées, étqient lé fymbole de ce
que la femme ne peut porter àu-delk de cinq
enfans.
Quant aux accouchemens de fix, fept,
huit , neuf & quinze enfans , je les regarde
comme des fables.
On peut voir comment on explique l’iiif-*
toire de cette Comtefîe d’Hollande, qu’on
a dit avoir eu d’une feule couche 36'^ en¬
fans.
Il femble qu’on doit chercher la caufe
delà multiplicité des enfans dans le nombre
des véflcules , qui fe trouvant mûres dans
le même.temps , dans le même ovaire , font
propres k former le corps jaune ; c’efl: pour¬
quoi parmi les femmes & , parmi les femel¬
les des autres animaux, if y en a qui ont
plus de facilité k avoir des jumeaux & des
trijumeaux ; les anciens s’accordent k dire
qu’en Egypte les animaux',, qui naturelle¬
ment ne font qu’un fétus, ont fréquemment
des jumeaux ' mais on a fçu depuis peu qu’a
peine voy oit-on des jumeaux dans les Indes
orientales, & qu’on èn voyoit plus fréquem¬
ment dans la Penfilvanie tempérée, & dans
l’Angleterre feptentrionalej & même dans
les Ifles les plus froides.
De r Accouchement, 49^
Pour le nombre des fétus «Sc celui des
mamelles, l’homme approche de la clalTe
des animaux herbivores, qui pourlâ plupart
ne font que peu de petits à la fois. ;
Au contraire les animaux carnivores f
comme ils ont beaucoup de mamelles, font
beaucoup de petits ; tous fans exception ; le
lion, le tigre, le genre des chats, des chiens, •
des ours, des belettes, des rats ; on peut
ranger dans cette claffe les. lievres, les la¬
pins, qui ne font cependant pas véritable¬
ment herbivores, car ils dévorent leurs pro¬
pres petits, & s’engraiffentdu fang humain;
entre les animaux qui fe nourrifîent de toute
efpece de chofé, le porc eft celui des qua¬
drupèdes dont la portée eft la plus nom-
breufe , auffi les truies ont-elles un nombre
prodigieux de véficules dans les ovaires ;
chaque clafle d’animaux a fon nombre fixe
de petits.
Il y a quelques volatiles qui font deux
ceufs à la fois , ce font ceux qui vivent unis;
il y en a beaucoup qui en font davantage ,
& en général le genre des ovipares eft plus
fécond que celui des vivipares ; je penfe que
la raifon de cela eft qu’il faut moins de tra¬
vail pour né donner à un fétus que les pre¬
miers principes de la vie , qu’il n’en faut aux
femelles vivipares pour produire , comme
^94 V Accouchement
elles le font , un fétus auffi formé en naïf»
fane, que le volatile en forçant de fon œuf,
& auffi parfait , quoique moins propre k
prendre fa nourriture*
Les poilTons qui fe mangent les uns les
autres , & les infedes,fe multiplient pro-
digieufement ; mais la Providence a voulu
qu’ils fuffent très-féconds , à câufe des
dangers qui les menacent fans ceffe ; leur,
petiteffie fait ■ qu’ils font expofés a tou¬
tes fortes d’injures, ou qu’ils fe procurent
plus difficilement les befoins de la vie;fef-
. pece des bœufs & des brebis, qui ne font pas
capables de fe conferver fans le foin qu’en
prennent les hommes , eft bien plus nom-
breufe que celle des loups , qui cependant
. Jontjnuîtipares.
Outre cela, comme les animaux herbi¬
vores, qui fe nourriffient d’alimens moins
fucculens , ne peuvent pas nourrir un grand
nombre de petits, k nature les en dédom¬
mage par la facilité qu’ils ont a trouver pâ¬
ture * la face de la terre eft par-tout recou-^
verte d’herbe qui croît fans culture ; au lieu
que les anihiaux carnivores font forcés de
chercher leur proie k travers les guerres, les
périls & beaucoup de difficultés.
Mais les animaux quine prodiiifent qü’un
petit k la fois, & l’homme lui-même, ne s’eiï
De V Accouchement, 49
multiplient pas moins ; les animaux qui ne
font point féroces j qui ne manquent jamais
de nourriture , prcduifent tous les ans , de
font prefque en état d’engendrer a un an ;
une vache en vingt-fix ans a été mere de
huit cent enfans.
L’homme lui-même, qui de cous les ani¬
maux connus, eft celui qui parvient le plus
tard àja puberté ; s’ eft multiplié prodigieufe-
ment en très- peu de temps, dans le temps
qu’il n’y^ avoit point encore dé guerre, qui
en détruiiic un grand nombre.
On a vu des femmes meres de vingt-qua¬
tre enfans, d’autres de trente, de trente-
neuf, & une de cinquante-trois.
Il eft avéré que dans l’Amérique fepten»
trionaîe , les Colons fe multiplient ft pro-
digieufement , qu’une feule femme morte
en 1739 , aleu cinq cent, tant enfans que
petits enfans, doüit'deux cent cinq lui ont
iurvécu.
Ce n’eft pas par les jumeaux ni les triju¬
meaux que fe fait cette multiplication ; car
•les jumeaux ordinairement font foibles &
vivent peu , iis affoibliflent le tempérament
de leur mere j on l’obferve même dans les
brutes.
Mais ce qui y contribue beaucoup , c’eft
que la fage nature a faitnaitre les enfans
ï)c V Accouchement
des deux fexes , dans la proportion là plus
propre à multiplier l’efpece humaine* j car
il eft certain qu’il naît plus de garçons que
de filles J ce n’eft pas une réglé bien conf¬
iante , mais c’efi une obfervation faite de
tout temps , rnême dans l’Inde & dans l’A^
mérique ; les uns eftiment cette proportion
commede à 14, d’autres de 14a 13,
d’autres de 12 à 1 1 , d’autres comrr^ 39 a
28 J ou 22 a 21, ou 23 k 14, , d’autres enfin
comme 3 à 2.
V enufti i’a obfervé autrefois, & cette ob-
fervattion eft confirmée par le témoignage
d’une infinité de modernes.
Ainfi il y a chaque femme pour chaque
homme, & ce qu’il y auroit de plus dans le
nombre des hommes , eft détruit par les
guerres & par les autres dangers , auxquels
les travaux particuliers des hommes les éx-
pofent, par les naufrages, & par les diffé-
rens métiers, dans l’exercice defquels la vie
eft expofée*
S’il y avoit plus de femmes que d^hom-
mes , il y en auroit néCefîairement qui n’au-
roient aucune efpérance de fe marier ; &
sftl naiflbit beaucoup plus de garçons que
de filles , les hommes feroient en guerre par
rapport aux femmes , comme font certains
oiîeaux j ou les plus forts châcreroient les
De V Accouchement. 4^7
plus foibîes, & de. f uiie & Fautre de ces
maniérés la propagation du genre humain
feroic moindre.
Il y auroit quelque chofe d’approchant
de cette harmonie, fi les oifeaux vraiment
polygames avoient. plufieurs feme-lles , &
fi dans ceux qui font par paire il y avoit plus
de mâles • on peut en juger par l’exemple
des. abeilles. , '
g. XVII. La fupcrfétation.
C’efl: un autre genre de jumeaux fort
différent du premier, en ce que les jumeaux
ordinaires font engendrés en même- temps,
& par une feule conception, au lieu que la
fuperfétation efl: la formation de deux fétus
dans deux différentes conceptions.
Il y a quelques Auteurs qui nient cette
fuperfétation , & ils donnent pour raifon
que [l’orifice de la matrice étant fermé
après la conception , il ne peut plus don¬
ner, paflage. a la femence, & que les trom¬
pes dans les femmes groffes font trop
droites & trop courtes, & ne peuvent pas
embraffer l’ovaire ^ d’autres admettent; la
fuperfétation ; il faut examiner les raifons
de Fune &; de l’autre opinion.
Parmi les pretflves que donnent les parti*
fans de la fuperfétation, il y en a quelques» '
Tome IL ti
^^8 V Aceouchement.
unes que je rejette entièrement , comme
l^inègalité du volume de deux enfans qui
naiflent en même-temps , & dont ils difent
que le plus grand eft à terme, tandis que
l’autre bien plus petit n’eü: que de quelques
mois, & conféquemment qu’ils n’ont pas été
l’un & l’autre conçus dans le même temps; .
on trouve un grand nombre de ces forces
d’hidoires.
J’ai vu moi-même un enfant a terme, naî¬
tre avec un autre extrêmement petit, & fi
plat , qu’il étoit à peine de l’épaifieur d’un
papier brouillard ; on a vu fortir avec un
enfant bien formé le fqûelette d’un autre.
On a vu un fétus de la longueur du doigt,
ou de la grofieur d’une feve, avec un autre à
terme ; on a vu avec un enfant qui étoit dans
fon état de perfedion , Un autre qui n’étoit
pas à terme , & qui paroifibit à fa grandeur,
n’être que de quatre a cinq mois ; une autre
fois deux fétus abortifs , l’un qui avoit l’ap¬
parence d’un enfant delix mois, & l’autre
celle d’un de trois ; fur trois jumeaux un
qui n’étoit pas a terme, 6c qui étoit mort;
dans un autre cas qui paroit prouver un peu
davantage , un fétus abortif qui paroifibit
être de quatre mois, avec un embryon de
vingt jours ; on a trouvé dans une fécondé
poche un fétus de quatre k cinq mois , en
De VM.ccouchéinenh 499-
bon état ^ mais mçrt ; après la fortîe d’un
enfaiir bien portant j un fac dans lequel il y
avoitün os maxillaire & cinq dents ; & enfin
Un enfant de fix mois avec un de deuxi
On peut encore rapporter à cela f exem-^
pie d’un enfant, au terme de neuf mois, avec
un de fix J qiii à peine pouvoit faire la dé-
glutitionj qui ne Vécut, que peu de jours; &
le mari de la mere de ces deux enfans avoit
été trois mois en voyage.
" Une chienne a fait d’une portée fept pe^
tits chiens parfaits^ & fept autres qui ne l’é-
toient pas.
Je ne crois pas qu’un enfant qui n’étant
pas k termcj naitroit peu de temps après, ou
peu dé temps avant on autre qui fefoit à
terme , prouvât davantage en faveur de la
fuperfétation * telles font ces obfefVations
fur UH embryon de la longueur du doigt, qui
fortit de la matrice avec un enfant a terme ;
un fétus de trois à quatre mois avec un de
neuf, ou une petite fille en bon état, qui
vint au monde foixante-trois jours après une
fauffe couche ; de mênie un accouchement
à terme naturel, après une fauife couche de
deux ou trois mois ; un avortement de qua^
rante jours, aü feptieme mois de grofTeife,
& un autre au neuvième ; un entant bien
conftimé,foixarAt€-dix jours après un enfant
mort^ 1 i ij
^06 r Accouchement,
L’illégalité du volume des en fans ne
prouve rien de plus ; airifi je mets au même
rang un fétus abortif venu quelques heures
après un enfant bien conftitué; un qui n’ar-
voit qu’un pied de long, né trois jours après
un autre bien portant & k terme ; un dé la
longueur d’un doigt venu fept jours, & un
autre neuf jours après un enfant à terme *
un fétus mort forti prefque vingt femaineS
après un qui vivoit ; de même un fétus de
cinq mois , tout maigre, forti quarante-deux
jours après un autre.
Car comme il eft certain qu’un de deux
jumeaux peut mourir tandis que l’autre refte
vivant ; que des remedes pris inconfidéré-
hient peuvent expulfer un des deux enfanSj
tandis que l’autre refte dans la matrice; qu’un
enfant peut venir au monde vivant , quatre
jours après la fortie d’un enfant mort, &
qu’un enfant mort peut venir quelques jours
après un vivant ; enfin, comme fur trois ju¬
meaux, on en'a trouvé un mort dans la trom¬
pe, pendant que les deux autres vinrent au
monde vivàns ; ou qu’un ayant péri depuis
peu, les deux autres démoiitroient par la
putréfaction dont ils étoient atteints, qu’ils
étoient morts avant , il eft afîez apparent
que Tun des enfans étoit mort ou avoit lan¬
gui par la preffion de l’autre qui prenoit
Dùf Accouchement. ^oi
trop d’accroifleitient^ ou que les eiifans ne
prennent pas égal efnent leur croiffance,
parce qu’il fe trouve dans l’un d’eux quelque
obftacle particulier à fa nutrition , quoique
néanmoins ils ayent été conçus en même-
temps. '
Je ne croirai pas non plus que deux en-
fans bien conftitués qui nailTent à quelques
jours d’intervalle l’un de l’autre , prouvent
qu’il y a eu deux conceptions. .
Car comme les Accoucheurs fçavent
qu’ après la fortie de l’un de deux jumeaux
un autre peut refter 'câché dans la matrice , à
moins qu’un habile Accoucheur l’ay antre-
connu, ne perce les membranes, & n’en
faffe l’extradion, il eift évident que deux
jumeaux peuvent avoir été conçus abfolu-
ment dans le même inftant & ne naître
que l’un après l’autre.
Ainfi je regarde comme un cas de la
fnême efpece celui où un de deux j.umeaux
eft né , comme cela eft arrivé, dix ou feize
jours aprèsi’autre , & que;cq>endant ils. oii£
vécui’un & l’autre ; & celui où trois enfans
jumeaux font nés à différentes heures,même
à différens jours , &. ont vécu tous trois.
Il en eft de même de cinq jumeaux, dont
un eft né fept jours après les quatre autres j
& dans un autre cas, il y a eu dix-fept heu-
I iiij
^oz De V AçcQuchement,
res d’intervalle entre le premier & le fécond,
enfuite vingt-quatre entre le fécond & le
troifieme, autant entre le troifieme & le
quatrième, & après cela la mere eft morte
avec deux autres enfans qui çtoient reftés
(ians la matiâce.
On trouve dans la bibliothèque çlioifie
de Planque une obfervation fur fept enfans
qui font nés delà même mere depuis le 2q
Avril jufqu’au ^ Mai,
§5 XVIII, Quelles raiforts on. a cepen-^
darit pour qdme^ttre la fuperfétation.
Les exemples de deux enfans l’un A l’am
tre vivans dç en bonne fànté, qui font nés
= de la même mere , dans uii long efpace de
temps, ont plus de poids,
Les Auteurs ne font pas toujours alTez
exads pour nous inftruire de tout ce qui
féroit neceiraire , pour porter un jugement
çertain à cet égard.
On rapporte qu’un enfant faiq & vivant
efl: venu au monde vingt jours après un aur
tre ; qu’un fécond fétus eft né quelques fer»
maines après le premier, - ■
Geci ifeft qu’une foible preuve, mais ce
que nous allons dire prouve un peu plus.
J’àf lu des obfervations fur des. enfans
nés ^ un mok f un de l’autre.
De V Accouchement ^03
' Une /emme , au rapport 4e Valifnieri »
accoucha le 13, le 24 Juin & le 10 de Juil¬
let ; d’autres rapportent que deux enfans
font nés à quarante jours l’un de l’autre, &
d’autres qu’un enfant eft né cinquante jours
après un autre.
Une femme accoucha a fept mois, 6c
encore à neuf
' Une autre accoucha de deux enfans k
deux mois d’intervalje, & ils etpient i’uîj
dç l’autre dans l’état de perfedion.
De même une autre fentit les mouve-
mens d’un enfant, deux mois après avoir
fenti ceux d’un autre..
Si ces hiftoires font vraies, ce font autant
d’exemples certains de lafuperfetation ; car
il n’eft pas vraifemblabîe que fun & l’autre
enfant étant vivant & fain , celui qui eft
forti le premier ait acquis en fept: mois au¬
tant d’âccroiflement.que l’autre ema acquis
en neuf; car s’il y avoiteu quelque maladie
qui eût retardé cet accroiflement, il femble
qu’on auroit dû le voir dans ce premier, en-
fanti
- On rapporte donc des exemples d’enfans
nés à trois mois l’un de l’autre ; de deux
freres nés, l’un le 7 Avril , & l’autre le ^27
Juillet , l’un en Septembre & l’autre en Dé¬
cembre, l’un dans le quatrième mois-, &
I i iv
5 04 V Accouchement.
l’autre le huitième ; l’un le quatrième mois
6 l’autre le neuvième ; enfin l’un en Avril
& l’autre en Septembre. . ■ ■ \-
D’une fille qui naquit -trente-cinq jouti
après un garçon, & cent quarante jours après
fa naiflance , il vint un autre garçon morti
D’un enfant a la vérité bien foible , qui
vint fix mois après un autre. - '-
' De deux enfans bien vivans & forts , -qui
font nés l’ün le 3 1 Juillet, & l’autre le ^ de
Fev^’ier ; il.faut que ce 'déhiier ait été conçu
dans le temps que le premiér avoir déjà vécu
environ quatre-vingt jours dans la matrice.
Si tous ces exemples font vrais , il ne-pa-^
roit pas pofiible que ces enfans foien# nés à
de fi grands intervalles 3 fans que l’un ait
été conçu loifg-temps après l’autre.
On peut croire qu’il y a' eu fuperfétatîon
dans les; femelles des lapins & dêsdia#eSÿ
'même ^dans les truies & les brebis jjdanS- le
corps defqüélles on a trouvé des fétüs plus
grands & plus formés les uns que les autres^
’omdu-moins-dans celles- qiii ayant -déjà mis
bas, avoient encore de petits embryons ref¬
iés dà-nsfe'ï.)'ent-re ; c’efi pouf célâ que ? line
à dit que la-fuperfétation* avoir lieu dans lé
îievre & de lapin. , ' \ y >7"^
■ Rien'filèmpêchê qu’onmepuilFe l’admèf-
t-r-e ^ l’ofififeïÉdë la matfioeinR-fi- jamais exâC"
. De r Accouchement. ^05
tement fermé (i) , c’ePc pourquoi la fuper-
fétation peutfe faire, non-feulement depuis
le fixieme jour de ia conception jufqu’au
trentième, ou lès dçux premiers mois, mais
'même pendant toute la groffelTe. (2).
(t) Regnier de Graaf eft le premier, & peut-être le feul
'Anatoniifte qui ait donné: une idée jufte de la figure du
canal, qui régné dans toute la longueur du col de la ma-
tncej ilne le rèpréfente point comme un cylindre, ‘mais
' dans toutes fes pknclies ,- ce canal eft comme formé de
deux :cônés qui fe touchent, par leur bafe , & dont une
poin};e, en s’évafant à fon extrémité, vient s’ouvrir du côté
dii ‘vagin', l’autre s’ouvre dans la cavité de la matrice ,
de. maniéré -qu!iL.r£pj:él£n.t£„.ce„canal plus large , d.ans fon
milieu qu’a fes deux extrémités telle çft véritablement fa
figure dàfis les' femmes qui n ont point encore eu d’enfans,
ou qui'ii’en ônt eu que.peU, Mais après'plufieurs accouche-
■meùsv'fâ' forme n’eft plus' là même ; fon orifice extérieur
par ks dilàtations qu’il a éprouvées , perd -de; fon refibrt
& rèfte.un peu béant., tandis que l’orifice interne qui ne
s’eil ^cârté qu’ihrenfibléinént pendant la grolTeffe ; - fe ré-
traétc" & ié feftitue entièrement après l’accôüchement",
comme ■efàit'tout le vifceré'-j'le canal alors n’eft-plüs' qu’un
côiie environ d’ün poiicé de long -, dont la-bafé eft du côté
du vagür&ila .pointe veïs^fa-.tàyïfé de la matrice s 'csft ce
■que norûbre de fois j’arobïervo'& fait ôbfèrVér fur lèxà^
davre' des' femmes tjuf avôiâît '-eu: pfûfieurs^enfàns.- -Çetté
taifonfeift donc' manifçftéihènt -ffivolé , püirquél’orificé
dé cécanal;^ qui répond à.la inàt'rrce ,. éff tôujôùfsfexaéle-
'ment'clds apTès ladoncèptionv & qu’il -iiè peut rièii ad*-
■mttfrddé'plus. '■ " ororra :2op i..: ■. i .a.
(ii')-:Lé'Tiiéchaniïm,e déjà groflefiç me paroitiré^ughef
à cette addiridn’ d’ûn fétus W. un’ -afitre déjà 'cdnça'^^èlque
temp's aüpà'ravânt. Dès l’inftanrii^ë'lè- produit dë;ia‘ .con¬
ception ;c'ft feçü' dans la matficë,v la cavité de çey ifcere;
qui alors eft très-étroite , en eft remplie. S’il n’y -prend pas
adhérence immédiatement àprèà’qu’il y eft rènfërmé, du
Dt r Accouchement
Car il eft très-certain , & nombre d’ex-*
périences le confirment, qu’ii y a des ani¬
maux & même des femmes qui ont conçu,
quoiqu’il fut refté dans la matrice un fétus
mort & même pétrifié.
Ruyfch a trouvé dans une vache, des fé¬
tus vivans avec d’autres qui s’y étoient cor¬
rompus ; d’autres en ont trouvé de même
dans des chiennes. _
Il y a quelques exemples de pareils faits
dans la femme , foit que le premier fétus
fut dans la trompe , comme le rapporte M.
moins n’y refte:t-il que rrès-pcu de temps ifolé. Comment
pourrait- on concevoir que la cavité de la matrice étant
occupée par des fubftances qui lui font attachées dans route-
•fon étendue, refprit féminai puifle y trouver place ; quand
même il Ty trouveroit , fa progrelïion feroit arrêtée , 6c
fon adion bornée par la rencontre de la pprtion de la pre¬
mière conception , qui feroit voifinç de l’endroit par où U
auroit entré , il ne pburroit donc traverfer & parvenir juf<
qn’à la trompe pour opérer la fécondation, de quelque
maniéré qu’elle fe fade j ou fi.on ne convient^ pas qu'il foit
néceflaire pour la fécondation que l'efprit férainal par¬
vienne jufqu’à la trompe , ce qui cependant .ne peut être
raifonnablement' contefté, comment ce qui defeendrade
l'ovaire dans la matrice pourra-t-il s’y introduire, & y être
imprégné de cet efprit leminal ? En quel endroit fe fera
cette imprégnation ? En quel endroit le réfultat fe placera-
t-il l Ce ne pourra être qu'en détachant une partie du pre-.
mier œufxjui avoir déjà contradé adhérence; que deyien-.
dra cette portion, ainfi décolée ? Sera-t-elle flottante, ou
contradera t-el}e adhérence avec la portion du fécond
œuf qui fe trouvera vis-à-vis d’elle ? je crois qu’üeftin;'?
pofTible de réfoudre toutes ces difEculcés. , .
JDc r Accouchement. ^07
T’eichmeyer , dune femme du cadavre de
îaquellè il tira, après qu’elle fut accouchée
d’un enfant viva;nt, un autre fétus tout cor¬
rompu (()
Harvée a vu au bout de quelques mois
d’une vraie grolTeffe, fortir les os d’un fétus
qui avoir été conçu précédemment, d’autres
ont vu la même ehofe dans une lapine, 6c
il y a encore plufieurs autres faits pareils.
Si 4onc un femme dans la matrice de la¬
quelle efi renfermé un fétus offifié & cor¬
rompu, peut malgré cela devenir grolfe, une
autre concevra bien plus facilement quand
elle aura la matrice en bon état (2).
Il ne faudra pas qu’une femme ait une
double, matrice pour qu’il fe faffe fuperfé-*
tation , quoiqu’à la vérité cette conforma¬
tion partituliere lui fait favorable (3) ; c’eft
ce qu’on peut dire de la femelle du lievre ,
qui n’a à la vérité qu’un vagin , mais deux
matrices qui nQ font nullement unies en-
femble. _
(l ' Il efi: très- poffiblej bu du moins ôri cômprend fan$
beaucoup de peine qu’urié femme puifTe concevoir ^ quoi-
qu’ayant déjà un fétus dans la trompe ou dans le bas-ven¬
tre , mais il n’efl pas poffible qu’un fétus étant dans la
matrice, il puifTe faire place à un autre.
(j) Il refte à prouver que cela puilTe être , même en le
fuppofant vrai , la conféquence n’eft pas jufte,
(3) Il n’efl; cependant pas pofîible d’admettre la fuper-
fétâtipn fans que la tpatrice Toit double.
^oS JD cV Accouchement.
Les exemples les plus sûrs que nous ayons
de fuperfetâtion , font dans les chiennes qui
ont produit dé la même portée des petits de
différentes couleurs, parce qu elles avoient
été couvertes par différens chiens ; comme
une jument qui mit bas en même-temps un
mulet & un cheval.
On peut mettre dans la même claffe de
pareils exemples de femmes , qu’on dit être
accouchées de jumeaux , dont i’un reffem-
bloit k leur mari & l’autre k un autre ; telle
eft l’hiftoiré d’Hercule qui étoit jumeau d’I-^
phiéle \ Ariftote en rapporte auffi un exem¬
ple. '
Il eft donc poflible que dans le temps que
l’œuf n’eft pas encore bien grand, un autre
placenta s’implante dans un autre endroit
de la màtrice , & qu’il s’y engendre un ije-
cond fétus. (i)‘
Je ne nie cependant pas qu’il n’y ait eu
quelquefois de la tromperie'fur cet article;
. (i) “sr iëtJxôHuît ' dé la prëmiéré conception' n’a pas
èncctre conu-àâedra-ékéï'ence avec là matrice , d'ans toute-
fôn 'éteiidue. ' ; , ' *
/ • '• F J Ni ■ j]]"
T A B L E.
DES MATIERES
Contenues dans
Tome P k
La nature de la fe-
mence,. pag. 4
I. Ce que c’eil que, la fe-
mence,’ ihid. ,
X. Elle eft mêlée de ma¬
tière opaque ôc tranf-
parente. ihid.
Sa couleur. ibid.
Sa vircoficé. 5
Son poids. ihid.
Elle fe répare. ibid.
Les particules dures qu’el¬
les contient. 6
Son odeur. ' ibid.
phénomènes qui réfultent
de fon mélange avec
d’autres liqueurs. 7
Ceux que produit le feu.
ibid.
3. Les petits vers fpermati-
ques. 8
Leur petitelTe. ibid.
Dans quels animaux on
en a trouvé. ' 9
Dans toutes les clalTes.
ibid.
Leur grandeur. 10
Quels font ceux dans la
femence defquels on
n’en trouve pas. ihid.
cet Ouvrage.
. E M I E R.
Quel eft celui qui les a
découverts. 1 1
Humme jLeeuwenhoeck,
Hartshoeker. ihid.
4. N’y en a-t-il que dans la
femence. i%
Leeuwenhoeck le prétend.
ibid.
Les modernes difent qu’il
s’en trouve dans d’au¬
tres humeurs. ibid,
3. Ont- ils des. queues. 14
On a dit que non. i y
Expériences de M. de Buf*
fon. 16
Réponfes. 17
La defcription que fait M.
de Buffon n’eft pas celle
des vers fpermatiques.
ibid.
é. Sont-cc des animaux vi-
vans. ip
Ils ont du moins nn mou¬
vement qu’on ne peut
attendre que d’animaux
vivans. ibid.
On leur accorde une trop
' longue vie.
7. Objeftions. ihid.
Exexnple du Calmar, ihid.
tablé
jîO
Defcriptiondc M. de Baf-
fon des molécules qu’on
prend pour des ani¬
maux , Z i
Ce n’eft que le fuperflu de
la matière nutritive. 14
8. Rép. à ces objections. z6
D’après les expériences de
M de Buixon. ibid.
Valifnieri & d’autres les
regardent comme des
animauXi zj
p. Ils font- naturellement
dans la feraence. 28
On a dit qu’ils aidoient aü
plailir vénérien. ip
10. Conjectures. 30
Tout ce qu’en a dit Leeu-
v/enhoeck n’eft que
conjecture. ibid.
La grofleur énorme du fé¬
tus de Gautier. ,3 1
Sentiment de Lieberkuhn.
11. La matière de la fe-
raence. ibid.
Elle vient du fang. ibid.
du chyle. 3 3
12. Liqueurs dont eft com-
pofée la femence. 34
13. La liqueur des véfîcules
féminales. 3 f
14. Le fuc de la proftate., 3 6
zf. L’efprit. 37
ié. De ces humeurs, quelle
eft celle qui eft vérita-
blexnent prolifique ? 3 8
C’eft celle qui s’engendre
dans le tefticule 79
Pourquoi les Eunuques
peuvent-ils fe livrer à
l’aCte vénérien. 40
Peuvent-ils etigendrér. 41
r. Le mouvement de la fe¬
mence. 42
i. Elle repafte dans le fang,
ibid.
3. Effets de cette réforbtion.
Elle donne une odeur forte
à la chair des animaux,
*, ibidi
Elle augmente la force du
mâle. , 4é
L’animal eft languiflanf
quand il' en eft privé*
ibid.
Les châtrés font foibles.
47
L’excès de femence nuit.
' '48
La réforbtion donne lieu
à bien des changemens*
ibidi
La barbe & les poils pouf¬
fent. 49
La voix change. ibidi
Les cornes pouffent aux
animaux 50
Raifonnemens fur la eau-
fe de ces changemens. ,
4. Chemin que fait la fe¬
mence pour fortir du
corps. s)
La matière en eft apportée
par les artères. ibidi
La fecrétion s’en fait len¬
tement. ibid.
Pourquoi. ibid.
Les defirs amoureux l’ac-
célerenr. jy
D’autres caufes produifent
ie même effet. j 6
t)ȧ Uk.t
|-4 Mouvement de la femencc
en fortant du tefticule.
57
Elle palTe dans le canal
déférent. ièii.
Par quelles caufes. $ 8
Son mouvement eft lent.
6. Toute la femence pafle
dans les véficules. 59 1
Elle ne s’éjacule point
fans plaifir vénérien.
■
Pourquoi elle fe conferve
Ibng- temps dans les vé-
ficules. 6 r
7. L’éreftion. ' ièii.
Ses caufes. 6%
Sont I l’abondance, éj
2.*. L’imagination. 64
3°. L’odeur des parties
génitales. 6$
4®. Le frottement du
gland. 66
I®. La plénitude de la vef-
fie. 67
%. Caufes naturelles de i’é~
reétion. é8
' L’irritâîion des parties
génitales. ihid.
J. Par la comprcflîon des
veines. 70
L’expérience le prouve.
ibid,
La ligature des veines
caufe l’éreétion. ihid.
to. Quelle eft la Vraie caufe
• de l’éreéïion. 71
Deux clalfes.
La comprelfion des vei¬
nes. . ibid.
Ou plutôt parce que les
arteres apportent plus
de fang. ibid.
lËRES. su
Parce que les fibres cellu-
kufes ferrent les vei¬
nes. 73
Par les efprits* ibid.
C’eft par le fang retenu.
74
Il y en a allez dans la
verge. ibid.
i. Quelles font les caufes
qui le retiennent, ibid.
Ce ne font pas les rnuf-
des éredeux. 73
L’éredioii fe^fait même
• fans ces mufcles. ibid.
Par l'entrelacement des
veinesavecles nerfs. 78
G’eft cependant le fang
retenu qui en eft la prin¬
cipale caufe. ibid.
Explication. ibid,
I Zi Les caufes qui font for- ■
tir la femence des vé-
ficuleSi 81
Le fpafme. 8j
Quelles font les forces qui
la font palTer des vélî-
cules dans l’uretre. 85
ï 3 i Quelle eft la quantité de
la femence. 85
L’homme en a moins que
les autres animaux. 88
14, Incommodités qui fui-
vent l’ade vénérien. 89
Il afFoibiir. ibid.
Même les yeux. 90
L’excès caufe des mala¬
dies. , 9t
La confomption. ■ ibid.
Il affede le genre nerveux.
ibid.
II nuit même aux animaux.
95
i;. La puberté, 94
5^^
. Point de femence avant
douze ans. ibid.
Moins après cinquante.
Cependant il y a des hom¬
mes qui en ont bien
plus tard. ■
' Exemples.!- • ibid.
Le climat met en cela des
düFéreraces.
Les animaux font en état
d’engendrer plutôt que
l’homme. ibid.
Des organes propres au
fexe féminin. 57
Les mamelles. ibid.
ï. La différence des fexes.i^.
. Toutes les parties ont
moins de fermeté dans
les femmes. ibid.
. Elles font plus extenfibles.
.98
Plus fenfîbles. ibid.
Les femmes ont moins de
poils. ' ibid.
X. Différences de la poitrine.
99
Lemombre des mamelles
en proportion du nom¬
bre de fétus. 1 60
Les mamelles des ani¬
maux mâles. 10 r
J. Dans l’efpece humaine.
ibid.
Le nombre-,- ibid.
La forme. 102.
Le mamelon. id>i'd.
L’aréqie. ibid.
4. Strudure de la mamelle.
ibid.
La graiffe, 105
La glande mammaire. 104
Dans les hommes, ibid.''
Dans les enfans. ibid.
y. Les conduits laiteux, i.oy.
Dans la glande. ibid.
Dans le mamelon 10^
Dans la graiffe. ibid.
Les Auteurs qui les ont dé-;
couverts. 107
Différentes defcriptions
de ces conduits, tbid.
Il y en a un très-grand
nombre. 109
<3. Leur origine, iio
Ils naiffent d’arteres. ibid.
Ce ne font point des vaif-
feaux particuliers^ 1 1 1
7/ La papille. ibid.
Elle fe roidit. iix
■ Elle eft très fenfîble. ibid.
8. Laréole de la mamelle.
II?
Les tubercules febacées.
ibid.
9. Les vaiffeaux de la ma¬
melle. 114
Leur origine. ibid& fuiv...
10. L’artere épigaftrique.i 1 6
Ses différens rameaux.
ibid & fuiv.
Ses anaftomofes avec les
mammaires. 118
Elles ne font pas de grande
importance. ibid.
XI. Les veines mammaires.
119
Elles ne font pas bien
connues. ibid.
iz. Les nerfs. ibid.
1 3, La fecrérion du lait iio
On en trouve dans les
mamelles
T AB LE
' t)ES MA
Kielies des nouveaux-
hés. ibid.
ïl ne fe foriiie pbinc de
Jait dans les mamelles
avaftt la puberté, ihidi
Ni fans quelque caufe
particulière. izi
La fucioii peut le faire
venir. ihidi,
Le. lait dans Je fein n’eft
point une preuve cer¬
taine de conception.
ni
Ôn a vu des hommes qui
en àvoient. ' ihid.
Êt des animaux mâles.
ihid.
Cependant il ne fe forme
naturellement que dans
la grolfeile. ihid.
ïl efl. en plus grande abon¬
dance après l’accouche-
mèht. 1 1 3
Le lait fe tarit faüts de
fucion, I Z4
Les mamelles n’en foiir-
niifèntplusàun certain
âgev ihid.
Î1 y a cepertdantdes exem¬
ples du Contraire, ihid.
Comment fe forme le lait.
l'ij
L’adion des xierfs fur le
lait. ihid.
Les paillons le dépraventi
ihid.
Ï4. La relàtion des mamel-
lesavec la matrice. î%6
Le lait fe forme dans la
grofleffe. ihid.
Il ceiTe de fe former quand
l’enfant meurt* ihid.
Tome U,
tIÉRËS.
Les réglés fuppriméès fe
portent au fein. 127
On en modère l'excès ea
les y rappellant. ihid.
Le lait fe porte à la ma¬
trice. ihidt
Le fang pâife donc de la
matrice au fein. 1
t)u fein à la matrice, ihid.
Èft-ce par l’anaftomofe
des vaiiTcaux ? ihid.
RaifoiiS de ceux qui le
difenti i lÿ
11 n’y a pas apparence.
ihid.
Ges ànaftoraofes font très-
petites.' 130
On en trouve par tout le
corps. ihid.
C’eft l’analogie du lait
avec lé fuc de la ma¬
trice* 1 3 1
Le lait eft un chyle, ihid.
il circule long-temps dans
le fang. ihid.
il paife dans dilférén's
couloirs. ihid.
il fe forme une cfpece de
lait dans Ja matrice..
ihidi
Il y a une fympathie de
nerfs entre la matrice 8c
les mamelles. 13a
I J. Le lait vient du chyle.
ihidi
Sa quantité. 133
Trop abondante. ihid.
Ce n’eft gas un chyle puf»
^34
l?ourquoi il s’aigrit. 1 3 y
il prend les qualités des
alimens. ihid.
Kk
table
Et dès médicamcns. ibid.
Le lait des animaux /rag^i-
vores différent de celui
des carnivores. 1 5 7
Il ne participé point aux
maladies de la nourrice.
ihid.
Pourc^uoi il y participe
quelquefois. 138
16. Analyfe du lait. ibid.
Sa pefantèur par rapport
à 1 eau. ibid.
Au fang. 1351
Ses globules. ibid.
A quel degré de chaleur il
bout. ibid.
Changemensqu’il éprouve:
1°. fpontanément. ibid.
i-f. %°. Par le mélange de
quelques liqueurs. 140
D'un acide. ibid.
D’un fel volatil. ibid.
D’un fel neutre. ibid.
D’un Tel calcaire. ibid.
J 8. Parties du lait. 141
La vapeur qui s’en exhale.
ibid.
La crème. 141
La partie caféeufe. ibid.
Différens moyens de le
coaguler. ibid.
Le fromage gras. 143
Celui qui ne l’eft pas. ibid.
Le beurre. ibid.
La férofité. 144
Le colofîrum. 145’
Le poids refpedif du lait
dans les dftférens ani¬
maux. 146
Le lait de femme, ibid.
D’ânelfe. ibid.
De jument. 147
De chevre. ibldt
De brebis. ibidi
De vache. ibid.
Des animaux qui rumi¬
nent. 148
De ceux qui ne ruminent
pas. ibid.
Des animaux carnivôres.
ibid.
"15. Analyfe du lait par le
feu. 147
L’efprit vineux du lait.
150
Il a la propriété d’en-
ivrer. ibid.
10. Le petit lait. ifi
Sa pefanteur. ibid.
Les changemens qu’il
éprouve fpontanément.
ibid.
Le fücrè du lait. 151
Différentes maniérés de
le tirer. ibid.
Sa nature. 15 3
ir. Le beurre. 15 y
Ses changemens fponta-
nés. ibid.
11. Le fromage.
Son anal y le par le feu.
157
1 3 . U fage du lait. ibid.
il eft très-bon aux enfans.
158
il eft avantageux à la mete
de nourrir. ibid.
il eft bon auffi aux adul-
tes. 159
Dans quelles maladies.
1^0
II peut être nuifîble. ibid.
Utilité du petit lait. i6z
Vices du beurre. 163
£)ÈS MÂ
, Du fiomagc. ibidi
Les parties dé lâ généra¬
tion. 1 6^5
î • La matrice. ibid.
Animaux qui n’ônt point
de niatrice. ibidi
DiiFérens fiéges de là ma¬
trice. ï66
i. Le baifin. ibidi
Ses dimehfionS. 167.
i. Les ligamens laides. 169
Comment les forme le
péritoine. ibidi
4i La fituation de la matrice.
17Î
Elle efl: quelquefois obli¬
que. ibid.
Les chârigemèfas de fa £-
tuation. 17 a
Dans l’enfance. 173
Dans l’adulte. 174
|. Généralités de la matrice^
âid.
Dans les diflférens ani¬
maux. ibid.
Quelquefois double, ibid.
Les anciens l’ont mal dé¬
crite. 1 7/
t. La divifion de la matrice.
17^
Sa figuré. ibid.
Son corps. ibid.
Scs parties latérales, ibid.
Son col. ibid.
Les changémens qui lui
arrivent. 177
7s Sa cavité 178
Celle de fon col. I79
Son orifice interne. 1 80
Il eft fermé naturellement.
i8i
tfÈRËS, |ij
8. La ftruéïure dé la ma¬
trice. ibidi
Sa membrane extérieure.
ibidi
Sa fubftance propre. 185
Son tilfu cil celluleux, ihi
Elle eft fort épai fie. ibidi
Principalement au fond»
ibidi
S’amincit-elle dans la grof-
fefle? 184
On l’a vue épai fie. ibidi -
Son tiflu eft lâche: 1 8 j
Oii a prétendu qu’elle s’a-
mincifloit. lîê
10. Sa ftruéiure rnufculeufe.
187
Elle eft irritable. ibidi
Elle fe contracte après l’ac¬
couchement. ibid.
Même pendant l’accou^
chement; ibid.
Spontanément. 189
11. L’ordre dans léçuel feS
fibres font rangées. 19O
Séhtimens dé dilFérenS
Auteursi ibidi
Mufele de Ruyfch. 151 i,
Admis-par les uns, rejet te
par d’autres, & f.
Sentiment de l’Auteur &
d’autres fur cette ftruc-
ture: fuivi
Peut-on la nommer uii
mufcle. 197
li. La membrane interné
de la matrice. 198
• C’eft la même que celle
du vagin. ibid.
Elle eft comme fioculeufc*
iiià.
C’éft un épiderme. ipU
Kkij
TABLE
5^^ .
IJ. Les rides du col de la
matrice. ibid.
Il eft dur & calleux, ibid.
On y voit deux palmes, zoo
L orifice de la matrice eft
crénelé & dentelé, zez
Il change de figure dans
l’accouchement, ibid.
14. La mucofiré de la ma¬
trice. zoj
Il y a une autre mucofité
rougeâtre. ibid.
Les lacunes. ibid.
Y a-t-il des glandes ? zoj
Les follicules du col. zo^
Ce ne font point des oeufs.
Z07
15. Le vagin. zo8
Sa fituation & fa direc¬
tion. ibid.
Il eft adhérent à la veffie.
ibid.
Plus au reftam. Z09
Il eft fufceptiblc de dila¬
tation. ibid.
Sa flrudure. zio
Le péritoine lui fournit
une membrane, ibid.
Il a un tifili cellulaire, ib.
Il y a dans ce tiiTu des
fibres mufculaires.i^iif.
Elles font aufli contradi-
les- ibid.
l'j. Les rides du vagin, zii
En deux colonne, s. ziz
Des valvules entre ces ri¬
des. Z 13
Quelquefois trois colon¬
nes. ibid,
même quatre. ibid.
L’ufage de cette ftrudure
eftpeu connu. zij
18. La mucofité du vagin.
Zlf
Ses taches , fes pores, fes
glandes, & les finus.
ibid,
15. Les trompes de Fallopc.
zi5
Leur ligament. ibid.
zo’.- L’ancienneté de leur dé¬
couverte. ZI 8
Hérophile en a parlé &
d’autres anciens. Z14
Faliope eft le premier qui
en ait fait une exade
defeription. izo
La plupart des animaux
ont des trompes, ibid.
Z I . Defeription de la trom¬
pe. zii
Ses membranes. ibid.
Sa figure conique, ibid.
Sa diredion eft incertaine.
zzz
Ses lignes longitudinales.
Z 14
Le morceau frangé, ibid,
. Il n’y a point de valvules
à fon orifice. zzj
Sa mucofité. ïbidl
Ses glandes. zztf
zz. Les changemens qui
arriveut aux trompes.
ZZ7
Ils ne font pas fi grands
qu’on l’a dit, ibid,
II s’y forme des hydatides.
zz8
Hydropifie. ibid.
Calcul. ibid.
Elles fe bouchent quel¬
quefois ZZ9
zj. Les ovaires, ijo
DES MATIERES.
Leur fiége. ibid.
Leur figure. ibid.
Leur ftrudure intérieure.
131
Les maladies qui leur fur-
viennetit, idid.
Toutes les femelles ont
des ovaires. 131
*.4. Les œufs de Graaf. ibid.
Qn en trouve dans pref-
que tous les animaux.
Et dans les enfans de cinq
ans & même avant.
ibid.
Ils fonî chatonnés dans la
fakftanee de l’ovaire. .
ibid.
Ils y font une faillie, ibid.
Leur grofleur. a 34
Leur nombre. ibid.
On en trouve rarement
dans les vieilles, a 3 j
Leur membrane. ibid,
La liqueur qu’ils contien¬
nent. ibid.
Ce qu’en ont dit les an¬
ciens. , Z 3 6
Ce ne font pas des hyda-
tides. ' Z37
XJ. Le ligament de l’ovaire.
138
Ce n’eft pas un canal.
115»
%6. Ligament rond. 140
Sa defcripîîon. ibid.
Sa ftruélure, 141
Ses fibres font-çlles muf-
culaires = . ibid.
Lu mobilité de la matrice.
24Z
Il n’y a point de jnufcie
517
crémajler chez les fem¬
mes. 14Î
XJ. Les vailTeaux de la ma¬
trice. 244
Les fpermatiqués. ibid.
Leurs plexus. ibid.
Leu s anaftomofes avec
les branches épigaftri-
ques. Z 45’
z8. Les hypogaftriques. ibid.
Leurs divifions. ibid.
. L’artere utérine. 246
Ses rameaux. i47
29. L’artere du vagin, ibid.
L’artere hémorrhoïdale
moyenne. 248
30. L’arteie honteufe. 250
Elle fournir un rameau au
vagin. 2 31
Au clitoris. ibid.
3X. Les arteres des parties
externes. 232
32. Les veines des parties
génitales. ibid.
Les fpermatiques. 233
Elles fourniffent à l’o¬
vaire. ibid.
33. Les veines qui viennent
des hypogaftriques.
^54
La veine utérine. ibid.
Celle du vagin. 233
Celles de la vèflîe. ibid.
Elles forment un plexus
fous le clitoris. 256
. Leurs valvules. 237
34. Les veines qui fortent
du baflin. ibid,
La veine honteufe, ibid.
3 3. Les veines externes. 238
36. Les vaiifeaux internes
de la matrice. 235
A Üj
TABLE
.5>S
Les ancres. ibid.
Les popes artériels, ibid.
|7, Lçs finus veineux. i6a
Ce font de véritables vei¬
nes, 7.6^
Les Auteurs qui les ont
obfcrvés. 164
Cominent M. Aftrue les a
décrits. ibid.
1 8. Les vailTeaux lympha- '
tiques de la matrice,
i6î
On les a vu dans la fem¬
me, 266
Dans les brutes. ibid.
J 5, Les nerfs de la naatrice.
%6-}
La matrice eft trçs-fenfi-
ble. X68
Les Réglés.
î, C’eft la loi dans l’efpçce
-humaine. a7Q
Les autres animaux n ont
point de véritables ré¬
glés. xji
Jl y a des femmes qui ne
font jamais réglées, ib.
L’âge où les réglés cou¬
lent., 2 JT.
Elles font quelquefois
précoces. ibid.
Leur éruption ne fe faiç
que vers les derniers
temps de l’accroilTe-
ment. ayj
Pans les pays chauds elles
vienuçnr dç très-bonne
heure, ibid.
Elles difparoilTgnt vers yo
ans, 174
^lleç çontinuçnt dans, la
vicilIelTe, ou quelque¬
fois elles reviennent
amt vieilles après avoir
difparu, xyy
' Elles ont quçlquefois ren¬
du fécondes. ibid.
5. Les réglés des femmes
groffes & des nourri¬
ces. 27^?
4. Phénomènes des réglés.
a77
La première éruption,
ibid.
C’cft un fuc blanc, ibid,.
Enfuite c’eft du fang. 278
Ses périodes. ibid.
5. Le lung menftruel, 281
Pourquoi ou a cru que ce
fang éîoit fœtide. ibid.
Il peut l’être quelquefois,
281
$. La fource des réglés. 285
Viennent t-elles du vagin!
ibid.
Ce qui je fait croire. 284
Leur fûurce eft dans Iq
matrice, ibid.
On la démontre par l’ex¬
périence, 28 y
7. Sont-ce les arteres ou les
veines qui fournilfenc
la matière des réglés ?
287
IJ n’eft pas aifé à décider,
ibid-
On croit que lés arteres.
les fourniirenc. 289,
8. La caufe des réglés. -190,
La lune y influe-t- elle? ib.
Cela n’efl pas probable»
g. Les fçrmens, 25%.,
DES MATIERE S.-
Preuves de cette opinion.
ibid.
L’aiguillon vénérien. 29 j
Ces ç^ufes n’y font rien.
194
10. Quelle eft la véritable
caufe des réglés ? 25» y
Les phénomènes inté¬
rieurs. ihid.
ji. Ce qui eft capable d’ac¬
célérer ^ de faire re¬
venir les, réglés. . ^96
Le mouvement accéléré
du fang. 'Md.
La pléthore univerfelle. ib.
La pléthore de la matrice.
- ^97
J 2. Ce qui eft capable de
diminuer ou retarder
les reglesi Md.
13. Symptômes auxquels la
fuppreflîon des réglés
donne lieu. 298
La congeftion du fang
dans la matrice. 299
La coi;ruption de ce fluide.
Md.
Sa révulfion à la tête & les
acçidens qui s’enfui-
venr. ib'id.
L’engorgement du pou-
m»H. Mid.
Les coliques, 300
14. Ce qui fupplée aux ré¬
glés, ’Mid.
Ce que l’on a vu à ce fujet.
ihid,
î y. Quels font les maux que
diiîipe le rétabUffement
des réglés, 502
l^. La théorie du flux menf-
truel. M4-
. n.
La proportion n’eft pas la
même entre les artères
& les veines dans les
deux fexes, ’ih'id,
ly.Lesarteres du mâlepren-
, nent plus de fermeté en.
approchant du baflîn,
30^
Celles de la femme en,
prennent moins, 507
Pourquoi le fang arrive
dans le baifin avec plus ’
de vîtefle que fon
retour eft plus lent. 3 09
1 8. La pléthore des vaifl.eaux
inférieurs. Md.
Tous les animaux ont en
naiflant les vaifleaux
des parties inférieures
& .du baflîn beaucoup
plus petits en propor¬
tion de ceux des parties
fupérieures, 3 lo
19. Pléthore propre de la
matrice, 313
Le fang s’ainafle dans ce._
vifeere. 314
Il eft la caufe des réglés,
,
20. Pourquoi les hommes ,
les femmes grojfes j les
vieilles femmes ne font
point aflujcttis aux ré¬
glés. : 317
Pourquoi les brutes n’en
ont-ils pas? . Md.
Pourquoi les hommes en
font-ils exempts, 319
Pourquoi les femmes gref¬
fes' font-elles rarement
réglées î ,321
Pourquoi les nourricesîyxs,
K k iv
table
Pourquoi les vieilles? ïbid.
il. Caufes des périodes des
réglés. 324
Ce ne font que des con¬
jectures. ibid.
%%, Objedions,
Réponfes aux objec¬
tions, ,318
44, De l’ufagç des réglés.
?33
ï. i^, La çqnçeption, 5 3 y
Cette matière eft difficile,
ibid.
ClalTe' d’animaux. 3 3 6
i. Le fexe. 537
Animaux qui mont point
de fexe. 33?
3, Les animaux qui n’ont
qu’un fexe qui font en¬
gendrés d’œufs. 540
4. Les animaux à deux fexes,
541
I®. Réunis. 342
Les hermaphrodites. 343
Animaux à deux fexes,
2®. fçparés. 344
I®, Semblables. ibid.
Ceux qui n’en ont point.
34Î
$. Animaux à deux fexes ,
i®. féparés. 3®. différ
rens, ibid.
Le mâle efl: plus beau que
la femelle. ibid.
Le mâle çft d’unç efpece
différente que la fe¬
melle. 3 4^
Animaux métis, ibid.
|1 ne faut pas croire aux
produdions monftrueu-!
fts, 347
Les plantes bâtardes. ^48.
7. Les amours & la copula¬
tion des animaux. 3 50
Leurs polygamies. 351
Il y a des mâles qui ont
plufîeurs femelles. < 5%
Il y a des femelles qui ont
plufieurs mâles, fâid,
Le mâle eft le plus ardent
à fade, 3 y 5
Parmi les infedes , c’eft
la femelle. ibid.
Pourquoi tout cela. 554
Temps de l’accouplement
des animaux, ibid.
8. La caufe des defirs amou^
re.ux, 3yj;
Aux uns elle eft dans l’o¬
vaire, ibid.
Aux autres dans la ma¬
trice, 3 5<f
La chaleur de Pair y cou.,
tribuc. 3 P
L'abondance, ibid.
Maladies caufées par Iç
célibat. 558
L’ufage du coït les guérit,
■ ibid.
9. La copulation a-r-elle lieu
dans tous les animaux
dont le fexe eft difFé-.
rent? ^ 339
Les poiflbns ont - ils un
vrai coït? ifïJ,,
içi. Phénomènes de l’accQU-
plement des animaux,.
Comment s’accouplent les
hermaphrodites, 342
Çoînmeiic les infedes,
ibid>.
Comment les oifeaux. 3(i|
DES MATIERES.
Comraenc les quadrupè¬
des. ibid.
1 1, En quel endroit eft por- .
tée la femençedu mâle.
, . Eft-ce dans la matrice’ iA.
î C’eft le fentiment des an¬
ciens. ibia.
Beaucoup de modernes le
nient. 565
I ■ Ils s'étayent d’expérien-
^ ces. 366
4 Conception , quoique' le
I vagin fut clos.
. L’efprit féminal fuffit pour
faire concevoir, 368
I II eft cependant probable
que la femençe eft ppr-
téé dans la matrice,
3^9
Pour quelles raifons, ibid.
Reponfes à tout ce qui eft
objeélé contre. 370
îl. Ce qui arrive aux fein-
mes pendant i'ade vé¬
nérien. 37i
le plaifir. ibid.
le iiégc du plaifir & d’au¬
tres fenfations. 373
13. La femme a-t-elle de la
fcmence, 375
Qui l'a dit. ! ibid.
Expérience de Galien.
ibid. .
De quelques modernes.
T^. V ■ . ^7^
P QU vient cette femence.
577
14, Des changemens que
produit dans la matrice
& les trompes, l’aéte
vénérien, 378
511
j La trompe fe tourne du
côté de l’ovaire. 379
I On le nie. ibid.
i Ce fentiment eft cepen¬
dant le plus certain .380
15. Quels font les change¬
mens qui arrivent à
Tovaire. ' 38x
^ La véficule fe gonfle, ibid.
Elle fe rompt. 383
I On y Voit une fente, ibid.
On y trouve du fang. ibid,
I Des flocons. ibid.
La véficule difparoît, c’eft
un corps grainu. 38^
Il reflèmble à une ma¬
melle & à Ton mame¬
lon. ibid.
Sa cavité difparoît. ibid.
Son ouverture eft effacée,
C’eft un corps jaune, ibid.
Il n’y en a pas dans les
femelles qui n’ont ja¬
mais fouffert les appro¬
ches. 387
Quelques-uns croyent le
contraire. ibid.
Le corps jaune n’eftqu’unç
dégénérefcence . de la
véficule. 389
i 6\ Le corps jaune. ibid.
Son accroiffement. 390
Son ouverture difparoît.
ibid.
On l’a cependant vu dans
le cadavre d’une femmç
en couche. 391
Les débris du corps jaune.
3.9^
Les fentes,à l’ovaire 393
Dans les premiers temps
table
de la fécondatioa , le
corps jaune occupe une
grande partie de l’o¬
vaire. ibid.
Il s’y éleve. 3^4
Il fe concentre, ibid.
Nombre des corps jaunes
dans les anirnaux. ibid.
Ceux de la fçmme ne
font pointdifférens.39y
Auteurs qui les ont dé-
1 couverts, 3 9 ^
I7. Suc du corps jaune, ibid>
Sentiment de M. de Buf-
fon. ibid,
1 Ses expériences prouvent
contre lui. 397
^ ÎS. L’œuf humain fort-il de
l’ovaire, 398
Calice de l’œuf dans les
oifeaux. 599
Dans les quadrupèdes, ib.
Dans la femme, 400
(Euf vu dans la trompe.
: ibid.
S Sa progrelfion dans la ma..
trice. 401
\ On a cru que la véficule
étoit un véritable œuf.
ibid.
î, 5^. Ohjeftions contre ce
fyftême, 40 a.
Les œufs dans la femme
font adhércns, ibid.
Ils font plus gros dans la
trompe quç dans To-
vaire. 404
i Les œufs de Graaf font déjà
* tout préparés dans le
fétus, ibid.
Ils ne répondent point en
• nombre au fétus, 40^
Perfonnc n’a vu d’œuf 4©
cette nature dans la
trompe. ibid, ,
On a pris des hydatides
pour des œufs. 40^,
10. Fétus dans Tovairc.
r®. dans les brutes,
Il y a peu de différence
entre les ovipares & les
vivipares. 407
11. 1®. Dans les femmes,
40?
Dents & Qs trouvés dans
l’ovaire. ibid.
Même des fétus entiers, f
ibid. ''
11. Fétus dans la trompe. 1
409
Fétus dans le ventre , la .
matrice 8c la trompe
bien faines. ibid, ^
Expérience de Nuck 410
Fétus trouvés dans la
trompe, 41.1
ij.. Par conféquent il dèf-
cend de l’ovaire dans la
matrice par les trom¬
pés. 414
Difficulté dans les ovipa- S
res froids, 415
Il n’y defcend pas moins, |
4ïtf '
i4. La conception fe fait
donc dans rovairc. 417
Preuve tirée des oifeaux. |
ibid.
Des vivipares ibid.
A-t-on vu l'œuf humain. .
419
On en doute, i
(Eufs dans les premiers ,)
m.
DES MA
V Depuis le fixieme jour.
4Z?,
I Jufqu’au îi, 414
aé. A peine peut-on ajouter
^ foi à tout cela. ihid.
C’eft raYi$ dçs anciens,
ibid.
^ ^vant le dixième, jour je
n’ai rien vu , fi ce n’ell
des membranes mu-
queufes, ibi4.
; Le dix-neuvif me jour on
voit le fétus. 418
Encore mieux le ii. 42.5»
irparoît quelquefois plus
tard. 430
I L’œu f des quadrupèdes eft
long. 431
11 chemine plus aifément
dans la trompe. Ibid,
I f 7, Le premier zCy.lc de
l’homme ell un œuf,
45?-
I Différence des œufs fui-
vant les çlafies d’ani¬
maux. . 433
^ $.8. L’œuf humain. 434
Jamais fans duvet. . ibid.
Le placenta parole aulfi-
tôt. ^ 43 J
I L’oeuf lui-même. 438
Sa deferiprion, ibid.
Sa membrane. ibid.
Son- fluide. . ibid.
I O. (Safs fans germe. 439
Exemples chez les fem¬
mes. ibid.
3 J. L’embryon, 441
Exemples plus probables.
ibid.
Dans la femme, 44a
pans la brebis, 444
TI ER ES. ^ 5Z|
Fétus trop avances, 445 \
Peu avancés. ibid.
3 2,. L’embryon informe. 44^
Trèsrmou, ibid^
Sa figure eft fimple. 447
Sans différence des par¬
ties. ibid,
33. L’embryon développé,
44^
On diftingue fes parties
dans le poulet, 449
Dans la brebis, ibid.
Dans le fétus humain de¬
puis le trenteTçinquie-
me jour, ibid.
Fétus trop avancés, 454
Et trop peu. ibid.
34. Les autres phénomènes
de la conception, ibid.
L’œuf eft- il libre ? 437
Il nç l’eft pas'long-'temps,
ibid.
I^aufées dès les premierç
jqurs de la Goneeption,
4J^
I. Des premiers rudimens
de l’animal, 458
Eft-ce du mélange de la
femencede-s deux fçxes,
. ' ,453
■ Auteurs de ce fentiment.
ibid.
Ce fentiment n’eft pas
fans raifon, ibid,
3. Hypolhefb fur le fexe.
4^4
La femme conçoit-t èlle
du côté gauche quand
la femcnce vknt^.da
teftiçule gauche ’ ih\d.
114 T A B
Cela n’cft pas probable.
465
4. Sjrftéme de M. de Bufton.
ibid.
Matière organique & vi¬
vante. ihid.
En réfervoir dans les tcf-
cicules. 4^4
Et dans l’ovaire. ibid.
Qui fait la femence dans
les deux fexes. 4«J
■( Animaux raicrofcopiques.
i .
! Qui ne font point de v rais
animalcules. ib.d.
1 Syftême de M. Needhara.
408
t Prefque femblable a celui
de M. de Bufibn. ibid.
5. Efl.-ce le mâle qui engen- ,
dre ^ 470
Auteurs de ce fentiment.
ibid.
i Théorie de Leeuwen-
hœck. 471
Raifon de cet Auteur.
ibid.
1 Pour prouver que e’cft le
' ver qui s’attache à l’œuf.
.471
, 6. Objections. 474
f Sur -tout de Valifnicri.
ibid.
, Réponfes. 476
î Un animal vient-il d’un
feul ver 5 477
Progrès de la vie des in-
feCles. 478
Pourquoi les petits vers
I fe régénèrent. 480
I Jl ne faut pas trop étendre
l’analogie, 481
L E
7. Le fétus vient-il de la 1
raere ? 481
Analogie tirée des plantes. .
ibid. '
Des animaux. 48a |
Fétus femelles pleines ’
dans le veatre de leurs \
meres. 484 ^
Cela eft faux. ibid. '
Conceptions fans mâles. '
. ibid.
L’œuf des. oifeaux vient
de là mere. 48 j ^
Objections nouvelles de ^
M. Wolf, 488
Réponfesl ibid. ,
Partifans des œufs. 49O
8. Difficultés. ibid. J
La relfemblance avec les i'
parens. ibid.
Maladies héréditaire». 4^1
Vices de conformation du
pere, ^ 49}
Marques du pere à l’en¬
fant. ibid.
Hiftoire lîngùliere d’une
famille à fix doigts,
45>4
Vices de la mere tranfmis
au fétus. ibid.
Toutes les maladies ne
font point tranfmifes à
•l’enfant. 49 5
9. Animaux du genre des
métis. ibid.
Exemples de quadrupèdes
hdrbivores, 49 ^
Exemples fabuleux. 498
Les animaux d’une efpecç
trop différente n’en¬
gendrent point enfëm-
• blç, ibid.
DES MATIERES:
Exemples tirés des oi-
feaux. 500
Des plantes. 5'cx
Eft-ce la plante mâle qui
donne l’écorce & la fe-
me le la moelle î ibid.
Le pere ou la mere donne
plus fuivant fa force.
50Î
ïo. Métis ftériles. ibid.
Le rouler, 504
Les oi féaux. ibid.
II. Quelles conféquences
peut-on cirer de ce phé¬
nomène ? 505
Il cft à croire que le petit
tient des deux natures.
$06
■ XI. Faculté formàtricc du
nouvel animal. çoj
Génération équivoque.
ibid.
On la rejette. jo8
/ Les expériences ne prou¬
vent point que des ma¬
tières putréfiées engen¬
drent des animaux.
ihid.
î 3 . Epigenefe. 509
Sentiment de M. de Buf-
fon. 510
De M. Needham. J 1 1
Phénomènes qu’il a ob-
fervés. ibid.
Animaux afeendans &
defeeudants. j i î
Subftances animales •&
végétales. ibid.
Sont les mêmes. 514
Caufe produétricc, s] S
Force élaftiquc.
Réfiftancc.
SM
Qu’eft^ce êtfe élevé à la
vitalité î ibid.
Il n’y a point de généra¬
tion équivoque.
Boines de l’ame & du
corps. ibid.
Animaux qui ont refté
long-temps dans l’inac¬
tion. J Iv7
14. Réfiexions fur ce fyf-
tême. ibid.
Chaleur de l’eau bouil-A
lante ne tue pas tous les
animaux. 5^9
Il pourroit fe faire que
des animaux fe foient !
trouvés dans les vian¬
des ou leur jus. fio
Autres explications, ibid.
15. Force eifentille de M.|;'
Wolf. ibid:
C’efl: le principe de la vé-,.
gétation & de la généra-^i
lion. yzi
Elle forme des véficùles.l|
. ibid.
Un tifiu celluleux, ibid. ]
Des vaifleaux, ibid^
Afin qu’il s’en forme de
nouveaux. 5x3
Le cœur même. jz4‘
Et les autres parties du i
corps. ibid.
Réponfe à ce fentiroenr. 1
ibid.
Ce qui ne paroifibit d’a¬
bord qu’un gluten pou¬
voir' être organifé. ib.
Et vaificaux , ce qui ne ^
paroifibitque tracé. 515 I
Le cœur paroîx plus tard.!
^ t A I
Les veines ne (onc point
des prbduÉlions mé-
chaniques. 517
Les élémcns dés cliofes
ne fe voyent pas. ibid.
Ge n’éft point au hafard
qu’cft due la cdnftitii-
tion de l’animal. fiS
16. Opinions qui ont rap¬
port à celle-ci. ibidi
Vertu des fermens. ibld.
Ges opinions ne font pas
croyables.
17. Moule intérieur. 551
Théorie de M. deBufTori.
ibid.
Matière organique s’aifi-
mile à chaque partie du
corps. ibid.
Comme dans uii moule
intérieur. ibid.
Parties génitales font la
bafe du nouvel animah
îlî-
Autour defquelles les au¬
tres parties fe rangent.
ibid.
Phénomènes expliquési
i
i Mé Maupertuis penfe a
peu près de même. 5 5 4
Les anciens. . j 5 j
t S. Sur ces hypothefes. s 37
Moule intérieur ne peut
fe comprendre, ibid.
On ne peut conpoître la
caufe d’arrangement.
538
I9. Les reflemblances. S3S>
Souvent il n’y en a point.
ibid.
tes fétus ont quelquefois
L Ë
des parties qui màti-
quent aux parens. ibidi
te papillon différé beau¬
coup de la chenille qu’il
, engendre. 54I
Les parties génitales vien¬
nent plus tard. ibidi
Lés Auteurs des hypothe,-
fes font obligés d’avoif
recours à une intelli¬
gence fupérieure. 544
Il ne peut fe former dans
un moule des parties
qui font plus grandes,
zAid.
La femme ma point de|
fcraence. 545 '
Ni de corps jaune avané
la conception. ibidj
±0. L’ame formatrice. 544-
Force fpirituelici ibtd.
Vertu piaftique. 54^
La formation du nouvel
animal eft au-deffus de i
nos connoiifances. ibidi
ti. Marques de iiaifTancei
347
AfFeéfion de l’ame de la
mere influé' fur l’en-s
iznti ibidi
On a eflayé de l’expli-#
quer. 54S
Les nerfs de la mere ne
communiquent pas avec
ceux du fétus. 55a
La communication des
vaifTeaux n’én peut être
la caufe. ibidi
zz. Différentes claffes de
marques de nailfanCe ^
hiftoires à ce fujet. 5 x ï
Gomment on peur admet-
Dès m a TI e il es*
trc les maïques» 551
les côideurs. 55?
Les plantes varient auflî
ch couleurs^ 554
Signes que l’on attribue à
l’imprelEon de la mere.
Infant qu’ou difoit fem-
blable à un cerf. 557
Enfans velus. ibidt
Defirs de fruits, ididt
Parties d’animaux impri¬
més fur l’enfant. yfS
âj. Exemples plus graves.
^ S$9
Enfans femblables à des
animaux. ibid.
Ces accidens font effet de
maladies , & ont été
produits par des con-
geftions gélatineufes
fous la peau. j <0
a4. Les transformations.
Enfans reflemblans à des
chofes inanimées, ibid.
Reffemblânces irréguliè¬
res.
Hiftoires à ce fujet. ibid.
ij. Parties Fraélurées. 564
Articulations contrefai¬
tes. ihid._
Plaies. ibid.
Parties détruites. $6$
Poitrine fans tégumens,
^66
Eromphales. ibid.
''G’eft trop exagéré, ibid.
Cela peut arriver fans
foupçon d’envie ou de
. frayeur de la mere.
5^7
5i7
Défaut de nourriture*
Foiblelfe du tilfii cella-
iaire. 5^^
-Caufes différentes, ibid.
Trop de nourriture. 5-70
^6. Autres réflexions, ibid.
' Femmes effrayées, ou qui
ont des envies fans que
l’enfant s’eii reffeute,
ibid.
Les Accoucheurs célébrés
y croyent moins que
les autres. 572.
Plantes monftrueufes. ib.
27. Le développement. 57 j
Facile à cornprendre. ibid.
Ce qui le prouve, ibid.
Le développement des in¬
fectes en eft auflî une
preuve. S75
C’eft la même chofe dans
l’incubation. J77
Ce qui d’un animal, d’une
forme- particulière , en
fait un volatile parfait.
Î78
L’Épigénefe eft totale- !
ment impoflîble. 579 i
Une partie n’exifte pas |
fans l’autre. 580 ?
C’eft la fluidité & la tranf^
patence des parties qui
les rend invilibles. 5 8.1
28. Il n’y a donc point d’£- j
pigénéfe. 582 |
Harvée s’eft trompé, ibid. j
Les parties de l’animai ne
fe forment point l’une
après l’autre, mais elles
fartent de l’état invifi-
biepour fe montrer. J 84
52S T A B
Différentes efpcces de '
développement, 1°. par
les œufs. ibid.
Syftême qu’on attribue à
Hyppocratc. jSy
Il rend le développement
plus facile à expliquer,
ibid.
L’embryon eft renfermé
eu petit dans la mere.
50. Les parties de la femence
du mâle. ^88
Son effet dans la généra¬
tion. ibid.
Elle donne la vie à l’ani¬
mal. 58^
Dans d’autres animaux la
chaleur de l’air fuffit.
Celle du feu. ibid.
Pour la fortie de l’animal,
de l’œuf. 550
Le cœur fait plus. $91
Ji* Dans les animaux vivi¬
pares. ibid,
La femence du mâle eft
néceffaire. ibid.
Elle contient un efprit
odoriférant & volatil.
$9%
L’ame n’a point de part
à la conception,
51. ' Déveiop^'méne fans
mâle. 554
Dans les arbres. yjy
, Les polypes & coraux.
ibid..
■ Hiftoire des polypes, y 5» 6
La faculté régénératrice
\ de ces animaux a été;
long - temps ignorée.
597
L Ë
Elle eft cottimune àd'âii-
tres animaux. ibidi
Même très- longs, ibid, 1
Ce qu’en a dit M. Trem- 1
bley.^ S99
Ses expériences. ibid.
Les grands polypes ont la
même propriété. 60i
JJ. Régénération des p'ar-»
ties coupées dans d’au¬
tres animaux fans co¬
pulation. ibidi
Queues de lézards cou¬
pées reviennent, ibid, _ ,
Les jambes St pinces d’é- |
creviffes fe régénèrent* |
^0}
Leurs corfeîets. ibid, |
La peau dés infedes. ^04 |
Bois des cerfs. ibidi
Plumes des oifeaux. ibid,
La peau de l’homme.
Les vaiffeaux. ibid.
Mutilations réparées. 6ûS , ^ ^
Plumes plantées fur d’au- 1 1 ’j
très animaux. foy -, |
Ergots du chapon, ibid. ||î
Les dents plantées dans t ‘
l’alvéole. ibid,
34. Développement de l’a¬
nimal entier faiiS fexe.
fies
Polypes connus avant M.
Trembley.
ibid.
Ses découvertes.
609
Tubercules.
dia
Qui deviennent
bientôt
un animal.
. ibid.
La fedion des polypes eu
plulîeurs endroits pro¬
duit autant d’animaux. /
6n
Animaux '
DES MATIERES. 529
Les dtifércns polypes ont C‘ett le ^iucen qui formé
la même propriété. 6 iz
3 J. Autres animaux compo-
fés. 614
^ rieur animale. ibid,
l Zoophites du .genre des
' coraux. 6i^
3 è. Que répond-on à cela î
. ibid.
Que cela prouve que tou¬
tes les parties de l’ani-
\ mal n’ônt pas été fôr-
\ niées en même-temps.
616
Mais les unes après les
autres. . ibidi
' Les polypes font des ar¬
bres animés. 6 1 7
Qui fe régénèrent par des
bourgeons. ibid.
Les vers auffi , ainfî que
les autres animaux qui
fe réparent d’euxrmê-
mes.
Il y a des germes def-
, tinés à réparer les^r-
ties. ■ / ibid.
La peau fe forme/par un
mouvement de protru-
fion.‘ i 6zi
le tilîu cellulaire ibid.
'C’eft ainlique fe conlb-
lidcnt les fibres mufcu-
leufes. 6%%
C’èft' un fuc qui donne
la confiftance aux os.
un tiflu cellulaire, 613
Le tiflu cellulaire affermit 11
les ergots qu’on y greffe.
Les parties animales fe
réparent , ou par un
germe, préparé ,
. Ou par rallongement dû
tiifu cellulaire. ibid.
Ou par un fucépaifli, 6^6
37. Animaux métis & ref-
femblarice des enfans
avec leurs peres. ïbid.
Réponfes aux objecfions
faites d’après cela. ièii.
C’eft la femcnce du mâle
qui fait pouffer certai¬
nes parties. 6z-j
' Le fétus vient de la mere.
Mais la fernence du mâle
lui 'donne là configui.
ration. 6tp
TABLE nu SECOND VOLUME.
î.T E fétus vit de bonne
heure. page t
On le voit dans l’œuf dès
les premiers jours de
l’incubation. i
Trois véfieules battent
par ordre. ihii.
\ Tome IL
Le cœur a du mouvement,
quoique fans couleur.
On le voit battre avant
qu’il ait acquis de la
confiftance. ‘ 4
Dans les quadrupèdes, ib.
Li
,530 TA
/ Dan^ 1 homme. ibid.
j Les plus petits fétus, vi¬
vent, J
rétus vivans extraits par
l’opération céfarienne.
6
Loi qui punifloit de mort
celui qui avoit procuré
l’a V O : temcnt à quarante
jours. 7
' L’enfant vit dès l’inftanc
qu’il efl; conçu. ibid.
; Non avant. 8
a. Le fétus prend racine dans
la matrice. 9
. Il n’eft pas certain que
l’œuf y foit ifolé quel¬
que temps. ibid.
■ Il eft bientôt garni de du-
‘ ■ vet. ibid.
rioccons qui enveloppent
l’œuf. lo
La membrane extérieure
de l'œuf. Il
D’abord les vaifTeaux font
à nud. ibid.
Enfuite ils font couverts
d’une membrane, ibid.
Ce n’eft pas une malle de
fang. la
-Mais une membrane pul-
■ -peufe. ibid.
1 Qui enveloppe le placenta.
- ibid.
Les anciens l’ont connue,
. M
4, Le chorion. ibid.
Il exifte dans tous les ani¬
maux,. .:,I4
Il enveloppe de tous côtés
/t; Ic placenta. ib'id.
Ij ' Sa ftmdure. . i j
BLE
Ses vai (féaux. lÈ
5. La membrane mitoyenne."
17
On lui a donné d’autres
noms. ibid. .
Sa ftrudure. 1 8/7
Son tilfu cellulaire, ibid.
6. L’amnios. 19
Sa defeription. zo
Son étendue. zi
Ses vailfcaux. ibid..
Chaque fétus a le lien, zz
C’eft ce qu’on appelle la
CG'e'ffe du fétus. zj
7. Les eaux de l’amnios. z-j
J amais l’amnios n’eft fans
fluide., . , ibid.
Moins, le fétus eft avancé,
plus il y a d’eau, ibid.
Il y en a moins quand il
eft plus grand. 14
Elles font toujours en rai-
fon inverfs de la quan¬
tité, de l’urine. ibid.
Elles font claires. zj
Un peu gluantes. ibid.
8. La nature de ces eaux. ib.
Quand elles Ipnç, récen¬
tes. , ; , ibid.
Souvent elles fe corrom-'
pent. . ibid. .
Les acides les coagulent-
- z^
Il s’y forme des . caillots.
- , .',>7
Le féjour les rend falées.
ibid.
Alors ce fluide n’eft plus
lu fceptible de coagula¬
tion. ibid.
Ce n’eft point une muco-
.'litéj ibid.
D £ s . M A T I E R E s.
^ Source de ces eaux. z8
Plufîcurs en ont parlé, id.
Elles ne peuvent venir du
_ - fétus.
Elles viennent de la mere..
■ .
On en ignore les voies. 1^.
Dilfenation fur l’origine
des eaux de i’aninios.
3 3.
ÎDifFérentes opinions. 34
Peux erreurs accréditées.
5 J
î®. Sur répaiÆùr'de la ma-
tficè pendant la grof-
fel’e. ■ ' ' - ibid.
a®. Sur la nature des vaif-
feaux de céivifcere; ib.
Opinion dè Dcvèhcer. 3 6
. ■ Preuves contre M. - 3 8
[f B’après l’eXpéfiehciS
' ' & furiv.
, Par la raifon. 43-6*- fuiv.
Ordre dàns-iequel le fait
cet ainînéiiTè'menr. .48
Il n’eft pas le même dans
toute récendue de là
matrice; ■■ ‘ ibid.
Elle eft trcs-épailFe à Tén-
- droit - de l’attache -du
placenta. , 4ÿ
pifférêncê - des vâilTeaux
de cet endroit & des au¬
tres. ■ ji
A cet endroit ils font fort
' groà’Sc fàrigûins. i^ii.
' & fuiv.
‘ Ailleurs petits & lympha¬
tiques. Si
Preuves tirées des Auteurs.
.
P’après robfervarion. 37
Ê* fuiv.
y
Explication méchaniqus
de cette diftérence.
& fuiv.
Mais ce n’eft; que conjec¬
ture. 6z
Après l’accouchement ils
deviennent tous fàn-
guins. 6"j
Les vailTeaux lympha¬
tiques fournillent les
eaux. 6 J
Preuves. ‘ 66
Surcroît de preuves tirées
des faufles eaux. ê8
10. Ces eaux font-elles nour¬
ricières ? 70
Raifons de ceux qui le
nient. ^ ibid.
L’humeur qui fe trouve
dans l’eftomac n’efl: pas
la même, 7 1
On en a trouvé dans l’efto-
mac d’un fétus fans houf
che. 7^
Cette humeur vient iies
glandes delabouche,&c.
. •: ; . ' ^73
11. Réponfes a ces objec¬
tions. ibid.
Preuves que ces eaux nour¬
ri irenr.:'; : - 'i .ibjd.
Le fétus a la bouche ou- 1 !
verte. ; 74
Il avale. ibifl.
Comme l’homme qui fe
poye. ihid.
. Ou en a trouve dans 1 elto-
- -mac du fétus; : 75 \ ]
- Même dans le jabot des 1 !
volatiles. . -ibid.
. L’enfant rejette cette hu¬
meur avant de tetteriy/»
Llij
55X ^ TA
, Poils mêlés avec le mé¬
conium du veau. 77
j : Si les eaux de l’amnios
i i font avalées^elles nour-
rillent. ièid.
' ; Preuves certaines qu’elles
. fervent à nourrir. 78
Autres ufages de ces eaux.
19
I a. La membrane allantoïde
des brutes. 80
Les volatiles n’en ont
point. lia.
Elles exiftent chez les qua¬
drupèdes. 8 1
L’ouraque. iVid.
L’allantoïde paroît de
bonne heure. 8i
13. Ce qu’on a vu dans
l’homme relativement à
cela. aa.
; On y trouve l’ouraque.
lia.
Des reftes de véficules. 8 3
' ; Albinas l’a obfervé. iba.
Boehmer. ' iba.
Haie. , ibid.
Munick, , 84
Eglinger. ibid.
Preuves que donnent quel-
. ques Auteurs de L’exif-
tence de l’allantoïde
dans l’homme, ibid.
14. Raifons d’ép douter. 8^
Louraqqe ne fe continue
pas avec le cordon, ib.
Ceux qui en ont parlé ne
l’aifurent point. 87
Je ne l’ai jamais trouvé
jufque-là., 88
Réponfes aux raifons con¬
traires. 8i>
BLE
l;. Le cordon ombilical. 51
S’apperçoit bientôt dans
l’embryon. ç)z
Même dans l’homme, ib.
Au commencement il eft
gros. _ 93
■ Et court. ibid.
Il eft de même jufqu’au
j^e jour. ibid,
16. Hiftoire du cordon. 54
Il eft plus long dans
l’homme que dans les
autres animaux, ibid.
Cordon'trop long, ibid.
Sujet à fe nouer. ibidi
Cordon bifurqué. 93
L’infertion du cordon va¬
rie. ^ ibid.
Son enveloppe élaftique.
Hernie" âù cordon. $6
■ Son tilîu intérieur, ibid.
Sa macQUté. ibid.
Ses cloifons. 97
Ses petites loges. ibid.
17. Lés artères' ombilicales.
' ibid.
Quelquefois il m’y en a
qu’une. ' ' ibid.
Elles font contournées en
fpiràles. ■ - 58
Elles ont des' nœuds. 99
Çanal de communication.
100
Altérés omphalo-méfen-
tériqués. ' ' ibid.
■ Celles des oifeaux. 'i 01
18. La veine ombilicale, ib.-
Les brutes en ont deux ib.
- SknS ramification. loz
' Grofleur de cette veiner
ibid.
D E S ^ M A
Ses noeods. ' 103
Veine, .oraphalc-Hiéfencé-
rique. 104
y a-t-il d’autres vaif- :
féaux dans le cordon?
ibid.
On n’y a point- vu de .
nerfs. ■ loy ;
Ni de vaifleaux lyœpha- ■
tiques. ibid. .
a.0. Le placenta. libld. .
La junaent & la truie en -,
. ont. un. lo^ ^
Dans les animaux rümi-
nans , il y en a plu-
fieurs. ibid.-.
Les autresianimaUx herbi-
vores,. n’en ont qu’un.-
Ainfî que rhorame.*i^iV. :
Quelquefois même pour f.
des jumeaux. - ibid. ,
-- Placenta réparé. ' ibid. .
II. Le placenta tire fon ,ôri- .
gine du choirion. 108.
Une portion de cette mem-.'
; . brane dévient le pia--
ccntâ. ibid.,
La grolTeur des, vaifleaux.
de la rriütrice y contri-
. bue,.„, ! 109.
Sièges du placenta.' iio;
Elaicenta enkifté. ibid..i
. -î.%. Du placenta. iir-
Sa figure. ibid.y.
. Ses faces. ibid.
, Son chorion. 113..
/ /i 3 . Structure du placenta. îb.
4 ( ■ , Elle eft fibreufe. ibid.-
Cellaleufe. 114.
Il n’y a point de glandes.-
ibid.'
TîERES. 555
' Hydatides. i i 5
Exemples de placenta dé¬
générés en hydatides.
.ivToutes les hydatides qui
fortent de la matrice
ne viennent pas du pla¬
centa. : ; [lié
Z4. Al térés du placenta, 117
Troncs des arteres. ibid.
Tifl'u cellulaire du cho-
ribaqui les enveloppe.
lis
Elles s’enfoncent dans le
placenta. 119
Pelotons, ,qu!elles y for¬
ment., , ■ ibid. '
' Acini de Ruyfch. i 2o\n
Ces vaifleaux ;deviennent |i
quelquefois bydatiques. '
ibid.
xy. Adhérence du chorion
à la matrice.
Et du placenta. ^ . ibid.
\6. La fin des vaiflTeaux du
placenta. . . 1x4
Ils s’abouchent avec les
ombilicaux. ~ ibid.
Avec ceux de la matrice.
ixy
■ 27. Veines du placenta, ibid.
Sinus veineux;' b
z8. Doutés fur l’union du
placenta; avec la ma-
trice, ; V - . iiy
Un fac nourricier va de
la matrice au féius par
le placenta. ibid.
. On a dit que ccroit du
fang. , ibid.
" Raifon de ceux qui le
■ nient. , , * : ibid.
!54 , T A B
Il ne fort point de faag
de ta furface convexe
du placenta. 1 1 8
les orifices de la matncc
ne correfpondent point ,
avec les vaiflcaux du .
placenta. ibid. :
i,e fang ne va point de
la matrice au placenta. •
11^ .
Ni au fétus. ibid.
Ni de celui-ci à la ma¬
trice. 130
Le fuc s’épanche dans le
tiflii cellulaire. ii'td.
Il eft réforbé par le pla¬
centa. ibid.
Corpsinrermédiaires trou¬
vés entre la matrice Sc
le placenta. 13 1
Le placenta appartient au
fétus. ibid..
ip. Cotylédons. i 3 1 .
De la matrice. 1 3 1
Du fétus. ibid.
Humeur laiteufc. idid.
Les liqueurs injeétées ne
vont point de la mere
au fétus. 134
Je l’ai éprouvé dans la va¬
che. - ibid.
Placenta du lapin. 1 5 3
Du chien. . ibid..
JO. Y a-t-il de vaiiTeaux lai-
. : teux , qui de la matrice
; vont-aü placenta : 13^.
Ce qu’on en a écrit, ibid.
)i. Ne i pafTc-t-il abfôlu-
ment rien de nourri¬
cier de la matrice dans,
les vailléaux ombili¬
caux ? ' 138.
L E " .
Preuves de cc fentiment.
ihii.
Cordon malade, ou dé¬
truit. 139
11. Cependant il eff .certatn
qu’il palTe quelque chofe'
de la mere au fétus pat
le nombril.. 140
Pores inorganiques par ou
cela fe fait. 141
La perte qui fuit de dé-
cokment du placenta
ne prouve rien. ibid.
Événemens qui ne s’ac¬
cordent point. 1 41
33. Preuves de ce que le fé¬
tus reçoit fa nourriture
par le nombrih 143
Les férus acéphales, ibid.
Le fang s’amafle dans
la matrice pendant la
grolTeire. ibid.
Suppreflion des réglés.
ibid.
Moindre quantité des
eaux à la fia de la grof-
felTe. 144
34. Preuves plus fortes, ibid.
Le fétus perd fon fang
quand la mere perd le
fien. .T 4 J
Perte après l’extradion
du placenta. , 14^
35. Les injeftions paffent
de la mere au fétus.
- , ibid.
De l’enfant à la mere . ; 47
Cela n’eft pas toujours.
148
II y a donc communica¬
tion de rua à l’autre.
ibid.
, DES MATIERES. , .53^1
îlpafle un fuc nourricier. Le poulet vit avant l’mV
I ro cubation. léj
y6. Cependant il y a aufli z. Le fuc nourricier. ï6f
de la mere au'placenta, Beaucoup d’anîmaux,:vi-
ùne certaine continuité vent gélatineux, ibid./-
de circulation de fang. Il y en a beaucoup plus qui
I j I prennent de la corifif-
Le mouvement du fang ^ tance. iiid.
dans le cordon dépend- Quelle matière occafionne
til du cœur du fétus. le développement. i6é
ibid. Le blanc de l’œuf. iéy
Accroilfement du placenta II contient de Teau. i6%
après la mort du fétus. Et de la gelée. : ibid.
151 L’huile du-jaune. dbid.
De la môle, ' ibid. Ges principes font les
Eétiis fans cœur. 153 mêmes dans les qua-
Du chyle dans les vaif- drupedes. 16^
féaux utérins. -■ 134 La lymphe y eft plus côa-r
37. Le plaèénta à-t-il quel- gulable. ' ibid.
qu’aurre ufage ? 155 3. Les fluides du fétus fe for-
‘ Cela n’eft pas vrai fembla- ment de la nourriture
blc. 136 qu’if prend. ' 17.0
Le chyle fc mêic-t-il avec Iln’yapointde fangrouge
le fang dans le pla- dans 1 embryon, ‘fi'ri/.
centa ? ibid. Quand y en a-t-il î; 171 '
. Le placenta eft le moyen Les humeurs. ' : i i-iyi
d’union de la matrice Leur acrimonie, i 0174
avec le fétus. 157 4. Les parties /olides font
. _ . originairement fluides.
Vie. dti Têtus.- y. ibid,
i' |lv L’embryon. l yS. Ëxpériencesqui le prou-
'' Son principe. - ibid. vent. ; '175
Il paroît d’abord informe. Sur le fétus. . r. - 'îild.
Sur les os. - /
I A caufe- dé fa tranfpa- Fétus très-jeunes fediffol-
I rence. ibid. ventdànsiesicxpérién-
. ‘ Il a déjà un cœur & des ces. : - • ..177
vailfeaux. i6o -5. Il n’y a pas grande diiFé-
La moelle épiniere exifte. xence entre des foiides '
161 & les fluides. 1 ■ ijj
Les vifeeres font invifi- - Le feu rend fluides tous
A blés. iCz. les corps fohdes.- 178 //
- ' Liv
55<î TA
Le grand froid condcnfe
tous les fluides, ibid,
La fohdité des parties dé-\
pend de L’union de la
terre avec \t gluten.ijç)
Même la dureté des os. ib^
Expériences. iSa
6, Le g/wtea devient fibreux.
i8i
Le fan g liumain le de-
vicnr, 184
7. l,tgluten devient tiflu cel¬
lulaire., ibid.
Il forme d’abord des feuil¬
lets. ' i8î
Exemples tirés des mala-
; die.s. ibid.
Dubois. 18Ô
Des plaies. - , ibid.
Ce nifu cellulaire fe for-
, me méchaniquemeut.
187
Tout cela n’^eft cependant
pas certain. 188
Conjeârures fur la forma¬
tion du tiflti cellulaire.
. ' . ibid.
8., Il devient menibraneux.
189
Méchanicjue de la forma¬
tion des membranes, ih.
:Gette théorie n’eit pas to¬
talement adroiffible. 15)0
i A Lcaufc des vaifleaux qui
. : trayerfent les membra-
■■ ,nes. - 191
Les membranes qui ne
font -point 'vafculeufes
fe réparent par un fuc. iA
IldevientyaUreaux., ibid.
H M. 'NS^olf 'penle que les
' t, globules fe pratiquent
; LT • 7 ,
eux-mêmes :lcürs yailL
féaux» 191
Il ne Le forme point de
nouveau de fibres mùf-
culairesnides nerfs.iyj
Ni de vaifleaux. . 194.
Si cela étoit , les plus pe-
tites.veines feroienrfor*^ '
mécs les premières. 19 j
L’obfervation démontre ■
le contraire. ibîd.
Les arteres ne forment
point les veines mé-
chaniqueraent. 197
Le mouvement du jaune
H.’en efi: point la caufe.
198
Pourquoi les veines pa^X
roilTent elles les pre-l'
mieres?. 199
Toutes les parties font for-
méesjea même-temps, ib:
Quelques-unes fe peuvent
■ réparer. zqi -
10. Idée de l’embryon avant ,
fun accFoiilement.iSfd. |i
Grandeur du ■ poulet le U'
troifieine jour. zoz X
Ses. vai/feaux., ïbld.
.Scs nerfs.' . xoj
Son cerveau. Z04
Son cœur.eft feiiî irrita-;; f |
ble. ibid. \
Le refte efl imparfait. i5id.
Les membres St le tili'm
cellulaire font tout mu¬
queux. . XOJ
I î., Caufes du mouvement
du fang .dans l’eih-
bryon. xoiS: ^
L’air en eftla principale»
DES MA'
■Vî,’orciîkcio« n a pas lieu
y dans l’embryon.. 107
Peu dans l’adulte. Ibid,
La chaleur ' ilid.
- L’efpece de fuccion des
vaiffeaux capillaires. io8
Le cœur eft la véritable
caufe. 1C9
Il eft très- gros dans le
fétus. Z 10
Plus que dans l’adulte, z 1 1
Il fe meut avec une grande
rapidité. ziz /
iz. Caufes auxiliaires. zr4
La lenteur du gluten, ibîd.
II n’y a point de . nourri¬
ture fans retard. - ziy
Il faut aéfipn & réaélion
pour nourrir. y ihid.
1 5. C’eft l’artere -qui charie
le fuc.' . Z 16
14. L’artere s’allonge, z 1 7
Sur-tout à l’extrémité, z 1 8
■Exenlple du prompt ac-
croilTement de la mem¬
brane dtnbilicaiê. z 1 9
Ce qui; fe paffe . dans les
arteres libres.' ïbid.
Promptitude de l’accroif-
' fement du fétus. ïbid. -
. Des os. .. ibîd.
I y. L’arterc'fe dilate, z z r
.Preffion latérale. ibid.
Denfitë des parois, zzz
. Des parties qui l’environ-
nenti - ; ibid,
, Le fang pénétre les plus
, petits. vailTeaux. zzj -
-Expanflon du réfeau vaf-
' culaire. :zz4
Ees angles des rameaux
augmentent. ïbid.
MERES. in,.
Et leurs diamètres, zzy y,
Leur accroiirement. zz^
Le gluten icmplit les vui-
des. ZZ7
S’y épailfit. zi8
16. Cette méchanique Te
fait dans tout le. corps.
ibid.'
Même dans les fibres muC-
culaires. ibid."
Certaines parties s’accroif-
fent moins en propor¬
tion que d’aurres. zzp
1 7, Promptitude dé l’ac'croiT
fement. - z 3 r
Très - rapide dans les
commencemcns. ' Z3Z
Enfuite il diminue, z^
Dans l’homme. ibid.
Syftême nerveux plus
grand dans le fétus.
Z3^
Ce qui rend lé cœur plus
irritable.' ibid.
Battemens plus fréqüéns.
Les vaifTeaux dans le. fé¬
tus ■font en plus grandi'
nombre. ibid.
On a penfé qu’il fè feir-
moit desvàilFeaux après
la naifl'an'ce. itid.
Il y en a plus danslê 'fé-
tus & les jeunes db)ets
que dans- l’aduîte:.' 23^
Beaucoup difparôilfent
dans là faîte. ‘
Démontré par TeXpérien-
:ce;r ■'Z40
Ils font plus groà. ' Z4r«
Et plus extcnfibles.' ibîd. ^
Pourquoi? ibïdi/
53^ T A B
18. La ccnfiTuration. 143
Scs eau Tes, ibid,
L’expanfion. ibîd.
L’attraâion. ibid.
La prcflîon. ibid.
Le fluide que le cœur en¬
voyé étend les parties.
144
C’eft la vertu expanfive
qui change la chryfalidc
en papillon. Z44
IJ L'attradion. 14-8
Preuves de l’attradion.
ibid.
Ce qui fe paflTe au cœur.
2-49
Dans les mufcles. ^$o
Dans les os. - z f i
zo. La preflîon. ibid.
Defccnte des tcfticules.
dans le ferotum. Z5Z
Forme des os changée, z 5 3
Réfiftances des parties
voifines. zj4
Les parties dures font
auffi configurées par les
molles. Z y y
La preffion ramollit les
os. zjé
zï. La force de dérivation
, & de révulfion. ibid.
Là ligature d’une artere la
prouve. Z 37
Dérivation en cette par¬
tie. , ibid.
La même chofe fe paflé
dans le baflin après la
ligature du eprdon. ib.
Exemple tdans le poulet
pendant l’incubation.
,158
^ \ Force de la révulfion. ^6o
L E ^ ,
zz. Caufes qiiî dépendent
des humeurs. 'z6i
Qand elles abondent, ié/d.
Quand il y en a peu. ibid.
Vices de certaines, z6z
Exhalation des plus tenues. '
Attradion des parties ter-
reufes. z<?4
Z 5 . La formation des osi ib, \\
Le principe de l’os cft gé- fs
latineux. zéy
Ils commencent à deve-
nir opaques.
Se durci fient.
z67',|
On y remarque
des fil- ‘?
Ions.
ibid.
Des vaificaux.
ibid.
Ils font creux.
Trajet des arteres,
. ibidî]
Les vaifi'eaux palTent en- .
tre les lames de la fub-
ftance de l’os.
z-^i
14. L’épiphyfe.
ibid.
Ses vàifiéaux viennent de
ceux des os.
Cercle vafculeux.
^73 n
'VailTeaux propres. Z74 i
Noyau de l’épi phyfe, ib.
Il eft plein d’alvéoles, ib.
Quelques os ont deux /.
noyaux.- //
zj. Fortiiation méchanique
de l’os long j le fuc of-
feux. ibid.
C’eft un gluten. zy^
On le tire des os par l’é¬
bullition. ibid.
Il confolide les os frac¬
turés. 177
Ce^/wrcÆ forme les ropho-
■ lues des goutteux, zyg
DES MA
. les çxoftpfts. zyS
Les Ankyjlpfes. ibid.
Xc tartre des dents, z 8o ,
Il remplit les futures, ibid.
Particules dures & cal¬
caires roulent dans le
fang. z8x
Le. g/are/z;e^nlevé, Içs os
fe ramolliirent, ibid.
Terre crétacée enleyée, .
même réfulrat. z8z
Acides & alkalis ont cette
propriété. , ibid.
, . Les os s’amolliflent dans
, l’eftomac. - , ibid.
. Par, maladies aulG, z8 5
Obfervations. - ibid.
Courbures des extrémités.
-, ibid.
Côtes fléchies. ibid.
La terre crétacée de l’os en¬
levée en eli la caufe. 184
Le racnitis. ibid.
Le fcoibut. fj.bid.
‘ Et le mercure. z 8 5
'%6. Le fuc olfeux eft formé
de particuleS;gEoflîeres.
V z8^
C’eft le fang feul qui les
:çharre.-,_ . Z87
'...Progrès. - ibid.
L’os fe perfeétionne z88
, Formation du cal, . Z89
Il y naît, des vaiileaux à
raefure qu’il- s’offifie.
- . ■ ' . - Z90
, Et dans lesrcartilages olîî-
. fiées par maladie.- Z91
, - EfFers de la garance, ibid.
■ Elle rougit les os. ibid.
Poufllere fine qui fe dé-
..pofe.; Z9Z
riERES. 559
Elle ne- teint que les os.
ibid.
.Sur- tout les plus durs.
ibid.
Le calus. , 19 j
Le fuc ofleux eft donc
grolfier ? ibid.
Il eft charié par de gros
vaifleaux. ibid.
zy. Le cartilage. Z514
Sa ftruâure eft difficile à
connoître. z^j
On n’y. voit ni lames ni
fibres. ' ibid.
Il différé des os.
Cartilage contre nature.
ibid.
Offification contre nature.
Comment? ibid.
Il eft a croire qu’il y a des •
fibres & des lames. 199
z8. Comment fe formeat
les os cylindriqiaes. ib.
Par les ancres qui naïf-
fent peu-a peu. 300
Le fuc épais apporté pat
le fang. 3 01
Et la terre calcaire dépo¬
sée. .joz
2,9. Dans l’homme, 405'
-Prefque co,mme dans les
quadrupèdes & les oi-
-feaux. • ibid.
' .Noyaux. - ibid.Ÿ]
Vaifleaux nourriciers, ib. ' !
Branches de ces vaiffeauxj
■ . ■ . ^06
. Vaifleaux des épiphyfes.
.Des eartilages, . 307
Pibres. ibid.
Lames. iüd.i
540 TA
Le gluten & le fuc terreux
font de même nature, ib.
30. Les os plats. 308
Leurs fibres. 309
Le fuc s’épanche, ihid.
Les fibres s'allongent. 3 1 o
Les lames s’appliq^uent
les unes fur les autres.
ihid.
Il y en a beaucoup au cen¬
tre de l’os. 3 II
Le diploé. ihid.
Les futures. 3 1 z
Cartilages. ' ibid.
Vailfeaux de ces os. ihid.
51. Les os courts j les os
compofés. 313
Leur ftrufture. 314
Croûte cartilagineufe.
La marche de la nature
eft la meme par-tout.
■ , . 31^
3 2,.. Le perioftc. 317
Très -fin dans le fétus.
ihid.
Très-peu adhérent à l’os.
ihid.
Plus à l’épiphyfe. 3 1 8
Qu’il attache à l’os. ihid.
Il forme le capfule des
articlès. . 31^
Les tendons s’implantent
dans le périofte. ihid.
Il s’épaifTit avec l’âge. ïb.
S’attache plus fortement
à l’os.,. ihid.
Dans le Volatile il eft peu
vafculeux. ihid.
Dans l’adulte il eft épais.
' 310
La direftion de fes fibres
LE ,
n’cft p>as‘'CErtaine. 'n,.-:.,
3 3 . Les os s’engendrent-iU,
du périofte. '35-1
On l’a prétendu. ib'ià.
De même que le' cal. iiid.
M. Duhamel le penfe.
. 311
Suite de ce qu’il avance. ;
Que les exoftofes vien- ;|
nent du périofte. iiJid. jj
Que Tos dans fon prin- .
cipe eft un cartilage.
'3H
34. Quelques objections.
Le fuc olfeux eft démon-
tré. --313
Le périofte ne paroît pas
fuiEfant pour réparer
les grandes déperdi¬
tions d’os, ’3i^
Le fuc olfeux fe répand
évidemment. 317
Se congelé & devient os.
' ihïd.
Le ealus eft diftinà du
périofte. 128
Sa nature ne permet pas
d’en douter. ’ ' ihid.Kk
L’os renaît fans périofte. 1|
' ihid.
L’émail des dents.- 330
Dents unies enfemble.
331
33. Nos preuves. 3 32.
Le périofte n’a point de
■ fuc propre à réparer les
os. ihid.
Il n’eft point cciloré par
la garance. ihid.
Il n’a point de fibres. 5 3 3
Une concourt point au
^ E s ' MA'
j , . dîangçnjent . de l’épi-
phyre”en os. ' ihid.
, Il eft ti;ès délicat dans le
. fétus. ihid.
- Il ti’efl; point adhérent à
l’os. ' 3 34
Les os ne font point mein-
braaeax. 33;
3 (>. Réponfes de M. Fouge- .
roux à CCS preuves. ïb.
Ces raifons ne font pas
. fatisfaifantes.. 3 3 6
'Lz^^luten fe change cer-
laineinenr, en cartilage.
, r
Le périofte ne change
po! lit de nature pendant-
i’oflifïcation der fèpi-
, ^ h’ 3 37
Les noyaux ne viennent
- . point du périoftè. .3 3 8 ,
Le cal n’a point d’organi-
, fation,. /, ibid.
3 7 . L’accrôiÏÏemênt du fétus.
. -:3 39
Quelques différences de
l’œuf humain. 3 40
Os du fétus. ; 341
38. La têre, 341
■ Ce n’étüit qulune . bulle
membraneufe. ^ ibid.
Quoiqu’elle s’olfific , il
refte des efpaces mem¬
braneux , qu’on nom-
. . . me fontanelles, ibid.
. C’eft ce c]ui ’ fait qu’elle
- change aifément de
. forme. 343
- : Les os de fouie font bien- ,
_ - . tôt parfaits, . 344
: Ainfi que ceux; des mâ¬
choires. ibidt
riERES. H* Ù
Cependant pas entière- \
ment. ’ ' ihid.
Les dents relient cachées.iS.
La tête eft greffe. 34;
Elle diminue quand l’é^n-
fant eft né , à mefure
que la poitrine & le bas-
ventre croilfenr. 3 4.6
Sa figure varie. ihid.
Le cerveau eft fluide, ihid.
Bulles du crâne. ihid.
Les yeux. . 347
Les oreilles. ihid.
Le nez. 348
Les levres. ihid.
35). La poitrine. ihid.
Eft plus petite; ihid.
Le poumon paroît fort
tard. . 349
Le'tiiymus eft grand, ihid.
Plein de fuc laiteux, ihid.
De même les glandes
bronchiques. ihid.
Il y a beaucoup d’humeur
rouge dans la poitrine.
ihid.
40. Le bas-ventre; ihid.
Les vifeeres ne font pas
fans enveloppe. -t3 5c»
"Volume dii foie'. 4hid. '
Son accroiffement dahs le
' fétus. ' -.3 5'i
- Sa couleur. ' ' ihid.
La véficalè du fièl. ihid.
La rate. 35-1
L’eftomac. ihid.
Les inteftins. ' , ihid. ,
Le ccècum. ' 353
LznKZcàrâujn^ ‘ ihid.
Les reins. ' ihid. ,
Les capfules atrabilaires. /
354
541
T A I
// Les tefticules.
ibid.
^ Les ovaires.
ibid.
La velîie.
ibid.
Parties génitales.
3JI
41. Diverfes particularités.
ibid.
Les membres ne
parpif-
fent point d’abord, ib.
La jambe fe montre la
pieraiere.
ibid.
Mouvemens fenflblcs à la
inere.
31^
Peau du fétus.
ibid.
Poils.
ibid.
Couleur.
3J7
Graille.
ibid.
4Z. L’accroiffement
en gé-
néral.
ibïd.
Tout eft prefque iucer-
tain.
ibid.
. L’eftimation qu’on a faite
de fes progrès
eft peu
jufte.
I3S
Ils y a à cet égard beau¬
coup de variétés, 3 59
43. Circuladoü particulière
dans le fétus. ■ 3 6 1
Par le foie. 361
44; Le trou ovale. ibid.
Le ventricule gauche du
cœur fe forme le pre-
. : mier. 3(^3
41^ Defcription du trou
ovale. 364
La grandeur de fon ouver-
turedans rembryon. ^6$
Elle diminue dès le troi-
fieme mois. ■ ^66
Valvule de cc tion. ibid.
Obliquité de la valvule.
sV .3^7
trou n’eff pas effacé^
LE
pour cela, il n’en eft
qu’oblique. 368
Petites coriies fur 1 ifthme.
le fixieme mois. ibïd.
La droite clt la plus
grande. 369
La gauche eft plus bas. ib.
Fibres mufculaires de la
valvule. 370
La valvule fe trouve dans
les quadrupèdes. 371
Scs variétés. ib:d.
46. Chemin-que fait le fang
- ' par le trou ovale. 37 z
11 va de l’oreiiiette.droitc
à la gauche. - ibïd.
Le trou ovale s’ouvre pen¬
dant la diaftole des
oreillettes. 373
47. Reinarques- de M. Lé-
mery. 374
Utilité de la valvule,
Rétréci lîement du trou
ovale.' . 575
48. Le conduit artériel. 37^
Le fang^ vâ dans l’arrerc
pulmonaire. ïh,id.
Divifîon de cette artere. 377
Une portion va' dans
l’aorte. - 378'
II entre fort peu de fang
dans le poumon d’un
embryon.’ ïhid.
49. Différentes opinions ;
- 1 fur le conduit àrcéî ici.
' - :_37^
Erreur de Fallope. ibïd.
Il eft facile de le réfuter ïïb.
Le conduit artériel eft fort
large du côté du cœur,
& étroit du côté" de-
l’aorte, ibid.
D E s M A
; Sian ' diamètre., 3 8 o
jo. Opinion de M. Méiy.
381
r II peafoitque le fang va
de gauche à droite. 38a
. Parce que la cavité du
ventricule droiteft plus
ample. ibid,
Raifons que donne M.
Méry. 383
M. Rouhaut étoit de ce
fentimcnt. 38 y
Autres partifans de M»
Méry. 386^
ObjetSions qui ont été
faites courre ce fenti-
meur., , ibid.
Auteurs de ces objections.
: V. 387
. On dit que .rartere' pul¬
monaire n’eft pas plus
grofl'e dans le fétus, i5.
Qu e fu i v_an t-Thypot he fe
de M. Méry ÿ" on ne
pourroiç ^ ;Çompr€hdte
i’in tentio a ideJa ha t U re.
.-■ÏPQ-..: 388
-Que 'Jectfou- QVâle refte
. , ;ylus long-temps ouvert
P ; - a droite. r. -ü ;: . 389
: Il eft clair cjuede fàng va
de droit à gauche. 385
La valvule cfl égale au
trou ovale. - 390
: sla rapidité du fang qui
, r vient de la droite forme
, , fa réHftance.,, :
' L’expérience pronve que
le. fang va de dioir à
' gauche. 39^
5 Pourquoi l’artere . pul¬
monaire eft-elle plus
riERES. 545
grolTe dans le fétus? 393
Raifons peu folides. 394
Certainement elle eft plus
grolTe. ^ 39 s
Le conduit artériel eft feul
aulft gros que -l’aorte.
39^
-Et plus gros que toutes
les branches pulmo¬
naires prifes euicmble.
ibid.
Et plus gros que l’ouver¬
ture du trou ovale. 397
Calculs faits. 398
Ne s’accordent point avec
ceux de M. Méry. 3 99
53. Sentiment de M. Winf-
low. 400
Il n’admet qu’une oreil¬
lette au cœur du fétus.
ibid.
54. Le fétus rerpire-t-il ?
401
Raifons de ceux qui l’af-
furent. 403
Expériences ibid..
• 55. Ce qu’on peut répondre
à cela 3 le fétus lefpiire-
t-il dans le vagin ? 404
Ou alFure avoir entendu
crier l’enfant dans le
vagin. s ibid.
Cela n’eft pas probable;.
405
A caufe de la fîtuation de
l’enfant dans cette par-
: tie. :• 1
. Il n’eft pourtant pas dé-
, iraifonnable de le croire.
407
5^. Suite de la rcfpiracion
; . / ;:du fétus. ibid.
544 T A B
L’exemple dit poulet ne
doit pas fervir de preu¬
ves. 408
ruifqu’il peut avoir de
l’ait. ibid.
Cela peut auflî arriver à
un fétus robufte. 409
Cela eft excrémenient
rare. ibid.
Notes du tradudeur à ce
iujet. ibid. •
De rAccouchement.
I. L’augmentation de la ma¬
trice. 41 1
Sa dilatation n’eft point
d’abord apparente,
Mais quelques mois en-
faite. ibid.
Avottemens fréquens le
premier mois de la
grolTeire. 411
Peu - à - peu le fang s’a-
malfe dans les veines
de la matrice, 413
La matrice s’amollit, ibid.
Membrane de M. Hunter. _
414
X. Changemensqui arrivent
à l’orifice de là. matrice.
415
Peu fenfibles d’abord.
ibid.
Il defccnd peu- à-peu dans
le vagin. 41 ^
Se ramollit. ibid.
Il n’eft pas fermé, ibid.
3. Élévation de la matrice.
417
Vers la huitième femaine
elle s’élève au defl'us du
baffin. '• ibid.
L Ê
Scs progrès. 41 S
Tubercules de la matrice.
. ibid.
Varices occafionnées par
fa dilatation, 419
- Autres incommodités qui
en font les fuites, ièid.
4. Augmentation du col de
la matrice. 410,
Tout efi: fort incertain. 4ii
5. Culbute de l’enfant 4^^
D’abord il eft droit, ikd.
11 fe courbe enfuite. ibid.
Se remue long temps ave;:
liberté. ibid. ,
Il eft tout-à-fait plié. 41 3
Où eft fa tête î - ibid.
On a nié la culbute. 414
On prétend. que la firtia-
tion de l’enfant eft tou¬
jours la même. 41 J
Cela n’eft pas vraifem-
blable. ibid. .
La tête n’eft pas immo¬
bile, 416 '
6. Incommodités de la grof-
felfe. 417
Compreflîôn de la veille,
rétention d’urine, ibid.
Celle du rectum , produit
le téuefme. 418
Pléthore de la matrice
caufe des douleurs, ib.
Sa grande dilatation. 3 19
Son extenfion forcée. 5 50
La matrice ne peut s’é¬
tendre fans douleur. ibid.
La fuppreffibn des réglés
en fait preuve, ibid.
Règles pendant la grof-
felTc qui retàrdoient
raccouefaeraent. 431
La
Dés MATlEftËl
54!
■ t& dul’ëté des parties de
l’enfant eft aufli une cau-
fe d’incommodités .452;
La preffion des ihufcles
,du bas - ventre. ihidi
. Moindre quantité d’eaux
de l’amnios. ihidi
Tiraillement du placenta.
43 î
7. Caufes de l’accouche-,
ment. 434
C’eftrintenfîté des incom¬
modités de la grofleîTe.
ihid.
La Volonté ÿ a quelque
■ part. 43 î
Le fétus contribue-t-il à
fa fortie ? 43^
Cela n’eft pas vraifem-^
blable. ihidi
Cependant des femmes
accouchent fans le fa-
voir.. 437
Des enfans font Çortis vi-
vâns après la mort de
la mere. ihid.
Comment cela fe peut-il?
438
I. Tem*ps de l’accouche¬
ment. ihidi
II eft incertain.- ihid.
Plus fouvent après la 35®.
femaine. 45 ^
Les enfans qui nailTenc à
d’autre terme vivent
moins. 440
Ênfâns à huit mois. ihid.
A fepe. 441
Le fétus ne peut vivre
avant le fepriemc mois.
ihid.
Enfans trop précoces ne
Tome IL
vivent point. 442.
P , II ne faut pas non plus pro¬
longer le terme de 1 ac¬
couchement. 443
On a admis des parts dô
dix mois. 444
De onze mois. . 44?
De douze mois. ihidi
De treize mois. 44^
Et bien plus tard. ihid.
Je n’y crois pas. ihidi
La nature eft fixe dans les
, . brutes. , ^ • ihidi
Elle ne varie que de bien
peu. ihidi
De même chez les volati¬
les. ■ ^ 447
La femme n’eft pas hors
de cette règle. ihid.
Malgré les violens reme-
des l’accouchément n’ea
vient pas moins au ter¬
me ordinaire, ïbiî.
La néceffité de déguifer la
vérité a porté les femmes
à cette fupercherie. 44S
lO. Phénomènes de l’accou-
, chemerit. 444
L’orifice de la featrice s’a¬
mollit. ihidi
On les - régarde comme
figues d’un accouche¬
ment prochain, ihid.
' Note du Traduéleur fur’
cela, ihidi
Il fe dilate. ihid,.
Il s’ert échappe des glaires
fanguinolentes. 430
Noté du Tradudeur à ce
fujet. ihid.
Les douleurs furviennenr.
ihidi
M m
54^ TABLE
La liei>e quelles décri¬
vent. ibid.
Elles augmentenCi r
Pendant la douleur l’ori -
fîce fe dilate. ibid.
Note du Tradudeur à
cette occalîon. ibid.
A chaiq ic douleur les eaux
avauceiit. 4f2,
L’orifice de la matrice
difparoît enfin, ibid.
Les membranes fc iom-
pent. ■ " ibid..
Utilité' de l’écoulement
des eaux. 4j'3
Il ne faut pas rompre les
membranes' avant le
temps, ou fansnécef-
fité. ibid.
L’enfant s’engage dans le
vagin. ' 4t4
Et vient au monde, ibid.
Non fans douleur pour
la me te. ibid.
De même chez les brutes.
. .. .. 415
Pays où l’on dit que les
femmes accouchent fans
douleur. , . .ibid.
Comment on doit- l’en-
tendre. --r^xbid.
Le grand exercice leur
rend raccouchcment
plus facile. ' 456
La petitede de la taille le
rend laborieux, ibid.
■ Os du badin luxés, ibid.
Écartement des os pubis.
ibid.
Des os ilium du facrum. 458
Caufes de ce.s âccidens.
45‘>
1 1 . Caufes efiîcicntcs de Tac-
coucheraent. ibid.
L’enfant n’y contribue
point. ibid,
La matrice eft regardée
comme le feul agent.
460
Forces antagniftes du col
& du fond de ce vifeere.
' ibid.
Elle n’efi; pas bien prou¬
vée. ■ 4^1
■ Toutes les fibres de la ma¬
trice font entrelacées ;
■ comment peuvent-elles
avoir des forces, oppo-
fées î ibid.
Ce n’eft pas à l’adion de
ces fibres qu’on doit im¬
puter réca vtement des
os du batîln. 475
Les yiolens efforts de la
femme eu font. la. caufe.
; . ribîd.
Effets de cçs efforts. 464
Explication du msclianif-
me de l’aecouchemcnt.
465 6» fuiv.
jCz ne. font querdes eon-
jedures. 467
I I. Section d’n cordon om-
, , biJical. . : ■- 468
Les brutes mâchent le cor-
don. ibid.
"Dans Khomme on en Tait
la ligature. . ibid.
On a douté de la nécef-
fité de la ligature du
cordon. 467
Raifons de ces Auteurs, ib.
Râifons contraires. 470
Le férus perd fon fang
DES MA
^uand on ne fait point de
ligature au cordon. 17 1
Hémorrhagie fûneftc fur-
' venue à un enfant de
fept jours. ibid.
Perte du fang de la mere
faute de ligature du
cordon. 473
Note du Tradudeur. ib.
13. Le faag & le- placenta
font expulfés de la ma¬
trice, ; : 474
Sortie du fang par le-dé-
colement du placenta.
ibïd.
Hémorrhagie utérines ,
très- graves pendant la
grofl'elTe. ' 473
L’acouchement feul les
fait celTer. ibid,
Coiifeil de M. Puzos dans
ce cas. 47
Ce qu’il faut faire quand
le placenta eft trop ad¬
hérent. . 477
On eonfeiile de l’aban¬
donner à la nature, ib.
Oh ne l’arrache pas im- .
punéraent. ' 478
Danger pour la matrice.
ibid.
Craintes fur l’abandon du,
placenta. 4*7^
La matrice pèut fc fermer
promptement. ibi'd.
Moyens pour ces cas dou¬
teux. 480
14, La contradioii de la
matrice. ibid.
Le fang coule abondam¬
ment après Taccouche-
48 1
-lËRES: 547
Perce. ibid.
Moyens que l’on propofe.
ibid.
Le meilleur eft la con-
tradion de là matière.
Quelquefois elle fe con-
trade très-tard. 48 3
L’orifice fe relTerre avec
force après l’accouche-
ment. 484
La matrice reprend fa
grofleur naturelle. 48 j
Ses vaijfTeaux fe relTerrenr.
ibid.
Tranchées après l’accou-
‘ xhement. . ^26
Lochées. 487
Divcrfês . voies qu’elles
prennent. 488
13. Le lait. . 489
L’allaitement. ibid.
16, Les jumeaux. 490
Trijumeaux. 49 1
Quadrijumeaux. ibid.
Sont rares. ibid.
- Aççouchemens de cinq
enfans. 49 f
il ne faut pas croire un
plus grand nombre, ib.
Caüfe de la multiplicité
des enfans. ibid.
Différence dans les bru¬
tes. 493,.
Celles qui fe nourrilfeht
bien font fujettes à fai rc
plufieurs petits a la fois.
494
L’homme fe multiplie
beaucoup. 4^3
ïlnaît plus de garçons que
, de filles. 494
ment.
^4^ T A B L
1 8. La fuperfétation. 497
On la nie. ibid,
Elle n’eft point prouvée ,
quoique l’un foit plus
petit que l’autre. 498
6* fuiy.
Il y a des caufes pour
cela. 500
rétus venus vivans à des
jours difi'ércns ne la
prouvent point.' 501
1 8. Quelles raifons on a
cependant pour admet¬
tre la. Tuperfétation.
501
Enfans parfaits VeiiüS |
jours différens. ibid^
Exemples plus certains dé
fuperfétation. 50}
Superfétation dans les ani¬
maux. 504
Elle eft prouvé -par des
fétus conçus pendant
u’il y en a voit de morts
ans la matrice.
Notes du Tradudeur fur
cela. J 07
Exemples plus . certains.
• joS
Fin de la Table des Matières^